« Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent ». Stéphane Eicher résumait assez bien le paysage médiatique dans son tube « Déjeuner en paix » sorti en 1991. Guerre, corruption, épidémie, pauvreté… Tous les sujets sont bons pour être tristes ! Au milieu du catastrophisme ambiant, deux jeunes étudiants ont fait le pari de ne proposer que des contenus positifs en créant Le Média Positif.
Un média qui donne le sourire
Lancé en janvier 2021 alors que la France a déjà sombré dans sa noirceur médiatico-covidienne, Le Média Positif (lemediapositif.com) détone dans une période où l’actualité est rythmée par les chiffres de contaminations et d’hospitalisations ainsi que des polémiques de plateaux télévisés sur des questions scientifiques et de libertés publiques. C’est sur Twitter que naît le projet avec un premier post ventant la démarche d’un hôtelier mettant son établissement à disposition des sans-abris.
🇫🇷 Un hôtelier messin met son trois-étoiles à la disposition des sans-abri. 👏https://t.co/YcIaOzfLcK
— Le Média Positif 🍀 (@LMPositif) January 19, 2021
Quotidiennement, des nouvelles positives sont postées et le compte monte en puissance. La viralité est rendue plus facile car l’engagement envers le compte n’engage en rien, le contenu étant anti-polémique.
Suivra le développement du concept sur les diverses plateformes de réseaux sociaux : Instagram, Facebook, LinkedIn et TikTok. Un site web verra également le jour.
Parmi les contenus récurrent, une place non négligeable est consacrée à la nature notamment aux animaux et aux paysages. Le mignon petit renard, valeur sûre des réseaux sociaux à l’instar des petits chats côtoie le magnifique paysage indonésien ou les aurores boréales finlandaises. Un zeste d’inclusion avec du handicap comme ce paralysé qui marche avec l’aide d’un exosquelette et d’un ami.
On retrouve également un peu de sport ou d’activités sensationnelles toujours avec un esthétisme assez agréable.
Une réussite indéniable
Le Média Positif a su se positionner assez rapidement dans un créneau peu utilisé ou en tout cas pas aussi professionnellement. En effet, si les images sont reprises d’autres supports, cela n’enlève rien aux contraintes potentielles de droit d’auteurs. La présentation sobre des images et vidéos proposées participent aussi de la marque du média : simple et efficace. Avec 275 000 abonnés sur Twitter en un an d’existence seulement, on peut parler de vrai succès.
Un succès qui se façonne quotidiennement à en croire l’un des fondateurs qui explique éplucher la presse et les réseaux sociaux pendant deux heures tous les matins. Les deux fondateurs sont issus de Sciences Po Paris. Il s’agit d’Emma Rouvet, une jeune étudiante désireuse de devenir journaliste et Hugues de Rosny, jeune conseiller municipal dans la majorité LR du maire d’Orléans Serge Grouard. Guère porté sur les polémiques dans son usage des réseaux sociaux, le jeune homme semble pencher vers la tendance « Bellamy » chez Les Républicains, à en croire son compte Twitter. Un positionnement qui le différencie cependant considérablement d’une large partie des élèves de son école.
Portés par la réussite de leur média les deux acolytes ont annoncé le 20 janvier 2022 le lancement d’un « JT positif » sur YouTube. Un lancement fait non sans une certaine malice en clin d’œil à l’actualité oppressante du temps présent. Un journal présenté par Emma Rouvet et qui reprend trois sujets d’actualités « positifs ». La présentation est de très bonne qualité et le contenu, dans un format court, devrait pouvoir prendre même si les débuts apparaissent un peu poussifs en termes de résultats chiffrés. La réussite de ces deux jeunes journalistes leur a valu plusieurs articles, tous positifs évidemment, et même un passage dans Quotidien de Yann Barthès.
💥 On lance un JT Positif sur Youtube !!
🍀 Au programme : Belles histoires, Héros du quotidien, Innovations inspirantes et Bonnes nouvelles !
🎥 On vous donne rendez-vous tous les dimanches à 18h pour retrouver le plus positif de l’actualité !
— Le Média Positif 🍀 (@LMPositif) January 20, 2022
Occulter la réalité ou voir le verre à moitié plein ?
Peut-on dire du mal du Media Positif ? Oui, mais nous n’aurions pas vraiment envie tant le travail réalisé par les deux étudiants est de qualité. C’est d’ailleurs la force de ce média, un consensualisme total qui évite de se mettre à dos qui que ce soit. Et si des signaux politiquement corrects ou tout au moins très consensuels sur les questions climatiques comme avec la « sensibilisation des citoyens ».
Autre écueil, plus général celui-ci, le risque de déformer notre perception de la réalité en refusant de voir l’actualité dans sa globalité avec ce qu’elle compte d’heureux et de moins heureux.
D’une certaine manière en se focalisant sur des sujets non-polémiques et plutôt porteurs d’espoir, Le Média Positif montre surtout qu’il n’est pas un média généraliste et qu’il observe un parti-pris médiatique qui lui est propre. Libre à ceux qui le consultent d’équilibrer de contrebalancer avec un média plus négatif… et plus réaliste !