Un journaliste de terrain à l’école réaliste
Né le 25 mai 1955 à New-York (USA), Renaud (Pierre, Augustin) Girard est le fils d’un haut-fonctionnaire, Augustin Girard, et de Bernadette Lempereur, psychologue-clinicienne. Père de deux filles prénommées Clara et Anise, il est marié depuis le 26 septembre 1980 à Isabelle Clairé, journaliste. Grand reporter puis chroniqueur international au Figaro, Renaud Girard est un nom familier dans les colonnes relatives aux questions internationales.
Un journaliste de terrain
À l’occasion de l’un de ses premiers reportages au Tchad, dans les années 1980, son enquête sur « crimes commis par l’armée tchadienne contre les chrétiens et les animistes du sud du pays » lui aurait valu d’être enfermé en prison par le président Hissène Habré. Si l’on en croit son site internet, « il alert[a] le monde sur la situation critique des populations civiles » en 1992 en Somalie, put s’entretenir en 1993 avec le chef de guerre Mohamed Farrah Aïdid après l’intervention militaire américaine des Task Forces Rangers. Selon cette même source, « il [aurait été] l’un des premiers journalistes à pénétrer à Kigali, et […] y relate[r] le début du massacre des Tutsis ». Après avoir « alerté le monde », le journaliste fera en sorte de « faire prendre conscience de l’ampleur du génocide » (sic).
En Afghanistan, il rencontre le président Massoud en septembre 1997. À l’occasion des guerres civiles de Yougoslavie, il couvre les conflits qui s’épanouissent en Croatie, en Bosnie comme au Kosovo. Pour ce dernier conflit, il se montrera particulièrement critique à l’encontre du traitement global de la question Kosovo. Il obtiendra par ailleurs un entretien avec le président serbe Milosevic en 2004, en s’introduisant dans la prison du Tribunal pénal de La Haye. Au tournant du siècle, il traversera « la chaîne du Caucase » « à pieds », « afin d’échapper à l’armée russe » alors qu’il était « coincé en Tchétchénie durant l’hiver 1999–2000 ».
Un journaliste de « l’école réaliste »
Appartenant à l’école réaliste, Renaud Girard porte parfois des positions originales dans la sphère médiatique. Fait notable par sa rareté, il saluera ainsi l’accord nucléaire obtenu avec l’Iran en 2015. La même année, il appelle à une position française équilibrée sur le dossier russe. De même, sur le conflit israélo-palestinien, il dénonce l’alignement de la France sur les positions atlantistes. Enfin, sur l’Irak, il note : « Hussein avait réussi à construire une nation que les Américains ont fait exploser en 2003 par une démocratie imposée, qui a provoqué des regroupements communautaires autour de la tribu et de l’ethnie. » À plusieurs reprises, il dénoncera les velléités atlantistes, soulignant : « L’expérience a montré partout, en Irak, en Libye, en Afghanistan, que le « country building » à l’américaine ne fonctionne pas en terre d’islam ».
Un professeur… un peu dans la tourmente ?
« Observateur en première ligne de la fabrique de l’Histoire », comme le souligne son site, celui qui devient chroniqueur international au Figaro en avril 2013, est aussi géopoliticien et professeur de relations internationales à ses heures perdues. Il y développe « une théorie issue du réalisme politique, qui promeut le concept d’« ennemi principal », […] applique cette théorie à plusieurs sujets clefs des relations internationales telles que les relations Iran-Occident, le conflit israélo-palestinien, les liens avec la Russie, la crise syrienne, les conditions qui doivent justifier les interventions militaires extérieures de la France ».
Récemment, Renaud Girard a fait parler de lui pour son intervention au Forum de Doha. Il a été accusé à cette occasion par Jean-Michel Duthion, un lobbyste à l’origine d’une enquête sur l’ingérence étrangère dans les médias, d’avoir touché une somme de la part du Qatar. L’information a été démentie par l’intéressé, qui a assuré « n’avoir jamais reçu d’argent d’un gouvernement étranger et n’avoir jamais écrit sous l’influences des personnes ou entités pour lesquelles il a pu travailler ».
Formation
- École alsacienne, Paris.
- Rugby School, Grande-Bretagne.
- Lycée Louis-le-Grand, Paris.
- Service militaire comme aspirant, chef de section de combat, au 27ème bataillon de chasseurs alpins.
- Janvier 1981- mai 1983. École nationale supérieure, Paris. (Promotion Solidarité).
- Diplômé ès lettres.
Parcours professionnel
1er juin 1983 – 1er octobre 1991. Administrateur civil de 2e classe.
1er juin 1983 – 1er septembre 1984. Administrateur civil au ministère de l’Industrie et de la recherche. Il y est l’adjoint du sous-directeur de la chimie organique.
1er octobre 1985 – juillet 1987. Il se met en disponibilité pour occuper le poste de grand reporter au Figaro.
1985–1987. Grand reporter.
1987. Directeur du développement du groupe des Presses de la Cité et de l’Express.
Depuis 1988. Grand reporter de politique étrangère.
Mai 1988 – juin 1988. Directeur délégué auprès du vice-président directeur général de TF1, chargé des affaires internationales.
1er octobre 1988 – avril 2013. Grand reporter au service de politique étrangère du Figaro.
1er octobre 1991. Démissionne de la fonction publique.
