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Karl Zéro

29 avril 2023

Temps de lecture : 16 minutes
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Karl Zéro

Temps de lecture : 16 minutes

Karl Zéro, journaliste gonzo

Depuis quarante ans, Karl Zéro sévit dans le milieu journalistique. Volontiers critique vis-à-vis de celui-ci, il y a implanté un nouveau type de journalisme : le gonzo. Animateur phare de Canal+, il a perdu son poste suite à l’affaire Allègre et est devenu aujourd’hui une personnalité qui suscite le débat et l’intérêt.

Origines et formation

Karl Zéro naît le 6 août 1961 à Aix-les-Bains. Il est le dernier fils de Guy et Annick Tel­lenne. C’est une famille bour­geoise qui vit dans le VIIe arrondisse­ment de Paris. Le père, né en 1909, nor­malien (pro­mo­tion 1929 Let­tres), est reçu à l’agrégation de let­tres en 1933. Sym­pa­thisant gaulliste, il devient con­seiller cul­turel d’André Mal­raux avant de finir sa car­rière comme sous-directeur de l’Institut français d’Athènes. Dans les années 70 et 80, il pub­lie deux romans. La mère de Karl Zéro, quant à elle, est licen­ciée de let­tres et de droit. D’abord enseignante, elle devient ensuite jour­nal­iste puis finit ani­ma­trice sur la chaîne catholique KTO.

Le cou­ple a qua­tre enfants. L’aîné, Olivi­er, naît en 1948. Vient ensuite Bruno, né en 1951, qui aura une cer­taine notoriété sous le pseu­do­nyme de Basile de Koch en tant qu’humoriste et chroniqueur. Il est suivi deux ans plus tard d’un autre frère, Éric, par­fois con­nu sous le pseu­do­nyme de Raoul Rabut, lau­réat du prix Hen­ri Mon­dor en 1988. Puis vient enfin Marc.

La famille Tel­lenne est catholique et gaulliste. Comme le con­fiera plus tard Karl Zéro, « Dans ma famille, on ne plaisante pas avec Jésus ! »[1]. Dès ses 6 ans, Marc est donc sco­lar­isé dans le privé catholique au sein du groupe sco­laire La Rochefou­cauld aux côtés de ses frères. Le quatuor est alors surnom­mé « les frères 4 bras » à cause de leur habi­tude de met­tre une veste sur leur soutane afin de pou­voir coller des gifles furtives[2]. Dès ce moment, de manière con­sciente ou non, le ben­jamin de la famille se con­stru­it en oppo­si­tion par­tielle avec son milieu : « À 6 ans déjà je suis une forte tête. Puni pour une tricherie à un con­cours absurde, je com­prends bien com­bi­en ce monde est hyp­ocrite et je décide de ne plus jamais être un mou­ton »[3]. Nous sommes alors dans les années 60, et mai 68 défer­le sur la France. Avec ses trois aînés, Marc décou­vre la cul­ture des six­ties, « je vis à fond les six­ties à dix ans ! »[4].

En 1976, influ­encé par l’esprit punk, Marc Tel­lenne devient Karl Zéro. S’il aban­donne rapi­de­ment le look de l’époque, il en garde le pseu­do et la philoso­phie. L’emploi du pseu­do­nyme est une pra­tique courante à cette époque et par­ti­c­ulière­ment au sein de la famille, où Bruno devient Basile, Éric devient Raoul et Marc devient Karl. Tou­jours sco­lar­isé au sein de La Rochefou­cauld, Karl est un élève moyen, ni par­ti­c­ulière­ment bon, ni par­ti­c­ulière­ment mau­vais. Dévo­rant les vieux numéros de Match des années 50–60 appar­tenant à ses grands-par­ents, à la con­ster­na­tion de son père, il acquiert une solide cul­ture his­torique sur la péri­ode très con­tem­po­raine, mais, surtout, il sent naître chez lui une voca­tion, celle du journalisme.

