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Fake News de Noël : un cadeau de Libération à Charlie Hebdo ?

21 décembre 2020

Temps de lecture : 7 minutes
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Fake News de Noël : un cadeau de Libération à Charlie Hebdo ?

Temps de lecture : 7 minutes

Les plus beaux cadeaux de Noël se préparent toujours un minimum à l’avance. Le journal Libération pourrait ne pas avoir cette année dérogé à la tradition en offrant ce qui s’apparente à un cadeau de Noël de 4 millions d’Euros à une rédaction amie, Charlie Hebdo, et peut-être au passage quelques bénéfices à des réseaux périphériques.

Un arti­cle paru dans Libéra­tion le 29 novem­bre, sous le titre Sécu­rité privée, le légion­naire, le général et le préfet Gardère, aurait en effet presque pu pass­er inaperçu si l’une des per­son­ne visée par cet arti­cle, désigné comme « le légion­naire » par Libé, effec­tive­ment un ancien Légion­naire devenu prési­dent et fon­da­teur d’une société de sécu­rité qui fut chargée, après les atten­tats de 2015, d’assurer la sécu­rité armée du jour­nal Char­lie Heb­do, n’avait pas vive­ment réa­gi à cette paru­tion sur les réseaux soci­aux (voir les liens vers Face­book et Twit­ter). Le prési­dent de la société LPN y accuse notam­ment Libé d’avoir employé con­tre lui les mêmes méth­odes que celles qui avaient cours dans ce jour­nal dans les années 70 et 80, quand Libéra­tion pre­nait la défense des réseaux pédocrim­inels. Dans un arti­cle paru quelques jours plus tard dans un blog de sécu­rité privée, on en apprend un peu plus sur cette curieuse affaire.

Une série de fausses informations pouvant peser sur un jugement rendu le 30 novembre

Dans son arti­cle, Libéra­tion sem­ble par­ticiper au recel du secret de l’instruction poten­tielle­ment vio­lé au sujet de la mise en exa­m­en du préfet Gardère, pour une sus­pi­cion de cor­rup­tion à l’époque où il dirigeait le Con­seil nation­al des activ­ités privées de sécu­rité (CNAPS). Dans ce dossier, le prési­dent de LPN a été égale­ment mis en exa­m­en pour avoir offert en 2015 deux caiss­es de vin de la mar­que Puy­lou­bier, à 8 euros la bouteille (soit un total de 96 euros), pour remerci­er le CNAPS d’un tra­vail de con­seil effec­tué par ses experts, en ver­tu des prérog­a­tives de cet étab­lisse­ment pub­lic. Le Puy­lou­bier est un vin pro­duit par la Légion Étrangère dont les béné­fices sont entière­ment rever­sés aux invalides et aux blessés de cette insti­tu­tion mil­i­taire. Le geste du prési­dent de la société visait donc surtout à pro­mou­voir l’image de son ancien corps, la Légion, et de ses blessés. Le juge d’instruction sem­ble avoir égale­ment exam­iné le con­tenu d’une con­ver­sa­tion télé­phonique dans laque­lle le prési­dent fon­da­teur du groupe LPN encour­ageait le préfet Gardère à aller voir, en Hon­grie, son pays d’origine, com­ment se pas­sait la mise en place des agents de sécu­rité armés alors que ce proces­sus était rel­a­tive­ment nou­veau en France. Le préfet Gardère n’ayant effec­tué aucun déplace­ment dans ce pays, on com­prend vite que les faits mis en lumière par l’article de Libéra­tion appa­rais­sent dérisoires et per­me­t­tront dif­fi­cile­ment à la jus­tice d’inquiéter le prési­dent de ce groupe.

Libé sem­ble dans son arti­cle s’employer, un peu comme à l’époque où ce jour­nal assur­ait la défense des réseaux pédophiles, à charg­er un peu le dossier, quitte à recourir à des élé­ments en par­tie men­songers. En effet, lar­ti­cle de Libé laisse croire que la société LPN aurait « manœu­vré » pour obtenir l’autorisation d’armer ses agents de sécu­rité mis en place pour la sécuri­sa­tion de Char­lie Heb­do.

