Julia Cagé est la compagne de l’économiste alter mondialiste Thomas Piketty, elle a édité des ouvrages intéressants sur les médias et cherche à tout prix à avoir un petit bout de pouvoir sur le groupe Le Monde. Avec quelques déboires.
Julia Cagé et sa nébuleuse
Épouse de l’économiste (et chroniqueur occasionnel du journal) Thomas Piketty, Julia Cagé est professeur d’économie à Sciences Po, administratrice de l’AFP, soutien de François Hollande en 2012, membre de l’équipe de campagne de Benoît Hamon en 2017, auteur d’un livre remarqué et intéressant, Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie (Seuil) et aussi de L’information à tout prix (ina) sur les changements induits par internet dans le monde médiatique ; elle compte dans le monde de la gauche institutionnelle et déborde un peu sur la gauche plus radicale. Elle préside également la SDL (société des lecteurs) du Monde depuis le début 2020.
La Société des Lecteurs, enjeu de pouvoir
Dans la nouvelle structure du groupe Le Monde, la SDL représente les lecteurs au sein du pôle indépendance qui lui-même avec les personnels et les rédacteurs possède un peu plus de 25% de la société éditrice du Monde. Bien peu de choses sur le plan comptable, mais une influence réelle sur le plan moral à travers les lecteurs. Entretemps, Xavier Niel a apporté ses actions à un fonds de dotation qui détient les pouvoirs réels et qu’il contrôle (voir l’infographie ci-dessous).
Voir aussi : Infographie : le groupe Le Monde
Ça turbule à la SDL
Julia Cagé disposait de sa propre association, Un bout du monde. En septembre 2020, elle avait tenté de faire acheter 17000 actions en déshérence par son association, après une opération de financement participatif ambigüe. Cette démarche aventureuse sur le plan éthique avait amené la Société des rédacteurs du Monde (SRM) à lancer un avertissement à la SDL. Julia Cagé avait été forcée de renoncer à son projet et à rebaptiser son association Un bout des médias, prêtant moins à confusion.
Un peu plus tard, en juin 2022, Julia Cagé fait le ménage dans la structure de la SDL en virant manu militari https://www.ojim.fr/guerre-a-la-societe-des-lecteurs-du-monde-dirigee-par-julia-cage/ deux administrateurs qui étaient en désaccord avec sa gouvernance, dont l’avocat Christian Martin ancien président de la SDL qui y avait introduit Julia Cagé.
Troisième round autour d’Un bout des Médias
D’après la Lettre A, l’association Un bout des Médias est aussi sujette aux turbulences, ceci autour de la volonté de contrôle de sa dynamique présidente qui a essayé d’imposer une de ses élèves dans la structure, verbatim :
« Elue le 1 décembre 2022 secrétaire générale d’Un bout des médias (UBDM, anciennement Un bout du Monde), Daphné Ronfard doit déjà céder son poste. Dans un communiqué envoyé le jeudi 9 février 2023 aux adhérents, la présidente de l’association, l’économiste des médias Julia Cagé, a annoncé l’élection d’un nouveau secrétaire général lors d’un conseil d’administration tenu mercredi. Il s’agit de Romary Daval, bénévole parmi les plus actifs, administrateur et membre du bureau depuis l’automne 2021. Lancé en 2020 pour prendre une participation au capital du Monde — un objectif finalement abandonné -, Un bout des médias milite pour une plus grande indépendance des rédactions vis-à-vis de leurs actionnaires… l’association a connu ces dernières semaines quelques remous après la nomination de Daphné Ronfard . Cette ancienne élève de Julia Cagé à Sciences-Po n’étant pas membre du conseil d’administration, ce choix était contraire aux statuts. Plusieurs adhérents s’étaient alors élevés contre cette élection bancale, tout en saluant le travail de cette responsable du pôle… Dans son communiqué, Julia Cagé a présenté jeudi ses excuses à Daphné Ronfard et aux adhérents au nom du conseil d’administration ».
Comme on dit à la SDL et au Monde, la démocratie est un combat !