Parcours professionnel

Son bac obtenu de justesse grâce au dessin, Karl Zéro entame une car­rière de dessi­na­teur de BD. Sa pre­mière pub­li­ca­tion est un comics inti­t­ulé Tintin est-il juif ? dans le fanzine Jalons. Nous sommes alors en 1980. Cette année-là, Karl pub­lie un sec­ond comics inti­t­ulé Les aven­tures d’Edmond, tou­jours dans Jalons, qui lui don­nera une petite recon­nais­sance.

Dans cette péri­ode, il ren­con­tre alors celui qu’il con­sid­ère comme son maître et qui, de son pro­pre aveu, lui « met le pied à l’étrier »[5], Jean-François Bizot, le patron d’Actuel. Karl Zéro y entre en 1981 et se spé­cialise dans les inter­views de star. L’année précé­dente, tou­jours dans sa péri­ode bande dess­inée, il avait rejoint les rédac­tions de Métal Hurlant, Char­lie Heb­do, L’Écho des savanes et Zoulou. De ses pro­pres mots, cette expéri­ence est un « four » et le jour­nal­isme est ce qui va le sauver[6]. Bizot étant aus­si le patron de Radio Nova, Karl Zéro rejoint l’équipe de cette jeune radio où il y ren­con­tre celle qui devien­dra son épouse : Anne-Lau­re Chap­tel alias Daisy d’Errata. Encore un pseu­do. Jusqu’en 1986, ils vont présen­ter des émis­sions radio­phoniques par­o­diques. C’est à cette péri­ode égale­ment que Karl s’oriente vers le gonzo, un style jour­nal­is­tique peu répan­du alors en France où le reportage se fait à la pre­mière per­son­ne. Il en pub­lie plusieurs dans les colonnes d’Actuel avec un ton satirique voire absurde.

Mal­gré cette expéri­ence, Karl n’avait pas rompu avec le fanzine Jalons, qui comp­tait par­mi ses piliers son frère Basile de Koch. Dans cette revue, il va pub­li­er plusieurs par­o­dies de médias au long cours. Le Monde devient Le Mon­stre, France Dimanche est rebap­tisé France Démence et Libéra­tion est renom­mée L’Aberration.

Dans la sec­onde moitié des années 80, il com­mence à se faire remar­quer par ses inter­views pub­liées dans Globe et Lui. En 1986 il rejoint Europe 1 où il ani­me une émis­sion bap­tisée Géant Gra­tu­it au côté de Doug Head­line, pseu­do­nyme du fils de Jean-Patrick Manchette, Tris­tan. Les pseu­do­nymes étaient, nous le con­sta­tons, la sig­na­ture de l’époque. Karl con­serve alors le ton irrévéren­cieux qui l’a con­duit jusque-là. Néan­moins, cela fera sa perte. Une blague sur la sex­u­al­ité de Jacques Chirac, qui est alors Pre­mier min­istre, le poussera vers la sor­tie au bout de seule­ment qua­tre mois. Il atter­rit alors chez TF1 où, au côté de Jean-Yves Lafesse, il ani­me l’émission Pirates. Néan­moins, là encore, l’humour jugé « déplacé » de Karl le con­duit vers la sor­tie et l’émission n’a eu qu’un seul numéro, en sep­tem­bre 1987.

Humour post-68

La con­stance de la car­rière jour­nal­is­tique de Karl Zéro est son irrévérence vis-à-vis des puis­sants, un bras d’honneur fait aux vieilles insti­tu­tions, l’Église ou l’État, dans un enrobage d’humour et de cul­ture post-68. Nous sommes en 1987 et une chaîne, inscrite juste­ment dans l’esprit du gonzo cher à Karl, a été inau­gurée trois ans plus tôt : Canal+.

En 1988, Alain de Greef vient chercher Karl Zéro pour l’intégrer à la jeune équipe de Nulle Part Ailleurs avec Antoine de Caunes. Il écrit alors des sketchs poli­tiques sup­port­és par la tech­nolo­gie du Flame, un trucage qui per­met donc de voir VGE faire ses vœux avec son épouse qui brûle à côté. Cinq ans après son arrivée dans Nulle Part Ailleurs, il ani­me le Zéro­ra­ma, un jour­nal satirique qui bro­carde, entre-autres, le gou­verne­ment Bal­ladur et les médias le soutenant.

