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Les médias américains, Pravda de la CIA et des agences de renseignement ?

8 août 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Les médias américains, Pravda de la CIA et des agences de renseignement ?

Temps de lecture : 6 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 8 mai 2021

La liberté de la presse est (était) chose sérieuse aux États-Unis et la presse est la seule industrie qui soit protégée par la constitution des États-Unis. Cela tient au fait que « les pères fondateurs de la République » (commerçants réfractaires aux impôts ou grands propriétaires de plantations, esclaves inclus) voulaient assurer un contrepoids face à l’État central, dont ils ignoraient si un jour celui-ci tomberait en de mauvaises mains, par exemple celles des banques. Ceci entraina de très nombreuse disputes entre Thomas Jefferson (qui pensait à la souveraineté du pays face à la finance de Londres) et Alexander Hamilton (qui au contraire admirait le modèle bancaire britannique, source de prospérité).

Snowden/2013, point d’inflexion

Autre exem­ple de « mau­vais­es mains », dans ce cas à géométrie vari­able, celles de la « sécu­rité nationale » : la presse, pen­dant longtemps en effet, avait su con­fron­ter l’appareil de l’État pro­fond, atti­tude qui cul­mi­na dans l’affaire des Pen­ta­gon Papers, dans les années 70, et ce avec le plein sou­tien de la Cour Suprême des États-Unis. Mais c’est à par­tir de l’affaire Snow­den (qui divul­gua en 2013 des infor­ma­tions secrètes aux jour­nal­istes Glenn Green­wald et Lau­ra Poitras) que la galax­ie de la sécu­rité nationale a mon­tré les dents. Cette évo­lu­tion a été d’autant plus facile que les jour­nal­istes, payés par des entre­pris­es de presse au cap­i­tal social de plus en plus con­cen­tré, sont pro­gres­sive­ment devenus des dis­trib­u­teurs de nou­velles prérédigées par l’establishment des agences de presse. Bref, l’intrusion du « Big Busi­ness » comme du « Big Gov­ern­ment », ren­for­cée par la cul­ture de l’instantané en con­tinu, ont ain­si asphyx­ié l’essence même du journalisme.

La CIA comme booster de carrière pour certains journalistes

Il existe cepen­dant des voix dis­so­nantes qui se con­cen­trent sur un sujet par­ti­c­uli­er : la con­t­a­m­i­na­tion de l’information par la kyrielle d’agences améri­caines de ren­seigne­ment et de désta­bil­i­sa­tion. Ain­si, en avril 2021, du Cato Insti­tute, qui a repro­duit un arti­cle sur les manip­u­la­tions de la presse par la CIA. Ce qui ajoute une bonne dose de crédi­bil­ité au récent brûlot de Glenn Green­wald, qui affirme qu’être con­ciliant avec la CIA serait un excel­lent moyen pour les jour­nal­istes d’assurer leur car­rière. Green­wald dénonce la cor­rup­trice con­san­guinité qui s’est ain­si répan­due entre jour­nal­isme et CIA en citant un cer­tain nom­bre ce cas con­crets par­tant de la fausse guerre en Irak à aujourd’hui, sans oubli­er le soi-dis­ant Russiagate.

Son ver­dict est clair : « Pour bien com­pren­dre com­ment les grands médias fonc­tion­nent, il faut faire sien l’axiome suiv­ant: ceux qui ser­vent de pro­pa­gan­distes au com­plexe éta­tique de la sécu­rité nationale n’auront jamais de comptes à ren­dre. Bien au con­traire, plus ils répan­dront, agres­sive­ment et imprudem­ment, les argu­men­taires et manip­u­la­tions pro-guerre de la CIA, plus ils seront récom­pen­sés par le com­plexe ».

L’exemple Jeffrey Goldberg

Glenn Green­wald, com­mence par cibler le jour­nal­iste Jef­frey Gold­berg, réputé pour sa cam­pagne visant à assim­i­l­er Sad­dam Hus­sein à Al-Qae­da, en préal­able à l’anéantissement de l’Irak.  Il cite ses arti­cles ou inter­views, qui provo­quèrent les com­pli­ments de la presse, jusqu’à lui val­oir de nom­breux prix, ain­si que son CV en fait état. Depuis, la car­rière de Gold­berg n’a fait que croître. Bra­con­né en 2017 sur les ter­res du New York­er par The Atlantic, Gold­berg a naturelle­ment embrayé dans la cam­pagne de change­ment de régime visant à détru­ire Trump, insulte vivante à l’arrogance tran­quille du par­ti unique de Washington.

