Qu’ils disposent des cinq cents parrainages encore tant espérés par certains ne constitue pas un critère suffisant aux yeux du service public : de Jean Lassalle à Nathalie Arthaud, les candidats à la présidentielle placés trop bas dans les sondages ne sont pas les bienvenus dans certaines émissions de Radio France.
Au 22 février 2022, ils enregistraient respectivement 559 et 561 parrainages validés auprès du Conseil Constitutionnel : Nathalie Arthaud, candidate Lutte Ouvrière, et Jean Lassalle, président du parti Résistons, ne sont pas les bienvenus dans les émissions de service public, en dépit de leur capacité à rassembler de la condition sine qua none à la présentation à la magistrature suprême. À l’inverse de Marine Le Pen, Éric Zemmour ou Christiane Taubira, qui ne bénéficiant pas encore du sésame avec respectivement 393, 350 et 104 parrainages validés, ont pu s’exprimer sur France Inter ce 18 février dans l’émission Des candidats et des jeunes. « Je suis navré de ne pas correspondre aux critères de sélection de la radio nationale. Ma mise à l’écart […] me stupéfie et me désole », a réagi Jean Lassalle dans une lettre envoyée à Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter.
🔴🎙Retrouvez ma réponse à @franceinter sur mon éviction de leur prochain débat alors même que je suis l’un de ceux qui a participé au plus grand nombre de scrutins et que je viens de dépasser les 500 #parrainages enregistrés au Conseil Constitutionnel ⤵️ https://t.co/r6VR4ifj4h pic.twitter.com/3fP2w0ryfa
— Jean Lassalle (@jeanlassalle) February 18, 2022
Hey @franceinter, pourquoi est-ce qu’il manque des candidats qui ont déjà leurs signatures (@jeanlassalle et @n_arthaud notamment) dans votre émission “Des candidats et des jeunes” ?!? 🤔 1/3 pic.twitter.com/poa6Nj4vty
— Gabriel Macé (@gab_mace) February 18, 2022
Prétexte fallacieux : les sondages
Mais quels sont donc ces mystérieux critères permettant à Radio France de choisir arbitrairement d’un candidat à l’élection présidentielle ? Avec 40 ans d’engagement derrière lui et 25 scrutins remportés en son nom sur les 26 auxquels il s’est présenté, Jean Lassalle constitue pourtant une figure du paysage politique français. De même, Nathalie Artaud, engagée depuis plus de trente ans dans la vie politique et ayant exercé des mandats notamment municipaux, représente une partie des opinions des Français. Chacun crédités, dans le dernier sondage IFOP du 23 février 2022, de 0,5 % des voix pour la présidentielle, ces deux candidats n’auraient donc pas été perçus comme suffisamment représentatifs pour s’exprimer sur les ondes.
Le prétexte est fallacieux : à 2 % des voix, des personnalités comme Anne Hidalgo et Christiane Taubira y ont été invitées, à l’inverse de Nicolas Dupont-Aignan, également crédité de 2 % des voix qui ne bénéficie comme ses deux rivales féminines pas du nombre de parrainages escomptés… Il s’agit donc bien d’un choix arbitraire de la part de France de la radio. « A mes yeux, une élection présidentielle est une et indivisible, soulignait encore Jean Lassalle dans son courrier à Nayl. Elle ne se compose pas de candidats invités ou exclus par France Inter. Il n’y a que des candidats à la magistrature suprême ».
Des médias qui dessinent le paysage politique
S’il faut reconnaître un mérite au système des parrainages, c’est qu’il récompense ces personnalités de terrain qui vont à la rencontre des élus dont ils demandent la signature. Au même titre que Nathalie Arthaud, qui indiquait au micro des Grandes Gueules que cette obtention était due à « des efforts militants » et à son écoute des maires, Jean Lassalle, en ayant annoncé sa candidatures deux ans plus tôt et en travaillant a pu obtenir ce graal. Pour autant, certains médias du service public préfèrent à cet incontestable sérieux des figures connues (à l’image de Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux dont la crédibilité a été largement mise à mal par cette présentation à l’élection présidentielle) ou susceptibles de rassembler par leur verve ou leur esprit polémique (de Jean-Luc Mélenchon à Éric Zemmour) des audiences records.
Un choix qui n’est pas sans conséquence : écartés par les sphères médiatiques, ces candidats ne sont plus considérés suffisamment « vendeurs » aux yeux de ces officines politiques qui permettent aux candidats de présenter leur programme. Ainsi, Jean Lassalle comme Nathalie Arthaud n’ont pas eu leur place au grand évènement organisé par le Medef le 21 février dernier, intitulé la REF 2022 et à laquelle étaient invités à s’exprimer « les principaux candidats et candidates à l’élection présidentielle »…
Aux yeux du service public comme aux yeux du Medef, existe-t-il donc des « grands » et des « petits candidats », notion qui impliquerait qu’il existât de « grands » et de « petits électeurs »… ?