La politique, la censure et les pieds qui puent
« Il faut priver le délinquant Zemmour de parole, comme Dieudonné », « C l’hebdo », France 5, 05/10/2019.
Jean-Michel Aphatie est né en septembre 1958 à Moncayolle-Larrory-Mendibieu (Pyrénées-Atlantiques). Après avoir quitté l’école à 14 ans, juste après avoir eu son BEPC au repêchage en 1973 et travaillé dans l’épicerie de ses parents dès 1975, puis comme garçon de café à Lourdes ou vendeur de voitures à Biarritz, il reprend ses études et entre à 24 ans à la faculté de droit de Pau, après avoir passé un examen réservé aux non-titulaires du Bac. Il est marié, et a rencontré sa femme quand il travaillait à L’Express ; elle est directrice de communication. Ils ont deux enfants, César et Camille. Volontiers iconoclaste, en 2016 il réclame de raser le château de Versailles. Début 2022 il interpelle violemment les électeurs d’Eric Zemmour, « vraiment Français de chez les Français qui puent un peu les pieds », provoquant de nombreux sarcasmes.
Portrait vidéo
Formation
Jean-Michel Aphatie est diplômé de l’IUT de journalisme de Bordeaux et titulaire d’une maîtrise en droit public qu’il entame à 24 ans et obtient à Pau.
Parcours professionnel
Arrivé à Paris en 1986 avec la ferme intention d’être journaliste politique, il entre à l’hebdomadaire Politis (hebdo se revendiquant de la gauche anti-libérale et écologiste) en 1988. A son départ en 1989, il commence à piger au quotidien Libération et au Journal du dimanche où il se spécialise sur la gauche. Puis il enchaîne les rédactions : Le Parisien en 1992, L’Express de 1998 à 1998 et Le Monde de 1999 à 2003.
À partir de 1999, Jean-Michel Aphatie débute sa carrière radiophonique en travaillant à France Inter en tant que journaliste politique.
En 2003, alors que le directeur de la station, Jean-Luc Hees, lui propose de prendre la tête du service politique, Jean-Michel Aphatie, déçu de ne pas pouvoir présenter également l’éditorial du matin, rejoint RTL, pour y animer L’invité de RTL, une interview politique du lundi au vendredi à 7 h 50.
Lors de ces interviews de personnalités politiques ou économiques, Jean-Michel Aphatie se distingue par sa capacité à pousser ses interlocuteurs dans leurs retranchements. Répétant plusieurs fois une question pour dépasser la langue de bois, il se montre souvent tenace.
À la rentrée 2005, il succède à Ruth Elkrief au Grand Jury RTL-Le Monde-LCI. Là encore, pendant une heure le dimanche soir, Aphatie et ses confrères « cuisinent » leur invité. Depuis septembre 2006, l’émission est devenue Le Grand Jury RTL-le Figaro-LCI.
Parallèlement, de janvier 2004 jusqu’à l’arrêt de l’émission en juin 2006, le Basque Aphatie est chroniqueur dans l’émission de Marc-Olivier Fogiel, On ne peut pas plaire à tout le monde, sur France 3.
Depuis septembre 2006, il est également chroniqueur politique dans Le Grand Journal de Canal+.
À la rentrée de septembre 2008, tout en poursuivant ses interviews matinales et dominicales sur RTL ainsi que sa participation au Grand Journal, Jean-Michel Aphatie devient chef du service politique et directeur adjoint de la rédaction de RTL.
Pendant la dernière campagne présidentielle, le journaliste cumulard a ajouté d’autres cordes à son arc. Débattant chaque semaine avec le politologue et journaliste Alain Duhamel sur RTL, il collabore avec l’hebdomadaire Gala quand il commente le roman-photo de la campagne des présidentielles.
Depuis septembre 2012, Jean-Michel Aphatie a cédé la place d’animateur du Grand Jury à son collègue de RTL, Jérôme Chapuis. Gardant la seule interview du matin, il a également transmis la direction du service politique de la station à son adjointe Alba Ventura.
Chaque jour, après son entretien de la matinale, le journaliste se fend d’un billet sur son blog. Soit il revient sur l’interview menée quelques minutes plus tôt soit il commente un fait d’actualité. Les deux sujets de prédilection de Jean-Michel Aphatie reviennent souvent dans ces publications : la nécessité de lutter contre les déficits publics et la défense de la déontologie du journaliste.
