Garantie conformisme sur LCI
Certains journalistes s’illustrent par leur position clivante ou leur verbe tranchant, tandis que d’autres ne s’illustrent que par le conformisme de leurs interventions, cochant toutes les cases nécessaires pour passer sur les grands médias et s’assurer une place bien au chaud. C’est de cette seconde catégorie que fait partie Renaud Pila, éditorialiste politique de LCI.
Origines
Renaud Pila est un homme discret. Les informations le concernant sont rares, mais une recherche approfondie nous apprend que sa famille est loin d’être banale.
S’agissant de son père, Gérard Pila, nous apprenons dans les Échos qu’il était PDG de la société des Immeubles de Lyon, une société dont le chiffre d’affaires s’élève à cinq millions de francs pour l’année 1992[1]. Un poste haut placé dans l’immobilier lyonnais qui est coutumier de la famille. Jean, le grand-père de Renaud, fonde en 1942, les PACT (Propagande et Actions contre les Taudis), une association contre les logements insalubres qu’il fonde alors qu’il est encore étudiant. Très vite, l’association s’implante dans d’autres villes comme Lille ou Paris, et son fondateur est alors amené à côtoyer des personnages influents tel que des ministres ou des élus locaux, parmi eux, Pierre Mauroy. Une influence qui lui permet, à l’orée des années soixante, d’organiser la première rencontre mondiale sur la rénovation des centres-villes à l’UNESCO à Paris.
Mais la grande réussite de la famille c’est l’arrière-arrière-grand-père, Ulysse. Celui que l’historien Jean-François Klein surnomme « le vice-roi de l’Indochine »[2], né en 1837 à Avignon. En 1867, à Marseille, il crée avec Pierre Rafard, l’entreprise Ulysse Vila et Cie dont le domaine d’activité est la soierie. Très vite une succursale est crée à Shangaï. Néanmoins, l’instabilité le ramène à Lyon, où ses affaires prospèrent. Il se marie, en 1872, et a trois enfants. Parmi eux Georges, le père de Jean. L’histoire continue. Dans la décennie 1880, il s’intéresse aux affaires coloniales et va au Tonkin en 1886, où il crée la société des docks d’Haïphong. Fort de cette expérience, il acquiert une réputation et obtient nombre de responsabilités de haut rang : président de la compagnie du gaz de Lyon, membre de la chambre de commerce, président de la société lyonnaise indochinoise et, surtout, membre du conseil de la Banque d’Indochine et vice-président de l’union coloniale française. Cette brillante ascension se voit récompensée en 1886 par un titre de chevalier de la Légion d’honneur, avant de devenir officier en 1898. Il fait de son clan une famille de notable lyonnais. Une ascension faite sur le commerce colonial, qui mettrait sans doute en fâcheuse posture le très conformiste Renaud dans le tout-Paris.
Son grand frère, Julien, a suivi la voie familiale. Il étudie à l’IDRAC Lyon, une école de commerce, avant de faire ses débuts dans une filiale de la société… Ulysse Pila. En 1998, il devient directeur opérationnel de la société jusqu’en 1999, puis passe en 2014 chez WEBIMM comme directeur opérationnel.
Dans la start-up nation macroniste, la famille Pila incarne cette réussite à la française qu’exalte le chef de l’État. Un itinéraire très « Macron compatbile ».
Formations
Renaud Pila sort diplômé de Sciences Po Paris, section économie et finances, en 1993. Parmi ses camarades de promotion, certains noms se remarquent. Nous y trouvons Alexis Kohler, actuel secrétaire général de la présidence de la République et fidèle d’Emmanuel Macron ; Aymeric Chauprade, ex eurodéputé FN, ou encore Karine de Ménonville, journaliste sur LCI entre 1997 et 2007. Renaud garde des liens avec l’IEP et, en tant que membre de l’association des anciens élèves de Science Po, Science Po Alumni, il bénéficie d’un réseau qui le sert dans la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, lorsqu’il cherche ses premiers postes.
Parcours professionnel
Sa carrière débute dans la seconde moitié des années quatre-vingt dix où il obtient plusieurs postes de chroniqueur pour des émissions comme le débat du 17/20 sur FranceInfo. Dans le courant des années 2000, il rejoint LCI. Il s’est alors spécialisé dans l’analyse du paysage politique français et s’est construit la réputation d’un homme bien informé, la chaîne lui offre alors un édito quotidien dans La Matinale. Par la suite, il devient chroniqueur dans Ça va faire du bruit, diffusé en quotidienne sur LCI, avec Christophe Beaugrand à l’animation. Début 2022, il occupe toujours un poste de chroniqueur régulier sur certains programmes de la chaîne, notamment en soirée.
Sa nébuleuse
Renaud Pila est un ancien de la chaîne LCI. Son ton, adapté au conformisme ambiant, lui permet d’être informé de ce qui se trame au faubourg Saint-Honoré comme à l’Élysée. Il est ainsi l’un des premiers, en juillet 2020, à parler de Jean Castex comme potentiel locataire de Matignon en remplacement d’Édouard Philippe. Celui qui se nomme lui-même sur son compte Twitter « l’indiscret insomniaque », semble disposer de contacts solides et haut placés, utiles pour répandre une parole aseptisée dans les médias.
Il l’a dit
« Il faut réexpliquer à l’opinion. En France, il n’y a que lorsque le président s’exprime à 20 heures que ça imprime. » sur LCI, cité par Télérama, le 15/11/2021, https://www.telerama.fr/ecrans/les-assistes-dans-le-collimateur-de-macron-et-des-editorialistes-7004967.php
« La différence de langage entre beaucoup de Français et leurs dirigeants est un accélérateur de la crise. Le ressenti de mépris quand on ne comprend pas un discours ou une mesure revient chez beaucoup de “gilets jaunes”, sensation d’être ignorés. », Twitter, 10 décembre 2018.
« Le mépris pour ceux qui ne respectent pas les consignes poignées de main/bises ne sert à rien. Un état a la mission de protéger malgré eux les étourdis, les récalcitrants, les râleurs, les révoltés, les non informés et j’en passe.. #bienveillance », Twitter, 11 mars 2020
À propos de Barack Obama : « Difficile d’imaginer que cette élégance va quitter la scène demain #Obama », Twitter, 8 novembre 2016.
Ne portez pas votre masque comme Trump pic.twitter.com/JX2kRWhMC7
— Renaud Pila (@renaudpila) May 14, 2020
La force et le calme qui se dégagent de Mamoudou Gassama. Et l’humour de son frère Diaby : “le petit enfant a été très fort aussi. Il n’a pas lâché !” @lci pic.twitter.com/g5NWxVsY2M
— Renaud Pila (@renaudpila) May 28, 2018
Première femme élue maire de Bogota, lesbienne et symbole de la lutte contre la corruption #AFP
— Renaud Pila (@renaudpila) October 27, 2019
Ils l’ont dit
« Renaud Pila, journaliste le mieux informé de France et de Navarre », Eric Brunet, sur LCI, 8 décembre 2021 (sans que l’on sache si cette allusion est ironique).
Notes
[1] Les Échos, 5 mai 1993
[2] Jean-François Klein, Un Lyonnais en extrême-Orient, Ulysse Pila : Vice-roi de l’Indochine 1837–1909, Éditions lyonnaise d’art et d’histoire, Lyon, 1994