C’est un passage télévisé qui semblait embarqué vers un simple raté et qui s’est soldé par un fiasco : dans Télé Matin du 5 septembre 2022, à l’occasion de l’émission matinale de France 2, la chroniqueuse Alexandra Pizzagalli a tenté de faire de l’humour à propos de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016. Sans talent et sans gêne, elle est passée à côté de son sujet.
Une matinale manquée à tous points de vue
86 morts et 458 blessés. L’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a été le plus meurtrier en France après les attentats du 13 novembre 2015 de Paris. L’auteur, Mohamed Salmene Lahouaiej-Bouhlel est un Tunisien de 31 ans qui a fait allégeance à l’État islamique. Un sujet grave que la chroniqueuse Alexandra Pizzagalli a tenté d’aborder avec humour. L’exercice est complexe, certainement un peu trop pour une première dans une émission en direct. La séquence est gênante et même choquante, à considérer le point de vue des familles des victimes.
Attentat de Nice: la séquence humour qui ne passe pas https://t.co/abKmgeeBPH pic.twitter.com/7ZHbK9he9R
— Nice-Matin (@Nice_Matin) September 5, 2022
Après un faux départ dû à un problème de prompteur, Alexandra Pizzagalli a tenté de dresser un portrait humoristique de l’auteur de l’attentat mais tout sonne faux. La succession de blagues sur le code de la route que n’aurait pas respecté le djihadiste ou sur le parcours de celui-ci est mal amenée. C’est aussi l’occasion pour la chroniqueuse d’égratigner « l’extrême-droite » qui serait déçue du profil, à savoir un homme qui boit de l’alcool et mange du saucisson.
Alexandra Pizzagalli : petite bourgeoise parisienne qui se rêve en comédienne
Le sketch, déplorable, sera d’ailleurs interrompu : choix de la télévision publique de censurer les âneries qu’elle produit ou intervention trop longue ? Le mystère demeure mais la principale intéressée penche pour la seconde option évoquant d’ailleurs la « bienveillance » des équipes télés, le tout ponctué de smileys infantiles… Le “replay” de la séquence est cependant indisponible sur le site de France 2.
Les journalistes présents en plateau se garderont pour leur part de rire pendant la séquence, probablement pour s’éviter d’avoir à se justifier face à un potentiel scandale comme cela fut le cas avec Marc-Olivier Fogiel lors du sulfureux passage de Dieudonné sur son plateau en 2003.
Gros malaise dans Télématin, ce matin, pour la première de l’humoriste Alexandra Pizzagalli qui se fige en plein direct quand son prompteur tombe en panne — Vidéo #telematin #bug #malaise #france2 #AlexandraPizzagalli https://t.co/KiDbpR3XUq
— Jean Marc Morandini (@morandiniblog) September 5, 2022
Selon Nice-Matin, certains journalistes lui auraient d’ailleurs suggéré de « revoir sa copie » avant le passage… Après la publicité, la chroniqueuse tentera de se rattraper de manière un peu pathétique, se disant être « corps et âmes » avec les familles des victimes, les proches et les niçois. C’est donc un sacré faux départ pour Alexandra Pizzagalli, jeune “humoriste” née en Bretagne en 1988 et qui a grandi dans le très huppé huitième arrondissement de la capitale. Passée par le prestigieux Cour Florent, auquel elle fait une vilaine publicité, elle avait déjà côtoyé la scène pour un « one woman-show » intitulé C’est dans la tête et pour lequel elle fera une petite tournée en Europe francophone. Ses sujets de prédilection tournent d’ordinaire autour du thème de la femme (la cocue, la femme enceinte, l’avortement…) avec des blagues généralement peu provocantes et pas franchement drôles. Disponibles en ligne, ses spectacles sont assez vulgaires et son ton surjoué tente de combler le vide des textes. La provocation majeure de son “œuvre” résidait jusqu’à présent dans un sketch diffusé sur la radio Rire et chansons où elle évoqua la supposée homosexualité d’Emmanuel Macron.
Petite étoile d’un petit milieu, elle a été lauréate de quelques prix (festival de Mâcon, festival national des humoristes de Tournon-sur-Rhône, Prix de la presse au festival de Lyon Gerson) et cultive un conformisme bon teint qui devrait séduire dans les très blanches et très antiracistes rédactions parisiennes.