Avec l’affaire Cahuzac-Médiapart, Jean-Michel Aphatie a eu l’occasion d’éprouver ses convictions sur ce dernier point. Alors qu’Edwy Plenel (Mediapart) accusait le ministre de détenir un compte en Suisse, l’intervieweur de RTL demandait la publication des preuves. Sur les plateaux de télévision, sur Twitter, les deux journalistes (qui ont travaillé ensemble au Monde) ont montré deux conceptions différentes du journalisme. Les preuves n’ont jamais été publiées, Jérôme Cahuzac a avoué.
En mai 2015 il annonce son transfert à Europe 1, où il co-animera l’émission Europe 1 Midi. Selon Ozap.com cette décision est liée au fait que RTL lui a retiré l’interview politique, sous couvert de « rajeunissement » de l’antenne. Après avoir échoué à embaucher Léa Salamé, c’est finalement Olivier Mazerolle, qui avait alors 73 ans, qui a remplacé Jean-Michel Aphatie. 2015 est l’année du changement puisque quelques semaines plus tard il confirme son départ du grand journal de Canal+ après 9 saisons. Le 8 juillet 2016, il annonce à la fin de son émission qu’il quitte Europe 1. La greffe n’a jamais pris avec la radio, dont le patron, Denis Olivennes, s’est opposé à la présence du journaliste sur l’antenne de BFMTV ; Europe 1 demandait en effet l’exclusivité totale du journaliste.
En septembre 2016 il rejoint la nouvelle chaîne d’information continue du service public audiovisuel, France Info. Il y assure l’interview politique du matin, entre 8h30 et 9h00. Par ailleurs, fin septembre, France 5 a remplacé le journaliste-écrivain Aymeric Caron par Jean-Michel Aphatie dans l’émission C l’hebdo, diffusée le samedi à 19 heures. Aymeric Caron, devenu depuis rédacteur du magazine Rolling Stones, n’avait fait que trois numéros de cette émission, faute d’une « liberté » suffisante.
Le 26 juin 2018 il revient à Europe 1 pour un édito quotidien politique et social dans la matinale – sur des sujets libres où il exprime son opinion, plutôt que d’informer. Son retour dans le cadre du remaniement majeur de la grille de la station n’a cependant pas participé à restaurer ses audiences, dont la chute se poursuit à l’automne 2018.
À partir de 2019, il officie dans la matinale sur LCI, toujours en tant qu’éditorialiste.
Courant mai 2023 il quitte LCI pour Quotidien de Yann Barthès où il dispose à chaque émission d’une chronique politique.
Après que deux matches se soient joués au Stade de France, un de rugby et un autre de football, une controverse l’oppose à Pascal Praud. Ce dernier rend hommage sur CNews à l’esprit rugby, Aphatie y voit une attaque contre le football fortement métissé et répond dans l’émission Quotidien du 19 novembre 2024 :
« Vous êtes foot ou vous êtes rugby ? Ce débat sort d’une collision sportive tout à fait surprenante ; Jeudi soir stade de France… Samedi soir… deux stades, deux ambiances. Le dimanche sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens, plutôt fachosphéristes » ont relevé les différences ».
Ensuite sont passées des images de la Marseillaise des rugbymen, chantée à tue-tête et reprise par le public, et de celle des footballeurs, où les joueurs semblent pressés que l’intermède de l’hymne national se termine.
Puis Jean-Michel Apathie désigne Pascal Praud comme « le grand prêtre de cette messe-là », et commente ainsi les mots de son confrère :
« Rugby la fierté Française, le monde d’avant, de quel avant ? On parle de quoi ? Bon on parle des années cinquante-soixante, de la France des clochers, quand la France était, je le dis comme çà parce qu’il le pense comme çà, il ne l’a pas dit mais il le pense comme çà, quand la France était blanche, après la France est métissée et puis il y a des problèmes et puis il y a la drogue et puis il y a des violences et ça c’est le foot ».
