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Éducation aux États-Unis : ChatGPT gagne du terrain

13 septembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Éducation aux États-Unis : ChatGPT gagne du terrain

Temps de lecture : 4 minutes

Le 1er septembre 2023, le New York Times faisait sa Une sur le thème : « Faut-il interdire ou accepter les essais personnels générés par l’IA ? », sésame sans lequel il est impossible d’intégrer une université américaine. Il s’agit de dissertations par lesquelles le futur étudiant doit faire montre d’une voix singulière et de ses acquis en matière de rédaction autant que de narration. Interdire, Accepter ? Un peu des deux ? Les avis sont partagés mais l’utilisation de l’IA de type ChatGPT n’est plus automatiquement rejetée.

Un jeu de rôles grandeur nature ?

Majori­taire­ment, ce sera selon le bon vouloir des étab­lisse­ments. Leur degré d’indépendance étant très impor­tant. Pour se faire une idée, ils peu­vent dès main­tenant béné­fici­er des travaux du Geor­gia Insti­tute of Tech­nol­o­gy au sein duquel une équipe a passé tout l’été à se faire pass­er pour des lycéens pro­duisant ces fameux « essais per­son­nels », en util­isant des chat­bots IA afin de rem­plir les can­di­da­tures uni­ver­si­taires. Un peu comme un jeu de rôles : les respon­s­ables des admis­sions ont joué un per­son­nage, cap­i­taine d’une équipe sportive, scout, appren­ti comé­di­en de l’école du théâtre munic­i­pal… Sur ces bases, ils ont créé des pro­fils fic­tifs, les ont intro­duit dans Chat­G­PT et le bot a pro­duit des listes d’activités paras­co­laires mais aus­si d’essais per­son­nels, de dis­ser­ta­tions. Les textes qui sont les plus sou­vent couron­nés de suc­cès pour telle ou telle can­di­da­ture. Ain­si, un lycéen peut savoir à l’avance ce qu’il lui faut pro­duire, en util­isant Chat­G­PT, en vue d’avoir un max­i­mum de chances de voir sa can­di­da­ture retenue. L’objectif de l’expérience était de com­pren­dre com­ment l’utilisation de l’IA allait tout chang­er lors des véri­ta­bles tests d’admission de l’automne. Il ne s’agit pas de rejeter l’IA. L’université en ques­tion con­sid­ère que les étu­di­ants, de toutes les façons, arrivés à un cer­tain niveau d’études, utilis­eront l’IA. Il s’agit donc plutôt de bien les ori­en­ter, de leur appren­dre à l’utiliser cor­recte­ment puisque de toutes les manières elle existe et que les étu­di­ants y ont accès.

Un plagiat autorisé ?

Pour le New York Times, l’accès libre de bots tels que Chat­G­PT ouvre la voie au pla­giat automa­tisé et de fait autorisé. La prob­lé­ma­tique touche encore plus les uni­ver­sités les plus sélec­tives que les autres puisque dans les pre­mières l’essai per­son­nel est un fac­teur décisif de déci­sion : l’université attend de l’étudiant une voix d’écriture per­son­nelle, et la plus sin­gulière pos­si­ble. Or, si ces dis­ser­ta­tions sont générées par des IA, que restera-t-il de la notion de voix singulière ?

Une utilisation fortement critiquée et, en même temps, espérée

L’idée de pren­dre acte et d’accepter l’utilisation de l’IA sim­ple­ment du fait qu’elle existe ne fait pas l’unanimité. Nom­bre de doyens d’universités et d’enseignants con­sid­èrent qu’à terme cela va empêch­er les étu­di­ants de dévelop­per leur esprit cri­tique et des com­pé­tences néces­saires en nar­ra­tion. Pour l’instant, la seule réponse trou­vée est celle des con­seils. Par exem­ple, de ne pas utilis­er Chat­G­PT afin de ne pas dévelop­per une écri­t­ure générique, de tra­vailler à par­tir d’opinions et d’une écri­t­ure per­son­nelle. Il est dif­fi­cile­ment imag­in­able que des con­seils suffiront.

Un pas vers « l’égalité » ?

Pour d’autres, l’utilisation des out­ils numériques tels que l’IA serait un out­il de démoc­ra­ti­sa­tion. Selon les enseignants qui défend­ent cette thèse, les étu­di­ants les plus rich­es auraient sou­vent accès à des ressources aux­quelles n’ont pas accès les plus pau­vres (aide à la mai­son, finance­ment de cours extérieurs, coachs en rédac­tion…). Chat­G­PT pour­rait ain­si avoir un rôle égal­i­taire. Pour ces enseignants, « c’est gra­tu­it, c’est utile et c’est acces­si­ble. Un pro­grès vers l’équité ». La sit­u­a­tion est d’autant plus com­pliquée que de nom­breux lycées, partout aux États-Unis, adoptent Chat­G­PT et intè­grent des pro­grammes d’apprentissage de son utilisation.

Pour le moment, les uni­ver­sités ayant pub­lié des direc­tives d’utilisation de Chat­G­PT sont très peu nom­breuses. Et dans tous les cas, leurs moyens de con­trôle sont très faibles, pour ne pas dire nuls. Le New York Times, ayant voulu y voir plus clair, a con­tac­té plusieurs uni­ver­sités au sujet de leur poli­tique con­cer­nant l’utilisation de l’IA. L’immense majorité n’a pas répon­du. Le jour­nal est de fait pris à son pro­pre jeu pro­gres­siste, vic­time des pro­grès du Progrès.

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