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Jean Massiet

16 mai 2023

Temps de lecture : 6 minutes
Accueil | Portraits | Jean Massiet
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Jean Massiet

Temps de lecture : 6 minutes

La bien-pensance en ligne

Avec la défiance grandissante dans les médias dominants, internet est devenu le second souffle du système afin de toucher un public convoité : les jeunes. Parmi ces ambassadeurs du renouveau de la bien-pensance en ligne, il y a Jean Massiet.

Origines et formation

Né le 1er octo­bre 1988 à Paris, il grandit au sein d’un milieu bour­geois où il reçoit une bonne édu­ca­tion tein­tée de catholi­cisme. Il ren­tre au lycée Paul Lap­ine à Courbevoie. Sur le con­seil de sa sœur aînée, il par­ticipe à la réu­nion de ren­trée du jour­nal du lycée et rapi­de­ment en devient le respon­s­able, ce pre­mier engage­ment le marquera.

Son bac en poche, il ren­tre en pre­mière année de licence à Paris-Nan­terre. Nous sommes alors en 2007. En 2010, il fait une pre­mière année de mas­ter à l’ENS dans le droit pub­lic. Il pour­suit en 2011 avec un mas­ter d’affaires publiques et admin­is­tra­tives à Panthéon-Sorbonne.

Parcours professionnel

Pré­paré par son cur­sus uni­ver­si­taire à un poste de col­lab­o­ra­teur par­lemen­taire, il effectue tout d’abord un stage auprès de Colombe Brossel, adjointe à la mairie de Paris en charge des affaires sociales et périsco­laires. Il se met ensuite au ser­vice de Frédérique Calan­dra, maire social­iste du 20e arrondisse­ment de Paris.

Entre 2012 et 2014, il est chargé de mis­sion auprès du prési­dent du con­seil général de la Seine-Saint-Denis. Enfin, en 2014, il ren­tre au cab­i­net de Marisol Touraine, alors min­istre de la Cul­ture. Il y reste jusqu’en 2015. Cette année-là, les attaques con­tre la rédac­tion de Char­lie Heb­do, dont il était proche, lui mon­trent que le poli­tique n’est pas pour lui. Il déclare à ce sujet : « J’aurais suivi le par­cours et le cur­sus qui étaient tracés pour moi et je serais aujourd’hui con­trôleur de ges­tion à la Société Générale, mar­ié avec 2 enfants, un labrador et un pavil­lon dans les Yve­lines. […] Tu com­prends à cette car­i­ca­ture que je suis bien con­tent d’être là où j’en suis. »

Durant l’été 2015, il tra­vaille sur le pro­jet Vie Publique, une chaîne Twitch où il veut com­menter les ques­tions au gou­verne­ment. Il finance ce pro­jet en emprun­tant 5 000 euros sur ses pro­pres fonds. Néan­moins, l’émission doit chang­er de nom sur demande des ser­vices du min­istère de l’Intérieur, et devient Accrop­o­lis. La chaîne est ban­nie de Twitch peu après son lance­ment car la plate­forme n’accepte pas les chaînes hors celles de jeux vidéo. Massi­et va alors sur YouTube. En sep­tem­bre 2019, Massi­et se voit diag­nos­ti­quer un état de burn-out. Le pro­jet Accrop­o­lis prend fin en 2021, et il se con­sacre alors à ses pro­jets en solitaire.

Il lance sa chaîne solo où il reprend le con­cept de com­menter les ques­tions au gou­verne­ment à la mi-sep­tem­bre 2021. Le 14 juin 2021, il est égale­ment l’un des deux com­men­ta­teurs d’un match d’e‑sport opposant Ugo Bernali­cis et Denis Masséglia.

Durant le pre­mier con­fine­ment, il lance Jean Massi­et Invi­ta­tion­al, une émis­sion d’interview de per­son­nal­ités poli­tiques, qui cesse à l’automne 2020 après 9 dif­fu­sions. Enfin, en 2022, à l’occasion des élec­tions prési­den­tielles, il lance l’émission Back­seat, dans laque­lle entouré de chroniqueurs, il reçoit des per­son­nal­ités poli­tiques, notam­ment des min­istres. En 2023, l’émission est prolongée.

Collaborations

Dans une vidéo pub­liée sur sa chaîne YouTube le 28 avril 2023, il affirme avoir effec­tué plusieurs col­lab­o­ra­tions avec la Cour des comptes ou encore la Cour européenne. Par ailleurs, en col­lab­o­ra­tion avec le streameur Hugo Tra­vers, il présente Ques­tions aux séna­teurs, une émis­sion dif­fusée de manière heb­do­madaire en parte­nar­i­at avec LCP.

