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Pierre Haski

22 juillet 2024

Temps de lecture : 18 minutes
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Pierre Haski

Temps de lecture : 18 minutes

Reporter sans domicile fixe

Pilier du Libération des origines (celui de Serge July), puis pionnier du webjournalisme avec Rue89 qu’il participe à lancer en 2007, Pierre Haski a su habilement mener sa barque tout autour de la planète après une jeunesse marquée par un intense engagement maoïste. Un parcours qui ne dépareille pas lorsque l’on brigue la présidence de Reporters sans frontières, association qu’il incarne dans les médias depuis maintenant deux mandats. Victime successive de la censure du PCC, des ambitions des milliardaires de la presse (Édouard de Rotschild, Claude Perdriel) et des récriminations des trolls (le hacker sioniste Ulcan), le chroniqueur de politique internationale évolue désormais à son aise sur le service public où son conformisme est certain de ne plus être trop bousculé.

Né à Tunis, il y grandit jusqu’à l’âge de 12 ans. Sa famille était déjà présente dans le pays avant l’instauration de la coloni­sa­tion française. Elle vient vivre à Paris en 1965.

Portrait vidéo

Formation

Dans sa jeunesse, Pierre Has­ki est sco­lar­isé au lycée Buf­fon dans le 15e arrondisse­ment de Paris, où il s’illustre par son engage­ment poli­tique et s’impose comme un leader des luttes gauchistes.

Selon Has­ki, le lycée est à l’époque « un endroit très poli­tisé, avec toute une tra­di­tion mil­i­tante. Mau­rice Clav­el y a enseigné ; Jacques Cham­baz, qui est mem­bre du comité cen­tral du Par­ti com­mu­niste, est mon pro­fesseur dhis­toire ; et Blan­dine Bar­ret-Kriegel, à l’époque mao, enseigne la philoso­phie en ter­mi­nale ». Il se retrou­ve par la suite au Lycée Jacques Decours, où il redou­ble sa terminale.

Il cofonde avec Lau­rent Greil­samer et un autre condis­ci­ple LHeb­dro­madaire, un jour­nal lycéen imprimé sur les deniers parentaux. Il obtient son bac en 1972, puis s’envole vers la Tan­zanie pour l’été où vient de s’établir sa mère. Soucieux de tra­vailler aus­si vite que pos­si­ble, il tente le con­cours du CFJ dans la foulée de l’obtention de son bac à la ren­trée 1972 — 1973. Il ressort diplômé du Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (CFJ) en 1974, après avoir suivi une for­ma­tion « agence de presse » en deux­ième année. C’est dans cette pro­mo­tion du CFJ qu’il ren­con­tre sa future femme, Chris­tine Chombeau, qui sera cor­re­spon­dante du Monde en Afrique du Sud quand le cou­ple y résidera.

Parcours professionnel

1974

Le rédac­teur en chef de l’AFP le recrute en tant qu’opérationnel.

1976

Il est nom­mé directeur adjoint du bureau de l’AFP à Johan­nes­burg en Afrique du Sud. À ce titre, il fait par­tie d’une délé­ga­tion de jour­nal­istes étrangers qui rend vis­ite en 1977 à Nel­son Man­dela dans sa cel­lule de Robben Island. Il avait cou­vert, un an plus tôt, les émeutes de Sowe­to. Quelques années plus tard, le jour­nal­iste sera déclaré inter­dit de séjour en Afrique du Sud par les autorités du pays.

1981

Serge July le recrute à Libéra­tion pour pro­fes­sion­nalis­er son équipe ce qu’il accepte volon­tiers. Par­al­lèle­ment, il est en charge de l’Afrique jusqu’en 1988, année où le même July lui pro­pose de créer la rubrique diplo­ma­tique du quotidien

1993

Il est cor­re­spon­dant à Jérusalem.

1995

Il retourne au siège de la rédac­tion, à Paris, afin de diriger le ser­vice Étranger.

