L’autodidacte indépendant
« Il déconcerte aussi, Passou [surnom qui lui donnent les lecteurs de son blog], avec sa fascination pour les parias de l’Histoire : Raoul Girardet, un temps proche de l’OAS, avec qui il a signé un livre d’entretiens; Jean Jardin (le grand-père d’Alexandre), éminence de Vichy, ami de Laval et de Pétain dont il a écrit la biographie. Mais comment lui, Assouline, le juif “traditionaliste” à ses dires, qui jure ne jamais manger de jambon et célèbre à grands frais les bar-mitsvas de ses filles, a‑t-il pu sympathiser avec l’ancien collabo Lucien Combelle et lui consacrer un — très bel — essai, Le Fleuve Combelle ? “J’aime les gens pour leurs faiblesses, la force ne m’attire pas”, explique cet admirateur de Céline », Peras Delphine, L’Express, 19 mars 2009, dans un très beau portrait consacré à Assouline
Collaborateur à l’hebdomadaire « Actualité juive », invité régulier des instances de la communauté juive, mais aussi défenseur des écrivains maudits de la seconde guerre mondiale (Céline, Drieu la Rochelle, etc), Pierre Assouline est un journaliste iconoclaste et d’une rare indépendance, n’ayant jamais hésité à dénoncer le terrorisme intellectuel de la gauche bien-pensante. Pierre Assouline (nom d’origine berbère signifiant « pierre » ou « roche ») est né en avril 1953 à Casablanca (Maroc, alors sous protectorat français). Il est le fils de Marcel Assouline, directeur de société (et membre des FFL), et de Monique Zerbib. Religieusement, Pierre Assouline avait écrit dans son livre Le Fleuve Combelle : « Je me tiens dans une position inconfortable à équidistance entre antisémites et judéocentristes (…) Les seconds m’exaspèrent par leur étroitesse d’esprit, leur paranoïa, leur angoisse. Ils ne sont vraiment pas ma famille d’esprit mais ils sont ma famille. Je ne désespère pas de les rallier un jour, ne fût-ce qu’en partie, à une vision du monde non exclusive de l’identité juive. Mais pour l’instant, il me faut reconnaître que j’ai lamentablement échoué ».
Il a épousé Angela Yagdaroff, dont il a eu deux enfants. Angela est membre active de la « Women’s International Zionist Organization » (Wizo). Elle a notamment organisé un déjeuner de soukkot en octobre 2011 à la synagogue de Neuilly-sur-Seine en présence de Ruth Elkrief (Wizo d’ici et d’ailleurs, janvier 2012) et la fête du livre de la WIZO 2009 et 2010. Par ailleurs, Pierre Assouline a été lauréat du prix européen de la WIZO (femmes sionistes).
Formation
Passé par l’école Eugène Delacroix. Études secondaires au cours Fidès et au lycée Janson-de-Sailly à Paris. Il fait ses études supérieures à l’Université de Nanterre où il étudie l’Histoire et à l’École des Langues Orientales où il apprend l’arabe.
Parcours professionnel
Journaliste à Asa Presse, Foto, Libération et APEI, il a œuvré au service étranger du Quotidien de Paris (1976–1978) puis à France-Soir (1979–1983), tout en enseignant au Centre de formation des journalistes (1979–1984). Conseiller littéraire des éditions Balland (1984–1986), il collabore régulièrement à de multiples magazines radio (« Première édition » sur France-Culture, « Les Livres ont la parole » sur RTL) et publications, comme L’Histoire. Entré à la rédaction du mensuel Lire en 1985, il en devient directeur de la rédaction à partir de 1993. Il y dénonce la façon dont le « politiquement correct, funeste importation américaine, tend à s’installer dans les mœurs littéraires françaises » (Lire, mars 1997).
Il est éjecté de la tranche 7/9h de France Culture pour cause d’audiences insuffisantes. Lorsque Laure Adler, directrice de France Culture à l’époque, lui propose une autre case, hebdomadaire cette fois, il la laisse tomber en plein déjeuner avec ces mots : « quand on a été roi dans un royaume, on ne peut pas en être le valet ». En février 2004, il a été poussé vers la sortie par la direction du groupe Express-Expansion.
