Suite à la publication de deux articles du Progrès relatifs à la séance houleuse d’un conseil municipal de la ville de Givors, commune de 20 000 habitants au Sud de la métropole de Lyon tenue par le maire d’extrême-gauche Mohamed Boudjellaba sous étiquette EELV, l’alerte est lancée le samedi 3 décembre 2022 par un élu d’opposition divers droite. Fabrice Riva, chef du groupe Givors Fière qui, sans étiquette, a rassemblé aux dernières élections toutes les sensibilités de la droite givordine sur sa liste, publie à la mi-journée un message alarmiste sur le réseau social Facebook. Le traitement médiatique réservé par la presse quotidienne régionale, en l’occurrence le journal Le Progrès, des incidents qui ont émaillé la séance du conseil municipal du 1er décembre à Givors, apparaît comme « irresponsable », selon les termes de Fabrice Riva, « quand on sait que l’assassinat du professeur Samuel Paty avait été précédé par les mêmes procédés ».
D’un lynchage à l’autre
L’allusion est lourde de sens et peu flatteuse pour Le Progrès, puisqu’elle désigne le lynchage, sur les réseaux sociaux, de ce professeur d’histoire de Conflans-Sainte-Honorine qui avait été sans aucun fondement accusé de racisme et d’islamophobie par les parents d’une élève affabulatrice, lâché par sa hiérarchie et ses collègues, avant de voir les accusations contre lui relayées par la mosquée locale ainsi qu’un média communautariste et complotiste, puis d’être sauvagement assassiné par un islamiste tchétchène, le 16 octobre 2020. Que s’est-il donc passé à Givors pour provoquer une aussi grave accusation ?
Un maire d’extrême-gauche qui se livre régulièrement à l’apologie d’un mouvement raciste
La chronologie des faits commence par la publication, le 9 novembre 2022, d’un article de L’Incorrect qui, explorant l’hypothèse de la haine de la France comme facteur ayant pu contribuer à l’assassinat de l’adolescente Lola, accorde un long développement au cas de la ville de Givors. On y apprend notamment que « le maire, Mohamed Boudjellaba, élu depuis juin 2020 et lui-même d’origine algérienne, mène une politique culturelle et mémorielle assez singulière qui concentre tous ses efforts sur l’apologie continuelle du FLN et la dénonciation de la colonisation française et de ses crimes supposés. Tout y passe : inauguration d’une rue au nom de Gisèle Halimi, avocate des poseurs de bombes du FLN, cérémonie d’hommage aux victimes du massacre de Sétif, baptisée « l’autre 8 mai 45 », discours à l’orientation clairement pro-FLN lors des cérémonies du 19 mars, invitation d’historiens militants pro-FLN, comme Benjamin Stora, en conférence pour n’y évoquer que les crimes dont le FLN accuse la France et invention d’une « cérémonie du 17 octobre » et de son supposé massacre. »
Présence d’un représentant du consulat d’Alger à Lyon lors de cérémonies officielles
Rien, sans doute, qui ne soit déjà connu des Givordins et de leurs élus. Mais l’article de L’Incorrect soulève surtout un point juridique important, qui avait peut-être jusque-là échappé à nombre d’acteurs locaux, à commencer par le maire d’extrême-gauche lui-même : « La présence, à cette occasion, d’un représentant du consulat d’Alger à Lyon, comme lors de toutes les cérémonies mémorielles relatives à la guerre d’Algérie organisées à Givors, pose (…) question, compte tenu de l’importance des enjeux mémoriels dans les relations contrastées entre la France et l’Algérie. En effet, la nature des discours pro-FLN et accusateurs vis-à-vis de la France qu’y tient le maire de Givors, en présence d’un officiel algérien, interroge la légalité de son action au regard de l’article 411–5 du code pénal relatif aux intelligences avec une puissance étrangère ou ses représentants, en vue de porter atteinte aux intérêts de la nation. »
De quoi obscurcir l’horizon juridique du maire d’extrême-gauche, déjà chargé avec une bagarre de rue contre un de ses administrés, qui lui vaut un procès en cours, et un dépôt de plainte récent par son opposant divers droite Fabrice Riva, suite à une violation du secret des correspondances. Le maire de Givors, qui entendait apporter son soutien, sur les réseaux sociaux, au député LFI Bilongo connu pour ses amitiés antisémites à Sarcelles et son appui, dans l’hémicycle, aux ONG complices des réseaux de trafic d’êtres humains, n’avait rien trouvé de mieux à faire, pour étayer son propos, que de publier en ligne et sans son autorisation une correspondance privée qu’il avait reçue de l’élu d’opposition Fabrice Riva. Un contexte pesant et susceptible, donc, d’inciter le maire Mohamed Boudjellaba à allumer rapidement un contre-feu médiatique pour tenter de desserrer un potentiel étau juridique.