Par­al­lèle­ment, il ani­me une émis­sion sur RMC aux côtés d’Antoine de Caunes et d’Albert Algoud.

En 1996, Canal+ lui con­fie les rênes du Vrai Jour­nal. Dif­fusé pen­dant dix ans, le dimanche à 12h30, Karl Zéro veut amen­er une bouf­fée d’air frais au micro­cosme jour­nal­is­tique en dis­ant ce que les autres n’osent pas dire. Par son pro­fil, n’ayant ni carte de presse, ni le statut de jour­nal­iste, mais prof­i­tant tout de même de la notoriété que lui apporte ce méti­er, il réalise une émis­sion mêlant reportages sérieux et sketchs avec la com­plic­ité de son épouse. Durant sa dif­fu­sion, l’émission aura des moments forts, comme celui où Karl Zéro doit iden­ti­fi­er le cadavre de Jean-Hed­ern Hal­li­er à la morgue de Trou­ville-sur-Mer, ou encore l’affaire Allè­gre. C’est cette dernière qui coûtera à Karl Zéro sa place sur Canal+. Vrai suc­cès d’audience, le for­mat de cette émis­sion inspir­era un cer­tain Yann Barthès, qui en repren­dra l’armature pour façon­ner ce qui sera Le Petit Jour­nal. L’émission prend fin en mai 2006, avec le ren­voi de Karl Zéro du groupe Canal+.

Pen­dant les dix ans qu’il passe à la tête du Vrai Jour­nal, Karl ne reste pas les deux pieds dans le même sabot. En 1999, sur Europe 1, il ani­me une émis­sion poli­tique quo­ti­di­enne où il tutoie ses invités, créant là une de ses mar­ques de fab­rique. En 2004, sur Canal+, il ani­me l’émission C’est quoi ce jeu ?

Après être par­ti de Canal, Zéro il atter­rit sur 13e rue où il ani­me Les faits Karl Zéro qui se penche sur des dossiers crim­inels non réso­lus et par­fois sen­si­bles. Il con­sacre, entre autres, une émis­sion à l’affaire Gré­go­ry ain­si qu’au fichi­er de Zand­voorst. Il triple l’audience de la chaîne à cette péri­ode et il obtient une dif­fu­sion sur un créneau de 90 min­utes en prime time en 2009–2010. En 2013, RMC Décou­verte copro­duit et dif­fuse en prime time ces doc­u­men­taires, rebap­tisés Les Dossiers Karl Zéro.

Par­al­lèle­ment, il ani­me, entre 2008 et 2010, une quo­ti­di­enne sur BFMTV dif­fusée en sec­onde par­tie de soirée où il inter­viewe une per­son­nal­ité poli­tique sur le mod­èle de l’américain Lar­ry King. En sep­tem­bre 2009, la chaîne lui con­fie l’émission Sarko Info, dif­fusée de 20 h 35 à 21 h tous les jours, où il ani­me un jour­nal com­men­té par Nico­las Sarkozy, imité pour l’occasion par Michel Guidoni. Fort de son suc­cès, l’émission a droit à une deux­ième sai­son en 2010, plus longue de huit min­utes, avant d’être dépro­gram­mée en avril 2011.

D’août 2016 à juin 2017, il ani­me une chronique sur France Info, inti­t­ulée Si j’étais…, où il se met dans la peau d’un per­son­nage du jour. En 2019, il revient sur Europe 1 avec d’abord Karl Zéro et ses ton­tons flingueurs, un quiz entouré de per­son­nal­ités, puis ani­me ensuite Cul­ture culte dif­fusée same­di et dimanche.

