Rediffusion. Première diffusion le 13/02/2021
Le quotidien Le Monde et ses Décodeurs (financés par Google) prétendent vérifier régulièrement les « intox », s’érigeant ainsi en tribunal de la vérité. Concrètement, les vérifications des Décodeurs servent souvent d’outil politique contre qui ne pense pas comme Le Monde. Illustration.
Le mardi 9 février 2021, Le Monde publie un article au sujet de Marine Le Pen dans sa rubrique « Les Décodeurs », officiellement outil de « vérification » des informations circulant dans le débat public. Il s’agirait de traquer les « intox ». La réalité est plus simple : les médias de grand chemin mènent la guerre libérale libertaire contre les dissidents. Il peut d’ailleurs arriver que « Les Décodeurs » deviennent l’arroseur arrosé.
L’exemple Amedy Coulibaly
Le 9 février, « Les Décodeurs » du Monde visaient Marine Le Pen : « L’intox sans fin de Marine Le Pen sur la nationalité d’Amedy Coulibaly », avec comme accroche : « La présidente du Rassemblement national a prétendu que le tueur de l’Hyper Cacher avait obtenu la nationalité française à l’âge de 18 ans, comme elle le fait depuis cinq ans. C’est faux. »
Que reproche l’article à Marine Le Pen ? De s’être appuyée sur l’exemple de Coulibaly dans l’émission de Bourdin sur BFMTV, le 5 février, pour expliquer pourquoi elle veut en priorité, si elle est élue, « maîtriser l’immigration ». Marine Le Pen a indiqué vouloir changer le code de la nationalité pour que celle-ci « s’hérite ou se mérite » et que des gens comme Coulibaly ne l’obtiennent pas automatiquement à 18 ans.
Pour « Les Décodeurs », c’est faux. Ils n’ont pas tort : Marine Le Pen s’est rendue coupable d’une imprécision en prenant Coulibaly comme exemple, même si chacun avait compris qu’elle aurait pu citer n’importe quelle autre criminel, tueur ou terroriste venu d’Afrique comme exemple. L’imprécision de la présidente du Rassemblement National permet au Monde de pratiquer son sport favori, la chasse à « l’extrême droite », espace politique dont le quotidien n’a jamais réellement expliqué les tenants et les aboutissants. Reste qu’en effet « Contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, Amedy Coulibaly n’a pas obtenu la nationalité française à 18 ans. Il est né français en France, en 1982, à Juvisy-sur-Orge (Essonne). Si la famille dont il est issu a des racines maliennes, ses deux parents possédaient la nationalité française : son père, parce que le Mali était encore une colonie française lorsqu’il y est né, en 1937 ; sa mère, car elle a été naturalisée française. ». Des Africains, étrangers en somme, avant de se voir donner cette nationalité, dans un cas comme dans l’autre.
Un Français de seconde génération donc, par « le droit du sang ». C’était sa seule nationalité selon Le Monde. Le quotidien apporterait une « preuve » décisive : « Le Mali a d’ailleurs refusé d’accueillir sa dépouille, arguant du fait qu’il n’était pas citoyen français ». En soi, ce n’est pas faux. Mais c’est surtout révélateur de la façon qu’à Le Monde en ses « Décodeurs » de manipuler son lectorat :
- L’échange avec Bourdin ne portait pas sur Coulibaly en tant que tel mais sur « la maîtrise de l’immigration ». Il n’est pas contestable que Coulibaly et sa famille sont issus de l’immigration, à moins de considérer que le Mali doive redevenir une colonie française.
- Il était d’autant moins français qu’il ne le voulait pas, tout comme sa famille, désireuse de justement l’enterrer au Mali : les Coulibaly sont maliens dans l’âme mais Le Monde ne relève pas cette étrangeté de vouloir être enterré dans un pays qui ne serait pas le sien.
- Si le Mali a refusé « d’accueillir sa dépouille», il y a peut-être une raison toute simple derrière l’excuse de la citoyenneté : qui voudrait du cadavre d’une assassin de cette nature ?
Français et « français »
Ensuite, Le Monde est tellement obsédé par Marine le Pen que ses « Décodeurs » s’empêtrent dans des arguties difficiles à saisir pour qui n’est pas initié : « Cette contre-vérité assénée par Marine Le Pen invalide son raisonnement : modifier les critères d’attribution de la nationalité française n’aurait pas permis d’éviter un attentat comme celui de l’Hyper Cacher, puisque l’auteur des faits avait hérité cette nationalité de ses parents, comme des dizaines de millions de ses concitoyens. De fait, une grande partie des terroristes qui ont sévi en France ces dernières années étaient français. »
Les choses sont donc claires : pour Le Monde, le terrorisme à l’œuvre en France « ces dernières années » est l’œuvre de « Français ». Devant une telle affirmation, difficile de ne pas trouver que la presse libérale libertaire tombe bien bas. Point important : jamais cet article n’indique que « le tueur » était un terroriste musulman islamiste. Il était un « tueur », « l’auteur des faits », « l’auteur de la prise d’otage » mais il n’était ni musulman ni islamiste. « Les Décodeurs » décoderaient-ils à pleins tubes ?