L’homme en noir et blanc
Le producteur de Thierry Ardisson n’est pas à une contradiction près : s’attirant les foudres de la droite souverainiste lors de l’ère transgressive et impertinente des années 90, il s’arrange pour qu’elle lui mange dans la main trente ans plus tard ; ancien pigiste à Libération, il lui voue une rancune tenace depuis le torpillage de son vaisseau Front Populaire par le quotidien que lisait son père, enseignant communiste et bouffeur de curés. Avec Michel Onfray comme tête de gondole, et bien d’autres, il prépare le monde médiatique d’après en investissant dans des webtélés, sites d’infos en ligne, médias réseaux sociaux et pay-per-view, quitte à provoquer des grincements de dents dans le milieu du petit écran. Un coup à droite, un coup à gauche, mais sans perdre de vue la courbe des audiences, selon sa profession de foi énoncée sur France Inter : “le premier devoir d’une émission de télévision, c’est d’être regardée”.
Enfance et formation
Né le 1er mai 1967 dans la Cité des Ducs, il grandit à Orvaux dans la banlieue nantaise. Il passe un bac scientifique et aspire à devenir musicien dans un groupe de rock. Entretemps, il faut bien faire des études. Une fois sa licence d’histoire validée à l’université de Nantes en 1988, il monte à Paris pour suivre le cursus de l’École Supérieure de Journalisme.
Parcours professionnel
Presse écrite (1989–1995)
II ne reste qu’un an sur les bancs de l’ESJ Paris, préférant rejoindre un organe de presse à l’issue de son stage de première année à Pèlerin Magazine. « Ça m’a permis de m’ouvrir à des écoles de pensée un peu différentes, comme le catholicisme social. Des choses que je n’avais pas apprises à la maison ».
Avec l’argent qu’il a pu mettre de côté pendant six mois, il part pour l’Inde et le Népal. Il est notamment correspondant à Calcutta à partir de 1989 et vit de ses piges à de nombreux journaux, parmi lesquels L’avancée médicale, Automobile Magazine, Le Journal du dimanche et Libération. Devenu anémique après avoir connu une grande précarité matérielle dans la cité bengalie, il est rapatrié par le directeur de la rédaction de France Soir, Michel Schifres qui le remarque grâce à un article sur un tueur en série indien. Hésitant entre Libération et France Soir, il opte finalement pour ce dernier Affecté au service des infos générales, il est charge « du fait divers, de l’enquête, des papiers de société » du quotidien entre 1990 et 1993.
C’est à cette période qu’il rencontre Thierry Ardisson, lors d’une interview réalisée pour le compte de Paris Nuit à l’hôtel Bristol où l’animateur a ses habitudes. Le courant passe, tant et si bien que l’homme en noir pense à confier la rédaction en chef d’Entrevue, le tabloïd qu’il a lancé un an auparavant, à son nouveau protégé. Ce dernier accepte et va orienter la ligne éditoriale vers une critique au vitriol des médias, au risque de frapper parfois au-dessous de la ceinture. Il qualifie aujourd’hui de « crapuleuse » la ligne d’Entrevue, comme le rapporte Charlie Hebdo.
Télévision (1995–1999)
En 1995, il est co-animateur de « Y’a débat » animée par Michel Polac et diffusée sur MCM. Cette même émission est alors sponsorisée par Entrevue et doit accueillir à tour de rôle les candidats à la présidence de la République. L’occasion de faire le buzz, comme on ne dit pas encore, est trop belle. Il défraye la chronique en adoptant les méthodes de la presse à scandales à la télévision : il propose une barrette de haschich à Lionel Jospin, puis montre à Jean-Marie Le Pen, alors candidat, la couverture de Playboy où figure son ex-femme, Pierrette. Conséquence de ses coups d’éclats, « Son style d’interviews lui vaut aussi d’être injurié par Marie-Caroline Le Pen et vilipendé par Philippe de Villiers ». Sa notoriété naissante le fait remarquer à TF1 ; il est recruté par la chaîne privée en tant que rédacteur en chef de l’émission, « J’y crois, j’y crois pas » (95–96) présenté par Tina Kieffer. Ardisson lui propose de rejoindre l’équipe de production de « Rive Droite Rive Gauche » où il fourbit ses premières armes. Il collabore également avec groupe Expand, filiale de Canal+ dirigée par Dominique Ambiel, qui produit alors des jeux de divertissement. Simon se lasse d’un univers dont il a vite fait le tour et aspire à être son propre patron. Il crée en janvier 1997 sa première boîte, l’agence Paris Press. Désormais fort d’un carnet d’adresses et d’un savoir-faire en matière de télévision, il se lance et va produire une centaine de programmes différents ; il fonde deux ans plus tard une société de production audiovisuelle, Télé Paris, bientôt rebaptisée Téléparis.
