Philosophe de la pignolade
« Toujours plus loin de Derrida, toujours plus près de Lady Gaga. Pas encore très à l’aise dans la pignolade, l’ex-prof de philo et ex-animateur des Matins de France Culture poursuit une irrésistible ascension vers les sommets de l’infotainment », « Ali Baddou, l’agrégé des plateaux », television.telerama.fr, 03/09/2011
Ali Baddou n’est pas seulement le présentateur-journaliste et professeur de philosophie politique à Sciences-Po, au physique de jeune premier. Ne nous y trompons pas : ce membre de l’hyperclasse mondiale, ex-compagnon de la fille adultérine de François Mitterrand, Mazarine Pingeot est avant tout au cœur des réseaux de pouvoir marocains (famille Baddou et El-Fassi), français (mitterrandiens et socialistes) et médiatiques (Vivendi).
Né en février 1974 dans le 14ème arrondissement de Paris, ses parents, des « marocains aisés » étaient « diplomate » pour son père Saâd Baddou, ambassadeur en Suède et en Hongrie et « dans la banque » par sa mère (« Il présente bien », Libération, 17/10/2008). En 1952, ses deux grands-pères, nationalistes marocains (source) se sont rencontrés en prison. Ils y ont passé trois ans, en compagnie de Mehdi Ben Barka, « avant d’être envoyés en exil par les autorités coloniales. » (marieclaire.fr). Après l’indépendance du Maroc, le grand-père maternel d’Ali, Haj Ahmed Bennani, a notamment été directeur du protocole royal de feu Mohammed V. Son grand-père paternel, Mekki Baddou, lui aussi figure militante du parti de l’Istiqlal, s’est longtemps occupé du ministère des Habous et a exercé au sein du secrétariat particulier de feu Hassan II (source : Maroc Hebdo n°824). La famille Baddou est l’une des « grandes familles bourgeoises » qui « prédominent » dans bien des villes marocaines et notamment à Meknès. De 5 à 9 ans, « il réside à Washington DC : “Un âge d’or”, se souvient-il. L’essentiel de sa vie, il l’a passé ensuite dans le Vème arrondissement de Paris, entre lycée Henri-IV et Sorbonne. Il habite aujourd’hui près du Panthéon ». (« Il présente bien », Libération, 17/10/2008). Entre 1992 et 1998, Ali Baddou a été le compagnon de la fille cachée de François Mitterrand, Mazarine Pingeot, tissant des liens intimes avec son père et son entourage. Il rencontre le président pour la première fois au Train Bleu lors d’une entrevue organisée par Mazarine, alors que Baddou ignorait tout de l’identité de son géniteur.
Un aspect peu connu de sa vie est sa relation avec le président de la République de l’époque, « François Mitterrand avait de longues discussions » avec Ali Baddou.
« Le vieil homme acceptait volontiers la contestation de Mazarine et de son Sarrasin [Ali, le compagnon de Mazarine] concernant son rapport aux Juifs et à Israël. (…) A l’occasion d’un voyage officiel en Afrique du Sud, François Mitterrand s’est confié plus avant à Ali. Il lui a ouvert ses pensées intimes, l’entraînant dans ses réflexions sur la mort », « Mitterrand Plaidoyer pour un président », Le Point, n°1533, 01/02/2002, extraits du livre de Pierre Péan « Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances »).
Ali Baddou a d’ailleurs fait partie de la liste des intimes, établie par François Mitterrand, des personnes autorisées à venir se recueillir sur sa dépouille (Les Amazones de la République par Renaud Revel).
Il attend jusqu’à sa 22ème année pour demander la nationalité française. Il a désormais la double nationalité franco-marocaine car Ali Baddou « semble en fait tenir comme à la prunelle de ses yeux à cette dernière, et continue à ce jour, lui l’homme aux métiers multiples, à se définir avant tout comme enseignant, “la profession inscrite sur sa carte nationale marocaine”. » (maroc-hebdo.press.ma). Même né en France, Ali Baddou est clair : « je ne conçois pas ma vie sans qu’elle soit chevillée de manière très forte au Maroc. Le Maroc, pour moi, c’est la maison mère » (source : elle.fr). À l’occasion de sa demande de nationalité, « il connaîtra les joies du régiment d’infanterie durant une semaine, son statut d’étudiant — et sans doute quelques relations — finissant par le sortir de là » (« Il présente bien », Libération, 17/10/2008).
