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Le professeur Peronne sur RMC ? La censure s’étend

13 janvier 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Le professeur Peronne sur RMC ? La censure s’étend

Temps de lecture : 6 minutes

Le 6 janvier 2021, l’AFP diffuse une information (pour une fois) très peu reprise par les médias de grand-chemin : RMC est épinglée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour « manque de respect des obligations de la radio en matière de traitement de l’information. » Après les médias dits de réinformation, la censure s’étendrait-elle aux médias officiels ? Il semble bien que la réponse soit oui.

Les exem­ples de cen­sure se mul­ti­plient. Après CNews et Zem­mour, sans cesse mon­trés du doigt, ain­si que le décrivent ces arti­cles parus sur l’OJIM, ou l’officialisation de la cen­sure à l’échelle de l’UE, la sur­veil­lance de ce qui se dit dans les médias devient cou­tu­mière : dès qu’un invité ou une opin­ion dif­férente de la doxa offi­cielle s’expriment, un porte-flingue ou un autre inter­vient. Le pro­fesseur Per­onne qui, out­re ses pas­sages mul­ti­ples sur les plateaux des chaînes d’information en con­tinu lors du pre­mier con­fine­ment, a eu le mau­vais goût, du point de vue des réseaux de sur­veil­lance, sou­vent menés par des per­son­nal­ités haute­ment respecta­bles telles qu’Olivi­er Duhamel, de par­ticiper au doc­u­men­taire hon­ni de ces mêmes médias, Hold-Up, en fait régulière­ment les frais.

Le CSA s’est emparé des pro­pos tenus par Per­onne lors de l’émission des Grandes Gueules de RMC dif­fusée le 31 août 2020, lieu théorique de lib­erté d’expression, où le pro­fesseur expo­sait ses con­cep­tions per­son­nelles au sujet du covid-19, de la mal­adie de Lyme et du palud­isme. Per­onne est un infec­ti­o­logue reconnu.

À tra­vers RMC, c’est le pro­fesseur Per­onne et son opin­ion non con­forme sur le coro­n­avirus qui sont visés. Un exem­ple de plus de l’araignée de la cen­sure qui est en train de s’abattre sur des démoc­ra­ties libérales de moins en moins démocratiques.

De l’admiration au rejet, la route est courte

Jusqu’au sur­gisse­ment du covid-19 et au pre­mier con­fine­ment, le pro­fesseur Per­onne était fort respec­té. Sa fiche Wikipé­dia en témoignait :

« Chris­t­ian Per­ronne est un médecin et pro­fesseur des uni­ver­sités-prati­cien hos­pi­tal­ier français, spécial­isé dans le domaine des patholo­gies trop­i­cales et des mal­adies infec­tieuses émer­gentes, et ancien prési­dent de la com­mis­sion spé­cial­isée Mal­adies trans­mis­si­bles du Haut Con­seil de la san­té publique. »

Autrement dit, un médecin dont la parole est légitime au sujet du palud­isme, de la mal­adie de Lyme et des covid.

Comme le pro­fesseur Raoult, il fai­sait par­tie des autorités médi­cales et sci­en­tifiques sur lesquelles l’Etat n’hésitait pas à s’appuyer. Mais voilà que… ces pro­fesseurs émérites font aus­si par­tie main­tenant des per­son­nal­ités médi­cales et sci­en­tifiques qui ne pensent pas comme l’actuel min­istère de la san­té. Du coup, leur statut d’autorité s’est écroulé, avec l’aide d’une forte cam­pagne médi­a­tique et de coups de pouce des autorités politiques.

