À quelques jours du second tour des élections législatives de juin 2022 en France, l’OJIM a souhaité faire un focus sur une circonscription électorale au travers de son actualité médiatique. Il apparaissait en effet important de passer en revue quelques événements marquants qui se sont passés durant les dernières années dans une circonscription de la banlieue parisienne dont les électeurs ont voté en 2017 majoritairement pour le candidat LREM.
Les monographies urbaines incorrectes : un genre trop rare
Les monographies urbaines incorrectes sont un genre rare dans les médias, trop rare. Il y a quelques années, le mensuel Causeur a consacré des articles à plusieurs villes, dont Le Mans, Bordeaux, etc., sous un angle inédit. Pour une fois, il ne s’agissait pas de décrire de façon élogieuse l’une de « ces-villes-où-les-Français-rêvent‑d’habiter », mais de passer en revue une réalité urbaine trop souvent occultée, sauf au travers d’articles ponctuels consacrés à la délinquance, et beaucoup plus rarement, au changement de population par l’immigration, à l’essor de l’islam, etc. C’est l’objet de la présente monographie.
Une circonscription avec de forts contrastes sociaux
La 1ère circonscription des Yvelines comprend les villes de Montigny-le-Bretonneux, de Guyancourt et la majorité du secteur de Versailles. Versailles est souvent présentée comme une ville huppée, même si la pauvreté y existe également. La mixité sociale étant une obligation imposée par la loi, le maire s’efforce de rattraper le « retard » de la ville en nombre de logements sociaux, comme nous l’apprend un article d’Habitat et d’humanisme.
À Guyancourt, la population est généralement plus populaire. La commune a construit il y a quelques décennies des logements sociaux que le maire de Versailles de l’époque ne voulait pas ou ne pouvait pas construire sur sa commune. Les maires successifs de gauche de Guyancourt ont depuis bien compris l’intérêt électoral de favoriser la construction de ce type de logements, qui sont majoritaires dans la commune. Le centre-ville est habité majoritairement par des propriétaires ? Horresco referens ! Le maire a décidé d’y construire 15 nouveaux logements sociaux. « cette opération permet de « rééquilibrer le centre-ville », selon le maire cité par Actu78 dans un article récent.
Montigny-le-Bretonneux comporte plus de quartiers cossus que la commune voisine de Guyancourt. La répartition entre les logements sociaux et le parc privé de logements y est plus équilibrée. Autant dire que la population est « mixte » socialement dans la circonscription, entre les différentes communes qui la composent et à l’intérieur de ces mêmes communes.
Si lors des élections législatives en juin 2017, Didier Baichère, le candidat LREM, a remporté le scrutin à 51% des suffrages, les résultats ont été contrastés entre les différentes communes. Alors que le candidat d’Emmanuel Macron n’a obtenu que 39% des suffrages exprimés à Versailles, il en obtenait 70% à Guyancourt et 63% à Montigny-le-Bretonneux.
L’actualité de cette circonscription durant les dernières années au travers de sa couverture médiatique permet d’en savoir plus sur l’évolution de la société dans certaines zones géographiques du pays, en particulier dans la banlieue parisienne.
Une délinquance bien présente
Il fut un temps où le travail des policiers et des gendarmes consistait à prévenir et à réprimer les délinquances. Il leur faut aussi maintenant se protéger contre les assauts des délinquants. Les communes de la grande couronne de la région parisienne composant la 1ère circonscription des Yvelines n’échappent pas à la règle. Dans la presse locale, on apprend que le travail des forces de l’ordre n’y est pas toujours un long fleuve tranquille.
Les policiers sont parfois pris pour cible, bêtement, gratuitement, à Montigny-le-Bretonneux, notamment en mai 2020, en février 2021, en février 2022 lors d’un contrôle d’identité le 9 mars 2022, nous apprend la Gazette de SQY. En mai 2022, c’est le poste de la police municipale qui était selon Infonormandie visé par des tirs de mortier. Toujours en mai de cette année selon le même média, deux policiers ont été blessés en raison du refus d’obtempérer d’un jeune à scooter.
A Guyancourt également, la police est parfois la cible des voyous. Ainsi, en mai 2021, « les policiers ont essuyé des tirs de mortiers d’artifice » selon Actu 17. Le 14 juillet et la nuit de la Saint Sylvestre sont des fêtes familiales et populaires. C’est désormais parfois l’occasion pour les racailles de donner libre cours à leur volonté de nuire. Ainsi, le 14 juillet 2021, c’est le traditionnel couple voitures brûlées-tirs de mortier qui est évoqué par Infonormandie. Lors de la nuit du réveillon de la Saint Sylvestre menant jusqu’en 2022, le même média nous informe que la nuit a été « éprouvante » pour les policiers des Yvelines, notamment à Guyancourt.
