Quoi de plus banal qu’une feuille de papier ? Papier d’imprimante, papier d’emballage, papier du livre, papier de la brochure, papier de la posologie du médicament, papier du mode d’emploi et papier journal. Pourtant le papier est une industrie en pleine transformation avec des coûts croissants.
Des prix en augmentation constante
Le premier intrant est bien entendu celui du bois. Celui-ci est sous tension, la Russie envoyait par an environ 9M de tonnes de bois pour pâte à papier vers l’UE ; le fret maritime connaît de fortes tensions ; enfin la production de papier est énergétivore et le prix de l’énergie explose. Pour ce dernier poste à titre de mémoire :
Prix spot par indice | janvier 2021 | janvier 2022 |
Gaz | 20 | 100 |
Électricité | 50 | 200 |
(Source : COPACEL, syndicat de la filière papier)
Encore ces prix n’incluent ils pas les futures augmentations consécutives au boycott des énergies en provenance de Russie qui promet des augmentations stratosphériques.
Le papier journal, moins de quantités mais une denrée plus chère
Dans la filière papier/carton, c’est le carton/emballage le capitaine avec 66% de la filière et le papier graphique (ramettes, journaux) le matelot avec moins de 20% des usages. Les tonnages de papier graphique ont diminué de 75% en 20 ans, mais ceci n’empêche pas (voir supra) les prix du papier graphique d’augmenter de 50% en moyenne en 2022 et même de quasi doubler pour le papier journal.
Des réponses différentes suivant les secteurs
Si les éditeurs voient le prix du papier augmenter, ils peuvent répercuter les hausses sur leurs prix, au moins en partie. Un livre qui passe de 18 à 20€ ou de 20 à 22€, ça passe. Un quotidien papier qui commence à coûter plus de 2€ (pour les moins chers) et nettement plus de 3€ (Le Figaro, Le Monde), ou un magazine qui augmente d’un euro ça fait beaucoup pour l’achat d’un produit récurrent.
Pour faire face certains réduisent en douce leur pagination (Elle), d’autres (L’Express) modifient leur maquette avec moins de pages et autant ou plus de texte, Le Point a augmenté son prix de 10%. Tout ceci n’arrange pas un secteur presse papier en difficulté et qui se voit confronté à une forte progression de ses ventes numériques alors que ses revenus publicitaires et de ventes au numéro viennent majoritairement encore du papier. Au même moment les principales usines de pâte à papier quittent la fabrication de papier graphique pour se reconvertir en papier carton, en pleine expansion. De quoi nourrir de nouvelles demandes de subventions de la part des médias papier.
Voir aussi : Aides à la presse 2021, éternel retour de l’identique