Première diffusion le 19 avril 2023
En novembre 2018 nous évoquions la création de Disclose, un média qui se présente comme d’investigation, créé par deux anciens journalistes cherchant à produire des enquêtes au long cours, en rupture avec l’impulsivité des chaînes d’info en continu, reines de l’époque.
Financement 50% Soros+Amnesty
Rappelons avant toute chose que Disclose base son financement sur le don. Ce mode, employé par de nombreux médias dont l’OJIM, est perçu comme un gage d’indépendance vis-à-vis des mastodontes que sont les médias mainstream ou les organisations médiatiques. Disclose puise son don dans deux sources : ses lecteurs et des « fondations philanthropiques ».
Cette nuance permet de trouver parmi les soutiens financiers du site d’information en 2021 la fondation Open Society de Georges Soros, ou encore Amnesty International. Sur son site, Disclose publie la liste de ses soutiens. Nous notons donc que les lecteurs ont apporté un montant de 102 000 €, le second soutien est la fondation de Soros qui a mis la main à la poche à hauteur de 98 000 €. Amnesty, de son côté, apporte une aide plus modeste de « seulement » 10 000 €. Naturellement, Disclose précise que ses soutiens n’influencent pas la ligne du média. À cela, nous pouvons apporter deux nuances. Tout d’abord, aucun média ne va avouer être tenu par les bourses par une quelconque organisation. Deuxièmement, sans aller jusqu’à censurer, une ONG décidera de retirer son aide si la ligne prise par le média ne convient pas. Selon le montant, cela peut avoir un grand impact sur le média.
Des conseils occupés par Mediapart, Quotidien et Libération
Deux instances sont chargées de veiller sur l’indépendance de Disclose : le conseil d’administration et le conseil de surveillance. Un bref tour de table du conseil d’administration permet de savoir où nous sommes. Cinq personnes en sont membres. Basile Lemaire (ex L’Express, ex Mediapart, ex Le Monde), Leila Miñano, Valentine Oberti (ex Quotidien, Mediapart), Magali Serre (réalisatrice freelance pour France Télévisions, Arte, Canal+) et enfin Nicolas Serve. Parmi les journalistes, certains viennent de Libération. Tout pointe donc vers la production d’un journalisme d’investigation dans les standards du monde médiatique libéral libertaire. Nous comprenons qu’il n’est pas nécessaire à l’Open Society de menacer d’enlever son soutien pour peser sur la ligne du média, celle-ci allant déjà dans son sens.
Propagande pro américaine
Certains sujets chauds permettent de dévoiler – davantage – l’orientation de certains journaux. Ainsi, la guerre en Ukraine a montré L’Express comme un parfait pamphlétaire mondialiste. Sur ce même sujet, Disclose semble prendre la même direction. Une enquête, publiée le 4 avril 2023 et intitulée « Guerre en Ukraine : la cartographie inédite des attaques de l’armée russe contre des civils », reprend les faits rapportés contre l’armée russe depuis le début de la guerre en Ukraine. De nombreux faits sont cités, les bombardements contre des zones civiles, les viols de masse, les charniers de Boutcha, tout y passe. Nous ne discuterons pas la véracité de ces faits, réels ou inventés. Toute guerre entraîne son lot d’exactions, et ce sont les Russes qui ont envahi l’Ukraine. Cependant, se focaliser uniquement sur les crimes de l’armée russe c’est être borgne. D’autant que l’armée ukrainienne n’est pas en reste. En août 2022, Amnesty publiait un rapport qui étrillait l’armée de Zelensky. Dans un article de novembre 2022 publié par La Dépêche, il est indiqué qu’une accusation de crimes de guerre visait les Ukrainiens qui s’étaient adonnés à une dizaine d’exécutions sommaires de prisonniers russes. Citons cet autre papier du Monde, publié en août 2022, qui revenait sur les crimes de guerre commis par les deux camps depuis le début du conflit. Deux journaux, dont on ne peut pas soupçonner la russophilie excessive, parlent des crimes de l’armée de Zelensky, dans Disclose, on ne retrouve pas une ligne sur le sujet.
Un média qui devait faire des « enquêtes indépendantes » et briser les codes de l’époque se retrouve moins neutre et moins honnête que Le Monde, dont l’indépendance n’est pas un modèle du genre.