Rediffusion estivale. Première diffusion le 8 janvier 2021
Nous reprenons un article de notre confrère Junge Freiheit paru le 12/12/2020. Certains intertitres sont de notre rédaction.
Soros contre Orbàn dans la presse régionale allemande
Un article du Berliner Tagesspiegel, publié sur le site en ligne de ce quotidien berlinois, a récemment fait sensation dans le paysage médiatique allemand. Son auteur : le multimilliardaire et « philanthrope » George Soros, invité à s’exprimer dans les colonnes du journal. Son contenu : rien de bien nouveau — Soros s’attaque à son pire ennemi, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, le qualifiant de «kleptocrate effronté» et de «délinquant en série» qui pille son propre pays. Ce qui surprend, par contre, c ‘est qu’un quotidien de Berlin, à caractère plutôt local, publie un auteur de ce type. Comment cela a‑t-il pu être possible ?
Le Project Syndicate 2020
La réponse se trouve à la fin de l’article :“Traduit de l’anglais par Jan Doolan. Copyright : Project Syndicate, 2020 ». Le texte n’a donc pas été publié en exclusivité.
En fait, ce règlement de comptes, par journal interposé, est apparu sur la plate-forme « Project Syndicate » le 19 novembre dernier, et, dans les mêmes termes, dans des dizaines d’autres journaux à travers le monde.
500 titres de presse dans le monde
Le Tagesspiegel de Berlin n’est que l’un des nombreux périodiques ayant rejoint ce réseau de presse fondé en 1995. De même que des quotidiens ou des hebdomadaires à couverture nationale comme, par exemple, le Handelsblatt et la Wirtschaftswoche, consacrés tous deux au monde de l’économie et de la finance.
Plus de 500 journaux, magazines ou sites d’information dans le monde, avec un tirage total de près de 70 millions d’exemplaires ont rejoint l’ONG de presse basée à Prague. Parmi eux, des journaux de premier plan comme Le Monde (France), le Corriere della Sera (Italie) ou El País (Espagne).
Ce Project Syndicate prétend fournir des «commentaires originaux et de haute qualité» à un public mondial. “Grâce aux contributions exclusives de personnalités politiques, de décideurs, de scientifiques, de chefs d’entreprise et de militants citoyens du monde entier, nous offrons aux médias d’information et à leurs lecteurs des analyses et des informations à jour, quelles que soient leurs ressources financières.” La majorité des membres du réseau reçoivent d’ailleurs ces contributions gratuitement pour certains ou presque pour d’autres.
D’anciens ministres et des personnalités connues comme intervenants
Ainsi l’ONG tente de déterminer le discours global sous couvert d’«aspects de l’opinion mondiale». Si l’éventail des sujets est large, allant de la politique économique et des stratégies de croissance mondiale aux droits de l’homme, en passant par l’islam et le climat, la variété des opinions émises est extrêmement limitée. Le cercle des personnes autorisées à s’exprimer, plutôt restreint : des écologistes verts aux politiciens néoconservateurs, tous défendent des positions dominantes bien connues. Mais aucun esprit vraiment critique n’y souffle pour ébranler les structures établies.
Se retrouvent dans ce cercle, par exemple, le député européen Guy Verhofstadt ou l’ancien ministre des Affaires étrangères allemand, Joschka Fischer (Vert), ou encore Josef Joffe, rédacteur en chef du journal national allemand Die Zeit ainsi que des économistes réputés comme Joseph Stieglitz ou Hans-Werner Sinn. Le conseil consultatif de l’ONG comprend l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown (travailliste), et l’ancien commissaire européen à la protection du climat, la danoise Connie Hedegaard (Parti populaire conservateur). Pour faire court.
Un réseau financé par les fondations habituelles
Au cours des deux dernières années, un total de 300.000 dollars a été investi dans le projet par la Fondation Open Society de George Soros. La Fondation Bill & Melinda Gates a transféré 1.619.861 $ (2019), 1.653.105 $ (2016) et 2.007.220 $ (2012). La liste des soutiens comprend également, pour l’Allemagne, la Fondation Heinrich Böll, proche des Verts, homologue de la Fondation Friedrich Ebert (socialiste). Ou encore l’Initiative pour les actualités numériques du géant Google, le Global Institute of McKinsey et la Fondation Mohammed bin Rashid Al Maktoum Knowledge de Dubaï.
Traduction : AC, que nous remercions