Son oncle, Tajeddine Baddou, est un ancien ambassadeur du Maroc à Rome (après Prague, Ottawa et Vienne). En 2011, Frédéric Mitterrand alors ministre de la Culture l’a décoré à Casablanca de l’insigne d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres (source : culture.gouv.fr). Sa sœur, Ghita, prépare son doctorat en sciences politiques.
Formation
Élève d’Henri-IV et du lycée Fénelon (classe préparatoire), normalien et agrégé de philosophie (2000). En 1997 il enseigne la philosophie dans un lycée lyonnais, ainsi qu’à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis.
Parcours professionnel
En 1997 il enseigne la philosophie dans un lycée lyonnais, ainsi qu’à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis.
Pendant dix ans, il est chargé de cours en philosophie politique à Sciences-Po, où il enseigne les enjeux politiques (quatre heures de cours hebdomadaires). Emmanuel Macron fait partie de ses élèves.
2003 : Grâce à son «frère» et ami Nicolas Demorand, il entre à France Culture comme chroniqueur dans « Tout arrive » de Marc Voinchet, puis comme producteur du « Rendez-vous des politiques » (2003–2008) (source : liberation.fr).
2006 : après le départ de Nicolas Demorand pour France Inter, le directeur de la station, David Kessler, lui confie la tranche matinale (7/9h) de France Culture avec l’émission « Les Matins de France Culture ».
2007 : Ali Baddou rejoint l’équipe du « Grand Journal » de la chaîne Canal, remplaçant Frédéric Beigbeder dans la rubrique littéraire.
2008 : Deux nouvelles chroniqueuses arrivent dans la matinale de France Culture, Clémentine Autain et Caroline Fourest.
En juin 2009, Ali Baddou annonce qu’il quitte la matinale de France Culture. Marc Voinchet le remplace à la rentrée 2009. Ali Baddou, animateur-producteur de l’émission culturelle « Radio Libre » le samedi de 15 h 30 à 17 h sur France Culture, est remplacé Arnaud Laporte.
Entre le 27 juin et le 27 août 2011, Ali Baddou a présenté l’émission « Le Grand Mag » sur Canal tous les samedis à 19 h 10.
Depuis septembre 2011, Ali Baddou présente « L’Édition spéciale » rebaptisée « La Nouvelle Édition ».
En 2012 : remplaçant de Michel Denisot à la présentation du « Grand Journal »
En septembre 2015, il succède à Maïtena Biraben à la présentation du Supplément chaque week-end à 12h45 sur Canal+.
En mai 2016, le démantèlement d’une fraude au permis de conduire dans les Hauts-de-Seine entre 2013 et 2015 permet d’établir qu’il en a bénéficié avec d’autres people, plutôt que de repasser son permis. Sur son compte Twitter, il confesse avoir fait une grosse bêtise et affirme avoir rendu le permis frauduleusement obtenu depuis quelques mois.
En juin 2016, il quitte Canal+ et perd sa fiancée, Charlotte Le Bon, qu’il avait rencontrée sur le plateau du Grand Journal lorsque celle-ci y officiait en tant que miss Météo.
En septembre 2016, il récupère le vendredi l’interview de 7h50 sur France Inter. Puis Questions politiques sur France Culture.
En janvier 2017, il succède à Nicolas Demorand à la présentation du magazine Drôle d’endroit pour une rencontre, diffusé en seconde partie de soirée, le vendredi, sur France 3.
Depuis la rentrée 2017, il anime l’émission C l’hebdo, diffusée tous les samedis sur France 5 à 19h00 et est également joker d’Anne-Élisabeth Lemoine dans C à vous.
Anime la collection Tapage avec Gilles Achache (ancien professeur de philosophie dans l’enseignement supérieur, à Dauphine, maître de conférence et chercheur associé à Sciences-Po Paris. Il dirige aujourd’hui un institut d’études de marché et d’opinion) et Joël Roman (directeur de la collection d’essais au format de poche « Pluriel », collaborateur de la revue Esprit et de la Ligue de l’enseignement, il est également membre du conseil scientifique de la fondation Terra Nova et de celui de la fondation Jean Jaurès.
