Les obsessionnels mono-maniaques du complotisme, qu’ils voient partout, Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch, Tristan Mendès-France et Franceinfo lancent “Complorama”, nouvel outil de « lutte » contre les méchants complotistes – comprendre, ceux qui conçoivent le monde autrement. Cela démarre tout juste, et c’est sur un média d’État.
Rudy Reichstadt est partout, l’OJIM le signalait il y a peu. Avec Tristan Mendès-France, il lance donc l’émission en forme de podcasts Complorama sur Franceinfo. Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France, au vu de leur pedigree, difficile d’imaginer que la nouvelle émission de Franceinfo soit destinée à être autre chose qu’un nouvel outil de militantisme et de propagande politique. Le parcours politique et professionnel des deux larrons, exposé dans les deux portraits ci-dessus mis en liens, suffira à se faire une idée de ce qui attend les auditeurs.
Complorama : Toto et Toto dans un bateau
Complorama a démarré le 22 janvier 2021. Le concept de l’émission est indiqué sur sa page web, hébergée par Franceinfo : « Complorama, le podcast franceinfo qui décrypte les théories du complot et l’activité de la complosphère en lien avec l’actualité. Un vendredi sur deux avec Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès‑France, maître de conférence spécialisé en culture numérique. » Contrairement à ce qui est annoncé ici, il semble que le rythme d’un vendredi sur deux ait du mal à être tenu puisque seuls deux podcasts ont été mis en ligne à ce jour (17 février 2021). Ils sont présentés par Marina Cabiten.
Ces deux podcasts sont :
- « États-Unis, les complotistes et l’après Donald Trump »
- « Les complotistes et le business du covid-19 »
Chacun de ces podcasts dure une vingtaine de minutes.
Les premiers mots du premier podcast donnent le ton qui caractérisera l’opération politique, à n’en pas douter : « Nous allons parler d’une page qui se tourne dans l’histoire du complotisme, l’ère Trump. Donald Trump, un personnage essentiel de l’univers de la conspiration aux Etats-Unis et déjà bien avant qu’il ne soit président. Il est donc logique que ses quatre années à la présidence aient eu l’effet d’un détonateur pour la complosphère. Le mandat Trump, c’est notamment celui de la naissance de QAnon. Maintenant que c’est fini, qu’est ce qui va se passer pour ses partisans, qu’est-ce qui va rester de cette période dans l’Amérique de Joe Biden. Les complotistes et l’après Trump, c’est le premier épisode de Complorama ».
Le peuple américain ? Disparu…
Un véritable condensé de tout ce qui fait que le journalisme contemporain, celui des médias de grand chemin, n’est plus du journalisme mais essentiellement de la propagande. Le sujet porte, mais c’est secondaire semble-t-il, sur le 45e président des Etats-Unis, élu non par les « complotistes » américains (qui sont-ils ? Combien de divisions électorales ?) mais par le peuple américain. Pour les larrons de Complorama, ce n’est pas la question. Là où il a eu Trump, il y a eu complotisme. Pire : Trump serait un rouage essentiel de l’histoire même du complotisme. Diantre… Il se pourrait pourtant sans doute qu’il ait été, avant tout, en tant que président, un rouage essentiel de la démocratie libérale et représentative américaine. Cela ne semble pas effleurer l’esprit de Complorama, ce qui est normal puisque l’objet de l’émission n’est pas de penser le monde mais de dénoncer ceux et ce qui ne pensent pas ce même monde comme il doit être pensé. D’après eux.
Scoop, scoop, scoubidou et délation entre amis
Le second podcast va dans le même sens, à ceci prêt qu’il s’agit du dada et d’une sorte d’heure de gloire de Rudy Reichstadt, persuadé de détenir le rêve de tout journaliste : « l’enquête scoop ».
En l’espèce, il s’agit de son enquête sur la façon dont les complotistes tireraient financièrement profit d’un business, le covid-19. Il fallait y penser.
L’entrée en matière, par la voix de Marina Cabiten :
« Nous allons parler du business du covid-19 dans la complosphère. En commençant par le cas France Soir. Un homme d’affaires a fait de l’ancien journal de référence un site complotiste à la faveur de l’épidémie, au point d’être aujourd’hui dans le radar du gouvernement. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur le film Hold-Up, dont France Soir a largement fait la promotion l’an dernier. Quand le soit-disant documentaire sur la face caché du covid est aussi une source de profits pour ses producteurs. Et puis, il y a les charlatans du covid, qu’ils soient youtubers ou formateurs en développement personnel, nombreux sont ceux qui exploitent le filon coronavirus. Le covid, c’est tout simplement le plus gros accélérateur de toutes les théories conspirationnistes sur la planète ».
N’exagérons rien… il y a déjà eu bien des « accélérateurs », à commencer par les attentats du 11 septembre 2001.
Tout va très bien …avec l’argent public
Le vrai business, celui des anti « complotistes », trouve toujours un prétendu nouvel « accélérateur » à dénoncer. Et nombreux sont ceux qui exploitent le filon complotiste, à commencer par Reichstadt et Mendès-France.
Un sommaire « riche » : un petit coup de délation d’un confrère qui pense différemment, France Soir, un petit coup ubuesque sur quelque chose de normal, un documentaire (avec lequel ils ne sont bien sûr pas d’accord) qui fait gagner de l’argent à ses producteurs – comment ne pas être surpris de l’étonnement de Complorama devant un fait aussi simple et évident ? –, un petit coup final, pour la route, contre ceux qui font de l’argent avec le covid et les théories non officielles.
Comme Franceinfo, en somme, quand la radio évoque, régulièrement, ces théories non conformistes, pour faire de l’audience et attirer des annonceurs.
Finalement, Complorama apparaît comme un archétype de ce que deviennent les médias de grand chemin en France : des organes de pensée unique et de délation. À suivre : l’OJIM prendra le temps de décrypter le discours militant d’une émission de podcasts qui ne doit son existence qu’à l’argent public.