Cela cartonne fort dans les coulisses du groupe Axel Springer, depuis qu’un quintette d’auteurs scientifiques a été invité à publier dans le quotidien Die Welt un article — au titre éloquent : « Comment les chaînes publiques de télévision sexualisent et rééduquent les enfants ».
La pression exercée sur l’entreprise de médias semble être si forte que son PDG, Mathias Döpfner, se met à ramper, publiant une lettre « en son propre nom », auparavant envoyée, presque mot pour mot, à tous les employés de la maison d’édition. « Notre maison représente la diversité et la liberté », peut-on trouver en titre de ses excuses. Le titre de l’article, lui, a été modifié : « sexualiser et rééduquer » devenant « endoctriner ».
« Diversité » sexuelle et de genre
La diversité sexuelle et de genre serait pour Döpfner un sujet « particulièrement proche de son cœur », il serait en tout premier lieu concerné par la question : « et en la matière — je pense — la contribution des cinq auteurs invités est souterraine ». Les scientifiques critiqueraient sans nuances les radiodiffuseurs de service public pour leurs reportages sur les identités transsexuelles chez les enfants et les jeunes, impliquant par ailleurs de manière tout aussi peu nuancée qu’il n’y a que deux identités de genre. « Scientifiquement, le texte est au mieux sommaire et unilatéral », selon Döpfner, qui, journaliste de formation, critique des scientifiques ayant un doctorat dans leur discipline. Dans leur contribution à die Welt, ceux-ci se réfèrent au dossier qu’ils ont publié : « L’idéologie au lieu de la biologie dans la radiodiffusion publique ». Un dossier qui, au moyen de nombreuses preuves, documente l’endoctrinement et la propagande de déformation au sujet de faits biologiques — tout particulièrement dans les programmes destinés aux enfants et à la jeunesse . L’appel public qui accompagne le dossier compte de nombreux signataires issus de diverses disciplines scientifiques.
À la direction du dossier figure Alexander Korte, médecin et chef de service à l’Université Ludwig-Maximilian de Munich. Le Dr Korte traite depuis une vingtaine d’années des enfants atteints de dysphorie de genre transsexuelle. Dans de nombreuses interviews, comme récemment dans le quotidien TAZ — « C’est branché d’être trans » — Korte met en garde contre le projet de loi d’autodétermination prôné par la coalition au pouvoir et contre le fait d’alimenter plus encore le battage médiatique transgenre chez les jeunes filles. Comme beaucoup de médecins, il a observé une augmentation exponentielle d’auto-diagnostics transgenres chez les jeunes filles ces dernières années.
Battage médiatique trans
Le battage médiatique trans chez les filles pubères serait un « trouble moderne » remplaçant l’anorexie, observe Korte qui a accompagné des centaines de cas de ce type en tant que médecin traitant. Le message du lobby trans aurait un impact sur des filles mentalement instables, ayant d’énormes problèmes avec leur féminité en développement. Le passage au sexe opposé serait présenté par le lobby trans comme la solution à tous leurs problèmes.
Rééducation idéologique des enfants
Selon Korte, les chaînes de télévision auraient elles aussi une part de responsabilité dans le problème, leurs nombreux formats dédiés à l’enfance et à la jeunesse, « basés sur le message erroné de la polysexualité » faisant du « être trans » un sujet permanent. L’intervention chirurgicale liée au changement de sexe serait décrite comme « simple comme bonjour », les problèmes causés par les bloqueurs de puberté, les hormones sexuelles croisées et par l’ablation chirurgicale des seins et de l’utérus minimisés. « Les conséquences mentalement et physiquement graves et irréversibles de telles mesures ne sont pas du tout décrites ou, au mieux, évoquées en passant », indique l’article, un avertissement au sujet de la « rééducation idéologique des enfants », qui fait aujourd’hui tant de bruit. L’appel des cinq auteurs est clair : « le public doit ouvrir les yeux ». « Il est inacceptable qu’un petit nombre d’activistes sapent la télévision de droit public avec leur idéologie trans et « woke/éveillée », diffusent des aberrations comme vérités scientifiques et nuisent irrémédiablement à la vie de nos enfants et de nos jeunes. »
Mais le lobby trans «woke/éveillé» est la nouvelle puissance dans l’Allemagne arc-en-ciel. Le Groupe Springer en ressent maintenant les effets — ce qui se traduit par la mention succincte de Döpfner dans son courrier que, « le salon de l’emploi dédié aux queers, Sticks & Stones, organisé par le groupe Uhlala, a exclu comme participant la société Axel Springer pour cette année. »
Twitter-Ulf-Poschardt bezeichnet Anti-Trans-Beitrag in @Welt als „auftakt zu einer debatte, die wir ebenso breit wie offen führen werden“.
