Neutralité des journalistes et quota de migrants : le point sur la situation en Allemagne, avec deux articles de notre confrère Junge Freiheit du 18/01/2021.
Pas de neutralité des journalistes
Selon Bernhard Pörksen, professeur à l’Université de Tübingen et spécialiste des médias, les « penseurs latéraux » ou les partisans de Pegida (n.d.t. : mouvement de droite populiste, lancé en Allemagne en 2014, militant contre l’islamisation de l’Europe – il existe une section du mouvement en France et dans d’autres pays européens) ne devraient pas avoir le droit de s’exprimer dans les médias. Ce, tout particulièrement depuis la pandémie corona, les fausses nouvelles et la désinformation étant dangereuses et potentiellement mortelles, comme l’a déclaré récemment B. Pösken dans un quotidien régional.
« Quiconque croit que le virus n’existe pas ou qu’il n’est qu’un prétexte pour permettre aux politiques d’asservir la population, risque de ne pas se protéger correctement et de provoquer ainsi des situations fatales », selon lui. À l’heure où « les populistes et les déformateurs de faits deviennent de plus en plus puissants, il faut renoncer à un idéal mal compris d’équilibre et de neutralité dans les opinions ».
Ainsi, « tout le monde ne peut pas avoir à la fois un peu raison et un peu tort. Il faut donc prendre position ».
Opinion partagée par un journaliste de Monitor, Georg Restle, qui a adopté des points de vue similaires dans son essai de 2018, Plaidoyer pour un journalisme axé sur les valeurs. Un ouvrage dans lequel il préconise que le journalisme devrait enfin cesser de simplement décrire « ce qui est ». La neutralité des journalistes étant, selon lui, l’un des plus grands mensonges de la vie médiatique d’aujourd’hui.
Il est à noter que les médias du service public en particulier invitent rarement les critiques et les représentants de certains partis d’opposition à participer à des tables rondes. À titre d’exemple : les représentants de l’AfD (parti de droite populiste) ont fait six apparitions à l’antenne l’année dernière, contre 32 pour les Verts et 94 pour la CDU / CSU.
Quota obligatoire de « migrants » dans la fonction publique
BERLIN. La demande d’un quota de migrants dans la fonction publique a déclenché une dispute au sein du Sénat rouge-vert de Berlin. Le SPD (parti socialiste), avec le maire actuel Michael Müller, qualifie la décision du sénateur chargé des questions d’intégration, Elke Breitenbach (Parti de la gauche), de « faute grave », rapporte un quotidien berlinois, le Tagesspiegel. La femme politique essaierait de se faire un nom avec ses exigences.
Selon Breitenbach, il devrait à l’avenir y avoir un quota de personnes d’origine étrangère à Berlin pour l’ensemble de l’administration ainsi que pour toutes les entreprises publiques, fondations, procureurs et tribunaux. Un quota de 35% correspondrait au pourcentage actuel de « migrants » dans la population. Pour elle, cette mesure doit faire partie d’une nouvelle version de la loi sur la participation et l’intégration.
La diversité ethnique de Berlin doit se refléter dans l’administration
« Nous voulons que tous les habitants de cette ville aient les mêmes chances. Nous n’acceptons pas la discrimination structurelle ». La diversité de Berlin doit se refléter dans l’administration. « Des règles fixes et un financement clair sous la forme d’un quota sont nécessaires pour que davantage de personnes ayant des antécédents de migration soient employées dans l’administration. » Une loi correspondante devrait être adoptée avant les élections au niveau fédéral à l’automne. Berlin serait le premier État fédéral doté d’une telle réglementation.
Selon le porte-parole du groupe parlementaire socialiste, Frank Zimmermann : « Il est assez audacieux d’annoncer que la coalition Rouge-Vert prévoit un quota de 35% pour les migrants et un traitement préférentiel, parce que le SPD n’a rien décidé. »
D’après le Tagesspiegel, les socialistes auraient convenu que la version finale de la loi ne contiendrait pas de quota mais simplement un «objectif».
L’opposition critique le quota de migrants comme étant inconstitutionnel
Les Verts font l’éloge du projet. “Une prise en compte appropriée dans les entretiens d’embauche est correcte et bien dosée”, lit-on dans le journal qui cite la tête de liste des Verts pour les élections nationales, Bettina Jarasch. “Quiconque rejette les principes de ce projet, a de la société une image réactionnaire et n’est pas à la hauteur du monde actuel.”
L’AfD (droite populiste), la CDU (droite classique) et le FDP (parti libéral) ont critiqué le quota prévu comme étant inconstitutionnel. Une critique justifiée par un avocat spécialiste de la Loi Fondamentale (qui sert de constitution à l’Allemagne), Arnd Diringer : “C’est manifestement inconstitutionnel, vous n’avez même pas besoin d’essayer.”
Traduction : AC