Vendredi 18 septembre 2020, un fait divers comme il s’en produit de nombreux tous les jours, a défrayé la chronique. Une jeune femme a été agressée verbalement et physiquement dans une rue de Strasbourg, parce qu’elle était vêtue d’une jupe. Une agression d’une triste banalité qui n’amène pas les médias de grand chemin à analyser les causes profondes et particulières de ce type de comportement et d’actes violents.
Une agression choquante mais qui semble se banaliser
En cette fin d’été, il est agréable de se promener dans les belles rues de Strasbourg. Pour une femme, se promener seule est parfois un peu plus compliqué. Une étudiante d’une vingtaine d’année a eu la folle idée de se promener en jupe. Tout se serait bien passé si elle n’avait pas croisé sur son chemin 3 jeunes hommes. France Bleu décrit dans un article publié le 21 septembre les circonstances de l’agression. D’abord des insultes : « regardez-moi cette pute en jupe ». La jeune femme a l’outrecuidance de répondre « pardon ? ». De nouveau des insultes « Tu te tais salope et tu baisses les yeux ». Puis nos trois courageux jeunes gens donnent des coups au visage de la jeune femme. Une quinzaine de témoins assistent à la scène, pas un ne réagira.
La jeune femme affirme à la radio publique qu’elle « n’a jamais ressenti un climat aussi malsain pour les jeunes femmes. Le harcèlement de rue est devenu une plaie quasi quotidienne. »
Le récit fait par France Bleu de cette agression ressemble à celui de nombreux autres médias : les faits livrés factuellement, le témoignage de la personne agressée. C’est la jeune femme qui donne des éléments de contexte. Certains médias, rares, apportent des éléments statistiques.
LCI nous permet de comprendre l’élément déclencheur de la médiatisation de cette affaire :
« Élisabeth a posté sur les réseaux sociaux des photos de son visage, suscitant de très nombreuses réactions indignées ». Toutes affaires cessantes, « la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa, s’est rendue à Strasbourg pour évoquer le sujet ».
CNews reprend les propos de la ministre :
« Sans opposer les filles et les garçons, je crois qu’il y a un travail d’éducation pour faire en sorte que lorsqu’une femme circule dans la rue, elle ait le droit de circuler en jupe ».
L’urgence serait donc de ne pas « opposer » les filles et les garçons. Quelqu’un y a pensé hormis Marlène Schiappa ?
Sur Twitter, Sandra Freyburger fait une suggestion à la ministre, en faisant référence à une jeune femme poignardée en pleine rue pour un mauvais regard, une agression relatée notamment par Actu17 :
« Puisque @MarleneSchiappa prend la peine d’aller à Strasbourg pour rencontrer la jeune étudiante, elle peut reprendre le train pour aller voir la dernière victime à Grenoble »…
Dans un autre article de la radio publique France Bleu, c’est la maire de Strasbourg qui réagit : « On est encore au Moyen Âge ». S’agit-il d’un vieux fond de culture latine qui a du mal à s’estomper ? On apprend dans le même article que les « agressions sexistes (…) sont en légère augmentation dans le Haut Rhin ».
Les agressions sexistes dans un contexte plus large
Très peu de médias élargissent le cadre de l’information donnée au sujet de l’agression de l’étudiante en langues étrangères appliquées à Strasbourg.
Le Figaro dans son édition du 24 septembre donne quelques éléments sur la – faible — réponse pénale apportée par la justice à ces agressions. Le recrutement par le ministère de l’intérieur de « 80 intervenants sociaux supplémentaires d’ici fin 2021 » pour « renforcer l’accompagnement des femmes victimes de ces violences » est également mentionné.
Dans la même édition, Isabelle Adjani, qui a interprété le rôle d’une professeur de français qui « pète les plombs » dans un lycée d’une banlieue de l’immigration, insiste sur l’éducation des jeunes gens pour que les mentalités changent. On comprend que l’origine culturelle des agresseurs est évoquée par le Figaro en choisissant d’interviewer l’interprète de « L’année de la jupe », Isabelle Adjani, mais pas mentionnée.
C’est du pédopsychiatre Maurice Berger que viendra une tentative d’explication un peu plus poussée que celle de la maire de Strasbourg (« on est toujours au Moyen âge »), d’Isabelle Adjani (c’est un manque d’éducation) ou de Marlène Schiappa (il faut durcir la réponse pénale).