Parcours militant
Il se reconnaît une sensibilité de gauche mais n’est encarté nulle part (« Portrait », Libération, 17/10/2008).
2000 : Sur les recommandations d’une amie travaillant à l’Assemblée nationale, Anna Auchatraire, il est nommé conseiller technique au sein du cabinet du ministère de l’Éducation nationale, Jack Lang, où il est chargé des discours et des questions de discrimination positive (source : sciences-po.fr). Il entre au cabinet « de Jack Lang “par une copine qui bossait à l’Assemblée Nationale (elle était la plume de Fabius), j’ai appris que Jack Lang cherchait quelqu’un” (…) Ce sera Lang, alors ministre de l’Éducation nationale, où il suit le dossier de l’ouverture de Sciences-Po aux ZEP. “J’ai fait ça pendant un an et demi, c’était passionnant.” Pour autant, tient-il à préciser, “je n’ai jamais eu ma carte dans un parti”». (source : ecrans.fr). « Ce que cherchait à inventer Sciences-Po remettait en cause les principes républicains égalitaristes. C’était excitant de chercher à briser l’endogamie des grandes écoles ! » L’expérience politique s’arrête là : « Je ne supporte pas l’idée de devoir suivre une ligne. Et il y a trop de hiérarchie en politique. » (source : television.telerama.fr) Il devient conseiller technique en mars 2001 (source : legifrance.gouv.fr).
Ce qu’il gagne
« Ali Baddou, le donneur de leçons littéraires, touchait 40 000 € brut jusqu’en 2011 au Grand Journal pour sa rubrique « culturelle » quotidienne. À la tête de La Nouvelle Édition, qui propose entre 12h20 et 14h les visages familiers des clowns Wizman et Domenach, Baddou toucherait plus de 5 000 € par jour (100 000 € par mois) », E&R, 13/03/2015
Capital avait publié en janvier 2016 le classement des animateurs les moins rentables – Ali Baddou était troisième, avec Le supplément qui coûtait 201 euros par heure avec une moyenne de 603.000 téléspectateurs ; soit une émission qui coûte 190.000 euros.
Son salaire est dénoncé par Thierry Ardisson (L’Express, 13/06/2016) : « pendant des années, les abonnés faisaient vivre tout le monde et on payait des animateurs qui entre nous n’étaient pas extraordinaires, des fortunes. Quand Belmer (Rodolphe Belmer, ex-directeur général du groupe Canal) me disait, il y a trois ans qu’Ali Baddou devait remplacer Denisot, j’ai éclaté de rire […] la chaîne est là pour gagner de l’argent, c’est tout, point barre ».
Filmographie
Il joue son propre rôle en 2012 dans le film « L’amour dure trois ans », réalisé par Frédéric Beigbeder.
Collaborations
2017
Ali Baddou prête sa voix aux images de Yann-Artus Bertrand dans le documentaire « Le Maroc vu du ciel » diffusé à la fois sur France 2 et sur une chaîne marocaine. Le ton complaisant du documentaire, qui relaie la position du royaume sur le Sahara occidental, suscite de nombreuses réactions critiques. Selon le MRAP, le documentaire est un « publi-reportage financé par le pays désireux de se monter sous un jour flatteur et s’apparente en fait à un outil de propagande du pouvoir marocain ».
2015
Remplace Maïtena Biraben à la présentation de l’émission politique hebdomadaire de Canal+, Le Supplément.
Mars 2011
Il participe à la campagne de l’association de lutte contre le sida (ALCS) au Maroc.
2010
Présentateur de l’édition du Sidaction Maroc. Sa cousine Yasmina Baddou était alors ministre de la Santé dans le gouvernement marocain.
2008
Présentateur de l’édition du Sidaction Maroc. Sa cousine Yasmina Baddou était alors ministre de la Santé dans le gouvernement marocain.
2006
Une des personnalités rencontrées par les membres du Haut Conseil à l’intégration pour son rapport sur le logement et l’immigration.
2006/2007
Modérateur des grandes controverses sur l’Universalité de l’Université populaire du quai Branly
2005
Il présente sur la chaine marocaine 2M, le premier Sidaction dans un pays arabo-musulman. Il participe alors à l’émission culinaire « de la célèbre Choumicha en dévoilant un dialecte marocain parfait ! » (source : gazellemag.com).