Parcours militant
Jean-Michel Aphatie adhère au Parti socialiste en 1982, alors qu’il est étudiant en droit. Il fait partie de la section socialiste de l’Université de Pau. Proche idéologiquement du courant social-démocrate porté par Michel Rocard, il quitte le PS en 1986 quand il a commencé ses études de journalisme à Bordeaux ; « J’ai aussi arrêté de me sentir de gauche. Mais je ne me suis jamais senti de droite. Je n’aime pas le volontarisme politique de Sarkozy, pas plus que je n’aimais celui de François Mitterrand », confiait-il à Télérama en 2012. Il indique voter blanc depuis 1988, affirmant en 2009 « j’ai été de gauche et je n’ai jamais été de droite. » (14/02/2009 sur France 5). Son discours à tonalité libérale le fait néanmoins soupçonner de sarkozysme, il s’en défendra, affirmant à propos du chef de l’État : « Pour être très franc, il me perçoit toujours comme un gauchiste, quelqu’un de mal disposé à son égard » (lepoint.fr – 2/11/2010).
Par ailleurs, en 1986, lors du mouvement contre le projet de loi Devaquet, Jean-Michel Aphatie, alors étudiant en journalisme à Bordeaux, est membre de la coordination étudiante, selon Sud-Ouest qui a exhumé une vidéo d’époque.
Publications
- Liberté, égalité, réalité, Paris, Éditions Stock, 2006.
- On prend (presque) les mêmes et on recommence, Paris, Flammarion, 2016.
- La liberté de ma mère : Mai 68 au Pays Basque sur la plateforme d’auto-édition Amazone, mars 2018.
- Mon service militaire, Flammarion, 2019
- J’ai un accent et alors ? Michel Lafon, 2020
- Le dernier cadeau du général, Flammarion, 2020
- Les Amateurs : les coulisses d’un quinquennat, Flammarion, 2021.
Il annonce pour Ozap / puremedias.com le 30 septembre 2016 qu’il va publier un nouveau livre, qui « s’appellera “On prend (presque) les mêmes et on recommence”. Il s’agira de portraits de ceux qui ont dirigé le pays depuis 1981 et de ceux qui veulent le faire maintenant. Il y en aura une dizaine en tout.». L’objectif sera « d’établir la culture politique mensongère avec laquelle on vit en France », qui provoque « un déni de réalité très important qui est la source de nos problèmes selon moi ». Il le publie en 2016.
Ce qu’il gagne
Avant 2015 : au titre de sa participation au Grand journal de Canal+, Jean-Michel Aphatie toucherait 400 000 euros/an (soit 1200 euros par prestation quotidienne). Il recevrait également un salaire annuel de 250 000 euros comme directeur adjoint de la rédaction de RTL (source : Emmanuel Schwartzenberg, « Les stars TV soumises à l’impôt Hollande ? », Le Figaro, 16 avril 2012 ). Selon Bruno Masure, en 2012 il gagnait plus de 30.000 € par mois.
En 2013, il confie à Libé, qui l’interroge sur son salaire : « Si ça intéresse quelqu’un, mon patrimoine se compose d’un appartement en banlieue acheté à crédit sur vingt-deux ans et que je paierai jusqu’à mes 70. Je n’ai pas de résidence secondaire mais deux véhicules dont le plus récent à 4 ans d’âge… ».
Interpellé en 2012 par Nicolas Dupont-Aignan sur son salaire il publie une note sur son blog, puis la retire peu après. Libération l’a enregistrée : « Un candidat à la présidence de la République m’a demandé mon salaire », écrit le chroniqueur, qui poursuit : Je n’ai pas voulu lui communiquer. Ai-je eu tort ? […] La vulgarité de l’interpellation semble plus immédiatement accessible que son sens profond. En effet, en procédant de la sorte, le candidat semble suggérer qu’à partir d’un certain niveau de salaire, un journaliste n’est plus apte à exercer la fonction qu’il prétend assumer. A quel niveau de salaire ledit candidat situe-t-il l’incapacité du journaliste ? 2 000 euros ? 4 000 ? 6 000 ? ».
Et de cingler : « Combien je gagne ? Plus que le smic, c’est sûr. Moins que vous ne le pensez, c’est sûr aussi. Je répondrai à cette question quand la loi m’en fera obligation, ce qui n’est pas le cas pour l’instant ».
Il l’a dit
« Pour qu’une campagne devienne intéressante, il faut juste attendre d’avoir les résultats du premier tour. Qui est devant qui ? Qui s’allie avec qui ? », blog de Jean-Michel Aphatie, 9 mars 2010
« Il est inadmissible que dans une démocratie on en vienne au nom du journalisme et des libertés publiques, à considérer qu’il appartient à des innocents de se justifier de leur innocence. […] Le résultat est positif, la méthode est contestable. […] On ne peut pas accuser sans preuves. » (sur le plateau du Supplément de Canal+ le 14/04/2013 dans le cadre de l’affaire Cahuzac).