LinkedIn-Ulf-Poschardt macht sich Anti-Trans-Beitrag zu eigen und fordert Union und FDP dazu auf, für Reform von ARD und ZDF zu kämpfen. pic.twitter.com/HWmhVlHrt5
— Stefan Niggemeier (@niggi) June 2, 2022
Springer à plat ventre devant les queers
Döpfner, qui s’est appliqué à dénigrer la contribution des scientifiques comme « superficielle, condescendante et pleine de ressentiment » et à accuser les biologistes et médecins réunis d’avoir « une attitude réactionnaire », n’a laissé aucun doute sur le fait que lui-même, et donc Springer dans son ensemble, serait du côté des bons et des tolérants : Pour tous ceux qui se sentent faire partie de la « communauté LGBTIAQ* », la contribution des universitaires serait « blessante et insupportable ».
Un prix Pride Champion Gold
Ce qui a suivi la prosternation de Döpfner devant le lobby queer est susceptible d’être une supplication unique dans l’histoire du groupe : en raison d’une seule contribution d’auteurs externes, « près de 18 000 employés de l’entreprise seraient tenus solidairement responsables », a déploré le PDG. Le Groupe Springer a « été l’une des toutes premières entreprises à soutenir ce salon depuis 2010 », écrit Döpfner.
L’exclusion de Springer à ce salon de l’emploi est évidemment d’une importance conséquente. Le groupe Uhlala, qui non seulement organise le salon, mais conseille également des entreprises telles que Microsoft, Coca Cola, Google et SAP dans leur « LGBTIQ+ Diversity Management » et décerne le prix Pride Champion Gold aux entreprises particulièrement conformes, est un exemple montrant que « trans » et « queer » sont synonymes d’un chiffre d’affaires se comptant en milliards de dollars auquel correspond une influence politique proportionnelle.
Springer a son propre réseau LGBTIAQ*
Döpfner ne craint pas en fait d’être exclu d’un quelconque salon de l’emploi, mais de prendre de plein fouet la force de la « cancel culture/culture de l’annulation » — et cela, « bien que plus de 800 employés soient impliqués dans le réseau mondial LGBTIAQ* du Groupe Springer », et bien que l’entreprise, comme peu d’autres, « ait non seulement accepté différentes identités sexuelles et modes de vie pendant des années, mais les ait même expressément promus ». Des zones de sécurité et des toilettes « tous genres » seraient la preuve de cette « culture d’entreprise profondément libérale ».
Il ne doit pas être facile pour Döpfner de trouver l’équilibre sur cette corde raide : mettre les queers et les trans dans son escarcelle sans s’aliéner pour autant un lectorat hétérogène mais de tendance plutôt conservatrice et bourgeoise. « Notre maison est pour la diversité. Donc aussi et surtout pour la diversité d’opinion » — Döpfner prend donc tout de même fait et cause pour les commentaires inconfortables en général et pour les « souterrains» en particulier. Beaucoup trop de ses lecteurs sont conscients que la question de savoir « comment et quand refuser ou permettre aux enfants de discuter et de prendre des décisions sur les identités de genre fluctuantes » est extrêmement importante et délicate.
Expulsion et exclusion
Un passage du courrier de Döpfner, qui décrit le manque de liberté dans son essence, s’accompagne du courage du désespoir : « L’exclusion entrave non seulement les débats, mais aussi la connaissance et l’évolution. L’exclusion est l’exact opposé de l’inclusion et de la diversité. L’expulsion et l’exclusion ne favorisent ni la tolérance ni la compréhension mais l’intolérance ». C’est d’une ironie presque tragique quand la lutte pour la diversité et l’inclusion, pour la tolérance et la liberté des formes de vie, est menée avec les moyens de l’exclusion, de l’intolérance et du manque de liberté. L’invitation de Döpfner au directeur général d’Uhlala, Stuart Bruce Cameron, pour représenter une contre-position, frise presque la témérité.
Source : Junge Freiheit, 04/06/2022. Traduction : AC