Elle va investir tous les supports : la marque Le Figaro lance sa télévision et sa radio pour amplifier la résonance d’un titre de presse déjà bien installé dans le secteur. Une offre qui viendra s’inscrire en complément des vidéos en ligne et du journal papier dès le 17 avril 2023.
C’est un projet tentaculaire, dont la stratégie s’inscrit sur le temps long : Le Figaro veut voir ses contenus essaimer sur tous types de supports. Ajoutant une chaîne de télévision locale (Ile-de-France) et une radio numérique, le média aspire à voir ses contenus transmis sur toutes les plateformes et sur tous formats d’ici l’année 2026.
Une télévision et une radio
Faire rayonner la marque : telle est donc l’ambition du Figaro, qui lance une télévision (Figaro TV) qui arrivera sur la TNT francilienne en remplacement de Museum TV – qui a disparu avant son deuxième anniversaire. Dès lundi 17 avril, à partir de 19 heures, Figaro TV émettra au canal 34 de la TNT, présentant des contenus partagés équitablement entre le décryptage de l’actualité et la culture (avec des visites d’expositions, des reportages, des diffusions de concerts notamment). Elle sera également accessible sur le câble, le satellite et les box des opérateurs télécoms À l’en croire la direction du média, la télévision n’entend pas concurrencer les télévisions d’actualité existantes : ainsi, Marc Feuillée, le directeur général du quotidien, indique qu’il n’y sera pas question d’info en continu quand Alexis Brézet, directeur des publications du journal, indique à La Croix que son « objectif est de prendre le temps de l’analyse et du débat qui fait partie de notre ADN ». Par-delà les 500 journalistes de la rédaction, le pôle audiovisuel comptera une trentaine de journalistes.
En plus de cette nouvelle chaîne, le titre vieux de deux siècles va se doter d’une radio en DAB + (c’est-à-dire en diffusion audio numérique) qui sera diffusée à Paris, Marseille et Nice, accessible depuis le site du Figaro.fr, depuis les plateformes Spotify et Deezer ou sur l’application Radioplayer. La programmation musicale s’articulera autour de l’ambiance « soft rock » — soit de la musique des années soixante à nos jours.
Quel modèle économique ?
Avec un budget annuel de 6,5 millions d’euros, le média investit massivement pour faire rayonner sa marque. C’est la société SECOM, détentrice de douze chaînes de télévisions distribuées dans 98 pays et qui a pour principaux actionnaires le Groupe Figaro, Noria Investissements, Media Participations, Meeschaert et Bruno Lecluse, qui sera chargée de l’achat des programmes, de la production ou encore du tournage et montage des émissions.
C’est avec la publicité, alliant spots publicitaires et des contenus financés par des marques, que ces nouvelles plateformes doivent espérer faire recette. L’enjeu ? Atteindre l’équilibre d’ici 2026, anniversaire du bicentenaire du journal.
Un pari risqué mais audacieux
À l’heure du règne de l’information en continu et du commentaire permanent, le choix du Figaro de prendre son temps semble plutôt de bon aloi ; cette volonté l’écarte d’une concurrence potentielle avec les chaînes comme BFM TV ou CNEWS et pourrait lui épargner les outrances qui y sont inhérentes. Par ailleurs, le choix d’accorder à la culture une place importante à l’heure où toutes les rédactions françaises en réduisent la production paraît également de bon sens : alors que triomphe l’uchronie et où la réécriture idéologique de notre Histoire se met au service des aspirations dites « woke » (et parallèlement de leurs adversaires), maîtriser et connaître sa propre culture est indispensable. L’idée de la chaîne de proposer chaque jour de la semaine un angle culturel (par exemple, le lundi Histoire, le mardi « Découverte » ou le mercredi « Culture »…) apparaît non seulement comme un projet bienvenu mais également une perspective rassurante pour des contenus télévisuels particulièrement marqués par la médiocrité.