En 1988, il est le premier écrivain français à s’attacher un agent littéraire,François Samuelson, qui lui obtient notamment 2 millions de francs d’à-valoir pour son Simenon, en 1992.
Il travaille aussi à la radio, sur France Inter (1986–1990), RTL (1990–1999), ponctuellement sur France Culture, est chroniqueur au Monde 2, critique pour Le Nouvel Observateur, et membre du comité de rédaction du mensuel L’Histoire, au Figaro Littéraire, etc.
Par ailleurs, Pierre Assouline est conseiller de la direction du site Les Grands débats et blogueur sur le site La République des livres qu’il a créée en 2005.
Depuis 1997, il est chargé de conférence à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, pour le cours de lecture/écriture en première année et l’enquête en master de journalisme.
En septembre 2008, il a été condamné pour diffamation par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir écrit deux ans plus tôt dans Le Nouvel Observateur que Maria Kodama, la veuve de l’écrivain argentin Jorge Borgès, était une « veuve abusive » disposant à sa guise de l’œuvre de son mari et s’opposant, selon lui, à la réédition de ses œuvres complètes dans la collection « La Pléiade ».
Il a écrit une trentaine d’ouvrages, traduits dans douze langues. En 2017 il prépare un nouveau livre sur l’exode des juifs séfarades d’Espagne, à caractère autobiographique, qu’il publie en janvier 2018 – en même temps il rassemble les papiers nécessaires à l’obtention de la nationalité espagnole que Mariano Rajoy s’est engagé en 2015 à accorder aux descendants des séfarades chassés d’Espagne en 1492. Il obtient son passeport espagnol en avril 2021 mais ne désarme pas pour autant. En effet, dans une tribune publiée dans le grand quotidien espagnol El País, il demande au roi d’Espagne d’abroger définitivement l’édit de l’Alhambra, texte de loi à l’origine de l’expulsion des juifs séfarades. Selon lui, « ce geste aurait une portée simplement symbolique (…) mais cela fait des siècles que nous l’attendons ».
Parcours militant
Il était sioniste militant alors qu’il était lycéen à Janson de Sailly (Paris), d’après L’Express (19/03/2009). En 1973 il part en Israël alors qu’éclate la guerre du Kippour, mais finit par s’occuper deux mois durant d’un élevage de dindons.
Ce qu’il gagne
« Assouline a été le premier écrivain français à recourir, en 1988, aux services d’un agent littéraire, le redoutable François Samuelson, prompt à lui obtenir des à‑valoir mirobolants — l’agent confirme avoir négocié une avance de 2 millions de francs pour son Simenon, en 1992 », Peras Delphine, op.cit.
Publications
- De nos envoyés spéciaux : les coulisses du reportage, J.-C. Simoën, 1977 (en coll. avec Philippe Dampenon).
- Lourdes, histoires d’eau, A. Moreau, 1980.
- Les Nouveaux convertis : enquête sur des chrétiens, des juifs et des musulmans pas comme les autres, A. Michel, 1981.
- Monsieur Dassault, Balland, 1983.
- Gaston Gallimard : un demi-siècle d’édition française, Balland, 1984.
- Une Éminence grise, Jean Jardin (1904–1976), Balland, 1986.
- L’Homme de l’art : D.-H. Kahnweiler (1884–1979), Balland, 1988.
- Le Flâneur de la rive gauche : entretiens avec Antoine Blondin, F. Bourin, 1988.
- Albert Londres : vie et mort d’un grand reporter (1884–1932), Balland, 1989.
- Singulièrement libre : entretiens avec Raoul Girardet, Perrin, 1990 (entretiens avec Raoul Girardet, ancien chef de la propagande de l’OAS-Métro).
- Simenon, Julliard, 1992.
- Germinal : l’aventure d’un film, Fayard, 1993.
- Hergé, Plon, 1996.
- Le dernier des Camondo, Gallimard, 1997.
