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Renaud Girard

14 juillet 2023

Temps de lecture : 8 minutes
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Renaud Girard

Temps de lecture : 8 minutes

Un journaliste de terrain à l’école réaliste

Né le 25 mai 1955 à New-York (USA), Renaud (Pierre, Augustin) Girard est le fils d’un haut-fonctionnaire, Augustin Girard, et de Bernadette Lempereur, psychologue-clinicienne. Père de deux filles prénommées Clara et Anise, il est marié depuis le 26 septembre 1980 à Isabelle Clairé, journaliste. Grand reporter puis chroniqueur international au Figaro, Renaud Girard est un nom familier dans les colonnes relatives aux questions internationales.

Un journaliste de terrain

À l’occasion de l’un de ses pre­miers reportages au Tchad, dans les années 1980, son enquête sur « crimes com­mis par l’armée tcha­di­enne con­tre les chré­tiens et les ani­mistes du sud du pays » lui aurait valu d’être enfer­mé en prison par le prési­dent Hissène Habré. Si l’on en croit son site inter­net, « il alert[a] le monde sur la sit­u­a­tion cri­tique des pop­u­la­tions civiles » en 1992 en Soma­lie, put s’entretenir en 1993 avec le chef de guerre Mohamed Far­rah Aïdid après l’intervention mil­i­taire améri­caine des Task Forces Rangers.  Selon cette même source, « il [aurait été] l’un des pre­miers jour­nal­istes à pénétr­er à Kigali, et […] y relate[r] le début du mas­sacre des Tut­sis ». Après avoir « alerté le monde », le jour­nal­iste fera en sorte de « faire pren­dre con­science de l’ampleur du géno­cide » (sic).

En Afghanistan, il ren­con­tre le prési­dent Mas­soud en sep­tem­bre 1997. À l’occasion des guer­res civiles de Yougoslavie, il cou­vre les con­flits qui s’épanouissent en Croat­ie, en Bosnie comme au Koso­vo. Pour ce dernier con­flit, il se mon­tr­era par­ti­c­ulière­ment cri­tique à l’encontre du traite­ment glob­al de la ques­tion Koso­vo. Il obtien­dra par ailleurs un entre­tien avec le prési­dent serbe Milo­se­vic en 2004, en s’introduisant dans la prison du Tri­bunal pénal de La Haye. Au tour­nant du siè­cle, il tra­versera « la chaîne du Cau­case » « à pieds », « afin d’échapper à l’armée russe » alors qu’il était « coincé en Tchétchénie durant l’hiver 1999–2000 ».

Un journaliste de « l’école réaliste »

Appar­tenant à l’école réal­iste, Renaud Girard porte par­fois des posi­tions orig­i­nales dans la sphère médi­a­tique. Fait notable par sa rareté, il saluera ain­si l’accord nucléaire obtenu avec l’Iran en 2015. La même année, il appelle à une posi­tion française équili­brée sur le dossier russe. De même, sur le con­flit israé­lo-pales­tinien, il dénonce l’alignement de la France sur les posi­tions atlantistes. Enfin, sur l’Irak, il note : « Hus­sein avait réus­si à con­stru­ire une nation que les Améri­cains ont fait explos­er en 2003 par une démoc­ra­tie imposée, qui a provo­qué des regroupe­ments com­mu­nau­taires autour de la tribu et de l’eth­nie. » À plusieurs repris­es, il dénon­cera les vel­léités atlantistes, soulig­nant : « L’ex­péri­ence a mon­tré partout, en Irak, en Libye, en Afghanistan, que le « coun­try build­ing » à l’améri­caine ne fonc­tionne pas en terre d’islam ».

Un professeur… un peu dans la tourmente ?

« Obser­va­teur en pre­mière ligne de la fab­rique de l’Histoire », comme le souligne son site, celui qui devient chroniqueur inter­na­tion­al au Figaro en avril 2013, est aus­si géopoliti­cien et pro­fesseur de rela­tions inter­na­tionales à ses heures per­dues. Il y développe « une théorie issue du réal­isme poli­tique, qui promeut le con­cept d’« enne­mi prin­ci­pal », […] applique cette théorie à plusieurs sujets clefs des rela­tions inter­na­tionales telles que les rela­tions Iran-Occi­dent, le con­flit israé­lo-pales­tinien, les liens avec la Russie, la crise syri­enne, les con­di­tions qui doivent jus­ti­fi­er les inter­ven­tions mil­i­taires extérieures de la France ».