La pratique de l’inversion accusatoire
C’est dans ces circonstances que le feu aux poudres est mis pendant le conseil municipal du jeudi 1er décembre, lors d’une intervention de Fabrice Riva relative à un programme mémoriel prévu dans les lycées de la ville. Tout en acceptant de voter la délibération proposée par la majorité municipale, dans la mesure où des organismes institutionnels de l’État y sont cette fois associés, l’élu d’opposition s’étonne calmement que le choix du programme se soit encore porté sur le sujet de la guerre d’Algérie sur lequel Fabrice Riva rappelle que le maire en a « fait déjà des tonnes ». Cette simple interpellation suffit à provoquer un déferlement de haine, visiblement préparé, de la part de plusieurs élus de la majorité auxquels le maire donne successivement la parole, avant d’y contribuer de sa personne, non sans oublier d’accuser l’objet de sa haine d’incarner lui-même « la haine », selon la vieille technique de l’inversion accusatoire utilisée de longue date par l’extrême-gauche. À l’époque de la guerre froide, le bloc communiste en avait même fait une spécialité pour viser les opposants politiques, comme en Pologne, où le père Popieluszko fut accusé de diffuser des « prêches de haine » avant d’être assassiné, le 19 octobre 1984, par la police politique communiste du général Jaruzelski. Poussant les artifices rhétoriquesà leur comble, le maire de Givors s’emploie même à agiter un courrier anonyme d’injures racistes qu’il prétend avoir reçu, et accuse sans la moindre retenue son opposant d’en être directement responsable.
Des accusations gratuites relayées in extenso et sans la moindre précaution par Le Progrès
Dès le lendemain, dans deux articles juxtaposant les faits, l’interpellation de l’opposant Fabrice Riva à propos de la guerre d’Algérie et la lettre anonyme raciste que le maire de Givors prétend avoir reçue, Le Progrès restituait sans le moindre filtre d’analyse ni sans la moindre précaution les accusations gratuites du maire de Givors. Sans surprise, dans les 24 heures, une autre rédaction régionale, BFM Lyon, publiait un sujet encore moins précautionneux qui, citant Le Progrès comme source, mettait directement à l’index l’élu Fabrice Riva, derrière le courrier raciste supposément reçu par le maire de Givors. Et ce, bien entendu, sans tenir compte de l’alerte lancée entre-temps sur les réseaux sociaux par le principal intéressé, quant au traitement approximatif et irresponsable du sujet par Le Progrès.
Un maire coutumier des accusations de racisme dénuées de tout fondement
Une rapide recherche sur les différents acteurs impliqués dans les faits aurait pourtant permis aux journalistes du Progrès d’avoir quelques doutes sur le bienfondé et le sérieux des accusations de haine et de racisme portées par Mohamed Boudjellaba alors que, il y a moins d’un mois, l’actualité a déjà été marquée par le cas d’un maire ayant inventé des lettres de menaces imaginaires et même des agressions le visant.