1994–2000. Administrateur d’Action contre la faim.
Depuis 1999. Membre du comité de la rédaction de la Revue des deux mondes.
Depuis 2001. Maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.
Depuis 2002. Membre du Conseil franco-britannique.
2004–2010. Censeur du conseil de surveillance de l’Institut de développement industriel.
Avril 2010 – 26 juin 2014. Membre du conseil de surveillance de l’Institut de développement industriel.
Depuis 2013. Chroniqueur international au Figaro.
2021. Membre du jury du concours externe et du 2e concours externe d’entrée à l’École nationale d’administration.
Autres fonctions
- Membre du Siècle.
- Membre du Nouveau cercle de l’Union.
- Membre du Cercle de l’Union interalliée.
- Membre du Club des Vingt.
Publications
- 1983 : Paris sucré, éditions Hachette.
- 2005 : Pourquoi ils se battent. Voyages à travers les guerres du Moyen-Orient, éditions Flammarion.
- 2006 : La guerre ratée d’Israël contre le Hezbollah, éditions Perrin.
- 2010 : Retour à Peshawar, éditions Grasset.
- 2014 : Le monde en marche, CNRS éditions.
- 2014 : (Collectif). Que reste-t-il de l’Occident ?, éditions Grasset.
- 2016 : Le monde en guerre, cinquante clés pour comprendre, éditions Montparnasse.
- 2017 : Quelle diplomatie pour la France ? Prendre les réalités telles qu’elles sont, éditions du Cerf.
- 2020 : Le Grand Iran. Mon engagement. Conversation avec Amir Jahanshabi, éditions Grasset.
- 2020 : Un ambassadeur russe à Paris, en collaboration avec A. Orlov, éditions Albin Michel.
- 2022 : Déraisons d’États. Virus à l’Élysée, éditions Philéas.
Vie privée
Son père est le « fondateur du service des études et des recherches du Ministère de la Culture sous André́ Malraux et premier expert français des politiques culturelles ». Il appartenait à une famille de résistants.
Distinctions
- 1999 : Prix de la Fondation Mumm pour la presse écrite. (Article : Sur la piste d’Oussama Ben Laden ).
- 2001 : Prix Thucydide de relations internationales. (Article : L’inquiétante paralysie des institutions européennes.
- 2004 : Nomination au titre de Journaliste de l’année de l’European Voice.
- 2014 : Grand Prix de la Presse international.
Ce qu’il gagne
En qualité de chroniqueur récurrent au Figaro, profession pour laquelle il est payé en droits d’auteur, Renaud Girard doit compter parmi les journalistes bien rémunérés du fait de son ancienneté.
Par ailleurs, comme maître de conférences à l’IEP de Paris, son salaire annuel complémentaire doit être confortable, eu égard à la rémunération globale généreuse dont bénéficient ces professeurs.
Les différents prix qu’il a reçus ont pu par ailleurs arrondir ses fins de mois ; par exemple, la récompense financière du prix de la Fondation Mumm s’élève ainsi à 7600 euros.
Il l’a dit
« Si Israël continue sur la voie actuelle, s’il persiste à ne pas préparer un État viable pour les Palestiniens, il signe l’arrêt de mort de l’État juif. » (Le Figaro, 22/07/2014)
« L’Amérique est tout naturellement le pays leader de l’Occident. Ce leadership est hélas aujourd’hui frappé de cécité stratégique, pour le malheur de l’ensemble des Occidentaux » (Le Figaro, 02/02/2015).
« […] Ce deal sur le dossier atomique iranien mettra fin aux risques de prolifération nucléaire au Moyen-Orient. Mieux, pour la stabilité de cette région, il pourra faire de l’Iran un partenaire de l’Occident, et non plus un rival ou un ennemi. » (Le Figaro, 03/04/2015).
« Concentrée sur leurs seuls intérêts, la diplomatie des Chinois semble hélas bien plus lisible que celle des Européens. » (Le Figaro, 10/04/2023).
« Avant de donner des leçons, l’Occident pourrait peut-être balayer devant sa porte ». (Le Figaro, 12/05/2015).
« Jacques Chirac, qui fut le fléau de notre pays, ne s’est pas contenté d’être laxiste sur les dépenses publiques. En prenant la funeste décision de suspendre le service militaire obligatoire, il a cassé le dernier moule où se forgeait, qu’on le veuille ou non, la solidité de la nation française » (Le Figaro, 13/07/2015).
« L’Occident attend de la France une analyse droite, autonome, responsable, de la situation internationale, et pas un comportement de caniche [ndlr. vis-à-vis des États-Unis] qui se révèle à la fin contre-productif pour les intérêts de l’Occident et la paix dans monde ». (Le Figaro, 31/07/2015).
« Les leaders de la jeunesse urbanisée des pays qu’on qualifiait naguère «du tiers-monde» sont de plus en plus nombreux à taxer d’hypocrite le catéchisme démocratique venu d’occident. » (Le Figaro, 27/03/2023)
« Le naufrage du navire France est d’autant plus triste qu’il faisait jadis l’admiration de l’Europe entière. […] L’État, comme paralysé par son obésité, a laissé se développer dans les banlieues une société parallèle, n’ayant rien à voir avec les valeurs françaises traditionnelles » (Le Figaro, 03/07/2023).
Photo : capture d’écran vidéo Europe 1