Il l’a dit
« Nous avons beaucoup discuté [avec François Mitterrand] de la mort, du deuil et de la façon dont nous le vivions au Maroc, il écoutait attentivement quand je lui parlais de ma grand-mère. Il voulait savoir comment était vécue la mort chez les musulmans. Il se posait des questions, il en posait et cherchait des réponses mais restait très serein. Il y avait chez lui un sens de l’inéluctable qui se mêlait à une sorte d’incrédulité… Comment se préparer à la mort ? Malade comme il l’était, il luttait encore, c’était un amoureux de la vie tout en préparant sa mort. C’est ce qui rendait chez lui ce moment, la mort, si particulier… Il a lutté jusqu’au bout, et à un moment, il a su que c’était perdu… Je n’ai jamais vu un rapport à la souffrance et à la mort aussi noble. C’était impressionnant… »
« On lui reprochait tous les deux [avec Mazarine Pingeot] sa politique à l’égard d’Israël. Il nous rappelait alors qu’il avait sauvé deux fois Arafat, que la charte de l’OLP réclamant la destruction d’Israël avait été déclarée caduque grâce à lui, et qu’il avait été le premier chef d’État occidental à le recevoir en tant que chef d’État. Et il était très conscient de s’être alors aliéné une bonne partie de la communauté juive de France… »
« C’était leur manière de raisonner et de fonctionner qu’il trouvait révoltante. Selon lui, Plenel le trotskiste partageait la même culture de la culpabilité et le même ressentiment que Colombani le démo-chrétien. Il disait que certains mouvements d’extrême gauche fonctionnaient avec des schémas de pensée et de raisonnement liés à des doctrines du salut, au péché… »
« L’enseignement est le fil rouge de tout ce que j’entreprends », « Ali Baddou : un présentateur TV chic réservé » (marieclaire.fr).
« Jalousée. Les envieux mettent sa réussite sur le compte de la discrimination positive (“J’entends dire, derrière mon dos, que mes origines marocaines ont joué en ma faveur”), renforcée par un énorme coup de piston politique (“Comme si Mitterrand avait une influence d’outre-tombe ! ”) », « Une journée avec Ali Baddou », Elle.fr, 23 juin 2008
« Essayer de maîtriser une mécanique construite comme de l’horlogerie suisse, c’est grisant. Relancer l’invité, garder simultanément la main sur le chrono et écouter des directives dans l’oreillette, cela crée des montées d’adrénaline ! » « Ali Baddou, l’agrégé des plateaux », television.telerama.fr, 03 septembre 2011
« Les places sont chères. Au lieu de se dire que, peut-être, j’étais compétent, on a pensé que j’étais là parce que j’étais marocain. J’ai appris à m’en moquer », Ibid.
« On a beaucoup parlé d’identité nationale, de la France, qui est une terre de métissage, et depuis très longtemps à vous lire, et depuis quelques temps on sait maintenant que le premier Français c’était un Africain ! (…) C’est affreux aux oreilles de Marine Le Pen mais pas aux nôtres ! (…) En tout cas dans les manuels il faudra bientôt apprendre “nos ancêtres les Africains” », La Nouvelle Édition, Canal, 05 avril 2012
« J’ai un vrai truc d’addiction avec les séries de Lost à Shérif fais-moi peur en passant par Urgences. J’aime aussi les débats, les directs, les infos… », « Ali Baddou : « Je sais juste que j’y vais et qu’il faudra que je mette une chemise repassée ! », ecrans.fr, 29 août 2009
« Un personnage historique… : “Mehdi Ben Barka, l’opposant marocain socialiste assassiné dans les années 1960. J’ai revu récemment son visage sur un mur de Rabat. C’est une très belle figure de l’histoire contemporaine du Maroc. Rarement un homme aura autant marqué un pays. Il est devenu une icône pour la gauche. ”
Une révolte… “Celle du monde arabe pour la démocratie et la liberté. Ceux qui ont osé, en Syrie ou en Tunisie, descendre dans la rue, au péril de leur vie, pour défendre des valeurs qui nous semblent totalement évidentes en France, sont des héros ”, « Ali Baddou Si vous étiez… », L’Express, no. 3141, 14 septembre 2011
Au sujet du roman Soumission de Michel Houellebecq : « Sentiment de lecteur : je suis de culture musulmane, ça c’est le hasard, je suis profondément laïque, ce livre m’a foutu la gerbe. Autant le dire aussi simplement que ça, je me suis senti insulté, on est en 2015 et l’année démarre avec ça, c’est-à-dire avec l’islamophobie qui est installée, qui est diluée dans le livre d’un grand romancier français… C’est une livre qui, au fond, pour moi, habitue au racisme anti-musulman, c’est mon sentiment de lecteur. Lisez le et faites vous votre propre opinion. » Canal+, 5 janvier 2015
« Le boulot de présentateur n’est pas mon truc. Ici, je bosse sans prompteur. Un vrai plaisir. M’en affranchir a été pour moi une vraie libération », TéléObs, 26/04/2015 (op. cit.)
