La caste mondialiste et libérale libertaire au pouvoir reproche souvent à l’affreux peuple français de ne pas regarder ce qui se passe à l’étranger. Les Français seraient trop fermés, pas assez sensibles aux expériences étrangères. Il leur faudrait remettre leurs certitudes en question, prendre exemple sur d’autres et s’adapter à la marche du monde. Chiche !
« Macron se soumet à la populace »
Ne ratant jamais une occasion de se moquer de son voisin français, le Daily Mail voit dans l’annulation de la visite de Charles III à Versailles un Macron qui « se soumet à la populace ». Enfonçant le clou, le journal britannique cite une source dépeignant un président français devenu risible depuis son passage en force sur la réforme des retraites, une décision ayant déclenché des « violences, des actes criminels et des manifestations aux quatre coins de la République ».
Une situation des plus embarrassantes pour le chef de l’État français, incapable de créer les conditions nécessaires à la réception d’un homologue étranger, selon la responsable des affaires royales au Daily Mail, Rebecca English. Cette dernière rappelle qu’il s’agit de la première visite à l’étranger du souverain britannique, qui, contraint d’annuler sa venue en France, s’est finalement rendu en Allemagne, le 29 mars.
« Charles III, connaissez-vous la guillotine ? »
Tout aussi intransigeant, le Telegraph s’est lui aussi saisi de l’affaire pour rappeler sa ligne pro-Brexit et à quel point, selon lui, la « réinitialisation [des rapports] entre l’Union européenne et le Royaume-Uni [est] en plein désarroi ».
Le quotidien conservateur se plait à laisser transpirer l’idée d’une France faite de chaos et de désordre, d’un pays peuplé de gueux au tempérament régicide. Un lupanar manifestement bien indigne pour que la Couronne britannique ne s’y rende. D’ailleurs, le Telegraph tient à mettre en garde contre cette terre d’affreux réfractaires, et fait d’un graffiti repéré dans les rues de Paris son titre.
‘Charles III do you know the guillotine?‘https://t.co/8gvcsGnAKn
— Armands Strazds (@strazds) March 24, 2023
Cachez cette matraque que je ne saurais voir !
Les médias étrangers n’ont évidemment pas eu les mêmes pudeurs que les médias français de grand chemin quand il s’est agi de montrer les scènes de violence s’étant déroulées dans les grandes villes françaises à la fin du mois de mars.
NBC News, Bloomberg Television, 9 News Australia, BBC News, The Sun, etc. Ces médias que l’on ne peut pourtant soupçonner d’être du mauvais côté du manche ont fait leur travail et relayer les images montrant la France de Macron : poubelles en feu, manifestations sauvages et répression policière. Pour se faire une idée claire de la situation en France, il fallait donc consulter des canaux Telegram, bouder la presse subventionnée française et se tourner vers des médias étrangers. Triste séquence pour l’état de la presse en France, qui une fois de plus s’est révélée bien timide dans ce qui devrait être sa mission la plus importante : montrer le réel.
Voir aussi : Amnesty International condamne la répression des manifestations en France
« C’est une guerre »
Pourtant peu habitué à nager à contre-flots, le Courrier international a commis un montage vidéo intitulé « C’est une guerre » et rassemblant les points de vue de médias étrangers sur la situation en France. Du Kenya à l’Allemagne, en passant par l’Inde et la Belgique, le son de cloche est le même : la France est jonchée de poubelles, l’ambiance est à la limite de la guerre civile, la police tape fort et le président Macron est absent.
On y apprend notamment que les LBD (« lanceurs de balles de défense ») sont interdits en contexte de manifestation dans de nombreux pays européens, y compris au Kosovo. Le journaliste suisse Richard Werly est catégorique : les charges de CRS et les violences policières en manifestations sont une spécialité française.
La BBC s’est de son côté intéressée à la désormais célèbre BRAV‑M (brigade de répression de l’action violente motorisée) et a relayé des images et des enregistrements faisant état d’une unité aux procédés brutaux. La RTS et le Guardian ont quant à eux titré sur l’usage excessif de la force et les arrestations arbitraires. Depuis l’étranger, le tableau est clair : la France est le lieu d’une tiers-mondisation et d’une police hors de contrôle.
Le maintien de l’ordre français vu à l’étranger par Courrier International Edifianthttps://t.co/OFL3p2asTn
— Matuchansky Isabelle (@MatuchanskyI) April 8, 2023
À l’étranger, le 49.3 ne passe pas
En France, les médias de grand chemin ont fait œuvre de « pédagogie ». Il leur fallait expliquer aux gaulois réfractaires les subtilités de notre droit constitutionnel, convoquer les fameux experts en la matière (et même faire revenir Jean-Louis Debré !), relativiser l’emploi de l’article 49.3, refaire son histoire et dire qu’il n’y avait là rien de très grave.
Pour des raisons évidentes, les médias étrangers ne sont quant à eux pas encombrés de longs cours de droit constitutionnel. Ils se devaient de trouver une formule résumant l’emploi du 49.3 et expliquer une logique qui semble n’être comprise que par les chiens de garde de la Macronie.
Ils sont dans l’ensemble tombés sur une formule peu reluisante pour l’image du président français : « sans vote ». C’est ce que retiendront finalement de cette affaire les Britanniques, les Américains (« without vote »), les Allemands (« ohne Abstimmung »), les Italiens (« senza voto »), les Espagnols (« sin votación »), les Hongrois (« szavazás nélkül »), les Polonais (« bez głosowania »), et bien d’autres : la réforme des retraites est passée sans vote sur le texte. Voilà le principal message relayé par la presse étrangère, qui plante ainsi un décor fait de méthodes gouvernementales tout sauf démocratiques.
Par ailleurs, ces mêmes médias ont présenté le résultat du vote sur la motion de censure comme un évènement crucial pour Emmanuel Macron, comme si le locataire de l’Élysée était en perdition et à la tête d’un pays qu’il ne maîtrise plus.
Macron pourra-t-il encore faire la leçon aux Hongrois et aux Polonais ?
En définitive, l’image donnée de la France à l’étranger est on ne peut plus claire : le pays des droits de l’homme jamais avare de leçons de morale sur le respect des libertés et de l’État droit s’est transformé en champion européen de la répression policière et du fait du prince. Cette situation a d’ailleurs conduit le ministre des Affaires étrangères hongrois à expliquer qu’il serait à l’avenir difficile pour les Européens de l’Ouest de critiquer la Hongrie sur la question de l’État de droit au vu des méthodes employées en France.
Même ambiance en Pologne, pays qui fait également l’objet d’une croisade politique sous couvert de prétextes pseudo-juridiques liés à l’État de droit, et où l’image du chef de l’État français n’en finit plus de se dégrader.
Les scènes de violence vécues en France ces dernières semaines et les méthodes de gouvernement du président Macron sont en effet impensables à l’heure actuelle en Hongrie et en Pologne, où la presse est d’ailleurs bien moins univoque qu’en France. Pour bien moins cela, Varsovie et Budapest sont pourtant les moutons noirs de l’Union européenne, alors que le héraut de l’État de droit Macron a les mains libres pour gouverner parfois à coups de matraques ou de 49.3.