Lancer un nouveau magazine en 2021 est une œuvre périlleuse. Après examen et lecture, celui de Jean-Pierre Pernault est plutôt une jolie surprise et semble promis à un bel avenir.
L’inusable JPP
On ne présente plus Jean-Pierre Pernault (portrait). Dans son éditorial de présentation, il se veut un amoureux des régions qu’il a défendues pendant dans toute sa vie journalistique. Presque retraité de la télévision, il continue de défendre ses passions : les terroirs, « la France qui brille », les bons produits, les traditions locales, l’enracinement même si le mot n’est pas prononcé.
Un magazine vivant
Partagé en neuf rubriques, actualités, décoration, gastronomie, enquête, sortir, nature patrimoine, bien vivre et jeux, le magazine bimestriel (six fois par an) n’est pas trop encombré de publicités (neuf pages) mais se trouve astucieusement nanti d’un publi-communiqué de quatre pages sur les fromages du Jura et les vacances en Bourgogne.
Disons-le tout net les magazines sur les joies de la campagne ou de la province sont généralement assommants. Ce n’est pas le cas ici, on y apprend vraiment quelque chose que ce soit sur le makhila le bâton de marche basque, le jeu de la grenouille de notre enfance, l’étendue des forêts en France, trois vallées du Périgord (L’Isle,la Vézère et la Dronne), les langues régionales, l’île de Tromelin (c’est entre Madagascar et la Réunion) ou encore les 152 eaux de table de France de l’Orezza corse à la Wattwiller alsacienne.
Une enquête de fond sur la chasse
À côté d’un sept pages sur les zones blanches téléphoniques où le réseau est absent avec pour exemples la Drôme et l’Ardèche, le bimestriel consacre un autre dossier très argumenté sur un thème provocateur : que se passerait-il si on interdisait la chasse pendant deux ans comme le veulent les gauchos écolos ? Réponses détaillées : dans un premier temps explosion des espèces déprédatrices (sangliers, chevreuils, cerfs) suivie dans un deuxième temps d’une baisse drastique due à la concurrence alimentaire et aux épidémies. Remplacement des chasseurs par un corps de fonctionnaires pour l’indispensable régulation des espèces, la mise en danger économique de quasi 30000 emplois équivalents temps plein, un impact considérable sur la vie des villages où la chasse fait souvent office de ciment social inter classes. Bref un désastre social, culturel, politique et environnemental.
Tiré à deux cent mille exemplaires, le magazine est distribué par les MLP et édité par Burda Bleu, filiale française de Hubert Burda Média, un groupe allemand de médias employant plus de 13.000 personnes, présent sur le digital (Etsy, Vinted, Xing) comme sur l’imprimé. En France les titres les plus connus du groupe sont Le Nouveau Détective, Saveurs, Esprit d’ici, Horoscope et maintenant Au cœur des régions.
Au Cœur des régions, juillet-août 2021, 130p, 3,95€, en vente en kiosques