Le psychiatre spécialisé dans la violence des adolescents fait une analyse sémantique des propos des agresseurs et une analyse culturelle de leur comportement au micro de Sud radio le 23 septembre (20e42 mn) :
« L’espace est genré en Afrique du nord, l’espace public est masculin (…). Si une femme est seule dans la rue, si ce n’est pas pour aller au travail, si elle n’est pas accompagnée, c’est une salope. Il y a un point important, on demande à cette femme de baisser les yeux, de se soumettre. Les personnes qui ont fait ça ont transgressé toutes les règles de notre société : on ne blesse pas l’autre, il y a une égalité hommes femmes, etc. (…). Je pense qu’actuellement, il y a des milieux claniques dans certains quartiers, qui ont des manières d’être qui ne sont pas compatibles avec les valeurs de notre société. (Face à ce type de violence NDLR) on ne voit pas d’autre réponse que la force, il ne faut surtout pas qu’il y ait du sursis ». André Bercoff rappelle que le sursis pour ce type d’agression est la règle. « C’est compris comme, ce n’était pas grave, il ne s’est rien passé », souligne Maurice Berger.
Comme pour parer à toute critique de racisme, le pédopsychiatre indique qu’il travaille avec de nombreux éducateurs d’origine maghrébine.
Les origines ethno-culturelles des agresseurs, grand tabou politico-médiatique
Tant la maire de Strasbourg, qui évoque une survivance du moyen âge, que Marlène Schiappa, qui insiste sur le fait qu’il ne faut pas opposer les filles et les garçons, n’ont fait, comme le pédopsychiatre, une incursion dans les explications culturelles de ce type d’agression. La place de la femme dans la société, le fait qu’elle ne doit pas répondre à un homme, qu’elle doive être voilée, sinon elle sera considérée comme facile, tous ces éléments entendus ou déduits lors de l’agression n’amènent ni les politiques ni les médias de grand chemin à pousser plus avant les tentatives d’explication de nombre d’agressions de ce genre, qui sont en augmentation.
Le fondateur d’Atlantico, J.S. Ferjou, lève sur Twitter un peu le voile (si l’on ose dire…) sur la question que tout le monde se pose, mais que personne ne formule publiquement :
« Quant à l’appel à témoins pour retrouver les agresseurs sans aucune description, on se demande bien ce qui a retenu @francebleu de livrer des éléments de portrait-robot… ».
On a compris que l’on est sur un terrain glissant qui nous éloignerait des standards du politiquement correct…
Les violeurs surreprésentés parmi les étrangers
Les statistiques ethniques sont rares en France. Le Parisien a en 2016 tenté de dresser le portrait-robot des violeurs à Paris, à partir d’une radiographie publiée par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Un organisme qui va être démantelé à la fin de l’année…On y apprend que plus de la moitié des violeurs recensés (52 %) étaient sur la période retenue de nationalité étrangère. Cette analyse statistique a visiblement gêné beaucoup de monde, compte tenu des réactions affolées de nombreux médias.
Dénoncer les violences faites aux femmes en mentionnant les causes culturelles parmi une partie de la population coûte cher. Une militante du collectif Némésis l’a appris à ses dépens : la LICRA a porté plainte contre elle pour, selon ses termes, « avoir dénoncé la misogynie islamique dans une vidéo ». Elle a rapidement été convoquée à la Police.
On commence à comprendre pourquoi il est plus aisé de parler de survivance du moyen-âge, d’un manque d’éducation, voire de la nécessité d’élargir les trottoirs ou, comme à Paris, de créer des postes d’accompagnateur de rue…Dans ce contexte, les propos du pédopsychiatre Maurice Berger sont une bouffée de spontanéité avec des arguments solidement charpentés. Cela ne fera pas remonter la côte d’André Bercoff dans les médias de grand chemin. Mais qui en a cure ?! Pendant ce temps, un signe qui ne trompe pas, les applications pour se protéger du harcèlement de rue sont en plein boom…
DERNIÈRE MINUTE : Une agression à l’arme blanche a eu lieu hier 25 septembre en début d’après-midi à Paris. Information du Monde « selon les informations du Monde, le suspect principal de l’attaque au couteau est né en 2002 et était connu pour des faits de droits commun et de port d’arme illégal ». Au même moment sur FdeSouche, on apprend qu’il s’agit d’un « Pakistanais de 18 ans aux lourds antécédents judiciaires qui a au surplus avoué les faits ». Fermez le ban.