Au-delà de la vidéo intégrale du conseil municipal du 1er décembre qui révèle, chez Fabrice Riva, un calme et une sérénité remarquables face au déchaînement de haine, de mépris et de condescendance de ses adversaires d’extrême-gauche ne maîtrisant visiblement pas les sujets sur lesquels ils s’expriment, il apparait que non seulement cet élu divers droite n’a jamais été surpris à tenir le moindre propos haineux et encore moins raciste mais qu’il est même, à Givors, le seul élu à s’opposer à ce type de comportement, ce qui suscite précisément l’aversion du maire d’extrême-gauche et de ses partisans. En effet, depuis le début du second mandat de Mohamed Boudjellaba, le premier ayant duré un peu plus d’un an jusqu’à l’invalidation de son élection du fait des fraudes massives organisées par ses partisans, Fabrice Riva n’a eu de cesse d’encourager le maire à lever le pied sur sa politique mémorielle monomaniaque ayant pour effet d’attiser la haine de la France par l’apologie continuelle du mouvement raciste et criminel que fut le FLN.
Par ailleurs, les journalistes du Progrès auraient dû être interpelés par le fait que Mohamed Boudjellaba est coutumier des accusations gratuites de racisme, ne reposant sur rien, contre ses adversaires politiques. Ainsi, dans un article du Progrès publié au lendemain de son élection, en 2020, il prétend que c’est parce qu’il s’appelle Mohamed qu’il n’a pas été désigné comme chef de section du parti socialiste, quand il y était adhérent. Dans le même esprit, lors de l’entre-deux tours de l’élection municipale de 2020, alors que des négociations achoppent avec un autre candidat tête de liste avec lequel il envisageait une fusion de liste, Laurent Decourselle, il affirme sur les réseaux sociaux, en pleine campagne électorale, que c’est également parce qu’il s’appelle Mohamed que Laurent Decourselle a refusé une fusion en le laissant tête de liste. À un internaute qui lui demande si son concurrent a vraiment déclaré cela, Mohamed Boudjellaba avoue que non, tout en indiquant qu’il ne voit pas d’autre explication plausible, avouant ainsi involontairement que son accusation de racisme relève de l’affabulation.
Le Progrès relaie sans précaution des accusations non fondées, une mise en danger ?
S’il n’est pas rare qu’un journaliste se livre à un travail approximatif et peu vérifié, surtout si le contenu de son papier confirme ses biais idéologiques, dans le cas présent, la gravité des effets produits par la légèreté de traitement du sujet est réelle, et la comparaison avec le processus ayant précédé l’assassinat de Samuel Paty ne semble pas abusive. Givors est en effet une ville gangrenée par une insécurité que le maire de Givors, en refusant d’armer sa police municipale, l’empêchant ainsi de pouvoir assurer de nuit sa mission de tranquillité publique, ne contribue pas à endiguer. Par ailleurs, le climat de menaces et d’intimidations, par le maire sur les élus d’opposition est tel que l’opposant Fabrice Riva a tenu à le souligner lors du conseil municipal du 1er décembre, en indiquant que Mohamed Boudjellaba avait personnellement appelé ses deux colistières membres du groupe divers droite Givors Fière pour les intimider. L’une d’entre elles ayant adressé, suite à cet appel d’intimidation, un courrier au maire pour démissionner du groupe d’opposition, sans livrer la moindre explication sur ce retrait en séance publique. Par ailleurs, dans cette ville qui a connu ces dernières années plusieurs incidents impliquant l’usage d’armes à feu, l’opposant Fabrice Riva précisait, lors du même conseil municipal, qu’il avait dû déménager sa famille de la ville suite à des menaces, une agression en bande organisée, et un mitraillage sur ses animaux domestiques. Une ambiance qui devrait en effet inciter les journalistes du Progrès à réfléchir un minimum avant de relayer des accusations gratuites et infondées, fussent-elles prononcées par un maire, surtout lorsque ce maire est connu pour avoir traité de « bâtard » un autre élu d’opposition en plein conseil municipal et pour s’être récemment livré à une bagarre de rue contre un de ses administrés…
Claude Chollet, directeur de la publication de l’’Observatoire du journalisme (Ojim) a été convoqué par la Police Judiciaire le 9 novembre à la suite d’une plainte du même Progrès de Lyon. L’affaire est évoquée ici. Vous pouvez nous aider à nous défendre et à continuer à vous informer sur ceux qui vous informent par un don, défiscalisé à hauteur de 66%.