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Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influence. Deuxième partie

1 août 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influence. Deuxième partie

Temps de lecture : 5 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 12 mai 2021

Aujourd’hui plus que jamais la vérification d’information, aussi appelée « fact checking » a le vent en poupe. Les journalistes et médias dispensent leurs vérités ou ce qu’ils estiment telles, sous l’ombre protectrice des multinationales américaines. Suite de notre dossier. Pour la première partie, cliquez ici.

L’AFP : le service « Factuel »

Le ser­vice appar­tient à l’Agence France Presse, l’AFP. Con­for­mé­ment à sa poli­tique, le ser­vice « Factuel » de l’AFP est tourné vers l’international, et surtout vers la fran­coph­o­nie : une équipe mul­ti-eth­nique qui « s’ef­for­cent de véri­fi­er les infor­ma­tions dans 13 pays en français, anglais, espag­nol, por­tu­gais grâce à un réseau de 21 jour­nal­istes dédié » Vous pou­vez trou­ver ici la liste des équipes « Factuel » de Paris, Tunis, Abid­jan, Dakar et Brux­elles. Fondé en 2017, tra­vaille avec Face­book depuis l’année fon­da­trice, de la même manière que les autres médias cités plus haut ; Face­book utilise les « véri­fi­ca­tions » de l’AFP-Factuel dans les fils d’actualités. En 2019 « le con­trat (avec Face­book) est en vigueur pour l’AFP dans une trentaine de bureaux dans le monde, cou­vrant plus de 70 pays. » Ce con­trat rap­porterait 2 mil­lions d’euros par an à l’AFP, son PDG Fab­rice Fries cherche à aller plus loin en nouant « d’autres «rela­tions com­mer­ciales» avec des plate­formes comme YouTube (pro­priété de Google) » En out­re, le ser­vice a pu compter sur le sou­tien du groupe TF1, qui dif­fuse ses vidéos en 2019 sur le 20 H de TF1 et sur LCI. Pour les têtes dirigeantes, c’est Gré­goire Lemarc­hand qui a été de 2016 à 2020 respon­s­able du fact check­ing à l’AFP, relevons qu’il est pro­fesseur dans la fil­ière « jour­nal­isme » à Sci­ence-Po Paris où il enseigne le « fact check­ing ». Début 2021, c’est Pauline Tala­grand qui est « Adjointe à la rédac­tion en chef » de l’AFP Factuel. Pauline siège égale­ment au CSA dans le « Comité d’experts » con­tre la « dés­in­for­ma­tion en ligne, le monde est petit…

20 Minutes et Fake Off

La rubrique du jour­nal « Fake Off », est, comme bien d’autres, lancée en 2017, avec dans l’immédiat un parte­nar­i­at avec Face­book. Le jour­nal a très rapi­de­ment obtenu la « cer­ti­fi­ca­tion Poyn­ter-IFCN délivrée par l’International fact check­ing Net­work ». Ils ont aus­si un parte­nar­i­at avec Snapchat (Oh My Fake !) avec 227 000 abon­nés. Côté finances, le jour­nal 20 Min­utes a obtenu une bourse de 40 000 dol­lars pour dévelop­per Fake Off en avril 2020 de la part de l’IFCN, le média a égale­ment reçu 30 000 euros de sub­ven­tion du fonds d’ur­gence de Google. Les jour­nal­istes de Fake Off doivent sign­er la charte de la mai­son mère, 20 Min­utes. Le jour­nal est cer­taine­ment le plus petit média à s’être lancé dans l’aventure de la véri­fi­ca­tion de faits, le quo­ti­di­en est entière­ment gra­tu­it (mais financé par la pub­lic­ité). La jour­nal­iste référente du pro­jet est Mathilde Cousin, vous pou­vez la trou­ver ici avec son équipe.

Les Observateurs de France 24

Voici le cinquième et dernier réseau de « fact check­ing » en France, c’est aus­si le plus ancien. Les Obser­va­teurs sont act­ifs à par­tir de 2007, dans un pre­mier temps ils ne font que de l’analyse d’images et de vidéos. Ser­vice du média France 24, qui appar­tient au groupe France Médias Monde, détenu, rap­pelons-le, à 100 % par l’Etat français. Comme pour Fake Off et 20 Min­utes, les « Obser­va­teurs » sig­nent la charte déon­tologique de la mai­son mère, France Médias Monde. Ils font aus­si par­tie de l’IFCN. De leur pro­pres aveux, les finance­ments du groupe Face­book (sur le même mod­èle que Le Monde et Libéra­tion) ont « per­mis à la rédac­tion de financer un poste de jour­nal­iste à temps plein sur le pro­jet Info/Intox » Aus­si « Entre avril 2016 et avril 2017, les fonds alloués par le New Ven­ture Fund ont per­mis à la rédac­tion de financer un poste de jour­nal­iste à temps plein sur le pro­jet Les Obser­va­teurs s’engagent. » Enfin, lors de l’élection de 2017, Cross­check, un « pro­jet ponctuel de véri­fi­ca­tion » a été lancé « autour de l’élection prési­den­tielle, avec le sou­tien financier de First Draft News et Google News Lab ». Égale­ment « Google News Ini­tia­tive four­nit tous les ans un finance­ment aux Obser­va­teurs dans le cadre de son pro­gramme Google News Ini­tia­tive Fel­low­ship en parte­nar­i­at avec le Cen­tre européen du jour­nal­isme, pour qu’un jeune jour­nal­iste puisse effectuer un stage de huit semaines au sein de la rédac­tion. »

Au cas vous n’auriez pas com­pris First Draft News est aus­si une fil­iale de Google.

Les « Obser­va­teurs » ne sem­blent pas choqués d’être majori­taire­ment financés par Google et Face­book, des multi­na­tionales améri­caines. Le créa­teur de cette rubrique, de France 24 (un média français s’il faut le rap­pel­er), est le jour­nal­iste anglo-sax­on, for­mé à Yale, Derek Thom­son. On croise aus­si l’ancien respon­s­able édi­to­r­i­al, jusqu’en 2016, Julien Pain actuelle­ment à France Info, qui gère le micro-trot­toir « L’Instant Detox » et nous a grat­i­fié d’une vidéo de pro­pa­gande sur le Grand Rem­place­ment. Voilà la liste des jour­nal­istes par­tic­i­pant au pro­jet en 2021 ; point notable : con­traire­ment aux autres médias cités, les Obser­va­teurs recru­tent des sources (images et vidéos) par­mi leurs lecteurs, sur base de volon­tari­at. Les jour­nal­istes sont ensuite chargés de véri­fi­er le con­tenu, ils font par­ticiper une com­mu­nauté à leurs travaux. Les vidéos des « Obser­va­teurs » sont égale­ment hébergées chez les con­frères de France Info.

Eugénie Bastié se demandait dans Le Figaro « Qui Fact-check­era les fact-checkeurs ? ». Voici un début de réponse par ce dossier descrip­tif, nous y revien­drons sous d’autres angles. Ce sera l’objet d’une autre série.

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