Télé Paris (1999 — )
Au-delà des émissions avec Thierry Ardisson, il va créer 82 émissions originales avec sa société de production (dont l’animateur détient 49 %), diffusées aussi bien sur les chaînes hertziennes que sur le câble ou le satellite. Parmi les plus connues, « Le Cercle » (Canal+), « Les Concerts sauvages » (Arte), « Culture Club » (MCS), « La Boîte à musique de Jean-François Zygel » (France 2), « Troisième Rappel » (France 3), « la Soirée des Molières » (France 2), « On n’est plus des pigeons » (France 4), « On a tous en nous quelque chose de … » (France 2). Certes, la liste de formats originaux conçus par sa société, comporte un nombre important de programmes éphémères. Mais sa grande réussite aura été celle d’avoir inventé un genre qu’il définit comme la« télé in situ » et dont les modèles les plus fameux ont été « 93 Saint Honoré » et « Paris Dernière », toutes deux diffusées en leur temps sur Paris Première.
Lorsque la production des « Terriens du Samedi », et de sa déclinaison dominicale « Le Terriens du Dimanche », Stéphane Simon admet que les recettes de l’émission dégageaient la moitié du chiffre d’affaires de Télé Paris. Sans l’apport de la poule aux œufs d’or, la société doit licencier 90 personnes. D’où l’obligation de se réinventer, de préférence dans le numérique où le producteur flaire le bon filon, lui qui avait commencé à diversifier ses activités dès 2015.
Le Magasin Numérique (2017– )
Autour de l’astre Télé Paris gravitent quatre sociétés chapeautées par Stéphane Simon et toutes abritées dans les locaux de Télé Paris à Levallois-Perret : Red Velvet, spécialisé dans la captation de spectacles vivants, Outside Films, qui produit des documentaires de la fiction, #Edith Paris, diffuseur de programmes institutionnels et publicitaires (Orange, Sephora ou encore l’Office du tourisme tunisien comptent parmi les clients de cette société) et surtout Le Magasin Numérique. Pour des raisons de réputation, Simon met un point d’honneur à séparer autant que possible cette dernière de Télé Paris : « Je n’ai pas d’associé pour Le Magasin Numérique, aucun capital ne vient de TéléParis et Thierry Ardisson n’a rien à voir avec mon activité digitale. Le Magasin Numérique n’est pas une filiale de TéléParis ».
La société conçoit des webtélés « de niche », taillées sur mesure pour des leaders d’opinions ou des thématiques culturelles et entièrement financées par les abonnés. Les webtélés essaiment et la liste de personnalités médiatiques (dont certains furent chroniqueurs dans les émissions de Thierry Ardisson) séduites par le concept de Simon s’allonge : ainsi BasLesMasques.com est associé au mensuel Causeur ; RéacnRoll est porté par Élisabeth Levy ; Polony TV, rebaptisée Marianne TV , est le canal de Natacha Polony ; Goldnadel TV est animée quant à elle par le très médiatique avocat. Mais la politique n’est pas omniprésente,Tellement soif, par exemple, est consacrée la culture du vin. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous et certains projets sont avortés, faute de rencontrer leur public, comme la défunte Komodo TV (2019–2020) qui fut un média végan et antispéciste avec Aymeric Caron en figure de proue, mais aussi l’éphémère LaFranceLibre.tv lancée avec André Bercoff en 2018, avant d’être débranchée dès l’année suivante, ou bien encore ReacNRoll.tv (2019–2020) où s’exprimait notamment Ivan Rioufol. Sans oublier le projet vite abandonnée d’une webtélé sur transhumanisme animée par Luc Ferry ou de celui de « Black Blanc Beur », célébrant les immigrés patriotes, qui aurait dû être présentée par Verlaine Djéni.