« Je suis parisien de cœur et, par hasard, de naissance », ibid.
« J’ai vraiment été élevé dans l’idée qu’avoir plusieurs chez-soi, parler plusieurs langues était une vraie richesse. Je me sens très marocain et très français. 100% marocain quand je suis là-bas dans ma famille et j’y vais beaucoup, au moins une dizaine de fois par an. Le Maroc, c’est une grosse partie de mon histoire et de ma géographie. Je n’ai, par ailleurs, aucun problème à me sentir français. Je n’ai pas de troubles identitaires », ibid.
Au sujet de la polémique suite au passage dans l’émission du Supplément d’un responsable associatif proche du salafisme : « Nous avons la conviction que notre travail ne se pratique pas en se voilant les yeux. Et nous continuerons à recevoir des hommes et des femmes dont les convictions peuvent heurter, après avoir rappelé le contexte, mis en perspective, posé les questions. Il en va de la connaissance de notre pays et de la qualité du débat démocratique. », 31 janvier 2016, Le Supplément, Canal+
« Les politiques qu’on a l’habitude de recevoir dans les médias ne tiennent pas la route pendant une heure face à des intellos, des gens qui essayent de pousser derrière les “petites phrases”. Derrière le discours pour lequel ils se sont préparés, il y a souvent du néant. Ils se retrouvent à commenter. Beaucoup de politiques aujourd’hui sont des commentateurs de l’actualité, ce qu’ils font parfois très bien d’ailleurs. », Charles, 25 février 2016.
Au sujet de la proposition de Marine le Pen d’interdire la double nationalité : « C’est absurde et fou comme idée. Mais ce n’est pas une nouveauté dans son programme », Libération, 01/03/2017
« C’était le meilleur étudiant de ma conférence, mais je me souviens surtout qu’il adorait poser des questions, dialoguer », au sujet de Macron à Sciences-Po, Gala, 09/05/2017
« Babeth [Anne-Élisabeth Lemoine, ndr] a fait le plus dur l’an dernier en créant le samedi un rendez-vous qui n’existait pas […] C’est à la fois un sprint et un marathon. On débarque le lundi au bureau. Jusqu’au mardi, le tempo est assez lent. On voit les grands sujets qui commencent à s’imposer dans la semaine, à construire le conducteur. Le mercredi, ça s’accélère un petit peu, on pense aux invités et on ajuste le conducteur. Et cela devient un sprint le jeudi et le vendredi, où très souvent on met tout par terre, car il y a un sujet qui s’impose et qu’il faut traiter », au sujet de C l’Hebdo, Le Figaro, 02/09/2017
Sa nébuleuse
Ami d’enfance du journaliste et animateur Nicolas Demorand « qui l’a rencontré via la diaspora marocaine en France » (« Il présente bien », Libération, 17/10/2008). La compagne de Nicolas Demorand, Florence Le Saux, a été productrice adjointe de l’émission d’Ali Baddou sur France Culture (Télérama, no. 3141).
TéléObs (26/4/2015) revient sur cette relation : « Ali Baddou a découvert les médias grâce à son ami de toujours, le journaliste Nicolas Demorand. Tous deux se considèrent comme « frères » depuis plus de vingt ans. Ils se sont rencontrés grâce à Younès, ami marocain de Nicolas et camarade d’Ali en hypokhâgne. Une visite à Demorand à France Culture fait figure de révélation ». TéléObs mentionne une autre raison du recrutement d’Ali Baddou sur Canal+ : « On doit l’arrivée d’Ali à ma femme, auditrice passionnée de France Culture. Elle a remarqué ce garçon cultivé », raconte Michel Denisot ».
