La “reine Catherine”
Famille et formation
Catherine Nay est née le 1er janvier 1943 à Tours. Elle est la fille de Georges Nay, ingénieur principal de la SNCF. Son frère, Jean-Gérard Nay, décédé en 1998, était délégué général de la Chambre de Commerce et d’Industrie française au Japon. Elle a étudié à l’Institut Sévigné, à Périgueux mais est seulement titulaire du Bac, puisqu’elle a échoué au concours d’entrée d’HEC Jeunes Filles et a rapidement interrompu ses études de droit à la faculté d’Assas pour se lancer dans le journalisme.
Issue d’une famille de cinq enfants appartenant à la bourgeoisie catholique de Périgueux, Catherine Nay est devenue une spécialiste de la vie politique parisienne, notamment grâce à sa proximité avec plusieurs hommes politiques : Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Édouard Balladur… Elle fut longtemps la compagne (puis son épouse à partir de 2016) d’Albin Chalandon (décédé en 2020), ancien résistant, député UDR de la deuxième circonscription des Hauts-de-Seine (Asnières-Colombes) puis RPR, qui fut Ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Georges Pompidou en 1968, Ministre de l’Équipement et du Logement de Maurice Couve de Murville et de Jacques Chaban-Delmas et Garde des Sceaux de Jacques Chirac pendant la première cohabitation de la présidence Mitterrand (1986). L’homme a également dirigé Elf-Aquitaine de 1977 à 1983.
Parcours professionnel
Après un passage éclair au Nouveau Candide, Catherine Nay commence sa carrière à L’Express dont elle intègre la rédaction en 1967, suite à un stage, obtenu par l’entremise de Monique Gilberte, qu’elle avait effectué l’année précédente au sein du service politique. Elle alors chargée par Jacques Servan-Schreiber de suivre la droite. Avec Michèle Cotta, chargée de la gauche, les deux « Express Girls » rencontrent un fort succès auprès des hommes politiques que leur jeunesse et leurs tenues à la mode des années 60 ne laissent pas indifférents. « On ramenait des informations, raconte Catherine Nay dans Sexus Politicus (Albin Michel, 2006). Envoyer des filles pas trop bêtes et pas trop laides, ça raccourcissait les distances ». Elle quitte l’Express en janvier 1975 et rejoint la même année le service politique d’Europe1, embauchée par Étienne Mougeotte, qui vient alors d’être nommé directeur de la rédaction de la radio. En 1988, Catherine Nay est nommée rédacteur en chef du service politique. Elle rejoint Europe 1 en 1995, en tant qu’éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction. Depuis 2005, elle est conseiller du président et tient une chronique politique hebdomadaire dans laquelle elle analyse l’actualité politique avec le ton mordant qui la caractérise. Elle participe également à l’émission dominicale « Il n’y en a pas deux comme Elle », qui décrypte l’actualité, la mode, les tendances, avec les journalistes du magazine Elle. Elle fait bien entendu partie des « Grandes Voix d’Europe 1 » et intervient dans cette émission hebdomadaire avec Michèle Cotta, Robert Namias, Gérard Carreyrou, Charles Villeneuve, Philippe Gildas et Pierre Lescure. Elle livre une « Carte blanche » chaque vendredi dans la matinale. Fin janvier 2022 elle rejoint le JDD pour y tenir une chronique hebdomadaire à quelques mois de l’élection présidentielle.
Catherine Nay est Officier de l’Ordre Nationale du Mérite (Décret du 14 novembre 2006) et Chevalier de la Légion d’Honneur — décoration qu’elle elle dit avoir finalement accepté après plusieurs refus « pour faire plaisir à (sa) mère » (« Le Grand Journal » de Canal+ du 9 janvier 2009).
Elle a reçu le prix Roland Dorgelès en 1998 et la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris la même année.
Sa nébuleuse
Catherine Nay est membre du Siècle.
Elle fait partie de l’Association des Journalistes parlementaires.
Elle est proche de Rachida Dati et fut l’une des premières à la visiter à maternité au moment de son accouchement. En effet c’est Albin Chalandon et Catherine Nay qui ont chapeauté la future Garde des Sceaux à ses débuts dans la vie politique. « Elle a écrit à la moitié du Who’s who », dit d’elle Catherine Nay en évoquant cette époque.