Versailles aussi
La ville royale de Versailles n’est pas en reste. En novembre 2019, la police municipale s’est équipée de caméras piétons, nous informe Actu.fr. L’explication : « les policiers, nationaux ou municipaux, sont de plus en plus pris à partie. Ces équipements leur sont utiles dans ces situations ». Le 22 avril 2020, « la police tombe dans un guet-apens à Versailles », nous apprend le Parisien. En juin 2021, des « fêtards » agressent les forces de l’ordre après une nouvelle soirée du projet X, selon Le Figaro.
Comme dans beaucoup d’autres communes de France désormais, celles qui composent la 1ère circonscription des Yvelines n’échappent donc pas au passe-temps idiot de jeunes voyous qui consiste à agresser les forces de l’ordre pour se donner le frisson.
Les rixes entre bandes rivales de jeunes
Quand des rixes entre bandes rivales de jeunes éclatent, on est loin de la guerre des boutons décrite par Louis Pergaud dans le roman éponyme. Pour ne citer que quelques exemples, en juillet 2020, France Bleu nous apprend qu’« un match de football sauvage entre jeunes de Versailles et de Guyancourt (Yvelines) s’est mal terminé. A la fin de la partie vers 22h00 ce jeudi, pour des raisons encore inconnues, une bagarre entre 200 jeunes éclate et fait cinq blessés ».
À Montigny-le-Bretonneux, le 3 février 2021, « une rixe a opposé une vingtaine de personnes venant probablement du quartier des Prés à Montigny et du quartier des Saules à Guyancourt, le 29 janvier. Un mineur de 16 ans a été poignardé à la cuisse(…) Ses jours ne sont plus comptés » indique avec soulagement La Gazette de SQY.
Voir aussi : Banlieue / province : le confinement recouvre deux réalités différentes
Le 18 mai 2022, c’est devant un collège de Guyancourt qu’une bagarre éclate, selon Infonormandie. Le bilan ? « Trois ont des dermabrasions sur le torse et le quatrième souffre des cervicales et d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance ».
Les occupations illégales de Roms
Depuis quelques années, des membres de la communauté rom s’installent en toute illégalité dans les 2 communes de la communauté d’agglomération de Saint Quentin en Yvelines qui composent la 1ère circonscription électorale des Yvelines, Montigny-le-Bretonneux et Guyancourt.
Les tentatives pour mettre fin aux occupations illégales de terrains font l’objet de protestations outragées des associations de défense des migrants. En octobre 2017, des Roms devaient être expulsés d’un terrain près de la caserne des pompiers de Montigny-le-Bretonneux, selon Actu78. Comme souvent, les enfants sont présentés comme un bouclier contre les expulsions par les association pro-migrants : « cette opération pourrait compromettre la scolarité de jeunes enfants ». Un nouveau campement de Roms a vu le jour à Montigny-le-Bretonneux, en bordure de la Nationale 12 et de la Départementale 129, nous apprend Le Parisien en avril 2020 dans un article consacré à « la grande détresse des Roms » pendant le confinement.
Certains squatteurs n’ont pas autant de scrupules et s’installent carrément dans des bâtiments dont ils ne sont ni locataires, ni propriétaires. Ainsi, la Gazette de Saint-Quentin-en-Yvelines nous apprend en janvier 2022 que « l’ancien bâtiment d’Orange est occupé par des Roms depuis un mois (…) Ce sont essentiellement des familles. On a des adultes, des enfants. Il y a aussi des femmes enceintes qui sont présentes sur ce site », précise le maire de Guyancourt (…). La Commune a fait installer, à ses frais, des bennes pour les déchets, selon François Morton. « C’est un coût toujours important, qui n’est jamais prévu dans les budgets d’une Ville, donc il faut s’adapter. On parle de plusieurs milliers d’euros, voire de dizaines de milliers d’euros à terme ».
