L’Association relative à la télévision européenne (Arte), c’est ce projet franco-allemand mis sur pied par une mitterrandie sur le déclin et obsédée par un européisme fait de beaux discours et de bons sentiments. Tant aimée par les enseignants du secondaire sympathisants socialistes et autres cultureux d’un niveau discutable, cette chaîne est un média de service public détenu par Arte France, dont le Conseil de surveillance est présidé par Bernard-Henri Lévy, et la société allemande Arte Deutschland TV. Tout juste trentenaire, Arte lance une émission d’actualité hebdomadaire proposée dans d’autres langues que le français et l’allemand, une initiative saluée notamment par Le Monde et impliquant des médias partenaires aux affiliations politiques avérées.
Après avoir présenté les partenaires en Pologne, Hongrie et Espagne nous passons à ceux de l’Italie, de la Grèce et de la Belgique, de la même eau que les premiers.
Voir aussi : « Arte Europe — l’hebdo » : la chaîne franco-allemande à l’assaut du continent. Première partie
Internazionale, le fourre-tout italien politiquement correct
Magazine hebdomadaire italien paraissant le vendredi et également accessible en ligne, Internazionale, cette publication fondée en 1993 est un Courrier International transalpin. À l’image de son équivalent français, ce magazine publie des traductions d’articles paraissant dans la presse et les médias de grand chemin internationaux.
La liste des médias relayés par Internazionale fait rêver et compte des titres tous plus propres sur eux les uns que les autres : France Inter, Le Monde, The Economist, The Guardian, Süddeutsche Zeitung, Médiapart, El País, The Times, Die Zeit, Libération, L’Obs, Neuer Zürcher Zeitung, Der Spiegel, The Atlantic, The New York Times Magazine, et encore bien d’autres. D’autres sont absents, devinez lesquels ?
En consultant les contenus publiés par ce magazine ces derniers mois, les lecteurs d’Internazionale ayant une bonne culture paysage du médiatique français remarqueront rapidement la forte présence des publications d’un journaliste connu comme le loup blancs sur les ondes et les plateaux français : Pierre Haski, le président de Reporters sans frontières, pilier du Libération des origines ayant participé au lancement de Rue89 et désormais indéboulonnable chroniqueur international sur le service public. En 2020, Haski a été accusé par l’avocat Gilles-William Goldnadel de connivence avec George Soros, des liens — politiques et financiers selon GWG — qui expliqueraient les positions à charge prises par le journaliste français sur le gouvernement de Viktor Orbán. On l’aura compris, Haski c’est le conformiste bon teint et l’homme de réseaux internationaux construits sur des décennies, et Internazionale une officine euro-mondialiste en Italie.
Voir aussi : Pierre Haski, portrait
I Kathimeriní, les Grecs qui lorgnent vers Bruxelles et Washington
I Kathimeriní (« Le quotidien ») a commencé à paraître il y a plus de cent ans, en 1919, mais avait cessé ses activités pendant la période de la dictature des colonels (1967–1974). Ce journal se qualifie de « conservateur libéral », un terme mal compris en France mais qui reste très répandu dans d’autres pays européens.
Pour faire court, on pourrait dire qu’il s’agit d’un Figaro ayant mal vieilli, ou encore d’une ligne tentant de faire croire qu’il est encore possible d’édulcorer l’agenda libéral libertaire en prenant quelques postures conservatrices. En réalité, cet agenda forme un tout, si on y met un doigt, c’est la main qui y passe. En France, Le Figaro ne se distingue d’ailleurs pas véritablement d’autres médias classés plus à gauche lorsqu’il est par exemple question de traiter les cas hongrois et polonais, la guerre en Ukraine, les sujets « épidémiques », l’Europe de Bruxelles, l’influence des États-Unis sur le vieux continent, etc. Tout au plus existe-t-il chez ces conservateurs libéraux plus de précautions quand la caste ordonne de se ranger derrière les LGBT, ces nouveaux prolétaires à défendre. Mais dénoncer l’agenda LGBT, non jamais !
I Kathimeriní est clairement dans cette catégorie, à la manière d’un autre média conservateur libéral, le journal polonais Rzeczpospolita, en partie détenu par les fondations de George Soros et très critique du gouvernement conserveur polonais. Au-delà de cette incohérence intellectuelle que constitue sa ligne éditoriale, I Kathimeriní est aussi un média copieusement intégré à des officines euro-mondialistes, qui, on l’aura compris, font peu de cas de quelconques velléités conservatrices, aussi tempérées soient-elles.