Récem­ment, Renaud Girard a fait par­ler de lui pour son inter­ven­tion au Forum de Doha. Il a été accusé à cette occa­sion par Jean-Michel Duthion, un lob­byste à l’origine d’une enquête sur l’ingérence étrangère dans les médias, d’avoir touché une somme de la part du Qatar. L’information a été démen­tie par l’intéressé, qui a assuré « n’avoir jamais reçu d’argent d’un gou­verne­ment étranger et n’avoir jamais écrit sous l’influences des per­son­nes ou entités pour lesquelles il a pu tra­vailler ».

Formation

  • École alsa­ci­enne, Paris.
  • Rug­by School, Grande-Bretagne.
  • Lycée Louis-le-Grand, Paris.
  • Ser­vice mil­i­taire comme aspi­rant, chef de sec­tion de com­bat, au 27ème batail­lon de chas­seurs alpins.
  • Jan­vi­er 1981- mai 1983. École nationale supérieure, Paris. (Pro­mo­tion Solidarité).
  • Diplômé ès lettres.

Parcours professionnel

1er juin 1983 – 1er octo­bre 1991. Admin­is­tra­teur civ­il de 2e classe.

1er juin 1983 – 1er sep­tem­bre 1984. Admin­is­tra­teur civ­il au min­istère de l’Industrie et de la recherche. Il y est l’adjoint du sous-directeur de la chimie organique.

1er octo­bre 1985 – juil­let 1987. Il se met en disponi­bil­ité pour occu­per le poste de grand reporter au Figaro.

1985–1987. Grand reporter.

1987. Directeur du développe­ment du groupe des Press­es de la Cité et de l’Express.

Depuis 1988. Grand reporter de poli­tique étrangère.

Mai 1988 – juin 1988. Directeur délégué auprès du vice-prési­dent directeur général de TF1, chargé des affaires internationales.

1er octo­bre 1988 – avril 2013. Grand reporter au ser­vice de poli­tique étrangère du Figaro.

1er octo­bre 1991. Démis­sionne de la fonc­tion publique.

1994–2000. Admin­is­tra­teur d’Action con­tre la faim.

Depuis 1999. Mem­bre du comité de la rédac­tion de la Revue des deux mondes. 

Depuis 2001. Maître de con­férences à l’Institut d’études poli­tiques de Paris.

Depuis 2002. Mem­bre du Con­seil franco-britannique.

2004–2010. Censeur du con­seil de sur­veil­lance de l’Institut de développe­ment industriel.

Avril 2010 – 26 juin 2014. Mem­bre du con­seil de sur­veil­lance de l’Institut de développe­ment industriel.

Depuis 2013. Chroniqueur inter­na­tion­al au Figaro.

2021. Mem­bre du jury du con­cours externe et du 2e con­cours externe d’entrée à l’École nationale d’administration.

Autres fonctions

  • Mem­bre du Siècle.
  • Mem­bre du Nou­veau cer­cle de l’Union.
  • Mem­bre du Cer­cle de l’Union interalliée.
  • Mem­bre du Club des Vingt.

Publications

  • 1983 : Paris sucré, édi­tions Hachette.
  • 2005 : Pourquoi ils se bat­tent. Voy­ages à tra­vers les guer­res du Moyen-Ori­ent, édi­tions Flam­mar­i­on.
  • 2006 : La guerre ratée d’Israël con­tre le Hezbol­lah, édi­tions Perrin.
  • 2010 : Retour à Peshawar, édi­tions Grasset.
  • 2014 : Le monde en marche, CNRS édi­tions.
  • 2014 : (Col­lec­tif). Que reste-t-il de l’Occident ?, édi­tions Grasset.
  • 2016 : Le monde en guerre, cinquante clés pour com­pren­dre, édi­tions Montparnasse.
  • 2017 : Quelle diplo­matie pour la France ? Pren­dre les réal­ités telles qu’elles sont, édi­tions du Cerf.
  • 2020 : Le Grand Iran. Mon engage­ment. Con­ver­sa­tion avec Amir Jahan­shabi, édi­tions Grasset.
  • 2020 : Un ambas­sadeur russe à Paris, en col­lab­o­ra­tion avec A. Orlov, édi­tions Albin Michel.
  • 2022 : Déraisons d’États. Virus à l’Élysée, édi­tions Philéas.