L’académicien et ancien ministre de l’Éducation Nationale (2007–2009) Xavier Darcos est un ami d’enfance, lui aussi périgourdin d’origine.
Collaborations
Depuis 1991, Catherine Nay collabore au Figaro Magazine, et depuis 1993 à Valeurs Actuelles. Elle signait également, à partir de 1980, les portraits politiques de l’hebdomadaire Jours de France, propriété de Marcel Dassault, succédant ainsi dans cette fonction à Léon Zitrone et Patrice Duhamel.
En 2008 et 2009, elle participe régulièrement au « Grand Journal » de Canal+ présenté par Michel Denisot, où elle apporte un éclairage politique avec d’autres journalistes : Philippe Val, Alain Duhamel et Jean-Michel Apathie. Elle est également fréquemment invitée sur le plateau de Cdans l’air sur France 5.
Publications
- Sur les relations entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing : La Double Méprise, Grasset, 1980
- Sur François Mitterrand : Le Noir et le Rouge, ou l’Histoire d’une ambition, Grasset, 1984
- Les Sept Mitterrand, ou les Métamorphoses d’un septennat, Grasset, 1987
- Sur les tandems De Gaulle – Pompidou et Chirac-Balladur : Le Dauphin et le Régent, Grasset, 1994
- Sur Nicolas Sarkozy : Un Pouvoir nommé désir, Grasset, 2007
- L’Impétueux : tourments, tourmentes, crises et tempêtes, Grasset, 2012
- Tu le sais bien, le temps passe, Souvenirs 1 et 2, 2021, Bouquins
- Souvenirs, souvenirs, 2021, Poche
Elle a dit
« Les lecteurs pourront s’étonner que dans le livre je fasse parfois allusion aux confidences de certains hommes politiques qui me racontaient volontiers leurs bonnes fortunes féminines. Mais cela allait avec l’air du temps. Je n’en étais pas choquée. Je ne trouvais pas leurs propos déplacés. Je m’en amusais. Certains se confondaient en compliments un peu lourds, oui. D’autres me proposaient d’aller dîner, oui, et plus si affinités. Ils tentaient leur chance, pourquoi pas. Mais s’il n’y avait pas adéquation entre l’offre et la demande, si c’était non, ils passaient leur chemin, sans façons. Et ensuite, rien ne changeait dans les rapports. C’était un jeu sans conséquences. », Souvenirs, souvenirs, 2019, p.42.
« Il (Jean-Jacques Servan-Schreiber, NDLR) disait: il faut des femmes, il me convoque et me jauge du regard: trop grande, pense-t-il de toute évidence.
— Vous connaissez la politique?
— Non, dis-je.
— Très bien, vous vous occuperez des gaullistes. À droite, il n’y a que deux types intéressants : Giscard et Chalandon. Allez‑y ! », raconte Catherine Nay au sujet de son embauche à L’Express dans Françoise Giroud, une ambition française, Fayard 2003.
« J’avais été choquée par une déclaration d’Ariel Sharon prétendant que les mères palestiniennes envoyaient leurs enfants en première ligne. J’ai fait ensuite une autre chronique pour expliquer que la formule “une terre sans peuple pour un peuple sans terre” était un mythe, car les ancêtres des Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. Je me demande si les martyrs d’hier ne sont pas devenus les bourreaux d’aujourd’hui. Après ces deux interventions, j’ai été dénoncée comme antisémite, ce qui m’a beaucoup affectée. J’ai décidé de ne plus écrire sur ce sujet. Même si la question me touche, je n’ai jamais été en Israël, je ne vois que les images qu’on nous montre. Je constate que les jeunes journalistes qui partent là-bas prosionistes reviennent très mobilisés contre Israël », Marianne, 27 janvier 2003.
