C’est le bilan d’une saison compliquée : Sibyle Veil, PDG de Radio France, a livré un entretien exclusif au Parisien, où elle revient sur les polémiques qui ont agité les radios du service public et annonce les grands enjeux de la nouvelle saison.
Elle annonce « quinze millions d’auditeurs chaque jour pour Radio France » dont « sept millions rien que pour France Inter » : à la tête des antennes de radio publiques, Sibyle Veil s’enorgueillit d’un « groupe fort ». Celle qui a récemment été reconduite à la tête de Radio France a dû faire face à des polémiques, durant la saison 2022–2023, qui ont ébranlé son image.
Éteindre le feu
Très langue de bois vis-à-vis des accablantes révélations sur Sandrine Treiner et son comportement tyrannique à l’encontre de ses équipes de France Culture, Sibyle Veil a joué la carte d’un départ obtenu sur un commun accord. « Nous étions tous d’accord, y compris Sandrine Treiner, a‑t-elle confessé au quotidien. Après huit années, il fallait ouvrir une nouvelle page ».
Sur la relégation de l’émission de Charline Vanhoenacker sur la plage du dimanche à 18h, présentée comme un « enterrement [potentiel] de première classe » par le journaliste responsable de l’entretien, le PDG de Radio France s’est défendu, proclamant avoir « toujours protégé » la liberté de ses « humouristes » qui « peuvent s’en prendre à leur direction et à leur actionnaire ». Dénonçant un « faux procès » quant à leur départ, elle a nié vouloir « toucher à ce qui marche » et plaider que « c’est en osant que nous construisons les succès de demain ». Le remplacement de cette équipe est à son sens entre de bonnes mains : le trio Misset, Baousson, Mazaurette apportera selon elle un « regard caustique sur la société, avec des interviews de personnalités engagées » - ndlr. à gauche, à n’en pas douter.
Enfin, sur la polémique relative à la nomination de Patrick Cohen, qui aurait été annulée par Laurence Bloch, Sibyle Veil a botté en touche : « Tout ça n’a pas beaucoup d’intérêt, a‑t-elle balayé avant de se lancer dans une comparaison footballistique douteuse. En période de mercato, il y a des heureux et des déçus, il y a des troisièmes mi-temps dans la presse, des commentaires de ceux qui savent et parfois de ceux qui ne savent rien. Je ne m’attache pas à tout ça ».
Une rentrée puissante… mais pas trop !
Non, pour Sibyle Veil, l’essentiel n’est pas là. « Ce qui m’importe, lance-t-elle, c’est que notre rentrée soit puissante. Et on travaille à ce qu’elle le soit ». Entre deux diatribes sur les programmes de Radio France adaptés sur France Télévisions (à l’exemple du « Jeu des 1 000 euros » et du « podcast exceptionnel de Philippe Collin sur Léon Blum), Sibyle Veil n’a pas épargné le lectorat du Parisien sur les menaces que faisait planer l’inflation sur l’avenir de la filière. Se félicitant d’avoir « fait l’équivalent de 10 % d’économies tout en nous transformant massivement », elle a ainsi déclaré « Nous ne sommes pas au bout de cette transformation pour avoir, dans la durée, un service public de qualité, ce qui est un actif stratégique pour le pays et pour chacun ». Sur le combat public / privé et notamment les recettes de la publicité, Sibyle Veil a préféré orienter le combat contre les géants du numérique (Meta, Google, Amazon) : « C’est à eux qu’iraient les recettes digitales dont on priverait le service public. Je ne pense pas que ce soit dans l’intérêt de qui que ce soit en France », a‑t-elle finalement conclu.
Voir aussi : Sibyle Veil, portrait