D’ordinaire très dure envers Budapest et Varsovie, la vice-présidente de la Commission européenne chargée des « Valeurs et de la Transparence » fonce bille en tête contre la nouvelle loi tchèque sur les médias, expliquant que cette dernière pose encore plus de problèmes que la situation de la presse en Hongrie et en Pologne.
Matraquage fiscal de la presse tchèque
Le gouvernement de Petr Fiala veut que les Tchèques se serrent la ceinture. Son programme d’économie budgétaire est contesté, particulièrement le volet consistant en une augmentation de la TVA sur les journaux, qui devrait passer de 10% à 21%.
Le clan de l’homme d’affaires et ancien Premier ministre Andrej Babiš est furieux, et voit dans cette augmentation une manière de nuire aux intérêts financiers et politiques du candidat malheureux à la présidentielle de janvier 2023. Mais les médias n’appartenant pas à la sphère de Babiš sont aussi vent debout contre Petr Fiala et crient à une attaque contre la démocratie et la liberté de la presse.
Jourová s’en mêle
Bien qu’elle soit un pur produit de la galaxie Soros, et aux avants-postes dans le projet inquiétant de mise en place d’un European Media Freedom Act, Věra Jourová est sortie de sa zone de confort pour s’en prendre au Premier ministre tchèque, un homme cochant pourtant de nombreuses cases des canons de la bien-pensance.
Selon elle, cette augmentation de la TVA aura pour conséquence de « liquider » des médias et représente une mesure que « même la Pologne et la Hongrie n’ont pas prise. » Des propos plus qu’étonnant lorsqu’on sait que Věra Jourová est depuis des années une des grandes figures du djihad inclusif mené par Bruxelles contre Varsovie et Budapest.
D’autres réactions outrées
Les médias concernés par cette augmentation rivalisent de propos acérés à l’encontre de Petr Fiala. Le quotidien économique de centre droit Hospodářské noviny, lié aux réseaux Soros, n’y va pas de main morte et utilise la même réthorique que celle déroulée contre la Pologne et la Hongrie :
« Le gouvernement de (Petr) Fiala donne des coups de pied aux médias. En procédant à des coupes sombres, il pousse la Tchéquie hors de l’Europe. […] Peu nombreux sont les gens sains d’esprit à douter du fait que des médias indépendants et sérieux sont essentiels au bon fonctionnement d’une démocratie. Cela est d’autant plus évident actuellement, alors que l’Europe est exposée à des campagnes de désinformation financées par des régimes autocratiques, en particulier la Russie de Poutine. On s’attendrait donc automatiquement à ce que le gouvernement tchèque comprenne cela et, à tout le moins, à ce qu’il ne jette pas de bâtons dans les roues des médias indépendants. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Selon le ‘paquet de consolidation’ présenté par le cabinet Fiala, le taux de TVA appliqué aux journaux passera de 10 à 21 %. C’est un coup dur économiquement pour les médias indépendants. […] Jusqu’à présent, nous pouvions considérer faire partie nous aussi des pays développés dans ce domaine, bien qu’avec quelques réserves, car 10%, c’était, avouons-le, déjà trop. Désormais, malheureusement, à cause du gouvernement Fiala, nous nous rapprochons des standards russes. Une taxe sur la presse indépendante dix fois plus élevée qu’en France, c’est vraiment de la psychose fiscale tchèque. »
Prague bientôt dans le même sac que Budapest et Varsovie ?
Le cas de Fiala et de la Pologne montre qu’il ne suffit pas de s’agenouiller devant les vaches sacrées de la religion pro-Kiev pour échapper à la patrouille bruxelloise. Tout comme Budapest, Varsovie n’a pas encore reçu ses fonds qui lui reviennent normalement dans le cadre du plan de relance de l’UE.
Petr Fiala était jusqu’à cette saillie de Věra Jourová un dirigeant propre et convenable, à un tel point qu’il s’est même efforcé d’encore plus abimer la coopération de Visegrád, déjà en sale état en raison des différends entre la Hongrie et la Pologne sur la question russe. La Tchéquie rejoindra-t-elle le club des moutons noirs de l’UE ? Si Fiala n’amende pas sa législation sur la presse, c’est possible.
Photo : crédit Lukasz Kobus. Source : Wikimedia