- Le fleuve Combelle, Calmann-Lévy, 1997 (sur Lucien Combelle, directeur de La Révolution nationale, dont il fut l’ami durant une quinzaine d’années).
- La cliente, Gallimard, 1998.
- L’Épuration des intellectuels (1944–1945), Bruxelles, Complexe, 1999.
- Cartier-Bresson : l’œil du siècle, Plon, 1999.
- Double vie, Gallimard, 2000.
- Grâces lui soient rendues : Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes, Plon, 2002.
- État limite, Gallimard, 2003.
- Lutetia, Gallimard, 2005.
- Rosebud : éclats de biographies, Gallimard, 2006.
- Desiree Dolron : Exaltation-Gaze-Xteriors, éditions Xavier Barral, 2006 (collection « Beaux Livres » avec Desiree Dolron et Mark Haworth-Booth).
- Le Portrait, Gallimard, 2007.
- Brèves de blog. Le nouvel âge de la conversation, Les Arènes, 2008.
- Les invités, Gallimard, 2009.
- Autodictionnaire Simenon, Omnibus, 2009.
- Vies de Job, Gallimard, 2010.
- Une question d’orgueil, Gallimard, 2012.
- Du côté de chez Drouant : Cent ans de vie littéraire chez les Goncourt, Gallimard, 2013.
- Sigmaringen, Gallimard, 2014.
- Golem, Gallimard, 2016. L’ouvrage mêle au Golem, tiré de la Kabbale, le thème du transhumanisme.
- Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature, Plon, 2016.
- Golem, Paris : Gallimard, 2016
- Retour à Séfarad, Gallimard / NRF, 2018, roman.
- Tu seras un homme mon fils, Gallimard, 2020.
Collaborations
Printemps 2018 : il donne un cours sur Georges Simenon à la Chaire de Littérature et culture française à l’école polytechnique fédérale de Zurich.
Janvier 2018 : Séance de dédicaces de son livre Retour à Séfarad à la synagogue Copernic du XVIe arrondissement de Paris.
Il intègre l’Académie Goncourt le 11 janvier 2012 pour y siéger en tant que juré au couvert de Françoise Mallet-Joris. Il fait aussi partie du cercle de l’Union interalliée.
Décembre 2012 : Invité au salon du Livre de la Women International Zionist Organization (Wizo) à Strasbourg.
Novembre 2012 : Participant au salon du Livre francophone de Beyrouth.
Novembre 2012 : Participant au salon du livre organisé par le Centre Communautaire de Neuilly Jérome Cahen.
Juin 2012 : Participant au forum « Démocratie et religion, le retour à la question » à Tel-Aviv organisé par l’ambassade de France et l’Institut français d’Israël, en partenariat avec le quotidien Haaretz et France Culture.
Février 2012 : Participant au 25ème Salon international du livre de Jérusalem.
Novembre 2009 et 2010 : Anime les « Tables rondes » lors du « salon des écritures méditerranéennes et Cafés littéraires »
Novembre 2009 : Conférencier avec A.B Yehoshua à une conférence organisé par la Women International Zionist Organization (Wizo) Marseille en partenariat avec les Loges B’Nai Brith de Marseille sur le thème « Où va Israël ? »
Avril 2008 : Participant au salon du Livre de l’Antiracisme et de la Diversité organisé par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
Novembre 2007 : Participe à un colloque à Jérusalem ayant pour thème : « Hergé et la politique ».
Il l’a dit
« S’il y a bien une famille qui a des principes et des valeurs qui se transmettent de génération en génération c’est bien celle-là. Il y a une idée que j’ai tenu à mettre en évidence dès les premières pages de ce livre : les deux testaments, celui de James et celui de son épouse Betty. Ils disent en léguant leur immense fortune à leurs héritiers : si l’un de vos enfants venait à se marier en dehors de la foi de nos ancêtres, il serait automatiquement déshérité. (…) Quand Goering et ses collaborateurs vont spolier la plupart des grandes collections françaises (90 % de ces collections sont juives à l’époque), ils s’approprieront le maximum chez les Rothschild », « La mémoire d’une grande dame du judaïsme », Tribune juive, octobre 2007.