Été 2000

Peu à l’aise dans des postes de direc­tion, il souhaite rede­venir sim­ple jour­nal­iste et est nom­mé en Chine, où il com­mence, à la demande du rédac­teur du site Johan Huf­nagel, à rédi­ger un blog nom­mé « Mon jour­nal de Chine ». « Suiv­ant l’ex­em­ple de cer­tains con­frères améri­cains, je me suis soudain essayé au Blog (à cette époque, un jour­nal­iste ne savait même pas ce dont il s’agis­sait). Ain­si, je me suis assez rapi­de­ment pas­sion­né pour ce nou­v­el out­il révo­lu­tion­naire, grâce auquel je cor­re­spondais de Chine avec la rédac­tion de Libéra­tion et cela pen­dant toute une année ». Le blog fini­ra par subir la cen­sure du régime chinois.

Jan­vi­er 2006

Serge July lui pro­pose de revenir pour devenir directeur adjoint de la rédac­tion, à l’époque où celle-ci tra­verse des temps dif­fi­ciles avec une sit­u­a­tion finan­cière qui n’est pas au beau fixe. Fort de son expéri­ence de blogueur, il s’évertue à réformer le jour­nal de l’intérieur pour démoc­ra­tis­er l’information ; en vain. Alors que July est évincé par Edouard de Rotschild, devenu action­naire majori­taire du jour­nal, Has­ki sent la fin proche. Elle se présente sous la forme d’un plan social.

2007

Il quitte donc la mai­son Libéra­tion pour fonder le site d’information Rue89, avec Arnaud Aubron, Michel Lévy-Provençal, Lau­rent Mau­ri­ac et Pas­cal Riché. Les deux derniers cités sont égale­ment des ex-cor­re­spon­dants étrangers de Libéra­tion, respec­tive­ment à New York et Wash­ing­ton, et leurs trois indem­nités de licen­ciement à eux trois con­stitueront le cap­i­tal de départ pour lancer le média par­tic­i­patif. L’ambition d’Haski est alors de per­me­t­tre aux lecteurs de pénétr­er dans les couliss­es de l’information afin de recréer un lien de con­fi­ance avec les journalistes.

2011

Claude Per­driel, patron du Nou­v­el Obs, rachète Rue 89 et promet à la rédac­tion l’autonomie au sein de l’hebdomadaire. Les espoirs sus­cités par le rachat se dis­sipent rapi­de­ment : le site d’information est con­traint de quit­ter le Spi­il (Syn­di­cat de la presse indépen­dante d’in­for­ma­tion en ligne) deux ans plus tard, ce qui sus­cite une gronde en interne. Alors que Per­driel est mécon­tent du ren­de­ment de sa nou­velle acqui­si­tion, le pure play­er peine à s’imposer dans le paysage médi­a­tique de l’après-Sarkozy, alors même que le site s’était con­stru­it con­tre cette fig­ure d’opprobre. Cepen­dant, il parvient à con­serv­er tant bien que mal une chronique dans L’Obs.

2017

Déjà mem­bre de son con­seil d’administration, il est élu à la Prési­dence de Reporters Sans fron­tières le 27 juin. Il con­cède toute­fois lui-même que ce poste a une valeur hon­ori­fique et que c’est le secré­taire général, en l’occurence Christophe Deloire (décédé en juin 2024) qui cha­peaute le fonc­tion­nement de l’ONG en interne

2018

Au mois d’août, il se voit pro­pos­er de pren­dre la suite de Bernard Guet­ta, nou­veau député européen LREM, pour la chronique géopoli­tique. L’Ojim avait con­sti­tué à l’époque un flo­rilège de ses citations.

2021

Il est réélu à la prési­dence de RSF.

