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Mohamed Bouhafsi : l’atout diversité et progressisme de France Télévisions

31 août 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Mohamed Bouhafsi : l’atout diversité et progressisme de France Télévisions

Temps de lecture : 6 minutes

Si le mercato footballistique estival a été marqué par l’arrivée de Lionel Messi au Paris Saint-Germain, le mercato médiatique aura lui, vu, Mohamed Bouhafsi, 29 ans, quitter RMC pour France Télévisions. Bonne bouille, sympathique et avenant, l’étoile montante du journalisme sportif file faire de la politique sur France 5 en apportant sa touche personnelle, à la fois caution diversité et défenseur du progressisme.

Une carrière bien lancée

Née en 1992 à Mar­seille, Mohamed Bouhaf­si a suivi sa sco­lar­ité dans un lycée catholique mar­seil­lais avant de rejoin­dre l’Institut Européen de jour­nal­isme à Paris. Il a notam­ment été sta­giaire à Canal + et Radio France ain­si qu’à RMC où il fini­ra rédac­teur en chef du ser­vice foot (RMC et BFMTV).

À par­tir de l’été 2017, il présente l’émission Break­ing Foot sur SFR Sport puis RMC.

Ambitieux, tal­entueux, doté d’une bonne dic­tion, d’une con­nais­sance cer­taine du foot­ball et de bons réseaux au sein de cet écosys­tème, il parvient vite à se faire un nom. À la ren­trée 2020 il ani­me l’émission « Top of the Foot » sur RMC avec Jean-Louis Tourre sur un créneau 18h-21h rassem­blant plus de 150 000 audi­teurs en moyenne. Ses presta­tions lui don­nent une cote sym­pa­thie élevée chez le pub­lic sportif et foot­bal­lis­tique, pub­lic pour­tant assez dif­fi­cile à « dompter ». Des presta­tions qui ont fini par taper dans l’œil de France Télévi­sions mais qui dépassent large­ment l’intérêt du ser­vice pour le bal­lon rond.

Un profil idoine pour la télé publique de Delphine Ernotte

Indé­ni­able­ment bon comme jour­nal­iste sportif, Mohamed Bouhaf­si a d’autres qual­ités qui ont tapé dans l’œil du ser­vice pub­lic. L’une d’entre elles pour­rait bien être son image qui colle bien avec la télévi­sion de Del­phine Ernotte, prési­dente de France Télévi­sions qui déclarait à sa prise de pou­voir en 2015 :

« On a une télévi­sion d’hommes blancs de plus de 50 ans, et ça, il va fal­loir que cela change ».

Un bon pro­fil donc mais aus­si des idées qui vont bien avec le pro­gres­sisme affiché du ser­vice pub­lic. Au cours de l’Euro de foot­ball 2020 (qui a eu lieu en 2021), le jour­nal­iste s’en est pris à l’UEFA pour avoir refusé d’illuminer les stades aux couleurs arc-en-ciel en sou­tien aux « LGBT » en pleine polémique sur une loi pro­tégeant les enfants de la pédophilie. Le jour­nal­iste affirme alors que « la lutte con­tre l’homophobie, ce n’est pas de la poli­tique, c’est juste du bon sens, des valeurs human­istes ».

À ce tro­pisme LGBT, s’ajoute une défense somme toute assez banale dans les hautes sphères médi­a­tiques de l’antiracisme, avec, il faut en con­venir une capac­ité de syn­thèse et d’explication assez supérieure à la moyenne.  Autant de qual­ités qui lui per­me­t­tront d’atteindre le Saint Graal avec un entre­tien prési­den­tiel en direct sur BFMTV avec son con­frère Jean-Louis Tourre. Un exer­ci­ce qu’il maîtris­era très bien, en ser­vant très claire­ment la soupe à Emmanuel Macron.