« Le blog représente l’avenir du journalisme du fait de sa rapidité et de son interactivité. Je fais mon métier aujourd’hui mieux que je ne l’ai jamais fait mais je dois être le seul journaliste à écrire 365 articles gratuits par an », « Journaliste un métier à réinventer », Centre de formation des journalistes.
« C’est une relation extrêmement charnelle, sensuelle et sentimentale. Parce que je suis né à Casablanca et que j’y ai vécu jusqu’en 1965. J’ai connu le Maroc du Protectorat et le Maroc indépendant. On peut dire que j’ai été à la charnière des deux. Ces douze années sont les plus importantes de ma vie. Parce que c’est la matrice. Donc, le Maroc c’est essentiel dans ma vie. Ce n’est pas un passage. C’est la base. Tout ce que je suis devenu après, je le dois à ce que j’ai vécu au Maroc. (…) je défends toujours le Maroc à l’étranger de manière instinctive et naturelle. Les gens font facilement des caricatures de certains pays. Le Maroc en fait partie. On dit que le Maroc est une monarchie, que c’est une dictature. Je leur réponds qu’il y a un Parlement, qu’il y a des partis politiques, qu’il y a une liberté d’expression et que certains journaux publiés au Maroc ne le seraient pas en France. Il ne faut pas se leurrer. Et le fait que ce type de presse paraisse aujourd’hui, je dis qu’il faut avoir connu le Maroc sous Hassan II pour sentir la différence. Il faut arrêter avec la caricature. Je dis aux gens d’aller voir, et, après, faites-vous votre propre opinion », Maroc Hebdo International, 19 au 25 février 2010.
« L’indignation en est le leitmotiv. Quand on pense que ceux qui l’achètent par dizaines pour l’offrir autour d’eux y voient un programme d’action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu. Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l’appel n’a pas la puissance d’un pamphlet », « Tribune libre : A‑t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? », crif.org, 5 janvier 2011
« Ce qui crée un dangereux précédent. Jusqu’à présent, on croyait que quatre épithètes pouvaient tuer la réputation d’un intellectuel : plagiaire, pédophile, antisémite, négationniste. A la faveur de l’affaire Millet, on découvre que l’accusation de fascisme, que l’on croyait de longue date obsolète, mais si pratique tant elle est vidée de son sens par son galvaudage même, suffit à ostraciser. A quand la résurrection du comité des intellectuels antifascistes ? Et quoi après : son exclusion de Gallimard ? Et ensuite : sa radiation à vie de l’édition française ? Et puis quoi encore ? (…) On ne se souviendra pas que, dans la France de 2012, un écrivain [Richard Millet] s’était lancé dans un improbable éloge littéraire d’un tueur raciste afin d’enrichir sa propre réflexion esthétique sur la nature du Mal et en tirer des conclusions politiques encore plus hasardeuses – car le texte qu’il lui consacre n’est en rien mémorable. En revanche, on se souviendra que dans la France de 2012, des écrivains ont exigé et obtenu sa tête. Amère victoire. Pas de quoi être fier », « Affaire Richard Millet : le goût amer de l’épilogue », larepubliquedeslivres.fr, 15 septembre 2012
« Il [Pierre Drieu la Rochelle] s’est fourvoyé ; il a payé en se faisant justice. Demeure l’écrivain antimoderne, dandy nonchalant et dédaigneux de ses contemporains, dont la postérité a voulu faire un écrivain maudit du troisième type. Il a enfin toute sa place dans la « Pléiade » à condition, comme nous y invite son éditeur, de ne jamais dissocier son esthétique de son idéologie, ni de laisser l’une éclipser l’autre », « Drieu sur papier bible », lesgrandsdebats.fr, 1er novembre 2012.