Parcours militant

Ses années lycéennes sont bercées de mil­i­tan­tisme, surtout dans le haut lieu con­tes­tataire qu’est le lycée Buf­fon.  D’abord mem­bre des Ami­tiés fran­co-chi­nois­es, il est un par­ti­san du mou­ve­ment inti­t­ulé « Vive la Révo­lu­tion » fondé par l’architecte maoïste Roland Cas­tro en 1968. Il fait ain­si ses pre­mières armes au sein de Tout!, le pre­mier, et le seul, jour­nal de masse qu’ait engen­dré le gauchisme français à cette péri­ode. Il s’agit là de sa « pre­mière véri­ta­ble expéri­ence de presse ». C’est de ce mou­ve­ment que sur­gi­ra notam­ment les pre­miers groupes fémin­istes du MLF et les pre­miers mil­i­tants de la cause homo­sex­uelle du FHAR. Il résume cette pub­li­ca­tion comme “un mélange de la pop cul­ture améri­caine, du spon­tanéisme ital­ien et dautres choses ». Il était égale­ment très impliqué dans l’une des branch­es du mou­ve­ment de VLR, le Front de Libéra­tion des Jeunes, mené par Richard Deshayes.

Publications

  • Une terre dou­ble­ment promise: Israël — Pales­tine, un siè­cle de con­flits, Stock, 2024.
  • Liu Xiaobo lhomme qui a défié Pékin, édi­tions Haki­ra, 2019.
  • Année 50. Et si la guerre froide recom­mençait ?, co-écrit avec Farid Abde­loua­had et Pas­cal Blan­chard, La Mar­tinière, 2018.
  • Le droit au bon­heur, Stock, 2017.
  • Inter­net et la Chine, Seuil, 2008.
  • Cinq ans en Chine, Les Arènes, 2006.
  • Israël : Une his­toire mou­ve­men­tée, Milan, 2006.
  • Le sang de la Chine : Quand le silence tue, Gras­set, 2005.
  • Ma Yan et ses sœurs, Ram­say, 2004.
  • Le Jour­nal de Ma Yan : Vie quo­ti­di­enne dune écol­ière chi­noise, Ram­say, 2002.
  • Ben Gou­ri­on, Autrement, 1998.
  • LAfrique blanche, Seuil, 1987.

Interventions

Vie privée

Il résiderait dans le 10e arrondisse­ment de Paris.

Il a eu deux enfants avec Chris­tiane Chombeau : Thomas Has­ki, né en 1980 et respon­s­able du mar­ket­ing chez l’Oréal, et Stéphanie, réal­isatrice et mon­teuse, dont un des pro­jets vidéos fut hébergé sur Rue 89.

Sa sec­onde femme, Lau­ra Ning, est d’origine chi­noise. Con­ser­va­trice bien insérée dans le milieu de l’art, et par­ti­c­ulière­ment l’art con­tem­po­rain asi­a­tique, elle est à la tête de la Mao Ji Hong Arts Foun­da­tion. Elle est dis­crète­ment créditée en tant que pho­tographe dans deux arti­cles rédigées par Pierre Has­ki pour Rue89.

Il a dit

« Je suis donc cloué au lit, mais comme je réside chez un oncle et une tante com­mu­nistes qui pren­nent fait et cause pour les étu­di­ants, je vis inten­sé­ment les événe­ments. Mon cousin, qui est de toutes les man­i­fes­ta­tions, me racon­te des choses incroy­ables et, le reste du temps, je suis tenu en haleine par les directs dEurope n° 1. Bref, c’est un sou­venir mag­nifique : je nai rien fait, mais j’ai tout vécu et, d’une cer­taine façon, tout com­pris », Médi­aMor­phoses. Hors-série, n°4, 2008.

« J’ai voulu être jour­nal­iste très tôt, vers 14–15 ans, je crois. Un de mes oncles était directeur des ventes de Com­bat et j’ai le sou­venir d’avoir vis­ité les locaux vieil­lots du jour­nal, rue du Crois­sant » Ibid.

