Dans le monde des affaires tout le monde s’aime jusqu’au moment où on ne s’aime plus. Trois mois après l’abandon de la commandite par Arnaud Lagardère (contraint et forcé), Vivendi lance une OPA sur l’ensemble du groupe.
Vivendi + Amber = 45%
C’est une équation toute simple, les 27% de Vivendi plus les 18% du fonds américain Amber font 45% du capital de Lagardère SAS. Restent les Qataris (14%), Bernard Arnault (10%), Arnaud Lagardère (de 11 à 14% selon les sources), un peu de Caisse des dépôts et le flottant. Vivendi a racheté les parts d’Amber pour un peu plus de 600M€ et est dans l’obligation de lancer une OPA sur le reste en offrant un bonus de 24% sur le cours de bourse actuel. Un joli prix pour un groupe qui a encore perdu près de 200M€ au premier semestre 2021. Et un mouvement stratégique vers les médias et l’édition au moment précis où Vivendi se sépare d’Universal Music en le mettant en bourse. Un modeste pactole de 6 milliards d’euros pour Bolloré qui en aura sans doute le bon usage.
Les Qataris, lassés des facéties managériales d’Arnaud Lagardère, et Bernard Arnault, fatigué d’une certaine désinvolture du même à son égard seraient vendeurs, le dernier faisant une jolie plus-value dans l’opération. Même Nicolas Sarkozy ne soutient plus Arnaud Lagardère qui déconcerte volontiers par son attitude parfois changeante. Vincent Bolloré annonce que Arnaud Lagardère gardera son fauteuil de PDG. On n’est pas obligé de le croire.
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Il faudra un arbitrage Éditis/Hachette, mais rien avant fin 2022
L’autorité de la concurrence aura fort à faire avec le cas Éditis (Vivendi) plus Hachette (Lagardère). Hachette est trois fois plus gros qu’Éditis et plus rentable. La fusion des deux donnerait une situation de quasi-monopole en France dans plusieurs secteurs de l’édition, le scolaire, les dictionnaires, le livre de poche, le tourisme. D’où des arbitrages inéluctables :
- Première solution, Vivendi se sépare d’Éditis. Des groupes étrangers pourraient être intéressés. Ou bien le puissant groupe Média Participations (La Martinière, Seuil, Fleurus, Dargaud, Dupuis, Lombard) qui a du cash et des ambitions et ne présente que peu de doublons sans trop de position dominante par secteur éditorial.
- Deuxième solution la vente par appartements en faisant le ménage dans les deux maisons pour éviter des monopoles sectoriels.
Dans tous les cas il faudra attendre fin 2022 – en sautant la case délicate de l’élection présidentielle — pour obtenir l’aval complet de la Commission Européenne, des autorités de la concurrence en France, de l’AMF et même de la Censure Sous Astreinte mieux connue sous son abrégé CSA. Il faudra vendre au passage les boutiques hors taxes auquel un groupe chinois s’intéresse déjà. À un an de sa retraite annoncée Vincent Bolloré semble avoir gagné son pari d’avaler le groupe Lagardère, n’en gardant que les actifs qui l’intéressent, Europe 1, Paris Match, le JDD et tout ou partie d’Hachette. À moins que Bernard Arnault – macronien affirmé – ne récupère l’hebdomadaire illustré et/ou le journal dominical comme lot de consolation. Un dossier que l’Élysée suit avec attention.
Voir aussi : Revue des effectifs à Europe 1, le coup d’accordéon