Décidément, il n’est pas facile de diriger la BBC, alia « Auntie » (ma tante). Un précédent directeur général, le libéral libertaire Tony Hall, adepte de la censure préventive, avait dû démissionner début 2020. C’est au tour du président, Richard Sharp, en place depuis février 2021, de quitter son poste sur fond de « prêt » un peu obscur accordé à Boris Johnson qui l’avait nommé.
Boris et son train de vie
Boris Johnson, sa tignasse blonde ébouriffée, son charisme, ses citations de grec ancien, ses foucades, on pourrait ajouter son train de vie qui n’est pas celui de tout le monde. Il a des relations comme on peut le supposer et il les met parfois à contribution.
Entre en scène Richard Sharp, ancien banquier, conseiller économique (2008/2016) de Boris Johnson quand il était maire de Londres. Remarquons que Richard Sharp est l’ancien patron de l’actuel premier ministre britannique d’origine indienne, Richi Sunak chez… Goldman Sachs.
Un prêt qui tombe au (trop) bon moment
Richard Sharp est un des soutiens financiers du parti Conservateur anglais. Fin 2020, il a 66 ans, est retraité de la banque et postule au poste de président de la BBC. C’est le premier ministre qui « recommande » (en fait choisit) le candidat qui est nommé officiellement par la reine. C’est ici que le calendrier intervient.
Le 11 novembre 2020, la BBC clôt son appel à candidatures, le 19 le cabinet de Boris Johnson indique que la candidature de Sharp est la mieux placée, fin janvier 2021, il est retenu comme le seul candidat et prend son poste en février. Au milieu de tout ça ou juste auparavant, Richard Sharp avait participé au montage d’un prêt privé de 800.000 livres (environ 900K€) en faveur de Boris Johnson. Un peu désordre quand même. Pire, Sharp ne mentionne pas ce prêt lors de sa nomination.
Il faudra attendre janvier 2023 pour que le Sunday Times révèle l’affaire, contraignant Sharp à la démission, il restera en place quelques mois en attendant un successeur. Le conservateur Sharp n’aura guère influé sur le ton libéral libertaire de la BBC, comparable à celui de France Inter en France ; se heurtant au mur compact des journalistes et techniciens de Auntie, quasi tous politiquement corrects et hostiles à tout pluralisme idéologique, voir notre encadré ci-dessous.
Voir aussi : Polémique à la BBC : victoire de la gauche bien-pensante ou arrêt de mort de la redevance ?