Nigel Farage, « l’homme du Brexit » qui anime aujourd’hui une émission quotidienne sur la chaîne de télévision GB News, va-t-il obtenir une compensation financière et des excuses de la banque de prestige Coutts qui lui a fermé ses comptes cette année en raison de ses opinions ?
L’ex responsable de Natwest mieux traitée que Farage
Pour le moment, c’est l’ancienne directrice de NatWest, la maison mère de Coutts, qui semble bien partie pour récupérer 2,5 millions de livres sterling d’indemnités de départ après sa démission pour avoir divulgué à la BBC des informations financières concernant son client et aussi pour avoir menti à la chaîne publique britannique, créant ainsi une de ces célèbres « fake news », sur les vraies raisons de la décision de se débarrasser de ce client gênant.
Ainsi que nous le relations le 21 juillet dernier dans ces colonnes, les banques britanniques semblent développer aujourd’hui une curieuse pratique consistant à surveiller dans les médias et sur les réseaux sociaux les opinions de leurs clients et à fermer les comptes des clients jugés mal-pensants, sans que ceux-ci n’aient commis aucun crime ou délit ni même la plus petite infraction.
Le wokisme des entreprises
Le phénomène est décrit en ces termes par le journaliste et essayiste britannique Mick Hume, connu dans son pays pour s’intéresser tout particulièrement aux questions liées à la liberté d’expression et à la liberté de la presse :
« Ce que cela démontre très clairement, c’est que (…) la culture de l’annulation woke n’est pas seulement le fait de quelques étudiants radicaux qui tentent de faire interdire les féministes sur les campus universitaires pour avoir critiqué l’idéologie trans. Elle s’étend jusqu’au sommet de la société. Le monde de l’entreprise est aujourd’hui dirigé par des idéologues “woke”. »
Et d’ajouter, à propos de cette Dame Allison Rose sur le point d’obtenir 2,5 millions de livres sterling pour cause de départ anticipé de la direction de NatWest :
« Toute sa mission à la tête de cette banque, comme elle l’a dit elle-même, était de poursuivre des activités bancaires axées sur une cause. Elle a raconté ces mensonges à la BBC lors d’un dîner organisé pour une organisation caritative écologique. Elle ne s’intéresse donc pas à la banque, mais aux causes environnementales et à la diversité. C’est l’idée qu’elle se fait d’un chef d’entreprise : pas de faire des bénéfices pour les actionnaires ou rembourser au gouvernement les milliards de livres sterling qu’il a dépensés pour renflouer les banques, mais diriger une institution idéologique. »
Mensonge de Natwest
Lors d’un dîner caritatif, la directrice de NatWest avait « dévoilé » en juillet à un journaliste de la BBC que la vraie raison de la clôture des comptes de Nigel Farage, contrairement à ce que ce dernier racontait dans les médias, était qu’il ne remplissait plus les critères financiers de la banque Coutts, une banque pour gens riches.
Cette directrice de NatWest qui porte le titre honorifique de « Dame » (l’équivalent féminin de « Sir ») avait ainsi brisé l’obligation de confidentialité des banques en ce qui concerne les finances de leurs clients. Ceci avait fait réagir jusque dans le gouvernement de Rishi Sunak, l’État britannique détenant 38 % des actions de NatWest suite au renflouement de la banque avec l’argent du contribuable lors de la crise financière de 2008. Aujourd’hui, le secrétaire d’État à la City, Andrew Griffith, s’intéresserait à cette histoire d’indemnité de départ pharamineuse après avoir contribué à la démission de Dame Allison Rose. D’autant plus que cette noble dame a aussi menti au journaliste sur les véritables motifs de la clôture des comptes de Farage, ce qui est désormais prouvé et ce qui a même forcé la BBC a présenter ses excuses à la fin du mois de juillet pour avoir diffusé les fausses informations fournies par la directrice générale de NatWest.
Farage bien banni pour raisons politiques
En effet, dans un document interne de Coutts remis par un employé de la banque à Nigel Farage et rendu public par ce dernier, on a pu apprendre quelles étaient les vraies raisons de la clôture de ses comptes. Il s’agit du compte-rendu d’une réunion du comité de la banque Coutts responsable de la gestion des risques réputationnels. Cette réunion s’était tenue le 17 novembre 2022 et avait débouché sur une recommandation de clôture des comptes de l’ancien leader du Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP) puis du Brexit Party, devenu animateur sur la chaîne de télévision « anti-woke » GB News.