« Un candidat à la présidence de la République m’a demandé mon salaire. Je n’ai pas voulu lui communiquer. Ai-je eu tort ? […] La vulgarité de l’interpellation semble plus immédiatement accessible que son sens profond. En effet, en procédant de la sorte, le candidat semble suggérer qu’à partir d’un certain niveau de salaire, un journaliste n’est plus apte à exercer la fonction qu’il prétend assumer. A quel niveau de salaire ledit candidat situe-t-il l’incapacité du journaliste ? 2 000 euros ? 4 000 ? 6 000 ? Au-delà ? Pour l’instant, il ne l’a pas précisé. », sur son blog, dans une note publiée le 16/4/2012 et supprimée peu après, mais publiée en parte par Rue89.
Pas plus qu’il n’a précisé les conséquences d’un éventuel dépassement du seuil. Faut-il alors retirer sa carte professionnelle au journaliste qui le dépasse ? Mais même sans carte de presse, celui-ci peut continuer à travailler. Faudrait-il donc alors jusqu’à lui interdire toute parole publique ? Et pourquoi pas alors, puisque nous serions dans un cas flagrant d’inutilité sociale, l’orienter vers les mines de sel pour lui permettre, enfin, de découvrir la vraie vie dont il ignore si visiblement tout ? Combien je gagne ? Plus que le smic, c’est sûr. Moins que vous ne le pensez, c’est sûr aussi. Je répondrai à cette question quand la loi m’en fera obligation, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. La loi oblige simplement à informer les actionnaires de certaines entreprises des rémunérations des plus importants de leurs dirigeants. Ce n’est pas encore le cas pour les simples salariés des dites entreprises », ibid. Cette note fait suite à l’altercation avec Nicolas Dupont-Aignan sur le Grand Journal de Canal+.
« C’est incroyable ! Que vous ayez eu vos 500 signatures, c’est incroyable ! Vous devez être le prototype du candidat INUTILE dans cette campagne, totalement inutile. Et j’ai vraiment du mal à croire que des maires, des gens élus, vous donnent leur signature, c’est incroyable. Je ne sais pas comment vous les avez eu, je ne sais pas comment vous faites, si vous avez un numéro de fakir, c’est incroyable. Incroyable ! », Le Grand Journal de Canal+, avec Jacques Cheminade – 31 janvier 2012.
« D’abord, les journalistes ne sont pas des militants. Et si jamais ils le sont, leur parole est entendue ainsi et la portée de leurs propos s’en trouve amoindrie. Les journalistes cités dans l’odieux papier, et beaucoup d’autres qui ne l’étaient pas, peuvent parfois – et c’est rare – afficher des préférences partisanes, ils s’expriment tout de même en permanence, pour l’immense majorité d’entre eux, avec les armes de leur métier : mise en perspective, distance, sens critique. », le blog de Jean-Michel Aphatie – 8 novembre 2011.
« C’est fascinant. Regardez WikiLeaks. Tout le monde dit que c’est un travail merveilleux. Personne ne dit que c’est du vol de données informatiques ! Après, que va-t-on faire ? Cambrioler des maisons au nom de la vérité ? Tuer pour arracher des secrets ? » Le Monde, 18 avril 2013.
« On ne cesse de râler contre la reproduction des élites. Ma mère a fait des ménages, a grandi dans une maison dont les sols étaient en terre battue. Mon père a commencé dans une ferme. Le génie français m’a permis d’être ce que je suis. Ça suscite de la jalousie et des critiques, c’est minable », ibid.
Au sujet du succès de librairie du livre d’Éric Zemmour, Le Suicide Français : «D’abord il s’explique assez facilement parce qu’Éric Zemmour est un pilier du système médiatique, depuis des années il fait partie de toutes les émissions importantes, et par son talent il a su se faire repérer. Et puis Éric Zemmour est populaire aussi, parce qu’il explique depuis des années, dans le système médiatique que ni les hommes politiques ni les économistes ni les journalistes qui sont des crétins (à part lui), ne s’occupent du peuple et donc lui il défend le peuple, donc il est populaire ! Son succès est donc normal. […] Quand on lit le livre, on se compte qu’Éric Zemmour est Éric Zemmour. La misogynie dans ce livre est extraordinaire. […] Pour écrire ça, il faut être gonflé ! Si je puis me permettre, il faut vraiment avoir des couilles pour écrire un livre pareil.» Le Grand Journal, 10 octobre 2014.