« Cinq ans après, on en est toujours là malgré l’incontestable succès planétaire et sa domination dans le référencement sur les moteurs de recherche de l’encyclopédie en ligne, et l’agonie des encyclopédies sur papier qu’il a entraîné. Il est vrai que des erreurs, sinon des contre-vérités et des manipulations, sont régulièrement dénoncées – et comment en serait-il autrement eu égard à la masse considérable d’informations charriées par ce flux. Décidément, Wikipédia est-elle fiable ? Tant pis si la question ressemble déjà à un serpent de mer. Le fait est que les dénégations de ses dirigeants ont curieusement pour effet de renforcer la suspicion. Et ce ne sont pas les études comparatives avec les mastodontes encyclopédiques sur papier qui dissiperont les doutes car le plus souvent, ces études prêtent elles-mêmes à controverse », « Wikipédia est-elle fiable ? » lesgrandsdebats.fr, 14 novembre 2012.
« Mais peut-on séparer l’homme de l’œuvre, et juger ses livres distinctement de son (non) engagement ? La question n’est pas neuve, et elle est régulièrement réactivée dès qu’il est question d’Ezra Pound, d’Aragon ou de Céline. Autres temps, dira-t-on. Et le nôtre ? Nul doute que le comité Nobel en a débattu. Il l’a résolu en couronnant Mo Yan. Depuis, des voix se font entendre pour le lui contester. A tort ? », « Le Nobel à celui qui ne parle pas », lesgrandsdebats.fr, 07 décembre 2012.
« Contrairement à l’opinion courante, les constructions en Judée et Samarie ne sont pas illégitimes au vu du droit international, au contraire. Mais de conflit en conflit, d’accords en traités, les textes de loi se superposent, créant un flou juridique sur la nationalité de ces territoires : israéliens, jordaniens ou arabes palestiniens ? » « E1 et les autres territoires contestés sont légitimes », crif.org, 14 décembre 2012
« J’ai trouvé ce terme vraiment dégueulasse… le temps d’une journée. Ses éditeurs m’ont avoué qu’ils avaient supprimé des passages carrément scatologiques, par amitié pour moi mais aussi pour Houellebecq, histoire de lui éviter un procès en diffamation », en réaction au terme de « ténia » que Houellebecq avait employé à son égard dans son livre coécrit avec BHL, Ennemis publics, cité par Peras Delphine, op. cit.
Au sujet de Céline à Sigmaringen : « C’est une des rares fois de sa vie d’écrivain où il n’y a absolument rien à lui reprocher. Il n’a pas fait de déclaration, hormis pour insulter les Allemands et les collabos ; il a passé huit mois à se dévouer totalement aux malades. Avec son or, il a acheté des médicaments pour les 2 000 personnes qu’il soignait à Sigmaringen, au château mais surtout dans la ville où régnaient la faim, le froid et les épidémies », La Croix, 08/01/2014
« Au château de Sigmaringen, bénéficiant de l’extraterritorialité, les ministres jouaient des coudes pour le pouvoir, le maréchal Pétain et Pierre Laval s’évitaient, etc. Il s’y jouait une comédie bouffonne », ibid.
Commentant les déclarations de Fleur Pellerin, ministre de la culture, qui affirmait ne pas avoir lu de roman depuis deux ans : « Je ne vois pas où est le problème ! J’apprécie beaucoup sa franchise, qu’elle dise qu’elle n’ait pas eu le temps de lire. Ça ne me choque pas. […] On n’attend pas d’un ministre qu’il lise des romans, ni qu’il soit écrivain. […] Un ministre de la Culture doit d’abord être administrateur, savoir gérer de l’argent. Un ministre de la Culture aujourd’hui, c’est quelqu’un qui se farcit le conflit des intermittents du spectacle, un dossier extrêmement compliqué et difficile. C’est un truc de technocrate.» francetvinfo.fr, 28 octobre 2014
Au sujet du frère de Simenon, sujet de la biographie L’Autre Simenon de Patrick Roegiers : « Ce n’est ni fait ni à faire. C’est un livre absurde dans son projet même. C’est un ouvrage consacré à quelqu’un qui n’a aucun intérêt : Christian Simenon. Il n’a rien fait de sa vie, si ce n’est assassiner des civils pendant l’Occupation et se ranger du côté du rexisme par faiblesse plus que par conviction. Ce n’est même pas un fasciste idéologique. Ça aurait été plus intéressant », Philitt, 29/09/2015
« L’édition est un milieu très conservateur, très paternaliste, où tout se passe entre Odéon et rue du Bac et où domine encore la vieille mythologie de l’écrivain balzacien écrivant à la bougie, du fond de sa mansarde. Le fait, pour le Centre national du livre, d’obliger les organisateurs du Salon du livre à rémunérer entre 150 et 300 euros les auteurs qui parleraient au public, a déclenché une belle polémique ! C’est normal : en règle générale, l’écrivain perçoit un défraiement qui lui permet tout juste de se payer des cigarettes. Le jour où Jean-Marie Le Clézio a décroché le prix Nobel de littérature, il a poussé un soupir de soulagement en s’exclamant : « Je vais enfin pouvoir payer mes impôts ! », Les Échos, 09/09/2016
« J’ai publié une trentaine de livres, traduits dans 12 pays et il m’est impossible d’en suivre le destin et de vérifier si l’éditeur chinois ou coréen m’a bien payé. A partir d’un moment, l’agent devient une nécessité », ibid.
