Cette fin d’octobre 2020 revenons sur la manifestation du deux poids deux mesures devenu une spécialité journalistique française. Cette fois ci, mettons notre grain de sable sur les terres australes d’Afrique du Sud.
Les faits dans leur crudité
Le vendredi 2 octobre 2020, Brendin Horner, fermier blanc sud-africain de 21 ans, est tué près la ville de Paul Roux, son corps attaché par le cou à un poteau avec de multiples entailles sur le corps. Sa mort suit celle de Chantel Kershaw, fermière blanche violée et tuée par deux hommes dans sa ferme près de Johannesburg, et celles d’autres fermiers blancs assassinés dans les années passées. Rapidement, deux noirs sont arrêtés et désignés comme principaux suspects.
Loi du silence ou loi de l’excuse
Comme seul relais sur ces événements, on compte CNews qui le 12 octobre relate les faits en y ajoutant comme conclusion une ouverture toute particulière : « La question de la répartition des terres agricoles est brûlante [dans le pays]. En 1994, l’objectif affiché était de redistribuer 30% des terres agricoles détenues par les Blancs aux Noirs. Selon les statistiques nationales, la minorité blanche, qui représente 9% du pays, détenait pourtant en 2017 72% des terres agricoles ». En somme on laisse entendre que les gens qui assassinent le font par la faute des Blancs. Les Blancs auraient trop et ne partageraient pas. Noir gentil oppressé, Blanc méchant, Noir peut tuer Blanc.
De surcroît, on fait passer les groupes qui se mobilisent pour que s’arrêtent ces assassinats « racistes » pour des agités : « Le 6 octobre, les deux accusés ont échappé de peu à un lynchage qui aurait pu leur être fatal. Ce jour-là, 3.000 manifestants, pour la plupart des agriculteurs blancs venus de tout le pays, s’étaient réunis pour faire entendre leur colère suite au meurtre d’Horner. Certains ont essayé de pénétrer dans les cellules où avaient été placés les deux accusés. Un fourgon de police a été incendié et le tribunal endommagé. »
Des pancartes « Boer lives matter » aperçues parmi les manifestants, produisent même un amalgame chez ceux qui rapportent l’information en renvoyant le terme de Boer à une dimension d’apartheid, quand elle renvoie au préalable à la dimension historique des colons hollandais vaincus et repoussés par les britanniques à l’intérieur des terres.
Black lives matter à l’envers
Ce qui est intéressant avec cette histoire, apparemment satellite, à l’orée du traitement médiatique auquel elle a eu droit, c’est qu’elle reprend dans le fond les mêmes événements qu’on a connu aux États-Unis. Seul CNews en parle parmi les médias officiels.
À l’heure où l’information est de plus en plus mondialisée, où l’émotion prime sur la réflexion, la mort d’un fermier blanc semble « inférieure » à celle d’un drogué noir tué par des policiers, source du mouvement Black lives matter. Un esprit chagrin pourrait y voir une partialité des médias dominants, des choix idéologiques, une information à double vitesse, deux poids deux mesures. Mais ce serait sans doute un esprit trop chagrin…