Un « beau mec » dans un costume trop grand ?
Présentateur remplaçant des journaux télévisés sur France 2, Julian Bugier est né en 1981 à Blois (Loir-et-Cher). Son père, Jacques Bugier, journaliste indépendant, a collaboré notamment pour le quotidien Le Monde et La Nouvelle République. En parallèle, Jacques Bugier a travaillé en 2001–2002 comme chargé de mission au sein du cabinet de Jack Lang, avant d’être membre de l’équipe de campagne de candidat François Bayrou à l’élection présidentielle de 2007 et rédacteur en chef du site France Démocrate (association créée « dans la foulée du lancement du Mouvement démocrate » de François Bayrou) de 2006 à 2009.
Formation
DEUG d’éco non validé, il part à l’âge de 19 ans en Grande-Bretagne, travaille d’abord comme stagiaire pour la chaîne économique Bloomberg TV avant d’être engagé pour réaliser des reportages sur l’actualité économique et de présenter des journaux.
Parcours professionnel
2005 à 2009 : Participe au lancement de la chaîne d’information en continu BFMTV (présentateur du journal de l’économie et des journaux).
2009 à 2011 : Il rejoint la chaîne d’information en continu i>Télé afin de présenter « La matinale du week-end ». En septembre 2010, il prend en charge une nouvelle tranche horaire du lundi au vendredi entre 17h et 19h avec Sonia Chironi et la participation de Robert Ménard, puis entre 17 h et 20 h à partir de novembre 2010 et la suspension de l’émission d’Audrey Pulvar.
2011 : Il devient sur France 2 le remplaçant de Laurent Delahousse à la présentation des journaux de 13 heures et de 20 heures du week-end puis joker de David Pujadas, à la présentation du journal de 20 heures en semaine sur France 2. À partir de janvier 2012, il présente un programme court, intitulé « Élysée-moi » du lundi au samedi à 19 h 55 juste avant le journal sur France 2.
Dès juin 2014, il présente les émissions estivales « C’est l’économie cette semaine » et « C’est l’économie demain » sur Europe 1. À la rentrée suivante, France 2 le charge de présenter les soirées continues (téléfilm inédit suivi d’un débat) en remplacement du défunt Benoît Duquesne.
Le 27 mai 2015, lors de l’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, il présente l’émission spéciale de France 2 Quatre résistants au Panthéon avec comme consultants à ses côtés Stéphane Bern et Nathalie Saint-Cricq.
Julian Bugier s’est vu attribuer, en plus des remplacements en semaine, ceux des journaux du week-end entre mars et juillet 2015 en raison de la grossesse de Marie Drucker.
À partir du 5 septembre 2015, il présente un magazine hebdomadaire de consommation, Tout compte fait le samedi à 14 h 40 sur France 2. Il dit au sujet de cette émission (TéléObs 09/7/2016) : « Les retours des téléspectateurs sont très bons, les enquêtes qualitatives, positives, et l’horaire de l’émission a été avancé de quarante minutes, ce qui est un gage d’intérêt de la chaîne. L’émission est reconduite à la rentrée et j’en suis ravi car c’est mon bébé, je l’ai créée de toutes pièces, j’en suis le présentateur mais aussi le rédacteur en chef ».
Juillet 2017 : Pris au dépourvu par la nomination d’Anne-Sophie Lapix qui le condamne à son rôle de joker, il remplace cependant Pujadas, victime sacrificielle de Delphine Ernotte, sur le plateau de Cellule de Crise, émission consacrée à la gestion de crise étatique d’une situation exceptionnelle (attentats terroristes de 2015, catastrophe de Fukushima, affaire du lait contaminé).
2018 : Il anime l’éphémère émission de débats Questions directes sur France 2 entre mars et mai 2018. Il a toutefois l’occasion de présenter les grandes messes télévisuelles que sont la cérémonie du 14 juillet ou les Victoires de la Musique la même année.
2020 : Après deux brefs passage sur la radio en 2013 et 2014, il anime la tranche 18–20h de la station pendant un an.
2021 : Après 9 ans d’attente, il devient le présentateur titulaire du journal de 13h en janvier suite au revirement de l’autre joker Marie-Sophie Lacarrau, cette dernière ayant opté pour le 13h de TF1 et la perspective de succéder à Jean-Pierre Pernaut. Préoccupé par la prise de pouvoir de Bolloré au sein d’Europe 1 ainsi que par le rythme médiatique de la présidentielle qui se profile, Bugier préfère renoncer à son émission radiophonique et se consacrer essentiellement au 13h de France 2. En outre, il devrait être aux commandes de « J’ai une idée pour la France », une émission où des propositions venues de l’étranger ou bien expérimentée en régions seront débattues par un jury citoyen et soumises au vote des téléspectateurs.