Out­re sa car­rière télé, Karl Zéro a égale­ment une place sur le web et, plus récem­ment, dans la presse papi­er. Sur le web d’abord : en sep­tem­bre 2006, juste après son ren­voi de Canal, il crée Web2Zéro, où il réu­nit sa com­mu­nauté de « zéro­nautes » postant des con­tenus par­o­diques proches du Vrai Jour­nal. Durant la prési­den­tielle de 2007, il ani­me sur AOL Le Club du Net, une émis­sion poli­tique pro­duite par son épouse Daisy d’Errata. Mi-mars 2007, il ani­me le JT2Zéro, relayant l’actualité de la fin de la cam­pagne prési­den­tielle. En 2015 enfin, il lance Karl Zéro Absolu, une chaîne YouTube com­pi­lant les grands moments de ces années Canal ain­si que cer­tains reportages de 13e rue. Le Vrai Jour­nal a eu droit, pen­dant deux années entre 2000 et 2002, à une édi­tion papi­er. En 2019, il par­ticipe à l’émission Mask Singer dif­fusée sur TF1. En avril 2021, Karl Zéro lance sa revue L’Envers des affaires, une revue qui s’inscrit dans la suite des doc­u­men­taires dif­fusés sur 13e rue, où avec une équipe de jour­nal­istes il se penche sur divers­es affaires judi­ci­aires, mais aus­si sur les affaires de pédocrim­i­nal­ité, dev­enue un com­bat de Karl Zéro depuis l’affaire Allègre.

Publications

    • Que sais-je ? Rien, 1989
    • Zéro partout, 1990
    • Le tronc, le roman, avec son frère Raoul Rabut, 1993
    • Let­tres piégées, avec Albert Algo­ud, 1995
    • Nique ton maire, avec Christophe Bertin, 1996
    • Ils ont osé le dire à Karl Zéro, 2000
    • Farce nationale, 2001
    • Dans la peau de Luka Mag­not­ta, His­toire d’un web-killer, 2013
    • Dis­pari­tions, « que sont-elles dev­enues ? », 2014
    • Coupable ? Non-coupable !, 2016
  • Étouf­fées : Quand la jus­tice enterre les affaires, 2016
  • 1 sur 5, man­i­feste con­tre la pédocrim­i­nal­ité, 2020

Filmographie

  • 1993 : Le tronc
  • 2005 : Dans la peau de Jacques Chirac (égale­ment producteur)
  • 2007 : Ségo et Sarko sont dans un bateau (égale­ment producteur)
  • 2008 : Being W : dans la peau de Georges Bush (égale­ment producteur)
  • 2008 : Starko ! Un an dans la peau de Sarko
  • 2010 : Dans la peau de Fidel Castro
  • 2012 : Dans la peau de Vladimir Poutine
  • 2012 : Chirac rebat la campagne
  • 2013 : Moi, Luka Mag­not­ta (égale­ment producteur)
  • 2014 : Dans la peau de Kim Jong Un (égale­ment producteur)
  • 2015 : Charles Trenet, l’ombre au tableau (égale­ment producteur)
  • 2016 : Yves Mon­tand, l’ombre au tableau (égale­ment producteur)
  • 2016 : Dans la peau d’Hillary Clin­ton (égale­ment producteur)
  • 2018 : Kady­rov, Ubu dic­ta­teur de Tchétchénie
  • 2019 : Alain Delon, l’ombre au tableau
  • 2021 : 1 sur 5, le film – La pédocrim­i­nal­ité en France