Parcours militant

Jean Massi­et se veut engagé pour l’éducation pop­u­laire à la sauce Par­ti social­iste et la « lib­erté des médias » dont il a une con­cep­tion toute per­son­nelle et très peu lib­er­taire. Dans ses années lycéennes, il est prési­dent de l’association Jet d’encre qui tra­vaille pour pro­mou­voir les ini­tia­tives venant des jeunes. Il est égale­ment mem­bre du con­seil d’administration d’Ani­mafac et secré­taire général du réseau qui s’occupe des asso­ci­a­tions juniors.

Cet engage­ment, forgé à la fois par ces expéri­ences mais aus­si par les man­i­fs con­tre le CPE en 2006, lui per­met de met­tre un pied dans la sphère poli­tique. S’il indique ne pas avoir été encar­té au PS, il se définit lui-même comme un homme de gauche tout en affir­mant vouloir con­serv­er à sa chaîne un ton neu­tre, avant d’affirmer que la neu­tral­ité n’existe pas.

En 2023, d’abord sur C à Vous, puis dans Quelle époque ! il reprend la très vieille anti­enne du cor­don san­i­taire édic­té lors de l’ère François Mit­ter­rand. Il affirme refuser d’interviewer ce qu’il définit comme l’extrême droite et être favor­able à son inter­dic­tion des antennes.

Il l’a dit

« Enfant de bour­geois ayant reçu une édu­ca­tion tra­di­tion­nelle catholique, j’ai com­mencé grâce à mon engage­ment à fréquenter quo­ti­di­en­nement des homo­sex­uels, des « pau­vres », des arabes, des juifs, des per­son­nes que rien ne m’avait pré­paré à con­naître. », Paperblog, 27 novem­bre 2017

« Para­doxale­ment ce pourquoi j’ai mil­ité (la place des jeunes dans la démoc­ra­tie) a été un poids pour moi avec des respon­s­abil­ités démesurées et du coup un grand stress. »,Paperblog, 27 novem­bre 2017

« Ce n’est que bien plus tard que j’ai com­pris que l’éducation pop­u­laire était un mou­ve­ment poli­tique au sens fort du terme : des mil­i­tants de l’émancipation col­lec­tive par l’enseignement. Aujourd’hui je revendique mon appar­te­nance à ce mou­ve­ment de pen­sée avec fierté ! »,Paperblog, 27 novem­bre 2017

« Mon pro­jet n’est pas un pro­jet de gauche. Je reste dans le com­men­taire. », Fréquencej, 24 mars 2016

« Le front répub­li­cain, le bon vieux cor­don san­i­taire, en Bel­gique ça marche ! », Quelle époque, 29 avril 2023

« Il y a une dif­férence de nature pro­fonde entre l’extrême droite et le reste du champ poli­tique. Ma posi­tion, celle de refuser de recevoir l’extrême droite sur un plateau, est une posi­tion qui a été celle de la plu­part des médias pen­dant très longtemps. », C à Vous, 10 avril 2023

« Je suis de gauche mais je mets un point d’honneur à ne pas faire une chaîne de gauche. » Les Inrocks, 13 mars 2016

Nébuleuse

Par son par­cours, Jean Massi­et a ses entrées dans le milieu de l’e‑sport, qui est un mod­èle qu’il revendique pour ses émis­sions. Par ailleurs, il est proche de cer­taines per­son­nal­ités gauchistes comme le vidéaste Usul. 

Ils l’ont dit

« C’est un col­lab­o­ra­teur de cab­i­net en pleine crise citoyenne depuis les atten­tats de Char­lie Heb­do. Son souhait ? Ren­dre la poli­tique aux jeunes, ou plutôt réc­on­cili­er les jeunes avec la poli­tique. », Fréquencej, 24 mars 2016

« S’il assume par­faite­ment venir du monde poli­tique et être de sen­si­bil­ité de gauche, Jean Massi­et se défend d’instrumentaliser sa chaîne. », Fréquencej, 24 mars 2016

« Même si sa con­nais­sance de cer­tains dossiers poli­tiques est évi­dente, le Youtubeur con­cède “être un citoyen un peu pom­mé par­fois”. », Fréquencej – 24 mars 2016

« Con­tre le RN, le streameur Jean Massi­et n’a rien trou­vé de mieux que le bon vieux cor­don san­i­taire. », Mar­i­anne, 2 mai 2023

« Jean Massi­et est un trop bon vul­gar­isa­teur poli­tique pour ten­dre le micro aux respon­s­ables poli­tiques qui lui déplaisent. » Causeur, 24 avril 2023

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