Le choix fait par le CSA, et donc l’Etat, d’avertir RMC s’inscrit à la fois dans une volon­té d’empêcher les autres médias d’inviter Per­onne (se met­tre le CSA à dos n’est pas une pra­tique volon­tariste chez les médias de grand-chemin) et dans la con­ti­nu­ité des pour­suites engagées con­tre lui. Déjà, le 17 décem­bre 2020, le directeur général de l’Assistance Publique-Hôpi­taux de Paris (AP-HP), Mar­tin Hirsch, annonçait le ren­voi immé­di­at du pro­fesseur de son poste de chef de ser­vice des mal­adies infec­tieuses et trop­i­cales de l’hôpital Ray­mond Poin­caré de Garch­es. Il indi­quait aus­si que l’AP-HP dépo­sait une plainte con­tre lui auprès du con­seil départe­men­tal de l’Ordre des médecins. Son crime ? Il aurait tenu « des pro­pos indignes de la fonc­tion quil exerce ». Der­rière ce pré­texte se cache aus­si la paru­tion de son ouvrage, Y a‑t-il une erreur quIls nont pas com­mise ? (Albin Michel, édi­teur ayant pignon sur rue), où le médecin démon­tre com­bi­en fut grande l’incurie gou­verne­men­tale lors du pre­mier semes­tre 2020. Dès le 19 décem­bre, le Syn­di­cat Nation­al des Médecins Hos­pi­tal­iers réagis­sait en se dis­ant « très inqui­et (…) au regard de ques­tions aus­si fon­da­men­tales que la lib­erté de pen­sée, la lib­erté dexpres­sion. Et, par­ti­c­ulièrement pour ce qui nous con­cerne, dans le domaine de la médecine, la lib­erté de pre­scrire et la lib­erté de pen­sée médi­cale ». Le syn­di­cat pré­ci­sait : « La médecine nest pas une sci­ence exacte, mais un art. Cest surtout une pra­tique où les échanges et les con­fronta­tions des expéri­ences indi­vidu­elles des médecins sont essen­tiels. Dès lors, les médecins dis­cu­tent, ne sont pas tou­jours daccord entre eux, surtout quand il sagit de mal­adies nou­velles et ne se sont jamais privés den par­ler ». De ce fait, le Syn­di­cat Nation­al des Médecins Hos­pi­tal­iers demandait la lev­ée des sanc­tions pris­es à l’encontre du pro­fesseur Per­onne, infec­ti­o­logue qui, aux dernières nou­velles, n’a été con­damné en jus­tice pour aucun délit ou crime.

Du coup, que reproche le CSA à RMC ?

De sim­ple­ment don­ner la parole au professeur.

Selon le CSA, la chaîne de radio aurait man­qué de « rigueur », « d’équilibre » et de « maîtrise de son antenne » lors de l’émission évo­quée. La déci­sion du CSA est parue le mer­cre­di 6 jan­vi­er au Jour­nal offi­ciel. Out­re ses pro­pos sur la mal­adie de lyme, le palud­isme ou l’hydroxychloroquine, Per­onne se voit reprocher une opin­ion toute sim­ple : il con­sid­ère que la crise san­i­taire du covid-19 est une aubaine finan­cière pour cer­tains médecins et cer­tains lab­o­ra­toires. Une sim­ple opin­ion qui, à pre­mière vue, ne sem­ble pas devoir pass­er sous le couperet de la loi.

Pour le CSA, le 31 août, le pro­fesseur Per­onne était le seul sci­en­tifique présent sur le plateau de RMC. Or, il a nié la reprise de l’épidémie, fait qui aurait été pour­tant avéré, tou­jours selon le CSA. Con­clu­sion : « Dès lors, l’édi­teur ne peut être regardé comme ayant fait preuve d’hon­nêteté et de rigueur dans la présen­ta­tion et le traite­ment de l’in­for­ma­tion sur la pandémie. » Absence de con­tra­dic­tion, en somme. Il va fal­loir que RMC pense à inviter deux foot­balleurs pour par­ler foot­ball ou encore deux jeunes femmes pour par­ler mode féminine…

L’information con­cer­nant le rap­pel à l’ordre du CSA à l’encontre de RMC a tout de même été reprise, dans un court arti­cle, copié de la dépêche de l’AFP, par Fran­ce­in­fo. La con­clu­sion de ce court arti­cle dit beau­coup : « Seules ses opin­ions ont été présen­tées, aboutis­sant à un déséquili­bre mar­qué dans le traite­ment de ces sujets. Ces pro­pos « n’ont sus­cité aucune réac­tion suff­isam­ment mar­quée de la part des per­son­nes présentes en plateau durant la séquence, ce qui car­ac­térise un défaut de maîtrise de l’antenne », con­clut le gen­darme des médias. »

L’espace médi­a­tique et d’expression en France ? C’est de moins en moins de démoc­ra­tie dont il s’agit en effet, et de plus en plus de gen­darmerie. Du reste, si le pro­fesseur Per­onne, comme le pro­fesseur Raoult, fait l’objet d’une telle sur­veil­lance, c’est que ses pro­pos sont forte­ment relayés par les réseaux soci­aux. Ils le furent d’ailleurs sur les comptes de RMC, un point qui a énor­mé­ment déplu au CSA. Gageons qu’à compter de main­tenant, les médias de grand chemin vont encore plus pro­gress­er dans le domaine de l’auto-censure.

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