Controverse

Le 1er juin 2003, il lit, sur le plateau du Vrai Jour­nal, une let­tre envoyée par Patrice Allè­gre, un tueur en série incar­céré depuis l’année d’avant, dans laque­lle ce dernier s’accuse du meurtre d’un jeune trav­es­ti et d’une pros­ti­tuée et mêle dif­férents nota­bles de Toulouse à l’affaire. Karl Zéro lit, en accord avec la direc­tion de Canal+, la let­tre à l’antenne en se gar­dant bien de citer les noms des nota­bles men­tion­nés. C’est Le Monde qui donne les noms dans son édi­tion du 3 juin. Par­mi eux, Dominique Baud­is, ancien maire de Toulouse et prési­dent du CSA à l’époque. L’affaire prend alors des airs de feuil­leton, chaque média se jette dessus. Karl Zéro dif­fusera le témoignage de Fan­ny, une pros­ti­tuée liée à l’affaire. Il sera par la suite accusé d’avoir acheté ce témoignage. Finale­ment, Allè­gre, con­seil­lé par l’un de ses avo­cats Gilbert Col­lard, revien­dra sur son témoignage en accu­sant Karl Zéro de lui avoir ver­sé 15 000 € en échange de son faux témoignage. Selon Karl Zéro, qui racon­te les faits dans le pre­mier numéro de L’Envers des affaires, Col­lard aurait obtenu ce change­ment d’Allègre pour se venger d’un coup que lui avait fait Zéro des années avant, lors de l’affaire du cimetière juif de Car­pen­tras. Per­dant sa place à Canal suite à cela, la jus­tice relax­era Karl Zéro en 2012 pour cette même affaire.

Parcours militant

Non encar­té, Karl Zéro a agré­men­té sa car­rière de quelques sor­ties lais­sant voir ses opin­ions. Si son frère fréquente par­fois les milieux de droite, ayant même écrit pour Charles Pasqua, et si son père était gaulliste, Karl Zéro, lui, s’inscrit plutôt au sein de la gauche, même s’il n’a jamais renié son catholi­cisme. Dans la sec­onde moitié des années 90, il déclare par exem­ple qu’il faut inter­dire Le Pen d’antenne. Il admet avoir voté Mit­ter­rand en 81 et 88. En 95, il a voté Laguiller au pre­mier tour, et pour le sec­ond il avoue : « j’aurais bien voté Chirac au deux­ième tour. Mais, il fai­sait beau. On a été à Deauville. »[7].

L’une de ses obses­sions est de voir arriv­er l’extrême droite au pou­voir, ce qui serait pour lui un motif val­able pour faire séces­sion. En 2013, il bro­carde sa belle-sœur Frigide Bar­jot, mar­iée à son frère Basile de Koch, fig­ure de la Manif pour Tous, en l’accusant de faire le jeu des extrémistes. Dans le même temps, il se déclare pour le mariage homosexuel.

Enfin, son com­bat prin­ci­pal est celui con­tre la pédocrim­i­nal­ité, sujet qu’il évoque dans sa revue l’Envers des affaires ou dans cer­tains de ses documentaires.

Il l’a dit

« J’ai l’impression de n’être ni de droite ni de gauche. Je n’ai pas un humour encar­té. Bedos m’en a félic­ité. Il m’a dit : Tu n’es pas mar­qué, tu peux tout dire. » — Libéra­tion, 23 jan­vi­er 1996

« Un sketch sur Le Pen doit être com­préhen­si­ble au pre­mier degré. En allant lui ten­dre le micro [Patrick] Sébastien ne s’est pas ren­du compte qu’il lui ser­vait la soupe. On peut rire de n’importe qui, mais pas avec tout le monde. », Libéra­tion, 23 jan­vi­er 1996

« L’objectivité n’existe pas à la télé. Il faut faire du jour­nal­isme d’opinion. En scé­nar­isant l’actu, en décer­nant des bons ou des mau­vais points. Je veux faire un 20 heures. Et vous ver­rez, on me le pro­posera… » — Libéra­tion, 23 jan­vi­er 1996

« Jean-François Bizot m’a dit que le jour­nal­isme tenait dans un trip­tyque : “Je vais voir, je racon­te, et j’ai un avis”. Je n’ai jamais plus dévié de cette ligne. » — Vice, 9 avril 2015

« Mais c’est quoi l’objectivité ? Qui est objec­tif ? Ceux qui souhait­ent rester en place. Ceux qui, quel que soit le pou­voir, sont aux ordres. Ils sont faciles à recon­naître, les années passent, ils sont tou­jours là. Ils mour­ront au micro. » — Vice, 9 avril 2015

