Rediffusion estivale. Première diffusion le 11 janvier 2022
Après avoir évoqué la tribune parue dans Le Monde faisant l’apologie des passeurs, nous présentons aujourd’hui un article du journal suisse SonntagsZeitung consacré aux suspicions de collusions entre O.N.G. et passeurs.
« Traite des êtres humains en méditerranée : quand les sauveteurs en mer coopèrent avec les passeurs »
Autre journal, autre approche journalistique : quelques jours plus tard, le 2 janvier 2022, le journal suisse SonntagsZeitung publiait un article intitulé « Traite des êtres humains en méditerranée : quand les sauveteurs en mer coopèrent avec les passeurs ». Loin de se contenter de propos très généraux comme ceux que l’on peut trouver dans Le Monde, les journalistes Kurt Pelda et Ayoub Al Madani ont mené un véritable travail d’investigation. Que nous apprend leur article ? qu’en mer Méditerranée, certaines O.N.G. travaillent de concert avec des trafiquants d’êtres humains, ceux que la tribune du Monde présente comme des figures héroïques.
Après avoir évoqué le sort des migrants présents en Libye, les journalistes soulignent qu’à côté de la communication bien rôdée des O.N.G., qui leur permet de bénéficier de subventions privées et publiques considérables, « il y a des images qui suggèrent une interprétation complètement différente des opérations de sauvetage ». Kurt Pelda et Ayoub Al Madani soulignent que ces opérations sont filmées par les équipes des navires des O.N.G., « mais les organisations humanitaires veillent à ce que le public n’en entende pas parler ».
Des exemples très significatifs
Et les exemples de pratiques douteuses ne manquent pas :
- En octobre 2017, « deux petits bateaux avec trois remorqueurs et 21 migrants à bord rencontrent les « sauveteurs » de Save the Children, à quelques kilomètres seulement au nord de la côte libyenne », sous-entendu, une opération menée dans les eaux territoriales libyennes, en violation du droit maritime.
- « Fin juin 2017, le Vos Hestia (de l’ONG Save the children NDLR) a accueilli un grand nombre de migrants qui voyageaient sur un bateau (…). Parmi les hommes majoritairement jeunes de la Corne de l’Afrique se distingue un homme blanc qui bat les Africains avec une ceinture, un tuyau et parfois avec ses poings — juste devant les yeux et les caméras des sauveteurs. L’homme, clairement reconnaissable comme un passeur, voulait utiliser les coups pour s’assurer que les migrants restent assis et les transférer vers les canots de sauvetage de manière ordonnée. (…). Peu de temps après, les migrants sont montés à bord du Vos Hestia et ont été laissés de côté plus tard dans le port de Reggio de Calabre avec plus de 1 000 migrants à débarquer. Le parquet accuse désormais le capitaine du Vos Hestia d’avoir non seulement su qui c’était, mais d’avoir dissimulé aux autorités la présence d’un passeur à bord ». Un portrait peu élogieux d’une « figure héroïque » battant des migrants que vous ne retrouverez pas dans Le Monde.
- En juillet de la même année, « lors de conversations téléphoniques entendues par la police en juillet 2017, des membres du cadre de MSF Italie ont évoqué le fait que plusieurs migrants à bord d’un navire MSF avaient identifié un passeur et l’avaient signalé à l’équipage. Sur la passerelle de navigation du navire MSF Vos Prudence, le premier officier a également indiqué à un collègue qu’il y avait à bord un « migrant » qui avait kidnappé le mari d’une femme africaine très enceinte et l’avait fait disparaître. La femme enceinte était sur le point d’accoucher dans la clinique du petit navire et y avait reconnu le meurtrier et le kidnappeur présumés. La poursuite allègue que la personne responsable de MSF qu’ils avaient connu n’a pas fait le signalement aux autorités ». Le fait que des migrants à bord du Vox Prudence transportaient de la drogue aurait été également caché aux autorités italiennes. L’article précise que MSF n’a pas souhaité commenter ces allégations compte tenu de la procédure judiciaire en cours.
La presse étrangère moins frileuse que la presse française
Cet article du journal suisse SonntagsZeitung nous place à mille lieux, si l’on ose dire, du récit des auteurs de la tribune du Monde, qui présentent les passeurs comme des quasi-héros, alors qu’ils sont souvent de véritables crapules, et dans tous les cas des délinquants qu’il faut mettre hors d’état de nuire.
Qu’un journal, que l’on continue par facilité à qualifier de journal de référence, puisse permettre dans ses colonnes de faire l’apologie d’une forme de délinquance particulièrement méprisable en dit long sur la dérive d’une frange du clergé médiatique, qui ne représentera bientôt plus qu’elle-même.
Il est à ce titre tout à fait significatif qu’aucun média français de grand chemin n’ait publié récemment un article sur les liens troubles entre les O.N.G. et les passeurs aux pratiques criminelles, contrairement à de grands titres de la presse étrangère, Die Welt, SonntagsZeitung, Le Temps, etc.
L’OJIM a consacré plusieurs articles au business des passeurs et des O.N.G. :
- Liens entre passeurs de migrants et ONG : les révélations explosives du journal allemand Die Welt n’intéressent pas les médias français
- Révélations sur les relations troubles entre ONG et passeurs : les médias français détournent le regard
- Été 2021, immigration clandestine : des ONG au-dessus de tout soupçon dans les médias
- Rôle des ONG dans la crise des migrants : revue de presse