« Ce n’est pas tout à fait un roman car il sera documenté et non dénué de fiction pour autant, mais une fiction qui s’épanouirait de préférence dans les zones d’ombre de l’histoire, car l’exactitude est une passion sèche, avec ce qu’il faut parfois de poème, de portraits, de conversations, de récits, de scénario, d’enquête journalistique, d’interview », La Croix, 12/01/2018.
« Bernard Pivot est pour moi un modèle d’indépendance à tous points de vue. Depuis qu’il est président du Jury, il a fait réformer le règlement intérieur. Il est désormais interdit aux membres de travailler pour une maison d’édition. Pendant longtemps, Gallimard puis Grasset ont eu la main sur le Goncourt, mais c’est du passé », RTS, 18/12/2018.
« En principe, le projet de reléguer le fascisme au musée devrait être bien accueilli : ce serait la preuve qu’il est bel et bien figé, désuet et suffisamment daté pour être empaillé ; mais cela témoignerait également qu’il vaut d’être sauvegardé, conservé, montré et mis en valeur », La République des Livres, 29/04/2021.
Sa nébuleuse
Membre du Club Le Siècle, un club fondé en 1944 et réunissant, depuis plus de 60 ans, la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier ou médiatique français. Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir. Tout gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses membres qui y appartient. (Emmanuel Ratier, Au cœur du pouvoir). D’autres journalistes participent à ces dîners mensuels comme Laurent Joffrin, David Pujadas, Michel Field, Patrick de Carolis, Arlette Chabot, Alain-Gérard Slama, Claude Imbert, Franz-Olivier Giesbert, Emmanuel Chain, etc…
Women International Zionist Organization (Wizo) : sa femme, Angela Assouline, est un membre important de la branche française. Présente dans 52 pays, la Wizo regroupe 250 000 femmes « fidèles à l’esprit de ses fondatrices, au sionisme et à la transmission des valeurs juives ». Wizo France est « un relais qui accueille depuis toujours, toutes les amies d’Israël quelque soit leurs origines et leurs milieux socioprofessionnels. Dans un climat tolérant et d’échanges, wizo élabore une vision partagée d’un judaïsme ouvert et du sionisme actualisé, avec en toile de fond, un patrimoine culturel commun qui constitue le ciment des wizéennes dans toute leur diversité ». Pierre Assouline a été lauréat du prix européen de la Wizo en 1999.
Membre du comité culturel de la maison de vente Artcurial Holding SA avec Laurent Dassault, Francis Briest, Léonard Gianadda, Hervé Poulain, Daniel Janicot, Yves Rouart, Nathalie Zaquin-Boulakia.
Il est très proche des éditions Gallimard, et se commet en 2007–2011 pour réussir à faire renommer la rue Sébastien-Bottin (du nom de l’éditeur du Bottin), où se trouve le siège des éditions, en rue Gaston Gallimard, du nom du fondateur de la maison. Il y réussit et crée une polémique.
Ils ont dit
« Explorateur du symbolique, du réel et des consciences, Pierre Assouline se veut espagnol pour être juif séfarade », La Croix, 12/01/2018.