La plus rentable reste indubitablement Michel Onfray TV, qui s’appuie sur une revue trimestrielle Front Populaire et un site homonyme, s’adressant aux souverainistes des deux rives. Ce succès permet même au tandem de voyager et de mettre en scène le philosophe normand dans des reportages sur les théâtres de l’Orient compliqué, au Liban et en Arménie.
À l’été 2022, Il a l’idée de réunir Houellebecq et Onfray autour d’une table pour parler de civilisation, une notion dont il déplore qu’elle n’ait pas plus été au cœur des débats lors des élections présidentielles. Dans cet entretien au long cours, l’écrivain tient des propos sans concessions sur la place de l’islam en France. Une phrase, notamment, met le feu au poudres : «Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent ». La volée de bois vert ne se fait pas attendre et une fédération de mosquées, menée par le recteur de la Grande Mosquée, de Paris s’empresse de porter plainte contre la revue pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ».
Il est également l’instigateur du projet d’une revue trimestrielle adossée à l’émission phare de RMC en matière de ballon rond, l’After Foot, animée depuis une quinzaine d’années par Gilbert Brisbois.
En mai 2023, il inaugure en grande pompe un nouveau média d’investigation et d’enquête baptisé Factuel sous les auspices bienveillantes de Christine Kelly et Dominique Rizet, marraine et parrain de la publication. Fort d’une rédaction composée de quarante journalistes chapeautée par un ancien du Figaro, Romain Renner, ses fondateurs Stéphane Simon et Samy Biasoni, font valoir l’impartialité et la vérification systématique des sources et espèrent sortir cinq à dix scoops quotidien pour fidéliser leur lectorat. Les intéressés souhaitent atteindre l’équilibre financier d’ici avril 2025 en comptant sur le soutien de 25 000 abonnés.
Parcours militant
Stéphane Simon grandit, contrairement à son ami Onfray, dont le père était un ouvrier agricole catholique, dans une famille pétrie d’idéaux de gauche, son père était militant communiste et sa mère centre gauche, son grand père radical socialiste. Il est le rejeton de trois générations d’enseignants. Rien d’étonnant dès lors à ce « que toute la culture à la gauche de la gauche qui m’a été transmise m’a beaucoup servi ». À Laure Daussy de Charlie Hebdo qui le somme d’éclaircir ses intentions suite à la parution de Front Populaire, il rétorque :
« Moi je ne vote plus depuis 1986, j’ai voté une seule fois à mes 19 ans, depuis tous les politiques me déçoivent ».
Un abstentionniste certes, mais pas un apolitique pour autant, comme le révèle Libération :
« Le producteur revendique tout au plus une position d’«anar de droite», soucieuse de garantir la liberté de l’individu, notamment économique, et de renvoyer l’État à des fonctions régaliennes minimales ».
Ses employés ne sauraient même le faire entrer dans une case, ce qui désole les journalistes de Slate venus pour traquer une éventuelle bête immonde :
« Ses opinions politiques sont changeantes selon les scrutins». Presque tous nos interlocuteurs semblent d’accord : « C’est un vrai type bien, il aime se moquer des bobos de gauche mais rien de méchant ».
Ce qu’il gagne
Le nombre de participations et d’entreprises détenues par Simon rendent l’estimation de ses revenus (totalisant le salaire, les dividendes et la cession de parts) malaisée, d’autant plus qu’il est à la tête d’un éco-système médiatique qui semble parfois se nourrir de lui-même. Rappelons à titre indicatif que le chiffre d’affaires de Télé Paris en 2016 était de 12,7 millions d’euros.
Vie privée
Il est père de deux filles prénommées Jade et Max, nées de deux lits différents. Il a également un frère psychiatre.
Bibliographie
- Les secrets du Bois de Boulogne, coécrit avec Jean-Noël Tournier (grand reporter à Europe 1), Ed. n°1, 1993.
- Les Derniers jours de Samuel Paty. Pourquoi cette tragédie aurait dû être évitée, Plon, 2023.
Sa nébuleuse
Thierry Ardisson : « Avec Ardisson, je découvrais l’un des parrains de la profession. Un type torturé, exigeant, animé de la peur du lendemain et bosseur comme peu dans ce métier. Chez qui rien n’est jamais acquis. On s’est bien trouvés ». L’animateur pense néanmoins que son compère se serait « radicalisé » politiquement ces dernières années.