« Il faut d’ailleurs noter, et ceci n’étonnera pas grand monde, que de tels qualificatifs [« chiens de garde » au sujet des journalistes du système] sont employés aussi bien par ceux qui affirment se situer à la gauche de la gauche, individus autoproclamés de la “vraie” gauche par opposition à la “fausse” qui gouverne, que par des militants souverainistes ou d’extrême droite. Nul étonnement en effet tant les points de croisement sont nombreux entre ces deux mondes en apparence éloignés », Jeamichelapatie.com 25/2/2016
« La purge, c’est quand Eric Zemmour parle… Je ne veux pas entendre ses horreurs racistes, misogynes… », Télérama, 14 juin 2016
« Pendant un an, j’étais un généraliste de l’info sur Europe 1. J’ai appris beaucoup de choses mais je préfère quand même la politique ! » Ozap / Puremedias.com, 30 septembre 2016
« Marine Le Pen, à bien des égards, c’est François Mitterrand à l’automne 1980. Macron ressemble plus selon moi à Ségolène Royal en 2005 en ce qu’il incarne le renouvellement. », ibid.
« Sur Patrick Buisson, tout le monde a bien sûr le droit à la parole mais je ne pense pas que le 20 Heures soit forcément un lieu approprié pour lui. Le 20 Heures est un lieu de légitimation, de sacralisation. On ne peut pas y inviter n’importe qui. », ibid.
« Oui, depuis 1988. Je l’ai toujours fait. Quand je suis rentré en école de journalisme en 1986, je me suis dit que jamais je ne devais me retrouver en situation d’être en face d’un responsable politique pour lequel j’ai voté. Il faut que je sois libre, donc je vote blanc. Je ne veux pas qu’un responsable politique puisse penser que j’ai été son adversaire ou son partenaire. Et je voterai d’ailleurs blanc en 2017, quel que soit le deuxième tour. », ibid.
« — En France, nous pensons que la politique peut dicter sa loi à l’économie. Que l’État est plus fort que tout. Ce sont des idées anciennes, ancrées dans notre psychologie collective et nourries par trois grandes figures dominantes de notre imaginaire : Louis XIV, Napoléon et le général de Gaulle. Cet imaginaire-là, que nous avons tous en commun, invalide les discours froids et rationnels et favorise les discours émotionnels », TéléObs, 13/11/2016.
« Le journaliste politique a zéro pouvoir ! Depuis plusieurs années, la mode est au fact checking [la vérification par les faits, NDLR] . Quelle influence cela a‑t-il dans le débat ? Aucune », ibid.
« Le citoyen fait toujours ce qu’il veut. On n’a jamais vu un homme politique affaibli par les mensonges qu’il a pu proférer », ibid.
« - Il y aura toujours besoin de journalistes : pour témoigner, raconter, poser des questions. L’utilité du journaliste est là. Mais son influence est très faible. Il ne pèse pas. S’il avait été influent, Jean-Marie Le Pen n’aurait jamais été qualifié en 2002 pour le second tour de l’élection présidentielle. Aujourd’hui encore, l’hostilité médiatique à l’égard du FN ne l’empêche pas d’être le premier parti de France », ibid.
« Pour Eric Zemmour, la conquête du pouvoir politique présuppose la conquête du pouvoir intellectuel. D’une part, il a raison. D’autre part, et d’une certaine manière, il y est parvenu. Le succès de ses livres le prouve », ibid.
« Mes parents ont été de vrais soixante-huitards. Ceux de Mai 68, Cohn-Bendit et les autres, c’est des faux ! Ils ont fait un hold-up sur Mai 68 ! Mai 68, c’est un mouvement qui saisit la France et les pays occidentaux du milieu des années 1950 jusqu’à la fin des années 1960. (…) C’est l’émancipation des individus. On se coupe du patriarcat, de la famille, de l’Église (qui avait un poids considérable). Les gens deviennent autonomes, libres. C’est ça, Mai 68 ! La conquête par les individus eux-mêmes de leur propre liberté », Sud Radio, 20/03/2018.
« Mai 68, c’est décider librement de son destin, pas jeter des pavés sur la tête des CRS », ibid.