« Là-bas [Chez Actuel], on écrivait nos papiers en écoutant “On My Radio” des Selecter à fond, et d’un coup, un des jour­nal­istes s’effondrait, trop défon­cé pour finir son papi­er. Il allait ron­fler sur le canap’, et un autre pre­nait la suite. C’était leur côté Mai 68, com­plète­ment auto­géré. À l’époque je n’avais que 19 ans et je voy­ais ça d’un œil ébloui. C’était mon école. » — Vice, 9 avril 2015

« Dès 1996, je dis­ais qu’il ne fal­lait pas inviter Jean-Marie Le Pen. Jamais. Que ça le banalis­erait. Mais comme c’était un bon client, les autres s’empressaient de le faire – même sur Canal, hélas… Résul­tat, aujourd’hui c’est sa fille Marine qui est unanime­ment saluée pour avoir fait du FN un par­ti très répub­li­cain et tout à fait fréquentable. Que “l’UMPS” qu’elle dénonce soit total aux frais­es, y a pas de débat. Mais de là à se retrou­ver avec 100 députés bleu marine en 2017… très vite, le marine tourn­era au brun. Le dan­ger, c’est qu’il est foutu de gag­n­er. Il fau­dra faire séces­sion si ça arrive. » — Vice, 9 avril 2015

Sur Zem­mour : « Depuis, j’ai pigé : il a peur de tous les musul­mans. Y’a pour­tant pas de quoi, en vrai. Mais c’est comme Marine, on nous pré­pare sans doute en douceur à une nuit des longs couteaux. » — Vice, 9 avril 2015

« J’aime bien Yann Barthès et son pro­duc­teur. » — Vice, 9 avril 2015

Nébuleuse

Karl Zéro fait ses armes avec Jean-François Bizot. Il évolue alors au sein d’une généra­tion mar­quée par mai 68 où la péri­ode punk a fait son chemin. Pas éton­nant donc de voir un rég­i­ment de gens sous pseu­do aux côtés de Karl. C’est égale­ment avec l’esprit railleur vis-à-vis des vieilles insti­tu­tions qu’il a bâti sa car­rière. Pas éton­nant donc de le retrou­ver chez Canal au côté d’Antoine de Caunes. L’un des piliers prin­ci­paux de Karl est égale­ment son épouse, Daisy d’Errata (sic), jamais très loin dans ses émis­sions ou ses productions.

Ils l’ont dit

« J’ai aus­si beau­coup regardé le Vrai Jour­nal de Karl Zéro. » — Yann Barthès dans Le Parisien, 7 novem­bre 2013

« Dans sa bouche, des expres­sions revi­en­nent sou­vent : “Tout ça est tiré par les cheveux”, “on nous balade”. Une rhé­torique qui rap­pelle celle des mem­bres du mou­ve­ment con­spir­a­tionniste Qanon, très en vogue aux États-Unis. » — Le Parisien, 26 févri­er 2023

« Il a par­cou­ru les plus grands médias français, mais il a surtout été l’une des incar­na­tions les plus con­nues du Canal de la grande époque » — Éric Moril­lot dans Les Incor­rectibles, novem­bre 2021

« Il a le mérite de pos­er les vraies ques­tions, de met­tre en lumière ce dont on ne par­le pas. […] Il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il bas­cule du mau­vais côté. », Lau­rent Boy­er, prési­dent de l’association Les Papil­lons, dans Le Monde, 18 mars 2023

« Il faut dire qu’en matière de com­plo­tisme, Karl Zéro n’en est pas à son coup d’essai. Dans les années 2000, il affirme sans ambages que, selon lui, les Améri­cains “savaient” pour les atten­tats du 11 sep­tem­bre mais ont lais­sé faire. », Rudy Reich­stadt dans Franc-Tireur, 24 novem­bre 2021

Notes

[1]Paris Match, 29 avril 2014
[2]Libéra­tion, 23 jan­vi­er 1996
[3]Paris Match, 29 avril 2014
[4]Ibid.
[5]L’Envers des affaires, n° 1, mai-juil­let 2021
[6]Paris Match, 29 avril 2014
[7]Libéra­tion, 23 jan­vi­er 1996

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