Éric Brunet : réputé proche du producteur et comme lui Nantais d’origine, il était pressenti pour être un des animateurs de LaFranceLibre.tv mais en a été empêché contractuellement par RMC, son employeur de l’époque.
Michel Onfray : « Il l’a rencontré sur une des émissions qu’il produisait, « Les Grandes Questions », sur France 5, présenté par Franz-Olivier Giesbert. »
Guillaume Bigot : Politologue et directeur de l’école de commerce parisienne IPAG, invité occasionnel sur les plateaux de CNews et BFM, Le Magasin Numérique est derrière la plateforme numérique de son « Académie Cicéron » , institut dont le but avoué et de réhabiliter la culture générale à l’aide de professeurs reconnus et conférenciers de marque. Il est également un contributeur régulier de Front Populaire.
Alexandre Jonette : Ancien réalisateur de Paris Dernière et Polonium, produits par Stéphane Simon, il coréalise avec lui les documentaires tournés avec Michel Onfray en Arménie et au Liban.
Bernard de la Villardière : Il est un des associés au capital du média digital enraciné Neo fondé par l’animateur de M6. Il a depuis cédé sa participation à un fonds détenu par l’entrepreneur Pierre-Édouard Stérin.
Sami Biasoni : banquier d’investissement et confondateur de Neo et Factuel avec Stéphane Simon. Il est également docteur en philosophie et signe des tribunes dans Le Figaro et Front Populaire. Dans un entretien donné à Monaco Matin à la veille de création de Neo, l’animateur de M6 décrit le duo Biasoni — Simon comme des « gens fiables ».
Michel Schifres : ancien directeur de la rédaction de France Soir, exerçant actuellement les mêmes fonctions au Figaro.
Dominique Ambiel : « Il m’a enseigné que la télévision est une industrie et la force d’un carnet d’adresses. Il n’avait pas la queue d’une idée, mais parvenait à vendre ce qu’il voulait. Moi, c’était le contraire. Je fourmillais d’idées, mais j’étais dépourvu d’entregent. »
Jean-Yves Le Moine : Producteur digital de Télé Paris, il se présente comme le « responsable du Magasin Numérique »
Jean-Baptiste Roques : Rédacteur en chef de Front Populaire, ancien journaliste à RéacnRoll et Vanity Fair.
Il l’a dit
« À Front Populaire, nous sommes de ceux qui préfèrent enfiler des bottes pour aller marcher à la campagne, dans les herbes hautes. Nous savons que Poutine est un impérialiste, mais que les États-Unis sont aussi une puissance impérialiste, que la guerre russo-ukrainienne n’a pas commencé le 24 février 2022 mais bien avant et que, contrairement à ce que prétend la vulgate antinationale, c’est le choc des impérialismes qui a conduit à la guerre », Front Populaire, 07/06/2023.
« Je me souviens de mon grand‑père, qui était un laïque, me racontant comment se passaient les cours qu’il donnait en Vendée, dans les années 1930. Alors que ses gamins avaient en tête que les troupes françaises avaient massacré leurs ancêtres, il n’a jamais eu de problème pour discuter de ces sujets avec eux et leur apprendre les valeurs de la République. Comment expliquer alors que moins d’un siècle plus tard un serviteur de l’école républicaine se fasse décapiter devant son collège ? », Charlie Hebdo, 26/04/2023.
« L’attaque de la grande mosquée de Paris contre Houellebecq est malhonnête: les propos cités sont hors contexte et si Houellebecq généralise, il ne fait pas siens ces propos. Il décrit ce qu’il croit être le point de vue de ses compatriotes. Il agit comme un écrivain qui raconte », Twitter, 30/12/2023.
« Je crois que c’est facile à comprendre ; chacun a le droit de vouloir être souverain chez soi ; quand on achète un appartement, on a pas envie que ce soit le voisin d’a‑côté ou le syndic qui décide à votre place de la déco ou des meubles. C’est simple sur le plan politique. », L’Incorrect, mai 2020.
« Jean-Marie Le Pen, qui pensait que j’étais juif, croyait à un coup tordu monté avec son ex-femme ; il me vomissait. », Le Journal du Dimanche, 02/09/2017
« Le langage Canal + a gagné depuis vingt ans. Le décalage est devenu la norme absolue et donc, évidemment, le trash est un peu partout maintenant. », France Inter, 16/05/2016.
