Un énarque militant de « l’éducation aux médias »
Né le 31 décembre 1962 dans le XVe arrondissement de Paris, Pierre, André, Jean Louette est président directeur général du groupe Les Échos – Le Parisien. Énarque, haut fonctionnaire, il a occupé et tient encore des postes clefs dans le milieu de la presse, secteur dans lequel il milite en faveur d’une « éducation aux médias ».
Un ancien haut fonctionnaire en faveur des investisseurs
Estimant que la presse constituait un canal encourageant la participation des personnes aux élections, l’ancien président de l’APIG (et désormais vice-président) s’est prononcé en faveur de l’investissement de grands groupes dans la presse affirmant qu’il était du ressort de « l’intérêt général » et du « devoir citoyen ». Selon lui, la détention de titres par les groupes n’empêche pas les journalistes d’enquêter sur les groupes propriétaires, à partir du moment où cette appartenance est signalée. Par ailleurs, le PDG a récemment dénoncé les « conditions de concurrence déséquilibrées », notamment entre les radios appartenant aux groupes de la PQR et celles des radios publiques. A l’en croire, les revenus totaux des radios privées avoisineraient les 626,2 millions d’euros contre les 629 millions d’euros (hors publicités) pour Radio France. Il s’annonce en ce sens favorable à un plafonnement des recettes publicitaires de Radio France.
Contre les GAFAM
Responsable d’une mission sur les droits voisins au sein de l’Alliance de la presse d’information générale, il mène une bataille contre les GAFAM en faveur du paiement des éditeurs de presse pour l’indexation de leurs articles dans son moteur de recherche. Pour le haut fonctionnaire, cette affaire constituait alors en « une atteinte majeure à la démocratie. Non seulement Google bafoue l’esprit de la loi sur le droit voisin en allant à l’encontre de la volonté des législateurs et en plus il fragilise la presse, indispensable dans une démocratie [...] J’appelle cependant tous les éditeurs à s’interroger sur ces pratiques de Google et à constituer un front uni pour contribuer au respect de la démocratie et à la survie de la presse.» Il publie en ce sens Des géants et des hommes. Pour en finir avec l’emprise des Gafa sur nos vies en 2021.
À la tête du groupe Les Échos – Le Parisien
À la tête du groupe Les Échos – Le Parisien, le PDG entend développer ce conglomérat autour de trois piliers : « la valorisation d’un journalisme de qualité, la création de valeur dans l’univers numérique et la diversification de ses marques vers de nouveaux domaines ». Au début du mois de janvier 2023, il se réjouit des records d’abonnements atteints par Les Échos, atteignant les 100 000 personnes. Il salue à cette occasion la transition numérique vers une « media tech company », qu’il juge réussie par le titre. En décembre 2022, le PDG se voit confronté à la grogne de salariés aspirant à la hausse de ses salaires et envisageant la grève.
Formation
Prix du concours général des lycées (allemand, anglais, sciences économiques).
- Paris – Sorbonne : licence de droit.
- 1984. Diplôme de l’IEP de Paris.
- 1989. Promotion Liberté, Égalité, Fraternité de l’ENA.
Parcours professionnel
1er janvier 1987 – 31 janvier 1989. Élève de l’ENA.
1er février 1989 – 31 juillet 1990. À la Cour des Comptes, il est auditeur de 2e classe.
1er août 1990 – 1er juin 1992. À la Cour des Comptes, il est auditeur de 1ère classe.
1990–1991. Au Centre d’analyse et de prévision du ministère des affaires étrangères, il est consultant externe chargé des affaires allemandes.
1990 – 1992. Il est rapporteur de la commission financière de l’Agence-France-Presse.
1991 – 1993. Il est rapporteur au Conseil de la Concurrence.
1er juin 1991 – 31 mars 1993. Il est chargé de mission auprès de Pierre Arpaillange, premier président de la Cour des comptes, pour la documentation.
2 juin 1992 – 30 novembre 2004. Il est conseiller référendaire à la Cour des Comptes.
1er avril 1993 – mai 1995. Il est conseiller technique à la communication, jeunesse et aux sports, au sein du cabinet d’Édouard Balladur, alors Premier ministre.
1er octobre 1995 – février 1996. Il est secrétaire général de la présidence du Groupe France télévision.
Février 1996 – 1er juin 1996. Il est directeur de la communication du Groupe France télévision (France 2 et France 3).
1er octobre 1996 – février 2000. Il est directeur des activités multimédias d’Havas Advertising.
Mars 1997 – février 2000. Il fonde ConnectWorld dont il devient le PDG.
13 mars 2000 – 1er octobre 2022. Il devient le directeur de l’incubation France et Directeur marketing et communication Monde d’Europatweb dans le groupe Arnault. Il en est ensuite le directeur général adjoint. Il est aussi vice-président de Zebank.
1er octobre 2002 – 1er août 2003. Il est chargé de mission auprès de Bernard Arnault et devient directeur de l’organisation de LVMH.
1er août 2003 – 15 novembre 2003. Il revient à la Cour des Comptes.
15 novembre 2003 – 13 décembre 2005. Il est directeur général de gestion de l’AFP, en service détaché.
2 décembre 2005. Il est candidat à la présidence de l’AFP, poste pour lequel il est élu à 12 voix au premier tour le 13 décembre 2005.
13 décembre 2005 – 14 avril 2010. Président-directeur général de l’AFP.
Septembre 2007 – avril 2010. Président de la Fondation AFP.
12 décembre 2008. Réélection à la tête de la présidence de l’AFP.