« Jai très tôt été attiré par linter­na­tion­al. Javais gran­di en Tunisie dont est orig­i­naire mon père, et navais donc pas dattache par­ti­c­ulière en France. C’était en out­re la grande époque du tiers-mondisme, du non-aligne­ment et des luttes de libéra­tion nationale. Une époque exal­tante et exaltée poli­tique­ment », Com­ment je suis devenu jour­nal­iste entre­tien avec Syl­vain Alle­mand, Le Cav­a­lier Bleu, 01/05/2008.  

« J‟ai un sou­venir de la nais­sance de Tout! comme un moment impor­tant, parce que pour un mou­ve­ment d‟avoir un vrai jour­nal, pas seule­ment des tracts et des brochures, on savait que c’etait quelque chose de spé­cial, qui ne ressem­blait pas à la langue de bois des jour­naux gauchistes de l‟époque », cité dans Tout! in con­text 1968–1973:French rad­i­cal press at the cross­roads of far left, new move­ments and coun­ter­cul­ture, thèse de doc­tor­at de Mag­nus McGro­gan soutenue à l’université de Portsmouth en 2010.

« On voit bien que la stratégie du recours à la jus­tice est une manière de faire pres­sion sur nous, qui est incroy­able. A tra­vers nous, cest sou­vent un exem­ple quon veut don­ner aux autres. On vient davoir une nou­velle plainte du groupe Bol­loré. Effec­tive­ment, chaque fois quon par­le du groupe Bol­loré et de lAfrique, il y a une plainte. Je sais quil y a des médias qui refusent aujourdhui d’écrire sur ce groupe parce quils ne veu­lent pas avoir dennuis. Nous on a eu une plainte il y a 15 jours, pour­tant ce matin on a pub­lié un arti­cle sur un rap­port acca­blant sur lattri­bu­tion du port de Conakry au groupe Bol­loré, on con­tin­ue à faire notre tra­vail ! Ce serait de la folie de notre part de nous dire « on ne va pas pub­li­er parce quon a peur dun procè! » Dans ce cas-là, autant fer­mer bou­tique et arrêter », Street­Press, 21/05/2011

« Quand Le Monde crée le Décodex, c’est mal perçu. Pourquoi Le Monde s’ar­rogerait-il le droit de décréter ce qui est bon ou non ? Le Monde a mal jaugé sa place dans l’e­sprit des Français. Mais l’idée est bonne. RSF réflé­chit avec des uni­ver­sités améri­caines à des solu­tions… Il en sor­ti­ra bien quelque chose. 
Le problème, c’est que les algo­rithmes de Google met­tent les fake news au même niveau qu’une inves­ti­ga­tion du Monde de trois mois. Face­book a essayé des trucs. Par exem­ple, si une info était invalidée par deux médias recon­nus dif­férents, alors elle était dégradée. Or il suf­fit de chang­er une vir­gule dans le titre et l’in­fo remonte… Ceci dit, l’idée est là. Ne pas juger de la qual­ité de l’in­fo, mais de sa pro­duc­tion. Est-ce qu’elle a suivi les règles de bases de véri­fi­ca­tion, de recoupe­ment des sources, etc. ? », Brain, 03/07/2017.

« Mais juste­ment, pour avoir vécu comme cor­re­spon­dant en Afrique du Sud à l’époque de lapartheid, je vois un point com­mun entre les deux sociétés : la bonne con­science. Au pays de lapartheid, pen­dant longtemps (plus telle­ment les dernières années), la majorité des Blancs, surtout les Afrikan­ers, avaient la bonne con­science pater­nal­iste de ceux qui pensent agir pour le bien de lautre, y com­pris mal­gré lui. En France, nous sommes tous égaux mais, comme dis­ait Orwell dans La Ferme des ani­maux, cer­tains sont plus égaux que dautres. Et la bonne con­science répub­li­caine nous a per­mis de vivre depuis des décen­nies en accep­tant une société qui pra­ti­quait la dis­crim­i­na­tion à haute dose. Cette hypocrisie arrive à bout de souf­fle », Le droit au bon­heur, Stock, 2017, pp. 215–216.