Réseaux mitterrandiens/socialistes.
Famille Baddou/El-Fassi (ou Fassi) : Outre son grand-père paternel, directeur du protocole du roi Mohammed V, son oncle paternel, Abderrahmane Baddou a été secrétaire d’Etat marocain aux Affaires étrangères dans le Gouvernement Ahmed Osman et dans le Gouvernement Mohamed Maâti Bouabid. Sa fille, l’avocate Yasmina Baddou, cousine d’Ali Baddou, a été ministre de la Santé de 2007 à 2012 dans le gouvernement El-Fassi. Son mari, Ali Fassi-Fihri, est l’actuel directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Ali Baddou est donc indirectement lié à la très puissante famille El-Fassi, et donc au chef de gouvernement marocain Abbas El Fassi (2007–12), présent « dans les plus hauts cercles de l’Etat depuis le début du 20e siècle » et incarnant « pour beaucoup de marocains (…) une sorte de noblesse de robe, qui truste les fonctions politiques et administratives et à laquelle tout sourit. » (source : lexpress.fr). L’oncle d’Ali Baddou, comme sa cousine et la famille El-Fassi ont des responsabilités importantes au sein du puissant Parti de l’Istiqlal, premier parti politique marocain, fondé pour obtenir l’Indépendance étatique du Maroc. Actuellement, Yasmina Baddou est au cœur d’une polémique concernant l’achat de deux appartements parisiens (source : yabiladi.com).
Vivendi : Comme le montre son portrait, Ali Baddou est plus qu’un animateur (par sa famille, ses réseaux mitterrandiens/socialistes et ses liens avec le pouvoir marocain) lancé et choyé par Canal pour tout ce qu’il représente : une porte d’entrée auprès des instances dirigeantes marocaines. Car le groupe Vivendi, propriétaire du groupe Canal, est le détenteur à 53% de Maroc Telecom, acheté 2,2 milliards d’euros à l’État marocain. Selon Ali Amar, auteur du livre « Mohammed VI, le grand malentendu », « la privatisation [Maroc Telecom] ne mena cependant pas à une véritable libéralisation du secteur, ni à un affranchissement du régulateur de la tutelle de l’État. Le résultat aujourd’hui est sans appel : le coût du téléphone au Maroc est l’un des plus élevés de la région, car il bénéficie d’un protectionnisme de l’État qui profite surtout aux actionnaires de Vivendi et non à ses millions de clients au Maroc. ». L’actuel président du conseil de surveillance, Jean-René Fourtou, a des liens très étroits avec Mohammed VI. Propriétaire d’une magnifique villa à Marrakech, il a été, en 2005, décoré par le roi marocain du Ouissam Alaouite de l’ordre de commandeur. De plus, Fourtou, a été le coprésident du Groupe d’impulsion des relations économiques France Maroc (GIEFM) pour la France, aux côtés de Mustapha Bakkoury (président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire et président du Parti politique de l’authenticité et modernité), ancien directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion, pour le Maroc. En mars 2012, le GIEFM a fusionné avec le Conseil de chefs d’entreprise France-Maroc de MEDEF International pour devenir Le Club des chefs d’entreprises France-Maroc. Jean-René Fourtou et Jean-Paul Herteman, Président Directeur Général de Safran, président la partie française (source : medefinternational.fr).
Ils ont dit
À l’occasion d’un documentaire sur la critique réalisé par Benjamin Walter et intitulé : Qui veut la peau du critique ?, diffusé en juillet 2011, Frédéric Bonnaud s’en prend à son confrère Ali Baddou en des termes virulents : « Ali Baddou au Grand Journal, ce trou du cul, en train de dire “J’ai rien compris, qu’est-ce que c’est que cette merde ?’”. A part qu’il ne comprend pas que c’est lui la merde, c’est pas le film ».
