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Boer lives NOTmatter ? Les deux poids et deux mesures

24 octobre 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Boer lives NOTmatter ? Les deux poids et deux mesures

Temps de lecture : 3 minutes

Cette fin d’octobre 2020 revenons sur la manifestation du deux poids deux mesures devenu une spécialité journalistique française. Cette fois ci, mettons notre grain de sable sur les terres australes d’Afrique du Sud.

Les faits dans leur crudité

Le ven­dre­di 2 octo­bre 2020, Brendin Horner, fer­mi­er blanc sud-africain de 21 ans, est tué près la ville de Paul Roux, son corps attaché par le cou à un poteau avec de mul­ti­ples entailles sur le corps. Sa mort suit celle de Chantel Ker­shaw, fer­mière blanche vio­lée et tuée par deux hommes dans sa ferme près de Johan­nes­burg, et celles d’autres fer­miers blancs assas­s­inés dans les années passées. Rapi­de­ment, deux noirs sont arrêtés et désignés comme prin­ci­paux suspects.

Loi du silence ou loi de l’excuse

Comme seul relais sur ces événe­ments, on compte CNews qui le 12 octo­bre relate les faits en y ajoutant comme con­clu­sion une ouver­ture toute par­ti­c­ulière : « La ques­tion de la répar­ti­tion des ter­res agri­coles est brûlante [dans le pays]. En 1994, l’objectif affiché était de redis­tribuer 30% des ter­res agri­coles détenues par les Blancs aux Noirs. Selon les sta­tis­tiques nationales, la minorité blanche, qui représente 9% du pays, déte­nait pour­tant en 2017 72% des ter­res agri­coles ». En somme on laisse enten­dre que les gens qui assas­si­nent le font par la faute des Blancs. Les Blancs auraient trop et ne partageraient pas. Noir gen­til oppressé, Blanc méchant, Noir peut tuer Blanc.

De sur­croît, on fait pass­er les groupes qui se mobilisent pour que s’ar­rê­tent ces assas­si­nats « racistes » pour des agités : « Le 6 octo­bre, les deux accusés ont échap­pé de peu à un lyn­chage qui aurait pu leur être fatal. Ce jour-là, 3.000 man­i­fes­tants, pour la plu­part des agricul­teurs blancs venus de tout le pays, s’é­taient réu­nis pour faire enten­dre leur colère suite au meurtre d’Horner. Cer­tains ont essayé de pénétr­er dans les cel­lules où avaient été placés les deux accusés. Un four­gon de police a été incendié et le tri­bunal endommagé. »

Des pan­car­tes « Boer lives mat­ter » aperçues par­mi les man­i­fes­tants, pro­duisent même un amal­game chez ceux qui rap­por­tent l’in­for­ma­tion en ren­voy­ant le terme de Boer à une dimen­sion d’apartheid, quand elle ren­voie au préal­able à la dimen­sion his­torique des colons hol­landais vain­cus et repoussés par les bri­tan­niques à l’in­térieur des terres.

Black lives matter à l’envers

Ce qui est intéres­sant avec cette his­toire, apparem­ment satel­lite, à l’orée du traite­ment médi­a­tique auquel elle a eu droit, c’est qu’elle reprend dans le fond les mêmes événe­ments qu’on a con­nu aux États-Unis. Seul CNews en par­le par­mi les médias officiels.

À l’heure où l’in­for­ma­tion est de plus en plus mon­di­al­isée, où l’é­mo­tion prime sur la réflex­ion, la mort d’un fer­mi­er blanc sem­ble « inférieure » à celle d’un drogué noir tué par des policiers, source du mou­ve­ment Black lives mat­ter. Un esprit cha­grin pour­rait y voir une par­tial­ité des médias dom­i­nants, des choix idéologiques, une infor­ma­tion à dou­ble vitesse, deux poids deux mesures. Mais ce serait sans doute un esprit trop chagrin…

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