« Chez moi, c’était plutôt « Au secours, voilà les curés. » Quand mon grand-père en voyait un dans la rue, il faisait “Crôaaa, Crôaaa”… », Les Inrocks, 29/03/2014.
« J’ai un bagage culturel un peu au-dessus de la moyenne, mais pas tellement. Je me glisse donc avec beaucoup de facilité dans la peau du téléspectateur. », Le Monde, 06/05/2006
Ils l’ont dit
« Stéphane Simon a compris qu’il allait y avoir une évolution des usages journalistiques. Il essaie de trouver des nouvelles formes Web plus professionnelles. », Jean-Baptiste Roques, Valeurs Actuelles, 01/11/2020
« Je n’ai jamais entendu Stéphane parler politique, ni ne l’ai vu se sentir obligé d’asséner des idées. Je ne sais pas s’il y a un engagement politique derrière ces projets […]. Je crois plutôt qu’il cherche à construire des médias autour de personnalités dont il pense qu’ils ont un potentiel pour recruter des abonnés. Comme un éditeur cherche à publier des auteurs attirant des lecteurs. Personne ne critiquerait un éditeur qui publie Polony, Onfray et Goldnadel. Mais quand c’est de la télé, tout le monde se dit oh là là ! », Frédéric Taddeï, Libération, 24/06/2020.
« Que va-t-il se passer avec Front Populaire? Et bien très probablement rien. Les authentiques couillonnés, les sympathiques ambitieux et les égocentriques égos vont probablement se disloquer après quelques numéros. L’intérêt de la chaine sera de réussir à garder le couple vraiment novateur de cette entreprise: Raoult et Onfray, sauf que faire le babysitting de ces deux égos ne va pas être une mince affaire.
Stéphane Simon s’en fout, autant prévenir tout de suite. Il transformera Front Populaire TV en Onfray TV, refilera Onfray TV à UnAutreTrucTV et réorganisera les comptes et les migrations de comptes entre tous les abonnés pour qu’ils n’aient pas trop l’impression d’être floués.
Sa webTV la plus brune, ReacNRoll est d’ailleurs construite comme ça: organisée en CauseurTV, CastelnauTV, RioufolTV, Barbara Lefebvre TV, et tout est toujours prêt pour le rempotage (avec même un petit barbaralefebvre.com sous le coude). C’est aussi ce qui s’est passé avec son projet précédent, “La France Libre”, une télé de réinformation contre la bienpensance avec André Bercoff, William Goldnadel et Verlaine Djéni, lancé en grande pompe et avec un compte Twitter et Facebook @l’infolibre. Puis Bercoff s’est barré, Verlaine Djéni a eu des ennuis judiciaires et la chaîne est devenue GoldnadelTV avec son propre compte Twitter dédié. Quant à l’info Libre, c’est devenu un site internet de promo des autres projets de Stéphane Simon. De la même manière, Stéphane Simon a transformé Orwell TV en PolonyTV après une plainte des ayants droits de Georges Orwell. Polony TV est en train de devenir Marianne TV, détenue à moitié par le propriétaire de Marianne et à moitié par une société de Stéphane Simon. », Lignes de crête, 01/06/2020.
« L’intéressé se défend de tout raidissement doctrinal. Il rappelle avoir mis sur orbite une webtélé sur le vivant (Komodo TV) avec Aymeric Caron, une figure classée à gauche, et avoir envisagé d’en faire autant avec Alexis Corbière, le lieutenant de Mélenchon. Stéphane Simon préfère se parer des vertus démocratiques du pluralisme, du débat d’idées, de la confrontation des opinions. Cela contribue à l’ambiance de clash permanent, comme dans ses Terriens du dimanche ! Lorsqu’on lui demande s’il n’aide pas plutôt à souffler sur les braises, il répond que la société française ne l’a pas attendu pour être en flammes. », Libération, 24/06/2020
« Le producteur de TéléParis et du Magasin Numérique ressemble moins un Steve Bannon français qu’au businessman qui a dégotté un bon filon et qui s’affranchit peu а peu de la télévision, de ses diffuseurs, de ses contraintes, et peut-être même, après vingt ans de collaboration étroite, du si imposant Thierry Ardisson avec qui il partagera toujours un sens aigu de la transgression. », Slate, 20/04/2018
Photo : capture d’écran vidéo Front Populaire via YouTube