L’immense majorité des médias de grand-chemin, et particulièrement ceux financés par l’État, mettent en place des plate-formes pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme étant des « fake news ». L’enjeu doit être de taille puisque même Radio France internationale s’y colle.
Que RFI se transforme de plus en plus en machine militante en faveur du politiquement correct, de manière ouverte et même agressive, l’OJIM l’a déjà montré par le biais de plusieurs analyses.
Par exemple :
- En cherchant des complots partout ;
- En contribuant à la réécriture de l’histoire de l’esclavage, sur fond de propagande et de mensonge : voir ici et ici
Des articles et émissions forts en propagande auxquels vient maintenant s’ajouter la plate-forme spécifique de « lutte » contre les « fake news » de la chaîne de radio, « Stop l’Infox ». Cette dernière est sans doute une pandémie, ce qui explique un choix sémantique ressemblant à « StopCovid ».
RFI explique les raisons de sa décision
Pourquoi mettre en œuvre une énième plate-forme pour traquer ce que ses confrères traquent déjà tous, sauf sur leurs propres plateaux, dans leurs propres studios ou dans leurs propres pages ? La radio s’explique et les choses sont d’une grande clarté :
« Les chaînes du groupe France Médias Monde (France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya) sont garantes d’une information certifiée, honnête et équilibrée, qui est la première arme pour lutter contre toutes les formes d’infox : rumeurs, propagande, manipulations, pièges à clics.
« Info ou Intox », le programme court réalisé par l’équipe des « Observateurs », présente l’exemple d’une fausse information en images, décrypte en quoi il s’agit d’une tentative de désinformation et explique comment identifier les images manipulées.
« Intox » est le nom de la rubrique sur le site des « Observateurs » de France 24 qui dénonce quotidiennement des infox qui circulent dans le monde.
« Contre-faits » débusque les fausses informations liées à l’actualité européenne et aux 28 pays membres : faux verbatim, interprétations erronées des textes, tentatives de manipulation, et rétablit la vérité.
« InfoMigrants », le site d’information destiné aux migrants, piloté par France Médias Monde, Deutsche Welle, et l’ANSA, livre une information fiable aux migrants sur leurs pays d’origine, de transit et de destination, et lutte contre les infox qui prolifèrent, en particulier celles des passeurs qui mettent leur vie en péril.
« Les dessous de l’infox » épingle chaque semaine sur RFI une tentative de manipulation de l’information européenne et internationale pour en expliquer les ressorts. »
Que RFI ne soit pas à jour concernant le nombre de pays membres de l’Union Européenne depuis le Brexit, évoquant 28 membres dans la présentation de sa plate-forme, surprend et pourrait conduire, surtout concernant une radio dédiée à l’international, à interrogation — voire à commentaire ironique.
La dernière plate-forme née ? « Stop l’infox ! »
Ce n’est pas une rubrique spécifique de « lutte contre les infox » mais une plate-forme mettant à la une de RFI et de son site un choix des supposées plus importantes émissions citées ci-dessus (Info ou intox, Intox, Contre-faits, Les dessous de l’Infox). Une plate-forme destinée à plus d’efficacité, de clarté, d’accessibilité et de rentabilisation du « combat ».
Elle met essentiellement en avant de nouvelles émissions, depuis le 26 mars 2021. Mais elle recycle aussi des émissions « contre-faits » de France 24. Un simple regard sur leurs thèmes permet de saisir la cause de ce recyclage. Sur neuf émissions remises en avant :
- Cinq visent à nier des faits rapportés par des personnalités politiques. Ce sont toutes des personnalités classées à « l’extrême droite », Florian Philippot, Jordan Bardela, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, sauf une, Michel Alliot-Marie, théoriquement femme politique de droite. Aucune personnalité politique de LREM, du PS, du PCF, de LFI, d’Europe Ecologie Les Verts ne fait l’objet d’un « contre-fait». Un ensemble gros comme le nez de Cyrano, d’autant que les faits et propos contestés concernent surtout des critiques portées contre l’Union Européenne, ce qui est semble-t-il un crime de lèse-majesté du côté de RFI et France 24.
- Les autres sujets sont intéressants eux- aussi : « Le drapeau européen a‑t-il des origines chrétiennes », « L’UE veut-elle vraiment imposer des quotas migratoires à la Hongrie ? », « Le Parlement européen est-il « inutile » ?
Le démarrage concret de la plate-forme date de mars 2021. Cela se fait en partenariat avec des écoles de journalisme. Depuis, ont été publiés les podcasts suivants, choix non exhaustif :
- La raison défiée (sur le complotisme)
- Non, l’OMS n’a pas organisé de banquet en pleine pandémie du Covid-19
- L’infox déjà en campagne, à un an de la présidentielle
- La part de la désinformation dans la l’aggravation de la crise du covid au Brésil
- Climat : éviter le piège des fausses informations
- Affaire Daillet : le complotisme anti-système et les rapts d’enfants
- Covid-19 en Inde, le déni et la désinformation aggravent la crise
Globalement, le rôle de cette plate-forme est de dénoncer toute position qui dévie de l’idéologie dominante, tout pays gouverné par des chefs‑d’Etats ayant d’autres visions du monde que celle de l’UE et toute opposition à la mondialisation. Aucun de ces podcasts n’échappe à un amalgame devenu habituel : entre les « infox » relevées et le complotisme. Une opération de propagande au sens le plus habituel du terme.