Dans ce document de quarante pages, il est clairement dit que Farage remplissait bien les critères commerciaux de Coutts, contrairement à ce que prétendra 9 mois plus tard la directrice générale de NatWest. En revanche, les gens de Coutts y reprochent à Nigel Farage des vues « xénophobes et racistes » (du fait de son opposition à l’immigration de masse et à l’immigration illégale) et il est même dit qu’il était « fasciste » dans son adolescence. Outre cela, la mention de prétendus liens de Nigel Farage avec la Russie apparaît 144 fois, le mot « Brexit » apparaît 86 fois et Donald Trump est mentionné 39 fois ! En plus de son rôle dans le Brexit et ses liens avec Trump, il est reproché à Farage son amitié avec Novak Djokovic, connu pour son refus de se vacciner contre le Covid-19, ainsi que ses vues sur les questions LGBT. Autant d’éléments qui font que, pour le comité de la banque Coutts responsable de la gestion des risques réputationnels, les vues de Nigel Farage ne seraient pas conformes aux valeurs de la banque, « étant donné ses opinions publiques en contradiction avec notre position en tant qu’organisation inclusive ». Et pour les auteurs de la recommandation de se débarrasser de la clientèle de Nigel Farage, « il ne s’agissait pas d’une décision politique, mais d’une décision axée sur l’inclusivité et notre raison d’être ».
Une « inclusivité » très excluante
Farage lui-même a comparé ce compte rendu à un rapport de la Stasi, car on y découvre que, depuis un certain temps, la banque Coutts s’intéressait de très près aux opinions et déclarations de son client, y compris sur son profil Twitter. Les gens de Coutts notent à ce sujet que ce profil contient de nombreux message de Farage en faveur du retrait du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme, ce qui serait une indication supplémentaire de la non-conformité de ce client avec les valeurs de la banque.
Suite à la publication de ce compte-rendu compromettant dans la presse, Peter Flavel, le directeur général de la banque Coutts, a démissionné dans la foulée d’Allison Rose, la directrice générale de sa maison mère Natwest. L’autorité financière est alors intervenue pour demander le maintien de Sir Howard Davies à son poste de président de NatWest pour préserver la stabilité financière de cette importante institution bancaire.
Une enquête bidon
Davies a ordonné une enquête sur les raisons pour lesquelles Coutts avait décidé de se débarrasser de Farage, mais ce dernier n’y croît pas. Ainsi qu’il l’écrivait le 24 août dans le Telegraph :
« Davies se cache actuellement derrière une enquête visant à déterminer pourquoi Coutts m’a “débancarisé”. Non seulement cette enquête n’a pas de calendrier fixe, mais le cabinet d’avocats qui la mène, Travers Smith, a pour président émérite un homme appelé Chris Hale. Ce dernier a qualifié le Brexit de “tragédie” et a qualifié le débat sur le Brexit de “mélange inquiétant de xénophobie, de racisme et de nostalgie”. Étant donné que j’ai été “débancarisé” en raison de mes opinions politiques, je n’ai aucune confiance en Travers Smith. Pire encore, une demande d’accès aux informations, que j’ai adressée à NatWest pour établir la vérité sur ce qu’Allison Rose savait du traitement que Coutts m’avait infligé et de la dissimulation qui s’en est suivie, m’est revenue après les 30 jours requis avec un message de mauvais augure. On me dit que ma demande est “complexe” et qu’il faudra à la banque jusqu’à la fin du mois d’octobre pour y répondre. »
Précisons tout de même que le nouveau directeur général par intérim de Coutts, Mohammed Syed, lui a proposé à la fin du mois de juillet de rétablir ses comptes bancaires.
Comme le faisait remarquer Mick Hume sur Remix News fin août :
« La gauche s’en prend aux banques depuis des années et n’a jamais rien obtenu. Nigel Farage s’est débarrassé des plus grands banquiers en une semaine. L’indignation du public face à ce type d’attaque contre la liberté d’expression montre qu’il y a de l’espoir. Elle montre que nous pouvons rallier les forces qui défendent la liberté d’expression en tant que valeur fondamentale de notre société civilisée. Mais pour cela, nous devons hisser le drapeau et nous battre. Nous devons passer à l’offensive. »
C’est ce que fait Nigel Farage, qui veut désormais créer « un puissant groupe de pression » pour s’opposer à ces pratiques de discrimination idéologique par les banques.