Ken Dilanian, de la CIA à NBC

Autre fig­ure emblé­ma­tique, Ken Dilan­ian. Green­wald note que ce jour­nal­iste du Los Ange­les Timescol­laboré avec la CIA, dif­fu­sant la ver­sion de son ex-directeur John Bren­nan sur l’absence de vic­times inno­centes lors de cer­tains bom­barde­ments, ou bien a tout sim­ple­ment soumis avant pub­li­ca­tion cer­tains de ses textes à l’agence, selon une enquête du site The Inter­cept. Naturelle­ment , la car­rière de Dilan­ian a rapi­de­ment pro­gressé, d’abord au sein de l’agence Asso­ci­at­ed Press, puis chez NBC, où ce « cor­re­spon­dant à la Sécu­rité Nationale » a large­ment pro­mu la cam­pagne du Rus­si­a­gate (dont nous avons ample­ment par­lé dans ces colonnes), avec un accent tout par­ti­c­uli­er sur Don­ald Trump Junior, accusé à tort d’avoir reçu d’avance cer­tains élé­ments de Wik­ileaks. Une infor­ma­tion que Dilan­ian affir­mait avoir véri­fié auprès de sources indépen­dantes. Cepen­dant que CNN se rétrac­tait sur le même sujet peu de temps après.

Natasha Bertrand, élève de Goldberg, promue

Quant à CNN, la chaine vient de recruter une jour­nal­iste bril­lante de Politi­co , autre organe porté par les vents du sens de l’histoire impéri­ale améri­caine. Il s’agit, nous dit Green­wald, de Natasha Bertrand, ini­tiale­ment recrutée par The Busi­ness Insid­er, puis par Jef­frey Gold­berg pour The Atlantic, avant de rejoin­dre Rachel Mad­dow chez NBC. Bertrand, spé­cial­iste du Dossier Steele, fait généra­teur du coup d’État semi-légal raté con­tre Don­ald Trump (nous en avions par­lé ici et ici), va désor­mais cou­vrir les sujets de sécu­rité nationale. Il est à not­er que Si Natasha Bertrand a été récom­pen­sée par son acces­sion à CNN, ayant par­ticipé  à la cam­pagne d’extinction du scan­dale Hunter Biden en faisant usage de l’habituel argu­ment de la dés­in­for­ma­tion russe, Green­wald, lui, a été puni : voulant enquêter sur les révéla­tions du New York Post parues sur le fils de Joe Biden avant l’élection, celui-ci a été for­cé à sa démis­sion du médi­um qu’il avait lui-même fondé.

Coup d’État rampant

Pour con­clure, nous avions à plusieurs repris­es sig­nalé à nos lecteurs que les États-Unis ont été le théâtre d’un coup d’État ram­pant depuis l’élection de Don­ald Trump à la prési­dence, jusqu’à son sec­ond impeach­ment, posthume et ciné­ma­tique, des­tiné à crim­i­nalis­er morale­ment ses 75 mil­lions de par­ti­sans. La manœu­vre com­mença au sein des rouages de l’État per­ma­nent, pour se démul­ti­pli­er par une pri­vati­sa­tion de la cen­sure con­fiée aux géants du tout numérique et des médias soci­aux. Elle se pour­suit aujourd’hui par une guerre acharnée con­tre tout ce qui de près ou de loin peut ressem­bler au Trump­isme, nous en avions par­lé en novem­bre 2020. Et nous aurons en temps utile l’occasion de faire un point sur cette nou­velle Révo­lu­tion Améri­caine qui a l’honnêteté de se présen­ter comme telle. Avec l’appui des agences de ren­seigne­ment, du min­istère de la Jus­tice, ain­si que des médias écrits, télévi­suels ou numériques qui, sans nul doute, pré­par­ent les prochaines lég­isla­tives en démoral­isant ou intim­i­dant une par­tie de l’électorat. Cepen­dant que les idiots utiles, les chefs de clans répub­li­cains se divis­eront pour espér­er être Khan à la place du Khan.

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