« Quand on voit un élu de la République, ‘la République c’est moi et mon corps est sacré’, dire à une femme, ‘mais je ne vous comprends pas avec votre accent’ (…) La renvoyer à quoi ? A une forme de paysannerie du 18ème siècle ? C’est indigne, ce qu’il fait, c’est du racisme ! », au sujet de Jean-Luc Mélenchon qui s’est moqué d’une journaliste à cause de son accent, C à Vous, 18/10/2018.
« Est-ce l’intérêt général qu’Emmanuel Macron raccourcisse le mandat parce qu’on paie l’essence trop cher ? […] Les gilets jaunes n’ont pas de discours », Europe 1, 20/11/2018.
« Et donc, il existe une avenue Bugeaud à Paris 16, du nom du maréchal auteur des odieuses « enfumades » en Algérie, qui scandalisèrent les Français à l’époque et que défend aujourd’hui Eric Zemmour Quand donc @Anne_Hidalgo va-t-elle débaptiser cette avenue hideusement nommée? », Twitter, 21/11/2019.
Le 5 février 2022 sur le plateau de LCI, l’éditorialiste éclare que les Français qui votaient Zemmour étaient « vraiment Français de chez les Français qui puent un peu les pieds, on reste entre nous »
Sa nébuleuse
Michel Denisot – Alain Duhamel – Laurent Bazin.
Ils l’ont dit
« Il admire les grandes figures de gauche comme Blum et Jaurès, mais méprise les communistes tout comme la notion de « classe ouvrière ». Puisqu’il est à présent socialiste, on lui propose de se présenter aux élections municipales dans son village natal, Viodos » Politique.net, 13 mai 2008.
« Quel journaliste peut ainsi se vanter d’intervenir à soixante-sept reprises en huit minutes dans le cadre d’une interview ? Jean-Michel Aphatie bien entendu. Cette prouesse, qui doit probablement constituer un record en la matière, a été accomplie lors de la venue de Nadine Morano, le 15 février 2012. Un simulacre d’interview qui en dit long des méthodes de cet éditocrate en chef dont l’une des marques de fabrique consiste à couper la parole de ses interlocuteurs, anéantissant ainsi toute illusion de débat de fond. Sur RTL comme sur Canal +, l’interview politique est donc un sport de combat où les coups donnés masquent (à peine) un manque évident d’intérêt pour la diversité des opinions et des options politiques, surtout si celles-ci ne sont pas du goût de Jean-Michel Aphatie. », Acrimed, 12 mars 2012.
« Jean-Michel Aphatie affiche son mépris envers les « petits » candidats, en ironisant sur leur nombre, en s’interrogeant sur l’intérêt de leur candidature, et en leur imposant des discussions qui portent moins sur leur programme que sur ceux des « grands » – quand elles portent, exceptionnellement, sur des programmes… », ibid.
« Jean-Michel Aphatie, c’est un peu le nouveau Jean-Pierre Elkabbach. Le journaliste politique qu’on adore détester parce que son travail trahirait son esprit partisan », Télérama, 21 avril 2012.
« Vous, monsieur Aphatie, qui avez hurlé avec les loups, qui avez mis votre plume de chroniqueur au service des puissants », Eva Joly, au sujet de Jean-Michel Aphatie, 03/4/2013
«C’est un type d’une arrogance incroyable. Il pense être les médias à lui tout seul, ne supporte aucune critique. C’est un excellent intervieweur mais un mauvais chroniqueur, qui mouline deux idées obsessionnelles, le déficit et la dette, alors qu’il nous fait le coup de l’objectivité incarnée ! », Jean-François Kahn, Le Monde, 18 avril 2013.
« Il est toujours bienveillant avec ceux qui l’emploient mais ne se prive pas d’attaquer la concurrence. C’est un mercenaire de l’info qui fait payer cher sa parole », Daniel Schneidermann, Le Monde, 18 avril 2013.
« Il est dans l’excès de la passion, avec ses colères homériques. Il ne supporte pas le mensonge et les postures et, aujourd’hui, il reste fidèle à lui-même. Il persévère dans l’erreur, avec passion. C’est un bagarreur. », Jean-Paul Besset, Le Monde, 18 avril 2013.