« Pierre Assouline, né à Casablanca en 1953, aborde enfin ce sujet si personnel : son identité séfarade, et sa déclinaison tant au niveau personnel que collectif », Le Point, 06/07/2017.
« Dès l’avant-propos, il prévient ne pas avoir retenu dans son panthéon personnel des écrivains pourtant unanimement célébrés comme Claude Simon ou Nathalie Sarraute. Serait-ce le résultat d’une allergie au Nouveau Roman ? Sans doute l’intolérance n’est-elle pas totale puisqu’une longue notice, certes nuancée, est réservée à Alain Robbe-Grillet », Le Huffington Post, 29/08/2016, au sujet de son Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature.
« La constance avec laquelle Pierre Assouline célèbre le travail des traducteurs est exemplaire. D’après lui, la traduction des ouvrages de Javier Cercas est susceptible de faciliter l’évolution du roman dans l’espace européen. […] À signaler également la satisfaction de trouver dans le Dictionnaire amoureux la liste pertinente des écrivains oubliés et à relire d’urgence, comme Georges Bernanos, Gaston Leroux, Pierre Mac Orlan, Jules Renard, André Suarès. C’est effectivement le rôle d’un critique professionnel que de corriger les injustices de la postérité », ibid.
« Pierre Assouline s’interroge d’ailleurs sur l’évolution de la profession. Plusieurs entrées sont dévolues à ses plus éminents représentants : Albert Thibaudet ou François Nourissier. La critique de presse est destinée à évoluer, notamment sous la pression des blogueurs, nombreux sur internet. En l’absence d’un impensable ordre des critiques, un respect minimum de la déontologie est désormais requis afin que la critique de presse ne se dilue pas dans la promotion commerciale. Le Dictionnaire amoureux de Pierre Assouline fait la démonstration de ce qu’un critique indépendant et informé peut apporter de lumières et de plaisir à son lectorat », ibid.
« Cher P.A., toujours un plaisir d’être brocardé par les réacs, vous gênez pas », dédidace de l’écrivain François Bégaudeau à son Antimanuel de littérature (Bréal, 2008). Et la réponse d’Assouline : « Même là, il parle en djeune ! Te gêne pas ! Nique ta grammaire ! C’est écrit comme c‘est dédicacé. »
Lors de la parution du livre de Thierry Discepolo, La Trahison des éditeurs (Agone, 2011), et suite à une critique négative du livre sur son blog, Pierre Assouline est accusé par Mathias Reymond de « défendre son institution, son métier, ses amis… et ses patrons » :
« Ce n’est pas un hasard si, sur les articles qu’il a rédigés dans la presse (Le Monde, Lire, Le Magazine littéraire…) depuis 2002, il fait référence à 186 reprises à des « gros » éditeurs et seulement à 22 reprises à des « petits » éditeurs, Agone n’étant jamais cité. Soit un rapport de 9 « gros » éditeurs pour 1 « petit » éditeur. Plus intéressant encore est de constater la répartition des références aux « gros » éditeurs. Depuis 2002, on trouve 65 références à Gallimard (son éditeur, tiens…), 36 références au Seuil, 30 à Grasset, 17 à Fayard, 12 à Albin Michel, 13 à Flammarion, 7 à Actes Sud, 4 à Hachette et 2 à La Découverte. Ainsi un tiers des ouvrages recensés par Assouline sont édités par Gallimard… son propre éditeur. On peut comprendre alors l’agacement que suscite chez lui la lecture d’un ouvrage dont le premier chapitre est consacré aux éditions Gallimard et dresse un portrait à charge de leur actuel patron. D’autant qu’Assouline est l’auteur d’une belle biographie de Gaston Gallimard (le fondateur desdites éditions) et qu’il n’a aucun tabou à prendre la plume pour lui rendre hommage. Ainsi, dans le magazine L’Histoire (mars 2011) –dont il membre du comité de rédaction‑, il signe un texte intitulé : « A Gaston, pour toujours ». Extraits de l’oraison : « On n’entre pas chez Gallimard pour publier un livre mais pour y construire une œuvre » ; « Il n’est pas de décision éditoriale et littéraire que Gaston Gallimard n’ait prise sans la replacer aussitôt dans une vision à long terme » ; « Sans cet orgueil, qui lui fit le plus souvent projeter ses livres et ses auteurs dans la perspective floue d’un avenir incertain plutôt que dans les “coups” assurés d’un présent plus excitant, le catalogue Gallimard ne serait pas. Le génie de Gaston Ier fut de se donner et de leur donner à tous les moyens de cet orgueil en préservant contre les aléas de l’histoire une certaine idée du livre. » Pas de doute, le prochain livre d’Assouline paraîtra chez Gallimard », Acrimed, 14 octobre 2011.
