Une « conduite de Grenoble » s’appliquait à une exclusion brutale de son obédience d’un compagnon qui avait failli, qui était un voleur ou un escroc. C’est pourtant à Marseille et pas à Grenoble que le 2 mars 2022, Xavier Niel s’est fait raccompagner manu militari à la porte du quotidien La Provence.
La sardine bouche le vieux port
Non, ce n’est pas la traditionnelle sardine qui bouchait l’entrée du journal, mais bien son PDG Jean-Christophe Serfati qui a mis à la porte le propriétaire de Free. Ce dernier venu rencontrer le personnel et les représentants syndicaux du journal a senti le mistral provençal souffler fort à ses oreilles. Il n’a pu rester que quelques minutes à l’intérieur des locaux avant de se voir indiquer la sortie par le président et une partie des représentants du comité social et économique (CSE) de l’entreprise, ceux-ci lui reprochant une attitude arrogante et de prédation.
Le patron de médias Xavier #Niel expulsé des locaux du quotidien marseillais “La Provence” ce matin par le PDG du journal. Le milliardaire est actionnaire minoritaire du quotidien à hauteur de 11% et tente de devenir son actionnaire majoritaire. #LaProvence pic.twitter.com/L1Eo4EDL22
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) March 2, 2022
20 millions contre 81 millions
Rodolphe Saadé met 81M€ sur la table contre 20M€ (y compris une partie de rachat de créances) pour Xavier Niel. Niel se prévaut de son expérience dans la presse avec les rachats successifs de Nice-Matin, France-Antilles, Paris turf etc sans oublier sa place de premier actionnaire du Monde, et promet 20M€. Saadé, fort des excellents résultats des porte-conteneurs de CMA CGM, annonce plus de 80M€, une imprimerie ultra-moderne, du numérique à foison ; le CSE, le syndicat Force ouvrière (majoritaire) et une partie des journalistes le soutiennent.
Mais au milieu du gué se trouve la clause signée avec Bernard Tapie peu avant sa mort : tout nouvel actionnaire doit être approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration où se trouve le fils Tapie tout dévoué à Xavier Niel et qui aimerait bien sauver sa peau. Fin mars 2022, la cour d’appel du tribunal d’Aix-en-Provence doit juger de la licité de la clause. On peut s’attendre que quelle que soit la décision la partie perdante poursuive le combat judiciaire. Au moins jusqu’après les élections, voire plus si aucun ne veut céder.
Voir aussi : PQR, l’offensive des oligarques