Dimanche 25 septembre 2022 avaient lieu des élections législatives en Italie. Les partis de droite sont arrivés largement en tête. Cela devrait aboutir à la formation d’un nouveau gouvernement dont la présidente du parti Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, pourrait être le premier ministre. Le résultat des urnes déplaît fortement à une large partie de la caste médiatique française, AFP en tête, et elle ne manque pas de le faire savoir. Revue de presse.
Avant le scrutin, Ursula Von der Leyen menaçante
Les élection législatives organisées le 25 septembre n’ont pas été un scrutin comme les autres. Le fait que l’un des partis politiques de la coalition de droite, Fratelli d’Italia, ne soit pas aligné sur les dogmes « progressistes » de l’Union européenne – immigrationnisme, promotion outrancière des minorités sexuelles et ethniques, de l’avortement, etc. – est mal accepté par l’oligarchie bruxelloise. Un agacement d’autant plus palpable que Fratelli d’Italia était avant l’élection porté très haut dans les sondages.
Quelques jours avant le scrutin, Radio Geneva nous informait que la présidente de la commission européenne lançait un avertissement aux électeurs italiens dépourvu de toute ambiguïté :
« Nous verrons le résultat du vote. Si les choses vont dans une direction difficile, nous avons des outils, comme dans le cas de la Pologne et de la Hongrie ».
Cela amenait l’un des leaders de la coalition de la droite italienne, Matteo Salvini, à demander des excuses ou la démission d’Ursula Von der Leyen, rapportait La Libre Belgique.
Si certains ont critiqué de façon à peine voilée par anticipation le choix démocratique des Italiens, d’autres se sont chargés d’effrayer le brave citoyen. Les médias français de grand chemin ont joué un rôle actif dans ce domaine.
Ainsi, Nice-Matin choisissait avant l’élection avec beaucoup de soin une photo de Giorgia Meloni le bras levé pour illustrer une « possible victoire historique » de « l’extrême droite italienne ».
Mais tant la présentation inquiétante du leader de Fratelli d’Italia que les paroles menaçantes de la présidente de la commission européenne n’ont visiblement eu aucun impact sur le choix des électeurs italiens. France Info nous informait le soir du 25 septembre que « le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni (est) en tête, sa coalition avec la droite créditée de plus de 40% des voix ».
50 nuances de fascisme
Le jour du scrutin, à un peu plus de 23h, l’AFP distribuait déjà les éléments de langage aux médias de grand chemin. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne se singularisent pas par leur nuance :
« Élections en Italie: le parti post-fasciste de Giorgia Meloni (est) en tête (sorties des urnes) ».
Bigre, le Duce au pouvoir entre 1925 et 1943, Benito Mussolini, se serait-il réincarné en femme ?
Aucun doute sur la pertinence de cette référence historique ne semble effleurer de nombreux médias français, qui reprennent à l’unisson ce qualificatif : 20 minutes, TFI, Euronews, etc. tous y vont du « post fascisme » !
Pas de post-stalinisme mais…
Il est vrai que l’encyclopédie en ligne du politiquement correct, Wikipédia, est à l’avant-garde pour fournir au clergé médiatique des motifs de disqualification. Le site répertorie ainsi la théorie du « post-fascisme » :
« Le terme post-fascisme renvoie à une phase politique au cours de laquelle les partis de type fasciste ou néofasciste mènent un processus de révision idéologique et stratégique qui les conduit à abandonner la perspective totalitaire pour ouvrir un dialogue avec les forces de la droite traditionnelle modérée ou conservatrice. (…) Aujourd’hui, le principal représentant de ce courant est le parti Frères d’Italie, fondé par d’anciens militants de l’Alliance nationale et dirigé par Giorgia Meloni ».
On cherche par contre vainement sur Wikipédia une définition du post-maoïsme, du post-stalinisme, etc…Comprenne qui pourra, les stigmates du passé n’ont pas tous la même persistance, visiblement.
Jean-Yves Le Gallou fait sur Twitter une mise au point opportune :
L’expression “post fasciste” vient de Gian-Franco Fini, héritier du MSI qui avait rompu avec son héritage historique dès le début des années 90! Avant de devenir ministre, vice-ministre et président de la chambre des députés. Filiation douteuse.@gabriellecluzel @EugenieBastie https://t.co/ej8y6ROIMP
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) September 26, 2022
Julien Dray montre que, même à gauche, on peut avoir une certaine clairvoyance :
Désolé mais les mots servent à comprendre le réel …Soit on est fasciste soit on l’est pas … donc le post fascisme ne veut rien dire ou sinon l’incompétence a comprendre le réel .!
— Julien Dray (@juliendray) September 26, 2022
À l’incompétence, ne pourrait-on pas ajouter la mauvaise foi et la manipulation des médias de grand chemin ? Chacun se fera son jugement.
L’entreprise de disqualification continue sur BFMTV. Flora Ghebali est dans un « coup de gueule » également très créative : elle évoque le « néo-fascisme » de Giorgia Meloni. Son jugement est définitif : « Il y a un vent fasciste qui souffle sur l’Italie ». La preuve ? « elle fait passer des idées qui sont complétement fascistes, hein ? ». Mais, bien malgré elle, son argumentation sur les réserves de Giorgia Meloni vis-à-vis du lobby LGBT, de l’avortement, son refus de l’immigration de masse et de l’islamisation de son pays dessert plus qu’il ne sert l’exposé de l’invitée de BFMTV.
😤 Le coup de gueule de Flora Ghebali (@floraghebali)
🗣 “Il y a un vent fasciste qui souffle sur l’Italie” pic.twitter.com/mKKigSBKpS
— BFMTV (@BFMTV) September 25, 2022
Clément Weill-Raynal réagit sur Twitter :
Pourquoi la droite populaire italienne est-elle qualifiée de postfasciste ? Curieusement, je n’ai jamais lu dans @lemondefr que les Parti communistes européens sont “poststalinien” ou que l’extrême-gauche est “postmaoïste” ou “postpolpot”. La ficelle est quand-même un peu grosse. https://t.co/fdHDDm6Qf4 pic.twitter.com/fKWbieBtBN
— Clément Weill-Raynal (@CWeillRaynal) September 25, 2022
L’éditorialiste de LCI Renaud Pila n’est également pas avare en références historiques. Celle qu’il emploie pour évoquer la victoire de la droite conservatrice en Italie est-elle le fruit du hasard ?
Si ces résultats se confirment, Fratelli d’Italia et la Ligue remportent ensemble “le pourcentage le plus élevé de votes jamais enregistré par des partis d’extrême droite dans l’histoire de l’Europe occidentale de 1945 à auj”, relève le Centre italien d’Etudes électorales #AFP
— Renaud Pila (@renaudpila) September 25, 2022
La 2ème guerre mondiale n’est jamais très loin, on commence à comprendre…
Post-fascisme, néo-fascisme, vent fasciste qui souffle sur l’Italie : le clergé médiatique français aime se faire peur en pratiquant le reductio ad hitlerum de façon compulsive. Il en tire un double bénéfice : un sentiment du supériorité morale et le fait de ne pas avoir à s’interroger sur les causes réelles du choix de nombreux électeurs, en Italie comme ailleurs.
Nous laisserons la conclusion à Maximilien Montel :
Les belles âmes vont crier au fascisme. Ils n’ont toujours rien compris. Ils n’ont toujours pas compris que les peuples veulent avant tout la sécurité, la préservation de leur identité et donc la fin de l’immigration massive. #Meloni #Italien
— Maximilien Monteil (@M_Monteil) September 25, 2022