« Le chroniqueur du «Monde», biographe du vieux Gaston, présenta le projet à la Mairie. Il fut chargé de pousser le dossier en cas d’indifférence ou d’hostilité. En sept ou huit mois, Assouline intervint à plusieurs reprises auprès des conseillers de Bertrand Delanoë, David Kessler et Philippe Lamy, pour éviter l’enlisement : il fallait que la plaque puisse être dévoilée le jour de l’anniversaire », Le Nouvel Obs, 15/06/2011, au sujet de son rôle clé pour que la rue Sébastien-Bottin devienne rue Gaston Gallimard.
« (…) Assouline, c’est le type besogneux qui prend la pose, voudrait bien être écrivain, mais qui n’y arrive décidément pas en dépit de ses efforts incessants. Il publie pourtant une blogorrhée salement impressionnante, ainsi que pas mal d’ouvrages. Mais qui ne constituent pas le moindre début d’œuvre, fût-elle de second rang. Monsieur Assouline écrit sur tout et sur tous, c’est un peu le Pic de la Mirandole version scribouillard et pseudo trash de la blogosphère : les gens riches et célèbres (Dassault, Rothschild…), les photographes (Cartier-Bresson…), les auteurs de BD (Hergé…), les éditeurs (Gallimard…) et même les prix littéraires ! », Didier Maïsto, Lyon Capitale, 9 novembre 2010
« L’endurance, l’obstination, le travail au long cours: voilà peut-être la clef de ses biographies, très fouillées, de Marcel Dassault, d’Albert Londres, de Simenon, d’Hergé, ou encore de Camondo, qui l’ont imposé en spécialiste du genre. Du coup, il est sollicité aussi bien par les ayants droit de Saint-Exupéry que par l’entourage de Gilbert Trigano, le fondateur du Club Med… Mais le biographe ne marche qu’à l’empathie », L’Express, 19/03/2009
« Ses enquêtes, précises et originales, secouent souvent le cocotier littéraire: en 1987, il démonte, preuves à l’appui, le système Paul-Loup Sulitzer, qui fait écrire ses livres par un « nègre », Loup Durand », ibid.
« Comment lui, Assouline, le juif «traditionaliste» à ses dires, qui jure ne jamais manger de jambon et célèbre à grands frais les bat-mitsva de ses filles, a‑t-il pu sympathiser avec l’ancien collabo Lucien Combelle et lui consacrer un — très bel — essai, Le Fleuve Combelle? », ibid.
« Pierre est un enquêteur hors pair, méthodique, opiniâtre, recoupant ses informations », Bernard Pivot (qui l’a engagé comme reporter à Lire en 1983).
En 1997, il dénonce les plagiats de l’écrivain Calixthe Beyala qui l’appelle alors et hurle au téléphone : « Je vais venir, je vais te prendre par les couilles et je te jetterai par la fenêtre ! » La romancière d’origine africaine le rappelle, chez lui, à une heure du matin : « J’ai une poupée avec moi, je lui mets des épingles, j’espère que tu as mal ! », cité par Peras Delphine, op. cit. ()
« C’était un garçon réservé et résolu, timide comme une jeune vierge et très respectueux des règles. Mais on sentait déjà une volonté de fer chez ce type travailleur et structuré comme c’est pas permis », Philippe Tesson, cité par Peras Delphine, op.cit.
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