« Ce con­texte slo­vaque est certes par­ti­c­uli­er, mais il est loin d’être excep­tion­nel. Ain­si, les élec­tions générales prévues en fin dannée en Pologne ne sont pas gag­nées davance pour le par­ti pop­uliste PIS au pou­voir. Dans plusieurs pays, les grandes villes, y com­pris Budapest et Varso­vie, sont pro­gres­sive­ment acquis­es aux idées libérales et pro-européennes, quand le pays reste dirigé par des forces pop­ulistes ou ultra-con­ser­va­tri­ces. Il ny a pas, en tous cas, de bloc pop­uliste mono­lithique à lEst […] Le vote des Slo­vaques mon­tre que lhis­toire européenne nest jamais écrite davance », France Inter, 01/04/2019.

« Reporters sans Fron­tières suit avec atten­tion, intérêt et inquié­tude l’évolution de la presse dans le monde entier et, en par­ti­c­uli­er dans les pays démoc­ra­tiques où il existe des men­aces et des pos­si­bles régres­sions. Il y a eu plusieurs exem­ples récem­ment dans des pays dEurope cen­trale et ori­en­tale où des men­aces réelles ont été exprimées. La République tchèque ne fait pas excep­tion avec notam­ment cer­tains com­porte­ments du Pre­mier Min­istre menaçant directe­ment les jour­nal­istes qui ont choqué et qui ont été dénon­cés par notre organ­i­sa­tion. Donc oui, nous sommes très vig­i­lants parce que si au sein de lUnion européenne, où il y a un pacte démoc­ra­tique liant théorique­ment tous les pays mem­bres, il y a de telles régres­sions, alors cela en dit long sur l’état de la lib­erté de la presse et les pos­si­bles men­aces dans le monde entier », Radio Prague Inter­na­tionale, 30/09/2021.

« Javier Milei a fait une per­cée avec ses propo­si­tions de rup­ture rad­i­cale. Comme dans dautres pays, il a gag­né parce que les électeurs ont choisi une for­mule poli­tique non testée, plutôt que celles qui ont déjà fait leurs preuves, néga­tive­ment ; une aven­ture à haut risque, avec son pro­jet de rem­place­ment de la mon­naie locale par le dol­lar améri­cain, ou le risque de recul sur le droit à lavorte­ment », France Inter, 21/11/2023.

« Mon pre­mier poste à l’étranger, en 1976, lorsque javais vingt-trois ans, fut en Afrique du Sud, à Johan­nes­burg : il ma pro­fondément mar­qué. C’était l’époque de lApartheid. Ce pre­mier poste a lais­sé une mar­que sur tout le reste de ma vie. C’était à la fois une expéri­ence humaine ter­ri­ble de voir la mise en place et les mécan­ismes dun tel système raciste. En même temps, cette expéri­ence ma obligé à appren­dre à me com­porter face à un système dis­crim­i­nant et sanglant. Cette étape a été déter­mi­nante pour le reste de ma car­rière », La Terre en Thiers, 24/03/2024.

Ils ont dit

« La traite des Noirs est un sujet pas­sion­nel ; le plus sou­vent, elle est util­isée à des fins poli­tiques et idéologiques par les médias qui défor­ment sa réal­ité, pra­tiquent toutes les formes d’amalgame, trafiquent les chiffres et maquil­lent les faits. […] Par delà les con­tro­ver­s­es sur les chiffres, nous savons que le vol­ume de la traite atlan­tique, c’est-à-dire européenne, a porté sur un total de 8 à 10 mil­lions de Noirs. Dans ces con­di­tions, com­ment admet­tre les chiffres de Pierre Has­ki (« Quinze à vingt mil­lions ») ? Le décalage est colos­sal entre ses affir­ma­tions et la réal­ité sci­en­tifique », Bernard Lugan, Afrique: L’Histoire à l’endroit, pp.128–129.

