Avez-vous entendu parler de Rodéo ? Ce nouveau mensuel bordelais créé fin 2020 dont la ligne éditoriale fait déjà trembler la mairie EELV de Pierre Hurmic. Mais comment fait-on trembler un maire écologiste ?
Société, Police, Justice de quoi faire un Rodéo
Le journal défend-il la déforestation, le réchauffement climatique ou la fonte de la banquise au pôle nord ? Que nenni ! Ce mensuel gratuit, produit par trois journalistes bordelais, prétend faire la lumière sur la face cachée de leur ville. Rodéo se définit lui-même ainsi :
« Société, Police, Justice, sans écriture inclusive ni langue de bois, c’est la promesse de ce nouveau média qui secoue ! Journal périodique et satirique d’information, Rodéo attaque l’insécurité au scalpel et jette sur l’actualité des tribunaux et la vie politique locale un regard acéré et décalé ».
La délinquance à Bordeaux, sujet tabou
Ce nouveau média détaillé et précis a pour ambition de faire prendre conscience de la situation bordelaise et ne se gêne pas pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics le cas échéant. Le tort de ce journal est donc de vouloir dénoncer la délinquance grandissante au sein de la ville de Bordeaux. N’importe quel maire soucieux du bien-être de ses citoyens pourrait utiliser cette mine d’information pour réagir de façon adéquate, mais il semble qu’à Bordeaux on préfère défendre une certaine image de sa ville avant tout. Monsieur le maire a probablement été un peu vexé étant donné les réactions qui suivent.
Twitter, la mairie, et même le financement participatif censurent
Le journal local, dont le tout premier tirage avait été un succès en étant distribué à 12 000 exemplaires dans 140 points de distribution différents, se voit donc tout simplement censuré. Le bal s’est ouvert avec la direction de la communication de la police de Bordeaux qui a demandé le retrait des exemplaires mis à disposition dans les commissariats de la ville (comme si le lieu n’était pas approprié pour y parler de délinquance). Puis la danse s’est poursuivie avec KissKissBankBank. Cette plateforme de levée de fonds a confisqué les 1.500 € récoltés par le journal en trois jours seulement au prétexte que leur ligne éditoriale était contraire à l’ »éthique de la plateforme ». Bien évidemment Rodéo n’a pas manqué de réagir sur Twitter pour dénoncer cet abus, la suite vous la devinez sûrement, l’oiseau bleu a temporairement censuré leur compte.
Faut-il préciser que le journal s’était simplement contenté de relayer le message reçu par KissKissBankBank ? Les lecteurs de l’OJIM commencent à connaître la façon de procéder de Twitter et ne s’étonneront même plus de l’arbitraire d’une telle censure. Précisons également que Rodéo n’a jamais été suspecté par la justice de relayer quelque contenu haineux ou propos diffamatoire que ce soit. Marc Petrov, co-fondateur du média déclarait dans une interview que le journal est : « purement bénévole. On l’a fondé avec nos propres moyens, et on n’a aucune arrière-pensée idéologique. […] Rodéo est né d’une tristesse, celle de voir Bordeaux rejoindre la cohorte des villes de France frappées par l’insécurité ».
Imaginons un instant que le maire de votre ville réponde à votre cri d’alarme par une telle démonstration de censure, qu’en penser ? De là à y voir un acte de complaisance ou l’expression de la volonté du « vivre ensemble » (voyous et municipalité) entre certains pouvoirs publics et la délinquance, il n’y a qu’un pas. Franchi ?