Parcours militant
Il n’est pas encarté, et se tient à une ligne « républicaine modérée » (Libération, 3 septembre 2015). Il affirme aussi, après l’interview : « je suis à 100 % pour le mariage gay ».
Le journaliste s’est déclaré publiquement en faveur du congé paternité. Il fait partie des dix personnalités qui s’associent à l’appel de Marie Claire pour étendre la durée légale du congé paternité. « Moderne et engagé pour l’égalité homme-femme, le beau trentenaire avait en effet tenu à prendre les onze jours légaux de congé paternité après la naissance de ses petits afin de “permettre à Claire de se reposer”. Il souhaiterait d’ailleurs que la durée de ce congé soit allongée : “Nous sommes en retard, les clichés ont la vie dure dans notre pays.” » (PurePeople)
Ce qu’il gagne
Selon Libération, en tant que joker des présentateurs de France 2 il ne gagne « pas plus de 5000 € par mois » ; son émission Tout compte fait lui apporte cependant des revenus supplémentaires. Son salaire aurait possiblement doublé depuis sa titularisation car Élise Lucet gagnait 12 000 € par mois lorsqu’elle présentait le 13h quelques années auparavant.
Vie privée
Père de deux enfants, Lucien (8 ans) et Gabrielle (6 ans), Julian Bugier évolue à la ville au bras de sa consœur Claire Fournier, avec laquelle il s’est marié à Tahiti.
Sa femme a débuté sa carrière sur BloombergTV et a ensuite officié sur i>Télé dans Le Journal de l’économie en tant que rédactrice en chef. Après un passage sur France 5 dans C’est notre affaire de 2008 à 2013, elle est revenue sur i>Télé pour parler d’économie. Depuis 2017, Claire Fournier est sur LCI, où elle assure les chroniques économiques de la matinale de Pascale de la Tour du Pin.
Il l’a dit
« Je quitte donc, à regret, la radio à la fin de la saison. Je sais que la situation est tendue, difficile, avec de l’inquiétude et de l’incertitude du fait du changement de l’actionnaire et de la mutualisation avec CNews. Je crois que ce n’est pas l’histoire d’Europe 1 de devenir une radio d’opinion », Le Figaro, 14/07/2021.
« Éric Zemmour ne sera pas sur mon plateau, Alain Finkielkraut non plus. Ce n’est pas une histoire de camp, affirme-t-il. Il y en a juste marre de ces éditocrates qui monopolisent la parole et assènent toujours les mêmes vérités. », Les Inrocks, 26 mars 2018.
« Je me place toujours du point de vue du spectateur, et pas celui du spécialiste. Or, l’écueil des journalistes politiques c’est de vouloir faire des interviews de spécialistes. Moi, je suis le petit gars qui a grandi à Blois et qui aujourd’hui interviewe le président de la République. Je pense à mes amis, ma famille et je me demande quelles questions ils se poseraient. », Ibid.
« Je n’ai jamais caché mon ambition, alors il y a forcément une forme de déception. Il y a quelques années, je pense que je n’aurais pas pu prétendre remplacer David. Ce que j’ai construit durant ces six années à France 2, au journal, mais aussi à la présentation de magazines, de soirées continues, d’éditions spéciales, me donne une légitimité. », sur la nomination d’Anne-Sophie Lapix, Le Figaro, 6 juillet 2017.
« À France Télévisions, j’ai appris la patience, un gage d’expérience. Comme en politique, il faut savoir attendre le bon moment. Oui, j’ai envie d’occuper ce poste et je me sens légitime pour le faire, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années », TéléObs, 9 juillet 2016.
« J’aime faire des rencontres, je suis curieux, je m’intéresse à tous les sujets d’actualité. Choisir un angle ou une image pour raconter l’info, c’est une forme d’éditorialisation, c’est ce qu’on fait tous les soirs dans nos journaux. J’ai envie de délivrer l’information telle que je la perçois et telle que je pense qu’elle peut intéresser le plus grand nombre de téléspectateurs.La fabrication de l’info me plaît et m’excite. Et puis c’est un métier d’engagement, il faut se nourrir en permanence, sortir de son plateau pour aller humer l’état de la société française et l’état de la planète », ibid.
« Je pense qu’il y avait clairement un angle de départ : le service public perd de son audace et de sa singularité, et moi, je suis devenu, l’espace d’un portrait, l’incarnation de cette perte de singularité », ibid. au sujet du portrait que Libération lui a consacré le 03/9/2015
« Je suis un peu hors cadre, autodidacte, ce qui est plutôt rare dans ma génération et j’en suis assez fier. Et puis je fais partie de cette génération de journalistes trentenaires “anti-connivence” issus, pour beaucoup, des chaînes d’info en continu, et relativement indépendants par rapport aux politiques et aux pressions diverses », ibid.