« Rue89, écoutez, cest un site dextrême gauche qui a des posi­tions, entre lOLP et le Hamas (…) cest assez irres­pirable, comme site. Enfin, on va pas ren­tr­er dans la psy­ch­analyse, mais (Pierre Has­ki) a véri­ta­ble­ment la haine de lui, cest clair et net (…) Il a une véri­ta­ble haine de lEtat dIsraël, et ça … que voulez-vous que je vous dise, cest psy­ch­an­a­ly­tique, on peut rien faire. Donc, larti­cle est com­plètement absurde », Philippe Karsen­ty, Radio Shalom Cana­da, 10/2010.

« Au pas­sage, on rap­pellera que lexpéri­ence Rue89, média tout aus­si impure-play­er que le précé­dent (et, bizarrement, tout aus­si à gauche poli­tique­ment), sest sol­dé récem­ment par son rachat par un gros groupe jouf­flu à la sol­de du méchant cap­i­tal­isme ce qui na absol­u­ment pas dérangé le trot­skiste Pierre Has­ki, qui a prob­a­ble­ment dû touch­er un petit paquet de brouzoufs au pas­sage, ce qui le met­tra défini­tive­ment à labri du pro­lé­tari­at dont il nous entre­tien­dra pour­tant encore longtemps », H16, Con­tre­points, 06/01/2012.

« Loppo­si­tion entre libéraux et « pop­ulistes » per­met diden­ti­fi­er sans effort les pro­tag­o­nistes de nimporte quel pays. Au saut du lit, cest com­mode : les rela­tions inter­na­tionales ressem­blent à la poli­tique française. À Gdańsk, Prague, Istan­bul, « le sur­saut face aux pop­ulistes vient des villes », sent­hou­si­asme Has­ki au lende­main des élec­tions munic­i­pales turques, qui ont vu la cité du Bospho­re échap­per au par­ti de M. Recep Tayyip Erdoğan (25 juin 2019). Pour plus de con­fort, on passera sur les épisodes gênants, comme le sou­tien de cer­tains « pop­ulistes » hon­nis à la can­di­da­ture de Mme Ursu­la von der Leyen à la tête de lauguste Europe […] Pas­sion­né par la ques­tion des « infox » véhiculées sur les réseaux soci­aux (13 chroniques) et par les méfaits de M. Trump (évo­qués 88 fois), Has­ki na pas daigné con­sacr­er deux min­utes à lune des plus reten­tis­santes infor­ma­tions géopoli­tiques de lannée : la pub­li­ca­tion en févri­er dernier des con­clu­sions du rap­port Mueller, qui réfu­tait, après une longue enquête, lidée dune col­lu­sion entre M. Trump et le Krem­lin pour fauss­er l’élection prési­den­tielle améri­caine. De très nom­breux jour­nal­istes avaient pour­tant repris cette théorie du com­plot avec la foi du char­bon­nier — dont un cer­tain Pierre Has­ki, sur France Inter (17 jan­vi­er 2019) », Le Monde Diplo­ma­tique, 09/2019.

« Cest une chose que la pre­mière radio publique vio­le impuné­ment loblig­a­tion de plu­ral­isme et de neu­tral­ité con­tenue dans son cahi­er des charges. Le CSA sen moque et loppo­si­tion super­fi­cielle de droite na tou­jours pas com­pris ce qu’était le com­bat cul­turel. Mais cen est une autre, quun jour­nal­iste, payé par le con­tribuable français, inter­vi­enne publique­ment dans une chronique radio­phonique en prenant par­ti en faveur de celui qui, dans ligno­rance des audi­teurs qui l’écoutent et lui accor­dent a pri­ori du crédit, lui a octroyé des sub­sides », Valeurs Actuelles, 12/10/2020.