Mais le premier élu de la ville sait relativiser les événements qui viennent grever le budget de la commune : « Le maire rappelle néanmoins que ce phénomène est commun à plusieurs autres villes ». Désormais, dans le quartier dit de Saint-Quentin-en-Yvelines, à Montigny-le-Bretonneux, les mendiants sont nombreux à occuper le chemin piétonnier qui mène à la gare RER. Dans la couverture médiatique des occupations illégales, l’angle humanitaire règne en maitre. A aucun moment les médias ne soulignent que les règles de séjour en France impliquent d’avoir des revenus suffisants et de ne pas être une charge pour le système social français. Un épiphénomène, sans doute.
Des migrants toujours plus nombreux
Pour organiser les incessantes « mises à l’abri » des clandestins qui se regroupent à Paris, les communes de la banlieue parisienne sont fréquemment mises à contribution. Ainsi, en novembre 2017 au camp des Matelots à Versailles, « le centre d’hébergement d’urgence (…) a dû accueillir, le 17 novembre 2020, (…) cent cinquante hommes adultes migrants expulsés des camps de rue de la porte de la Chapelle et de la place de la République démantelés » nous informe Le secours catholique. En février 2021, «Le centre des Mortemets de Versailles a accueilli 112 migrants en fin d’année », nous informe TV78, la chaine de télévision locale.
Voir aussi : Banlieues : violences en mode mineur dans les médias, embrasement sur les réseaux sociaux
À Guyancourt, en mai 2017, ce sont « 80 migrants en provenance du campement de la porte de la Chapelle (qui) sont hébergés au pavillon Waldeck-Rousseau à Guyancourt (…) On est très fiers d’accueillir ces réfugiés pour leur permettre de se poser », indique la maire » au journaliste d’Actu78. Plus proche de nous en juillet 2021, le maire de Guyancourt « monte au créneau » pour accueillir des migrants afghans, nous apprend 20 Minutes. En dépit des flux migratoires croissants, les mises à l’abri organisées à Paris et en Seine Saint Denis sont désormais effectuées de façon beaucoup plus discrète par les autorités. L’approche des élections y contribuerait-elle ?
L’islam en progression visible
Comme dans de nombreuses agglomérations, l’islamisation est de plus en plus visible dans les communes de Montigny-le-Bretonneux et de Guyancourt. Dans les rues, le port du voile islamique par de nombreuses femmes s’accompagne désormais de tenues de plus en plus « pudiques », en rupture avec les codes vestimentaires occidentaux. Un autre signe qui ne trompe pas, le développement des commerces ou des rayons halal dans les grandes surfaces, comme au Carrefour de Montigny-le-Bretonneux.
Dans le quartier de la gare dit de Saint-Quentin-en-Yvelines, le vendredi midi, la mosquée située rue Joel Le Theule fait le plein. A tel point que le badaud peut y voir des prières de rue, dans le jardin public attenant à la mosquée, sans que cela suscite outre mesure des réactions.
Une mosquée de 7500 m2
Dans la commune voisine, à Guyancourt, l’une des deux associations islamique, l’Union des musulmans, projette de faire construire un lieu de culte et de culture islamique de… 7 500 mètres carrés. Cette construction se ferait en partie sur un terrain agricole non constructible, selon le président d’une association de défense de l’environnement cité le 16 mai par Actu78. Face au maire et à deux de ses adjoints, « les habitants ont dit clairement non à la mosquée, certains affirmant même ne pas en vouloir du tout dans la ville ». Il n’est pas sûr que cela le fasse reculer. Quelques années auparavant, en 2015, Le Parisien nous informait que des membres d’une autre association musulmane de la ville de Guyancourt ont fait irruption lors d’une réunion du conseil municipal pour exiger un lieu de prière pendant les travaux du local mis à leur disposition.
Nous aurions pu parler de l’importance du secteur touristique dans la ville de Versailles, du nombre important d’emplois rapporté à la population dans les communes de Montigny-le-Bretonneux et de Guyancourt. Nous aurions pu parler des belles réalisations et des réussites de ces communes durant les dernières années, qui sont réelles. Nous laissons ces informations à leurs services de communication. Il nous avait paru plus important de montrer que dans cette circonscription comme dans de nombreuses autres, la population et les mœurs changent. La fenêtre d’Overton s’est déplacée : la délinquance endémique et peu réprimée, la propriété privée et la régularité du séjour bafouées apparaissent comme faisant partie du paysage, sauf pour ceux qui ne manqueront pas d’être accusés d’être hautement réactionnaires. Les pouvoirs publics poussent à la construction de logements sociaux, qui ne seront jamais assez nombreux, ce qui ne fera qu’accélérer le changement de populations. Le scrutin des 12 et 19 juin 2022 sera ici comme ailleurs à suivre avec attention.