« Les gens cravatés avec des objectifs de rentabilité et des tableaux Excel, ce n’est pas ma came. Tout cela renforce ma conviction que le service public est l’endroit où ça se passe en termes d’indépendance », ibid. (au sujet d’i>Télé).
« L’infamante Une de Minute sur Christiane Taubira. Honteux et franchement indigne de notre République. » Ozap, 26 décembre 2013
« Je ne suis pas d’accord avec vous Robert [sur la peine de mort]. Rien ne justifie qu’on enlève la vie, à mon sens, merci Robert » « L’info sans interdit » (i>Télé, 15 décembre 2012).
« Ça amenait forcément une réponse de notre part : un parce que Robert Ménard fait du Robert Ménard en disant ce qu’il pense [sur la peine de mort], il a le droit de le penser mais, dans ce cas précis, il m’apostrophait par mon prénom puisqu’il a dit “Julian – virgule”, donc sous-entendu “Je te demande ton avis Julian Bugier” ; et deuxièmement, étant quand même estampillé éditorialiste de la chaîne, ça pouvait laisser penser que ce qu’il disait à ce moment précis, de par notre silence, était validé et adoubé par les présentateurs de la chaîne. Après, tout ça s’est fait très rapidement, je ne me suis pas posé toutes ces questions au moment où je lui ai répondu mais il n’y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard. », « Julian Bugier : “J’ai envie qu’on me juge sur mon travail” » (Ozap, 27 janvier 2011).
« Sur le moment, j’ai été 1/ Assez surpris, 2/ Flatté et après, 3/ Je me suis rendu compte qu’on ne me parlait plus que de ça. Ouais, dans le fond, le truc de Têtu [élu plus beau mec du PAF par le magazine gay Têtu] m’a un peu gonflé », « Julian Bugier: “Plus beau mec du PAF? Ca m’a un peu gonflé” » (jeanmarcmorandini.com, 13 juin 2011).
« Travailler au sein d’un grand groupe comme France télévisions est un challenge. Il y a une super-rédaction, dont j’admire le travail. Je trouve les JT plus audacieux que ceux de la concurrence, les choix sont assurés et cohérents, donc je n’ai pas hésité », « Julian Bugier: “Le JT le plus audacieux” » (TVmaglefigaro, 22 juillet 2011).
« La star ce n’est pas moi, la star c’est l’info », Technikart, juin 2011.
Collaboration
Non renseigné.
Sa nébuleuse
Thierry Thuillier : Julian Bugier est le protégé de cet ancien responsable de la rédaction de la chaîne d’information en continu i>Télé (2008 à 2010), et désormais directeur général adjoint chargé des rédactions et des magazines d’information de France Télévisions. Depuis mars 2011, Thierry Thuillier est également membre du Comité Permanent de la Diversité.
Marc Cantarelli, qui l’embauche à Bloomberg TV à Londres. « En 2005, contre l’avis de son père, il suit son nouveau mentor à Paris, accompagné de quelques membres de la bande à Bloomberg. Parmi eux, sa future femme, Claire Fournier, de huit ans son aînée et aujourd’hui présentatrice sur i‑Télé. Ils lancent alors BFM TV, chaîne de l’instant, à laquelle personne ne croit vraiment » (Libération 03/9/2015)
Pascal Doucet-Bon, directeur délégué de l’information de France Télévisions.
Ils ont dit
« J’aime beaucoup Julian, il a beaucoup de talent, mais nous ne sommes pas toujours d’accord, voilà tout. C’est aussi cela le pluralisme de l’info », Robert Ménard.
« Il incarne la toy-boyisation de l’info », Technikart, juin 2011
« entre deux coupures pub il pianote studieusement sur son clavier, prêt à débusquer le moindre hoquet phénoménal pour le transformer en breaking news », ibid.
« “C’était le poulain de Thierry Thuillier (ex-directeur de la rédaction) à i‑Télé. C’est normal qu’il l’ait fait venir à France 2, mais c’est l’arnaque du siècle !”, s’insurge une ex-collaboratrice de Bugier. Elle poursuit : “Julian n’est pas meilleur qu’un autre journaliste de chaîne d’info en continu. Il a juste un physique avantageux. En plus, il a une très mauvaise gestion du direct. On ne peut pas dire qu’il soit très à l’aise à l’antenne. Franchement, le costume est un peu trop grand pour lui. Malheureusement, ce n’est pas le talent et les capacités qui font le succès.” », « Julian Bugier : Le nouveau poulain de France 2, descendu par ses ex-collègues » (Purepeople, 06/08/2011).