Un « humanisme » à géométrie variable

Défenseur des homo­sex­uels, antiraciste, Mohamed Bouhaf­si n’en demeure pas moins para­doxale­ment un défenseur… du Qatar. L’État pro­prié­taire du Paris Saint-Ger­main et organ­isa­teur de la Coupe du Monde 2022 a pour­tant très sou­vent été mon­tré du doigt pour son esclavagisme. Il défendra sou­vent ce petit émi­rat du Golfe,  notam­ment lors d’un pas­sage chez Brunet et Neu­mann en octo­bre 2019, rel­a­tivisant l’exploitation d’esclaves par le Qatar et met­tant la Corée du sud, la Russie et même les États-Unis (alors dirigés par Don­ald Trump) dans le même panier que Doha…

Une certaine proximité avec Nasser Al-Khelaifi

Jeune mais bien entouré, Mohamed Bouaf­si, bien que sup­port­er de l’Olympique de Mar­seille, a su s’attirer l’oreille du prési­dent directeur général du PSG Nass­er Al-Khe­laifi, l’homme fort du PSG sur lequel s’appuie l’émir Tamim ben Hamad Al Thani. Il prof­ite de ce réseau pour être en pôle posi­tion sur les infor­ma­tions du mer­ca­to, notam­ment à la faveur de l’arrivée de Ney­mar dans le club de la capitale.

En août, pour l’arrivée de Lionel Mes­si au PSG, le patron du PSG don­nera même un entre­tien à Mohamed Bouhaf­si pour France TV sport. Comme avec Emmanuel Macron, on ne peut pas dire que l’entretien fasse la part belle à la con­tra­dic­tion. Pour l’anecdote, qua­tre jours après cette inter­view, le Qatar fera encore l’actualité puisque les tal­ibans qu’il sou­tient active­ment ont fini de repren­dre Kaboul.

À la conquête de France Télévisions

Très appré­cié par nom­bre d’amateurs de foot­ball, Mohamed Bouhaf­si rejoint donc France Télévi­sions après dix années passées dans le groupe Nex­tRa­dioTV devenu Altice Média (BFMTV, RMC…). En rejoignant l’émission C à vous sur France 5, il va donc con­tin­uer à par­ler sport mais pas seule­ment. Il devrait ain­si être amené à traiter de l’actualité en général aux côtés de la « très con­v­enue » Anne-Elis­a­beth Lemoine mais aus­si de Pierre Les­cure, Patrick Cohen, Mar­i­on Rug­gieri et Emi­lie Tran Nguyen.

Pour le moment rien ne sem­ble pou­voir arrêté le jeune mar­seil­lais qui arrive en pleine année d’élection prési­den­tielle. Avec plus d’un demi-mil­lion de per­son­nes qui le suiv­ent sur Twit­ter et 75 000 fans sur Insta­gram, il a su se faire un nom sur les réseaux soci­aux notam­ment grâce à ses infor­ma­tions sou­vent justes lors des péri­odes de transfert.

Au-delà des gages pro­gres­sistes don­nés par le jour­nal­iste, ses indé­ni­ables qual­ités l’ont propul­sé sur le devant de la scène tout comme son par­cours qui a de quoi touch­er le pub­lic : le jour­nal­iste s’étant engagé con­tre les vio­lences faites aux enfants, ayant lui-même été vic­time de tels abus.

Le « prime » avec Lapix

Si Mohamed Bouhaf­si va se faire les dents sur France 5, il rejoint aus­si une émis­sion de « prime » sur France 2 : « 20h22 », la nou­velle émis­sion poli­tique de France 2 ani­mée égale­ment par Anne-Sophie Lapix et Nathalie Saint-Cricq. En pleine année prési­den­tielle, une telle pro­mo­tion ne passe pas inaperçue et le jeune jour­nal­iste est bien la valeur mon­tante de cette rentrée.

Reste à présent à voir com­ment évoluera Mohamed Bouhaf­si. Jusqu’à présent plutôt perçu comme sym­pa­thique auprès d’un pub­lic sportif, il a rapi­de­ment mon­tré qu’en matière de sujets poli­tiques et de société il saurait se mon­tr­er d’un con­formisme implaca­ble… Une atti­tude qui con­vien­dra très bien au ser­vice pub­lic certes, mais qui ne lui assur­era pas néces­saire­ment une audi­ence à la hau­teur des attentes placées en lui. Il s’agira enfin de voir si der­rière le pro­fes­sion­nal­isme et le tra­vail de fond, le jour­nal­iste tien­dra le coup face à des inter­locu­teurs plus chevron­nés. Son mes­sage d’adieu à BFM-RMC sem­ble déjà témoign­er de cer­taines lim­ites. Out­re les remer­ciements en chapelet qui font très « pre­mier de classe », la con­clu­sion dénote d’une éton­nante com­mu­ni­ca­tion avec un pit­toresque « love ».

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