« On s’est rencontrés il y a vingt ans, dans une file d’attente au cinéma. Il allait voir les Tontons flingueurs et moi un film chinois. Il était barbu et mal fringué. On a travaillé ensemble au Parisien, puis au Monde. Il était fait pour la radio, cet espace de liberté lui convient. Il était comme il est aujourd’hui, hors du moule et des codes. C’est un Cyrano. Chez lui tout est dans le verbe. Le maquillage de la télé, c’est le contraire de Jean-Michel » Raphaëlle Bacqué, Libé, 12 mai 2013
« On l’aime ou il exaspère. Il a un côté ado, du genre “oui, je sais, mais je n’ai pas pu m’empêcher”. Jean-Michel Apathie est dans le débat, la castagne, la confrontation des idées. On le traite de cumulard, il l’est par passion plus que par soif de notoriété. Son ego n’est pas surdimensionné. C’est un affectif, un fidèle, chose rare dans le métier. Il est têtu, tenace, un peu solitaire, humain. », Jacques Esnous, op.cit.
« J’ai bien connu Aphatie à cette époque. Déjà très m’as-tu vu et très démago. Fallait le voir sauter sur l’estrade de l’amphi Aula Magna de Bordeaux 3 en beuglant, pour se mettre dans la poche les étudiants venus de la même région que lui : “je m’appelle Jean-Michel Aphatie, et je suis basque”. Aujourd’hui, il est toujours aussi grande gueule. Mais politiquement, il a fait un virage à 180° » Gilbert Duroux, en commentant l’article de Sud-Ouest sur son militantisme politique en 1986, 5 novembre 2014.
« À l’évidence, Jean-Michel Aphatie n’est pas un chien ! C’est un grand professionnel qui, quand il le croit nécessaire, remplit sa fonction… à la façon d’un chien de garde », Acrimed, 9 mars 2016.
« Arrogant est le mot. Mais encore, dispensateur de leçons, livreur de satisfecit en tout genre, parangon des vertus démocratiques. Et puis aussi représentant d’une certaine anti-France, celle du mépris de caste pour les petites gens et leurs défenseurs (au hasard), Zemmour, Le Pen, Dupont-Aignan. » Boulevard Voltaire, 22 juin 2016.
« C’est un militant de gauche bas de plafond et dépourvu du moindre talent. Il porte la haine sur son visage ». Nicolas Sarkozy au sujet d’Aphatie selon Patrick Buisson, in La cause du peuple (2016), p. 201
« Jusque-là, Aphatie se libérait seul et confondait journalisme et militantisme. Maintenant, il n’a plus de masque : il est là, dans le studio, pour être « Aphatie en liberté ». Autrement dit, pour exprimer librement ses opinions, cette même liberté dont l’évidence oblige de dire qu’il la réclame souvent pour autrui, ainsi récemment au sujet de Zemmour. Cet extrait de passage à la télévision ajouté à sa nouvelle rente de situation sur Europe 1 montre un changement important : Jean-Michel Aphatie n’est plus un journaliste militant travaillant pour un média mais un invité régulier militant, ayant apparence de journaliste et donc payé comme tel », OJIM, 27/09/2018.
En somme, plus « Zemmour fait parler de lui, plus Aphatie parle de Zemmour. Jalousie ? Auprès de nous, Jean-Michel Aphatie s’en défend et – bon commercial – nous renvoie aux 14 pages de son livre les Amateurs, […] consacrées à Éric Zemmour. On y apprend que les deux journalistes sont nés la même année – à quelques jours d’écart – et qu’ils se sont côtoyés dans les mêmes salles de presse lors de leurs débuts, mais sans jamais tisser la moindre amitié. « Trop de choses nous séparaient », écrit l’auteur des Amateurs, qui se souvient, avec une rancœur non dissimulée, d’un Zemmour qui « accaparait la parole, ce dont il se souciait comme d’une guigne, mais en plus il orientait la conversation sur des chemins inutiles, ce dont il se moquait également ». Auprès de Valeurs actuelles, il renchérit : « Nous n’avons jamais eu un quart d’heure de sympathie tous les deux. Mon côté prolétaire et paysan fait qu’il me regarde comme un plouc. On sent l’énarque qui a raté son examen. » Côté Zemmour, difficile d’obtenir la moindre confidence, si ce n’est un vague souvenir de la voix trop forte d’Aphatie, avec cette pointe d’accent si caractéristique. Comme si Aphatie, au fond, ne pesait pas grand-chose », Valeurs Actuelles, 16/09/2021.
« Il y a des coups de pied (qui puent) au cul qui se perdent ! », Philipe Bilger, Causeur, 7/02/2022, après une déclaration de Jean-Michel Aphatie sur les électeurs de Zemmour qui « puent des pieds ».
Crédit photo : capture d’écran vidéo RTL