URGENT. Vendredi 2 juin, le rédacteur en chef de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune a été mis à pied à titre conservatoire et convoqué pour un entretien de licenciement.
Un long bras de fer avec Iskandar Safa
Iskandar Safa s’est fait connaître en intervenant dans la crise des otages au Liban en 1988 puis en reprenant les Constructions mécaniques de l’Atlantique en 1992. Ces derniers sont spécialisés dans la construction de yachts mais surtout de bâtiments militaires, vedettes (les célèbres vedettes de Cherbourg), patrouilleurs et corvettes. Une grande partie de son activité est liée à des commandes publiques.
En avril 2015, Iskandar Safa rachète avec son frère le groupe Valmonde et son navire amiral Valeurs actuelles à la société Pierre Fabre qui l’avait lui-même racheté à Dassault en 2006.
Un conflit de personnes et d’intérêts autant que politique
Le courant n’est jamais vraiment passé entre Iskandar Safa et Geoffroy Lejeune pourtant nommé par le premier directeur de la rédaction en 2016. D’un caractère indépendant, Lejeune a engagé le magazine assez nettement – trop nettement diront certains – en faveur de la candidature d’Eric Zemmour lors de la campagne présidentielle de 2022. Par la suite, ses Unes engagées et à succès contre la politique d’Emmanuel Macron auront certainement gêné Safa dans ses activités de construction navale à titre militaire et dans ses opérations immobilières dans le midi de la France.
Voir aussi : Geoffroy Lejeune, Rastignac de la droite
Il est difficile de cerner les convictions politiques d’Iskandar Safa. Il n’a certes pas des convictions de gauche ni progressistes, mais il est avant tout un homme d’affaires soucieux de ses intérêts. Irrité par un engagement trop net du journal contre Emmanuel Macron et ses ministres, il voudra recentrer le magazine dans une opposition plus modérée sans perdre trop de lecteurs attachés à une ligne franchement droitière. Il devra composer avec une rédaction en général attachée à son ancien patron et trouver un manager faisant le consensus.
Geoffroy Lejeune serait congédié pour « faute lourde » donc sans préavis ni indemnités. Un procès aux prud’hommes pourrait lui être favorable à moins qu’une paix des braves ne soit conclue entretemps par un compromis financier. Journaliste de grand talent, il ne devrait pas avoir de difficultés à retrouver un nouveau poste de responsabilité.