Vie privée

Son père est le « fon­da­teur du ser­vice des études et des recherch­es du Min­istère de la Cul­ture sous André́ Mal­raux et pre­mier expert français des poli­tiques cul­turelles ». Il apparte­nait à une famille de résis­tants.

Distinctions

  • 1999 : Prix de la Fon­da­tion Mumm pour la presse écrite. (Arti­cle : Sur la piste d’Oussama Ben Laden ).
  • 2001 : Prix Thucy­dide de rela­tions inter­na­tionales. (Arti­cle : L’inquiétante paralysie des insti­tu­tions européennes.
  • 2004 : Nom­i­na­tion au titre de Jour­nal­iste de l’année de l’European Voice.
  • 2014 : Grand Prix de la Presse international.

Ce qu’il gagne

En qual­ité de chroniqueur récur­rent au Figaro, pro­fes­sion pour laque­lle il est payé en droits d’auteur, Renaud Girard doit compter par­mi les jour­nal­istes bien rémunérés du fait de son ancienneté.

Par ailleurs, comme maître de con­férences à l’IEP de Paris, son salaire annuel com­plé­men­taire doit être con­fort­able, eu égard à la rémunéra­tion glob­ale généreuse dont béné­fi­cient ces professeurs.

Les dif­férents prix qu’il a reçus ont pu par ailleurs arrondir ses fins de mois ; par exem­ple, la récom­pense finan­cière du prix de la Fon­da­tion Mumm s’élève ain­si à 7600 euros.

Il l’a dit

« Si Israël con­tin­ue sur la voie actuelle, s’il per­siste à ne pas pré­par­er un État viable pour les Pales­tiniens, il signe l’ar­rêt de mort de l’É­tat juif. » (Le Figaro, 22/07/2014)

« L’Amérique est tout naturelle­ment le pays leader de l’Oc­ci­dent. Ce lead­er­ship est hélas aujour­d’hui frap­pé de céc­ité stratégique, pour le mal­heur de l’ensem­ble des Occi­den­taux » (Le Figaro, 02/02/2015).

« […] Ce deal sur le dossier atom­ique iranien met­tra fin aux risques de pro­liféra­tion nucléaire au Moyen-Ori­ent. Mieux, pour la sta­bil­ité de cette région, il pour­ra faire de l’I­ran un parte­naire de l’Oc­ci­dent, et non plus un rival ou un enne­mi. » (Le Figaro, 03/04/2015).

« Con­cen­trée sur leurs seuls intérêts, la diplo­matie des Chi­nois sem­ble hélas bien plus lis­i­ble que celle des Européens. » (Le Figaro, 10/04/2023).

« Avant de don­ner des leçons, l’Oc­ci­dent pour­rait peut-être bal­ay­er devant sa porte ». (Le Figaro, 12/05/2015).

« Jacques Chirac, qui fut le fléau de notre pays, ne s’est pas con­tenté d’être lax­iste sur les dépens­es publiques. En prenant la funeste déci­sion de sus­pendre le ser­vice mil­i­taire oblig­a­toire, il a cassé le dernier moule où se forgeait, qu’on le veuille ou non, la solid­ité de la nation française » (Le Figaro, 13/07/2015).

« L’Oc­ci­dent attend de la France une analyse droite, autonome, respon­s­able, de la sit­u­a­tion inter­na­tionale, et pas un com­porte­ment de caniche [ndlr. vis-à-vis des États-Unis] qui se révèle à la fin con­tre-pro­duc­tif pour les intérêts de l’Oc­ci­dent et la paix dans monde ». (Le Figaro, 31/07/2015).

« Les lead­ers de la jeunesse urban­isée des pays qu’on qual­i­fi­ait naguère «du tiers-monde» sont de plus en plus nom­breux à tax­er d’hypocrite le catéchisme démoc­ra­tique venu d’occident. » (Le Figaro, 27/03/2023)

« Le naufrage du navire France est d’autant plus triste qu’il fai­sait jadis l’admiration de l’Europe entière. […] L’État, comme paralysé par son obésité, a lais­sé se dévelop­per dans les ban­lieues une société par­al­lèle, n’ayant rien à voir avec les valeurs français­es tra­di­tion­nelles » (Le Figaro, 03/07/2023).

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo Europe 1

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