Après une belle carrière à La Dépêche du midi, L’Équipe, Libération, Olivier Villepreux se définit comme « un journaliste sans journal », spécialiste du sport et en particulier du football, il anime le blog CONTRE-PIED sur lemonde.fr. C’est aussi manifestement un honnête homme posant de bonnes questions, parfois prisonnier des influences de son milieu.
Un constat amer
Olivier Villepreux n’est pas passé par une école de journalisme, ces usines à formater les esprits qui enseignent la « souplesse verbale » selon ses mots, nous pourrions ajouter la souplesse d’échine également. Cette absence de formatage lui permet de poser un jugement lucide sur ce qu’est devenu la presse écrite en 2021 : perte de confiance abyssale du public, perte de la légitimité des médias, copinage, concentration industrielle par l’argent, standardisation du travail des journalistes entraînant une baisse de la qualité, incapacité de la presse écrite à protéger son biotope face aux GAFAM, résultats pervers du fonds Google d’aide à la presse, montée de la publicité déguisée en journalisme (Reworld Media). Tout ceci est bien vu, enlevé, réaliste.
Un peu de conformisme latent
Il est difficile d’échapper à son milieu, à ce que répètent les collègues, les copains. L’ami Olivier n’échappe pas au repeti repeta quand il reprend sans esprit critique les évènements du Capitole (voir notre article sur le décès d’un policier attribué volontairement aux manifestants) par le prisme de CNN, un média démocrate ultra militant ou – presque pire – par celui du Washington Post de Jeff Bezos. Notre sympathie pour Donald Trump est plus que limitée mais l’histoire retiendra que l’élection présidentielle américaine de 2020 vit la victoire des algorithmes des GAFAM, soutiens enthousiastes de Joe Robinette Biden, ainsi que celle de l’État profond américain, mais ceci est un autre sujet.
On pourrait signaler à l’auteur que le site d’investigation Disclose qu’il évoque fait appel au « mécénat » de la Open Society de George Soros, le signe d’une investigation un peu particulière allant peut-être dans le sens du « reset » cher aux habitués de Davos.
Au total, un livre utile, sympathique, il n’est pas courant (et réconfortant) de trouver le mot « honneur » dans un livre sur le journalisme. Bibliographie courte mais éclairante.
Olivier Villepreux, Journalisme, Éditions Anamosa, collection Le mot est faible, 2021, 105p, 9 €