« Pour intéresser le lecteur aujourd’hui, pour raconter un homme politique dans ses combats politiques, mais aussi dans ce qu’il a de chair – c’est de la chair, c’est une personne privée, qui a des passions, des amours, et heureusement… (…) Si vous faites une biographie de Sarkozy et que vous ne racontez pas l’importance de Cécilia, comment il l’a séduite, comment il l’a embarquée, comment elle est devenue son coach, sa muse, la femme avec qui il voulait arriver au pouvoir (…) hé bien je passais à côté du sujet parce que ça l’a beaucoup marqué. Alors c’est peut-être Gala, mais c’est la vie », défendant son livre sur Nicolas Sarkozy, Un Pouvoir nommé Désir (Grasset, 2007), dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, le 10 février 2007.
Ils ont dit d’elle
« Dans un livre récent “Les amazones de la République”, le journaliste Renaud Revel raconte comment, en France, nombre de personnages politiques importants et journalistes femmes entretiennent, depuis longtemps, des relations très étroites. Dans le lot, il est question d’une certaine Catherine Nay, journaliste à l’Express, engagée par Françoise Giroud qui lui confia la rubrique politique. Elle était chargée, notamment, de suivre les responsables de l’UNR de l’époque…devenu RPR puis UMP. C’est ainsi, que l’on apprend, que Madame Nay eut également des escapades avec un ministre de 20 ans plus âgé qu’elle (ce qu’elle reproche à François Hollande avec Julie Gayet) qu’elle connut lors des Assisses du Parti gaulliste à Lille en novembre 1967. Albin Chalandon était marié et le resta, malgré sa vie commune avec la journaliste.
Cela s’appelle, ne pas manquer d’air. », José Alcala, Caméra Diagonale, 30 juin 2014.
« Tout a commencé à la fin des années soixante. Deux jeunes femmes faisaient leurs débuts à L’Express. Elles étaient belles comme le jour, ces deux-là qui n’avaient pas encore trente ans. Dans un univers machiste et collet monté, ces créatures apportaient la grâce. C’est le fondateur du magazine, Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui avait eu l’idée d’affecter ces jolis minois au service politique. L’homme qui voulait réformer la France souhaitait user de cette arme fatale pour ramener potins et confidences. Il allait, sans le vouloir, fabriquer un petit milieu très homogène. Il est vrai que les bonnes manières autant que le regard de biche, mais aussi l’intelligence du “commando de charme” servaient la cause du journal (…) 1968. A l’Assemblée Nationale ce jour-là, Michèle Cotta arrive en tailleur-pantalon rouge, Catherine Nay en minijupe plissée bleu marine. Pour compléter le tableau, la seconde arbore des cuissardes blanches. Je me souviens des talons hauts de la première qui claquent sur le marbre des couloirs. Dans la Salle des Quatre-Colonnes, où se croisent députés et journalistes, la seconde croise et décroise ses longues jambes dans les fauteuils en velours. Les élus se frottent les yeux. Une journaliste moins gâtée par la nature les fusille du regard : “Allez-vous rhabiller !” Les huissiers eux-mêmes en perdent leur flegme et entreprennent de rabrouer les deux impétrantes. Le président de l’Assemblée, Jacques Chaban-Delmas, est obligé d’intervenir auprès des fonctionnaires sourcilleux : “Laissez les tranquilles !” Chaban, il est vrai, n’a jamais baissé les yeux devant une jolie femme ». Extrait de Sexus Politicus, de Christophe Deloire et Christophe Dubois, Éditions Albin Michel, 2006.
« Catherine Nay n’a jamais prétendu être une idéologue, ou une analyste historique, ou économique. Elle a un style de journalisme bien à elle, personnel, elle a toujours fait ça : essayer d’étudier la psychologie des politiques. D’ailleurs moi je trouve que la meilleure partie du livre c’est celle sur l’enfance (de Sarkozy, NDLR) », Éric Zemmour, dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, le 10 février 2007, dans laquelle Catherine Nay présente son livre sur Nicolas Sarkozy (Un Pouvoir nommé désir, Grasset, 2007)
« Son nom évoque un instrument de musique arabe, mais c’est le piano familial qui a forgé la sensibilité des jeunes années de Catherine Nay à Périgueux. Sa mère en jouait et son père lui a communiqué sa passion pour Beethoven », Olivier Bellamy, journaliste à Radio classique dont l’invité était Catherine Nay le 28 juin 2011 pour son émission « Passion classique ».
Crédit photo : capture d’écran RTS — Radio Télévision Suisse via Youtube (DR)