« La seule chose qu’il avoue craindre, c’est la veulerie. Et les jugements à l’emporte-pièce, produit d’un racisme ordinaire. Comme celui qu’il a dû subir voilà quelques années de cela à Cannes, quand un policier a refusé d’enregistrer sa plainte après qu’on lui ait subtilisé son portefeuille, juste en entendant son nom. Ou encore en 1994, lorsqu’en demandant à obtenir sa nationalité française, lui qui est né en 1974 dans le XIVème arrondissement à Paris et a grandi dans le Vème, on exige de lui un passage obligé au service militaire. Encore étudiant, il ne passera finalement qu’une semaine à la caserne de la Porte des Lilas », « Ali Baddou, journaliste marocain à Paris. Le Monsieur politique de France Culture », maroc-hebdo.press.ma
Nicolas Demorand : « Il n’a jamais fait jouer de réseau politique ou de reconnaissance des minorités. Il ne veut pas en faire partie ! Si Ali est là où il est, c’est tout simplement qu’il le mérite », « Portrait d’Ali Baddou », Le Monde, 29/01/2007.
« Pour le meilleur élève du cru 2007, l’engagement pour la diversité du Groupe Canal+ s’inscrit dans la continuité en 2008. Le Groupe Canal + a toujours été attaché à la question de la présence de minorités visibles sur ses chaînes de télévision. Unique dans le Paysage Audiovisuel Français pour son affichage au quotidien de la diversité : les talents d’Elé Asu au journal télévisé de « La matinale », d’Abdel Alaoui dans une émission culinaire à midi et d’Ali Baddou dans le « Grand Journal » du soir sont apparus cette année aux trois rendez-vous majeurs de la programmation de la chaîne en clair », « Rapport 2008 la diversité dans les médias » du Club Averroes.
Jean-Jacques Delfour, philosophe et journaliste : « Que fait Ali Baddou ? Il fait montre d’une incessante agressivité et d’un ego envahissant. Il coupe sans cesse la parole. Lorsqu’un autre intervenant pose une question à l’invité, il la nie en posant tout à trac une autre question, voire deux. Il répète ces tics de langage comme des médailles (la « piqûre de rappel », etc.). Il conçoit l’entretien comme une sorte de match de boxe. Il exige de ses invités des réponses en quelques mots ; pas le temps de développer (surtout, cela le contraindrait de se taire plus d’une minute, chose qu’il ne sait pas faire). Il se prend pour Agatha Christie, évoquant un suspens qui n’a lieu que dans son esprit. Il étale ses préjugés et son inculture océanique. Il ironise sans qu’on en discerne l’intérêt intellectuel. Favorise le stress qu’il croit fécond et facteur d’intensité. Cultive l’incongruité qu’il confond avec la pertinence, l’agressivité qu’il prend pour la pugnacité. Loin du travail patient de l’élaboration et étranger à la dialectique, il cherche le scoop, prend le ton ralenti, appuyé et ridicule de celui qui est ébahi devant l’incroyable. Il s’imagine à la télévision. Il fait le paon médiatique, ne parvenant qu’à lasser d’abord, à irriter ensuite. Une excitation affective, un énervement insatiable, parcourent ses prises de parole », « Le symptôme Ali Baddou », jjdelfour.blog.lemonde.fr, 02/01/2009.
« Les médias régressent en matière de diversité. Le Club Averroes, qui s’occupe depuis 1997 de promouvoir la diversité dans les médias, tire la sonnette d’alarme. Les chaînes sont épinglées sur leur manque d’engagement. (…)De façon impitoyable, le rapport fustige chaînes de télévision, radios et presse écrite. Seule Canal Plus reçoit « les félicitations » du Club Averroes. Dans les émissions de la chaîne cryptée, de nouveaux visages sont apparus (Comme Elé Asu et Sylvère-Henry Cissé dans la Matinale, Ali Baddou et Omar Sy dans le Grand Journal…). Canal propose ainsi “le modèle d’une communauté nationale aux visages multiples dont tous ses membres sont issus du même creuset”, « Les médias régressent en matière de diversité », L’Humanité, 26/11/2009.
« C’est ce qui est chouette au Grand journal : on peut poser la question qui fâche, mais une fois, pas deux. Même Ali Baddou, aventurier solitaire armé de sa question insolente, ne revient jamais à la charge. Interrogé sur ses casseroles judiciaires, Patrick Balkany aura tout loisir de vanter son bilan levalloisien. La relance et la contradiction sont en fait réservées à des invités en disgrâce », « Météo, promo, dodo », Télérama, n°3143, 10/04/2010.