Ce quotidien historique a en effet depuis plus de vingt ans un partenariat avec la référence mondiale des bonnes âmes : le New York Times. Le décor est planté ! I Kathimeriní est distribué aux États-Unis dans une version abrégée en supplément du International Herald Tribune, que l’on appelle plus communément International New York Times, édité par la société The New York Times Company. Le nouveau partenaire d’Arte fait aussi partie des titres dont le Courrier International reprend régulièrement les contenus, autre preuve de son net penchant à s’acoquiner avec la presse internationale de grand chemin.
À la manière de Telex et de Gazeta Wyborcza, ce média grec sait que pour durer sur un marché de taille modeste il faut bien souvent être plus que complaisant envers les donneurs d’ordre mondialistes. Pour parler plus crument : il faut se se vendre à des groupes plus grands et puissants pour être sûr d’être viable.
Le directeur d’I Kathimeriní est le journaliste Alexis Papahélas, très prisé à Athènes mais aussi bien vu dans le monde anglo-saxon. Papahélas a commencé sa carrière de journaliste aux États-Unis comme correspondant, il a travaillé pour la BCC Greek Service à Washington et il signe des articles dans le New York Times et le Guardian. Diplômé en journalisme et relations internationales de l’université Columbia de New York, il a été invité à participer à la réunion du club Bilderberg et est secrétaire général de la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère (ELIAMEP).
ELIAMEP existe depuis 1988 et est largement financée par l’UE (61,32% de son budget en 2021), mais aussi des ambassades et des entreprises privées grecques. Participent au « Programme de contribution institutionnelle » de cette fondation entre autres les ambassades du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d’Australie, du Canada et d’Allemagne, mais aussi la Banque nationale de Grèce, la banque grecque Eurobank, le groupe énergétique grec Public Gas Company, ou encore des sociétés plus connues du grand public comme Ernst and Young et Pfizer. En toute indépendance.
Le Soir, le « quality paper » le plus lu en Belgique francophone
Sur son site internet, le groupe Rossel, qui détient Le Soir, définit ce journal comme le « quotidien national belge francophone, progressiste et indépendant, […] le quality paper francophone le plus lu en Belgique. » À elle seule, cette phrase suffirait presque à comprendre les liens de connivence idéologique et politique qui uniront Le Soir et Arte…
Il n’y a en effet pas plus bien élevé et politiquement correct que ce quotidien historique belge. Fierté de l’empire Rossel, Le Soir se situe « au centre de l’échiquier politique belge », ce qui d’apparence ne veut pas dire grande chose mais trahit en réalité un fonds de commerce journalistique des plus classiques, celui consistant à se vendre comme étant un média « non-partisan » et « indépendant » et appartenant à ce que la caste et ses serviteurs aiment appeler le « cercle de la raison ». S’en suivent une ligne éditoriale invariablement dans les clous de la bien-pensance et une équipe de rédacteurs ne manquant jamais une occasion de rappeler les distances qu’ils tiennent à prendre avec « les extrêmes », et bien évidemment surtout avec « l’extrême droite ».
Le Soir n’a rien à envier aux autres médias qui partageront cette nouvelle aventure européenne avec Arte. La chaîne franco-allemande pourra compter les yeux fermés sur son partenaire belge, qui coche toutes les cases : défense des droits LGBT bafoués par le vilain Orbán, tapis rouge déroulé à Zelensky, immigrationnisme larmoyant, manie consistant à voir des complotistes partout, etc.
Le quotidien belge fait partie du groupe de presse Rossel régnant sur des dizaines de titres nationaux et régionaux, un consortium dont près de la moitié des activités se déploie sur le marché français. La Voix du Nord ? Le Courrier picard ? L’Est-Éclair ? L’Ardennais ? Champagne FM ? 20 minutes ? C’est Rossel ! À la tête du groupe, on trouve Patrick Hurbain, un patron de presse gérant ses affaires au côté de ses deux sœurs, elles aussi héritières de la fortune du père, Robert Hurbain. La famille est bien connue sur le marché de la presse européen, ses médias sont sans exception l’archétype de cette presse oligarchique qui, sous des apparences moralement irréprochables, bénéficie de toutes les largesses étatiques nécessaires à sa survie.