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L’étonnante sous-consommation des aides à la presse

22 avril 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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L’étonnante sous-consommation des aides à la presse

Temps de lecture : 3 minutes

Souvent brocardée pour son appétence en aides publiques, la presse a en réalité une sous-consommation de ces subsides à en croire la Cour des comptes. Seuls 25,5 millions d’euros sur 57 millions disponibles ont été consommés en 2022.

Une note de la Cour des comptes

Dans une note pub­liée le 7 avril 2023, la Cour des comptes pointe du doigt un phénomène con­tre-intu­itif : celui de la sous-con­som­ma­tion de l’aide à la presse. C’est le média d’investigation La Let­tre A qui s’est fait l’écho de cette note sur l’exécution du bud­get 2022 de la plus haute juri­dic­tion finan­cière de l’ordre admin­is­tratif en France. Un sujet que traite sou­vent le quo­ti­di­en d’enquêtes, qui opère un tra­vail de four­mis en col­lec­tant les don­nées des liasses budgé­taires acces­si­bles en ligne. Dans sa note de soix­ante-et-une pages répon­dant au libel­lé Analyse de l’exécution budgé­taire 2022 Mis­sion « Médias, livre et indus­tries cul­turelles », la Cour des comptes épin­gle dans son chapitre II le « sur­cal­i­brage de cer­taines dotations ».

Il est pré­cisé que ces dota­tions « par­fois redon­dantes avec les crédits budgé­taires de droit com­mun, a con­duit à d’importantes sous-con­som­ma­tions. » La redon­dance s’explique notam­ment par la présence de crédits « relance » du plan de relance gou­verne­men­tale.

À ces « dou­blons », qui expliquent la non-util­i­sa­tion d’une par­tie des fonds prévus pour l’aide à la presse, s’ajoutent de pos­si­bles approx­i­ma­tions dans l’usage d’une par­tie des fonds. Ain­si, « l’aide aux pigistes », dotée de 29,5 mil­lions d’euros pour la péri­ode 2021–2022 n’a été util­isée qu’à hau­teur de 6,7 mil­lions d’euros. Une faible util­i­sa­tion qui détonne avec la détresse d’une par­tie de la pro­fes­sion lors du con­fine­ment.

L’arbre qui cache la forêt

La sous-con­som­ma­tion de cer­taines enveloppes a don­né lieu à un redé­ploiement des fonds vers des édi­teurs sin­istrés. La note séna­to­ri­ale explique ain­si qu’en « décem­bre 2022, la mobil­i­sa­tion d’une enveloppe de 30 mil­lions d’euros au béné­fice des édi­teurs de presse […] en par­ti­c­uli­er le papi­er, a été annon­cée, financée pour 25 M€ env­i­ron par le recy­clage de crédits de relance non con­som­més »

Une réori­en­ta­tion bien­v­enue pour des acteurs large­ment affec­tés par l’explosion du prix du papier.

Les plus riches sont les plus aidés

Au-delà de l’urgence qui explique ici une réaf­fec­ta­tion pou­vant paraître légitime, il existe un prob­lème plus large et com­plexe quant à l’aide à la grande presse qui elle est loin d’être sous-cal­i­brée. La nature con­séquente des aides que perçoivent cer­tains béné­fi­ci­aires explique qu’il n’en soit pas fait la pro­mo­tion : avec notam­ment le groupe de Bernard Arnault qui avait reçu quelques 22,5 mil­lions d’euros de sub­sides en 2020 et, selon Médi­a­part, 16 mil­lions en 2021. Le Monde de Xavier Niel a reçu 18 mil­lions d’euros quand Le Figaro de la famille Das­sault a perçu quelques 16 mil­lions et Libéra­tion de Patrick Drahi pas très loin. Les aides à la presse béné­fi­cient donc large­ment aux grands titres déjà sous per­fu­sion de grandes for­tunes privées. Le plu­ral­isme en est inévitable­ment affec­té et la ques­tion de la rai­son d’être de ces aides mérite d’être posée.

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