Après enquête, voici ce que nous avons appris. Le con­trat liant LPN à Char­lie Heb­do a été mis en place de la manière suiv­ante : le min­istère de l’intérieur a présélec­tion­né plusieurs sociétés et Char­lie Heb­do, après avoir étudié cha­cune des sociétés can­di­dates, a choisi de con­tracter avec la société LPN. Ce n’est qu’après la sig­na­ture de ce con­trat que le prési­dent de LPN s’est mis en rela­tion avec le CNAPS (dirigé alors par le préfet Gardère) pour armer ses agents de sécu­rité dans le respect du cadre légal. La société de sécu­rité s’est donc rap­prochée du CNAPS en con­for­mité avec la mis­sion de con­seil et d’assistance aux métiers de la sécu­rité privée qui fait claire­ment par­tie des prérog­a­tives de cet étab­lisse­ment pub­lic (arti­cle L632 du Code de sécu­rité intérieure), afin de pou­voir obtenir du préfet ter­ri­to­ri­ale­ment com­pé­tent, ici le préfet de police de Paris, l’autorisation offi­cielle de met­tre en place des agents de sécu­rité armés.

Libé affirme pour­tant que les agents de la société LPN n’auraient pas pos­sédé « des bons agré­ments leur per­me­t­tant de sol­liciter un port d’armes à titre excep­tion­nel », igno­rant vis­i­ble­ment que la total­ité des agents mis en place par LPN étaient d’anciens policiers ou mil­i­taires qui dis­po­saient déjà d’une carte pro­fes­sion­nelle ou qui en ont fait l’acquisition au titre de l’arrêté du 19 juil­let 2007 relatif à la recon­nais­sance aux mil­i­taires et fonc­tion­naires du min­istère de la défense de la qual­i­fi­ca­tion et de l’aptitude pro­fes­sion­nelles à exercer dans les agences de recherche privées. Cette dis­po­si­tion règle­men­taire, en vigueur en 2015, a été con­fir­mée par l’arrêté du 11 juil­let 2017 relatif à la recon­nais­sance aux mil­i­taires pour la déten­tion de la carte pro­fes­sion­nelle. Igno­rant tou­jours ces dis­po­si­tions règle­men­taires, Libé affirme égale­ment que le prési­dent de la société aurait obtenu « à titre déroga­toire et con­tre tous les usages », l’autorisation de pou­voir lui-même effectuer de la sur­veil­lance armée.

Un cadeau de Noël de 4 millions d’euros pour Charlie Hebdo ?

L’article de Libé affirme enfin, dans son dernier para­graphe, que la société LPN a été « écartée de Char­lie Heb­do en sep­tem­bre 2016 à la demande du min­istère de l’intérieur ». Or, s’il est vrai que Char­lie Heb­do a rompu son con­trat avec LPN en 2016, rien ne per­met de dire que cette rup­ture a eu lieu à la demande de la place Beau­vau… Con­sid­érant que cette rup­ture de con­trat était abu­sive, la société était juste­ment en procès en appel con­tre Char­lie Heb­do à qui elle récla­mait 4 mil­lions d’euros de dom­mages et intérêt et de préju­dice moral pour la rup­ture d’un con­trat d’une durée déter­minée de cinq ans. L’article de Libé n’ayant aucun lien appar­ent avec l’actualité du moment, tout laisse donc penser que cet arti­cle visait à porter assis­tance à la défense du jour­nal Char­lie Heb­do, la veille du ren­du du juge­ment d’un procès en appel, pri­vant ain­si la par­tie adverse de toute pos­si­bil­ité de droit de réponse, puisque le droit de la presse ne l’impose que dans un délai de trois jours.

Des réseaux concurrents en fond de tableau ?

Un per­son­nage sup­plé­men­taire appa­raît dans l’article de Libéra­tion, au point de sem­bler être un des prin­ci­paux infor­ma­teurs d’Emmanuel Fansten (rédac­teur de l’article) sur ce sujet : Alain Bauer. Or, peu de temps avant que la société LPN ait été écartée par Char­lie Heb­do, un directeur de la sureté proche d’Alain Bauer venait d’être recruté au moment des faits par ce jour­nal, après avoir été exclu de l’INHESJ pour har­cèle­ment sex­uel. Sur le marché en devenir de la sécu­rité armée, Alain Bauer pour­rait donc avoir pris soin d’écarter très tôt les con­cur­rents poten­tiels en employ­ant des méth­odes peu académiques. Au moment où le CNAM, où Bauer exerce son activ­ité pro­fes­sion­nelle, vient de se voir autoris­er à assur­er la for­ma­tion d’agents privés de sécu­rité armés, au prix d’un accom­mode­ment un peu éton­nant avec les règles de la con­cur­rence compte-tenu du statut du CNAM. Cet arti­cle met­tant en cause un con­cur­rent poten­tiel, puisque le groupe LPN est aujourd’hui con­sid­éré comme pio­nnier en matière de for­ma­tion d’agents de sécu­rité armés, n’est sans doute pas totale­ment anodin de ce point de vue là non plus.

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