6 avril 2010 – 1er novembre 2011. Chez France Télécom, directeur exécutif chargé du secrétariat général et de la division opérateur France.
6 avril 2010 – 1er mars 2018. Membre du comité exécutif de France Télécom.
2 mai 2011 – 13 décembre 2012. Membre du Conseil national du numérique (CNNum).
1er novembre 2011 – 1er janvier 2016. Directeur général adjoint d’Orange.
1er novembre 2011 – 1er mars 2018. Chargé du secrétariat général d’Orange.
23 février 2012 – 15 juin 2018. Conseiller maître à la Cour des Comptes.
Mars 2012 – Mai 2015. Président de la Fédération française des télécommunications et des communications électroniques.
3 mai 2013 – 1er mars 2018. Représentant d’Orange au comité de concertation France très haut débit.
2013 – Avril 2015. Président du comité Transformation numérique du MEDEF.
26 décembre 2013. Membre de la Commission nationales des services.
Mars 2014 – mai 2015. Membre du conseil exécutif du MEDEF.
Depuis le 2 avril 2014. Administrateur de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.
1er janvier 2016 – 1er mars 2018. Directeur général délégué d’Orange.
Depuis le 9 juin 2016. Membre du conseil de surveillance de Rocket Internet de Berlin.
2 mai 2017. Renouvelé dans ses fonctions d’administrateur de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.
12 mai 2017 – 1er mars 2018. Président de la Fédération français des télécommunications.
Depuis le 12 mars 2018. Président-directeur général du Groupe Les Échos – Le Parisien.
5 avril 2018. Président de Proximy.
15 juin 2018. Démission de la Cour des Comptes.
4 juillet 2018 – 16 juillet 2020. Vice-président du Syndicat de la Presse quotidienne.
Septembre 2018 – septembre 2019. Administrateur suppléant (représentant le SPQN) de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.
Depuis le 19 septembre 2018. Administrateur de l’Alliance de la presse d’information général.
Depuis novembre 2018. Président d’Alliance Gravity Data Media.
Depuis 2018. Membre du comité d’audit et des investissements de l’Établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.
Depuis juin 2019. Administrateur de la World Association of Newspaperes and News publishers.
11 juillet 2019. Coordinateur du groupe de travail sur la mise en œuvre concrète du droit voisin à l’Alliance de la presse d’information générale.
16 juillet 2020. Président du SPQN.
Octobre 2020 – 11 octobre 2022. Président de l’APIG.
Depuis Janvier 2022. Président de Wansquare (La lettre de l’expansion) directeur de la publication (suite au rachat de Wansquare par le groupe Les Echos – Le Parisien)
Depuis le 11 octobre 2022. Vice-président de l’APIG.
Salaire
En qualité de Directeur d’Orange, Pierre Louette aurait gagné sur l’ensemble de ses rémunérations 932 557 euros pour l’exercice 2017 et 624 146 euros pour l’exercice 2016.
Vie privée
Pierre Louette est père de trois enfants (Tristan, Matthias, Eva-Marie). Il est marié à Mme Caroline Turrini, dont le frère Régis n’est autre que le Directeur de la banque d’investissement d’UBS en France depuis 2019 et ancien conseiller de tribunal administratif et de cour administrative d’appel.
Publications
- 1990. Le Retour du capital, sous pseudonyme (Pierre Diani), éditions Odile Jacob.
- 1991. Des géants et des hommes. Pour en finir avec l’emprise des Gafa sur nos vies, éditions Robert Laffont.
Distinctions
- 6 avril 2007. Chevalier de la Légion d’honneur au titre de ses « 21 ans de services civils et militaires. » (legifrance.gouv.fr)
- 20 juin 2022. Commandeur de l’ordre national du mérite (legifrance.gouv.fr).
Il l’a dit
« Parce que nous aimons les entreprises, nous assumons cette identité d’un journal de tradition libérale. Un journal fait par ceux et pour ceux qui se reconnaissent dans la liberté d’entreprendre. Un journal résolument ouvert au monde et aux idées. Un journal responsable aussi, car attaché à la quête d’un progrès durable au service du bien commun » (À propos du journal Les Échos, 1er janvier 2022).
« Il est très important de développer l’éducation aux médias ; je pousse cela au sein de l’APIG. […] Quand les Français passent six à dix heures devant les médias par jour, c’est une œuvre d’utilité publique ». (Public Sénat, commission sénatoriale, 2 décembre 2021).
« Je vois essentiellement des avantages à faire partir d’un grand groupe […] Ce n’est pas un mal ou une tâche originelle » (Public Sénat, commission sénatoriale, 2 décembre 2021).
« Dans la plupart des cas, ceux qui financent ces activités sont soucieux du produit […] S’il est dégradé ou il perd de sa crédibilité ce n’est pas bon. Là où la vertu rejoint l’intérêt financier, c’est qu’essayer de vendre un truc qui est de plus en plus mauvais et perturbé par des interventions ça ne marche pas. Au fond, c’est une des meilleures protections qu’on peut apporter à ceux qui s’inquiètent de ces interventions ». (A propos de l’intervention des investisseurs, Public Sénat, commission sénatoriale, 2 décembre 2021).
« Face aux Gafa, nous sommes allés trop loin dans la soumission » (Sud Ouest, 5 avril 2021).
« On doit continuer à rassembler plus largement et être solidaires car on est face à des interlocuteurs [ndlr. les Gafa] qui sont des géants » (Stratégies, 23 septembre 2022).
« L’information de qualité est un bien précieux que nous devons défendre à l’heure où les géants du numérique aimeraient devenir la seule porte d’entrée pour s’informer. » (Les Échos. 2 janvier 2023).