« J’écoute l’émission de sévices publics de Thomas Legrand avec Pierre Has­ki sur la Chine de Mao. Les anciens maoïstes se moquent deux-mêmes de bon cœur. Ils pre­naient les jour­nal­istes cri­tiques de Mao comme des agents de la CIA ah ! ah ! Le cor­re­spon­dant du Monde à Pékin était devenu maoïste ah! Ah!. Et Libé allait être créé avec ces cama­rades là. Mais cest très loin tout ça … ah ! ah! Les pau­vres , ils ne se ren­dent pas compte. Vous rem­placez maoïsme par islam­o­gauchisme ou wok­isme. Et ce sont tou­jours les mêmes. Ils nont pas changé. Tou­jours la même suff­i­sance, la même intolérance. Des mil­lions de morts en plus », Gilles-William Gold­nadel, Twit­ter, 11/12/2023.

Sa nébuleuse

Le comité exé­cu­tif de RSF, com­posé de Lise Blanchet (par ailleurs prési­dente de la com­mis­sion jour­nal­istes de la SCAM), vice-prési­dente, Math­ieu Porte (Prési­dent de l’as­so­ci­a­tion Jets d’en­cre), tré­sori­er, Mike Bergmei­jer (ancien directeur général de Reuters Europe et égale­ment mem­bre d’Amnesty Inter­na­tion­al), Paul Mor­eira (fon­da­teur de l’agence Pre­mières lignes), Mar­tine Ostro­vsky (juriste) et Pas­cal Roux (avo­cat, vice-Prési­dent de l’Organisation inter­na­tionale de droit du développement).

Christophe Deloire (por­trait), secré­taire général de l’association (décédé le 8 juin 2024). D’abord reporter pour Arte et Le Point, il se dis­tingue pour ses reportages con­sacrés à l’entrisme islamiste en France. Directeur du CFJ de 2008 à 2012, il est réputé proche du pou­voir, ce dernier s’attire les foudres des officines d’extrême-gauche pour n’avoir pas réa­gi au vote de la loi con­tre la sécu­rité glob­ale, comme l’expliquait ici l’OJIM.

Lau­rent Greil­samer, ami de jeunesse, futur directeur adjoint du Monde et actuel con­seiller édi­to­r­i­al du 1.

Charles Ender­lin, qu’il a défendu après son reportage con­tro­ver­sé dif­fusé sur France 2.

Lau­rence Bloch, qu’il a con­nu en Afrique aus­trale alors que cette dernière était la cor­re­spon­dante régionale de RFI et de La Croix.

Pap N’Diaye, à qui il pro­pose d’intervenir sur les ondes de France Inter pour une série doc­u­men­taire dédiée à l’histoire des décoloni­sa­tions africaines. Entretemps, ce dernier est nom­mé Min­istre de l’Education nationale.

Pas­cal Boni­face, directeur de l’IRIS, école de géopoli­tique à laque­lle Pierre Has­ki accorde de nom­breux entre­tiens. Il a pub­lié « Géopoli­tique de la Chine » dans sa col­lec­tion chez Eyrolles.

Le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo, qu’il a ren­con­tré à plusieurs repris­es entre 2000 et 2006 lorsqu’il était cor­re­spon­dant en Chine pour Libéra­tion. Il lui con­sacre un livre et un doc­u­men­taire, dif­fusé sur Arte.

En 2015, il est invité à l’Elysée à l’occasion de la récep­tion par François Hol­lande du prési­dent tunisien Béji Caïd Esseb­si. Par­mi les con­vives, des per­son­nal­ités juives tunisi­ennes plus médi­a­tiques telles que Michel Bou­je­nah ou issues de la bonne société de l’époque Bour­gui­ba comme la jour­nal­iste Sonia Mabrouk.

Elio Comarin, jour­nal­iste ital­ien qui fut l’ancien respon­s­able de la rubrique africaine de Libéra­tion avant qu’Haski ne lui suc­cède. Il sera nom­mé par la suite prési­dent du Cen­tre européen de Journalisme.

Pho­to : Pierre Has­ki au Salon du livre de Paris en 2014. Crédit : Actu­aLit­té (CC BY-SA 2.0)

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