« La palme, il en faut toujours une, celle de la complaisance, revient au Grand Journal de Canal : le 18 mars, c’est Ali Baddou qui a interviewé Mazarine… Baddou a vécu plusieurs années avec la princesse, et ils ne se sont pas quittés fâchés ! Ah, le statut de « fille de… », ça donne du talent », « Tapis rouge pour Mazarine », Bakchich Hebdo n°18, 3 au 9 avril 2010.
Rodolphe Belmer dirigeant de Canal+ : « Non, je sais qu’il en a été question mais Ali [Baddou] a envie de s’inscrire sur le long terme à Canal. C’est quelqu’un qu’on a envie de faire monter en puissance dans la maison et de développer. (…) », «Pop et potache», Libération, 27/05/2011.
« Après l’affaire Strauss-Kahn, c’est l’affaire Luc Ferry qui fait grand bruit. L’ancien ministre Luc Ferry a accusé un ancien ministre d’avoir eu des relations pédophiles au Maroc. Il a affirmé avoir eu “des témoignages” à ce sujet de la part “des autorités de l’État au plus haut niveau”. Il n’a cependant pas cité de nom. Ce soir, Ali Baddou, qui remplace pour quelques jours Michel Denisot à la tête du Grand Journal sur Canal+, recevra Jack Lang, ancien ministre de la Culture et de l’Éducation nationale, qui réagira à cette affaire et exposera son point de vue ! », « Le Grand Journal : Jack Lang va réagir à l’affaire Ferry ce soir sur Canal », tele.premiere.fr, 03/06/2011.
« À l’instar d’un Raphaël Enthoven, Ali Baddou fait partie de cette génération d’intellectuels – de plus en plus courtisés par le petit écran – capables de naviguer entre culture grand public et références pointues, exploités pour leur aptitude à la vulgarisation autant que pour leur télégénie », « Ali Baddou, l’agrégé des plateaux », television.telerama.fr, 03/09/2011.
Nicolas Demorand : « Hyper cinéphile, il s’intéresse aux jeux vidéo. Le mélange des genres, le fait d’entremêler l’entertainment et la politique, c’est tout lui ! », Ibid.
« Lui qui fut le petit ami de Mazarine Pingeot a connu les affres du déshabillage médiatique. Lorsqu’il débarque à France Culture, les rumeurs s’installent. Tenaces. Baddou devrait sa position aux réseaux mitterrandiens. Ou à la discrimination positive », Idem.
« Ali appartient à la nouvelle vague des animateurs-journalistes qui nourrissent un rapport authentique avec le public. Il a des convictions. Une colonne vertébrale », Rodolphe Belmer dans TéléObs, 26/04/2015 (op. cit.)
« J’avais vaguement entendu parler de l’existence de Mazarine. Minute en avait parlé mais je ne savais pas si c’était vrai. Avec Sébastien, on s’installe alors face à son domicile rue Jacob. À un moment je la vois sortir. Je fais des photos au 500 mm. Elle va chercher son petit copain de l’époque, Ali Baddou, qui était scolarisé au Lycée Fénelon. Je fais un portrait d’elle et là je me dis : « C’est dingue, c’est Tonton ! » », Pierre Suu, photographe de presse et auteur, avec Sébastien Valelia, de la photo de Mitterrand et de sa fille devant le Divellec, cité dans La République des rumeurs, 1958–2016 d’Alexandre Dhuyck, 2016.
« Un bosseur mais aussi un chahuteur, capable d’être à l’antenne en y mettant un bonheur enfantin. Il a fait du chemin. Il a cadenassé sa vie, il ne provoque pas l’hystérie », Nicolas Domenach, ibid.
« Il ne s’arrête jamais de travailler, il envoie des textos, des mails. Il a un côté “breaking news”, tout en ayant parfaitement intégré que nous devons porter un regard différent sur le traitement de l’actu. Ali a trouvé un équilibre pour animer cette somme d’individualités. », Christophe Carron, ibid.
« On était tous les deux un peu comme les neveux de Mitterrand. Un tonton pas comme les autres. Ali a encore un côté enfantin, qui fait tout son charme. Il lui faut un cadre. Canal+ est ce cadre et Rodolphe Belmer, son papa de télévision. Il se sent en famille et celle-ci est très importante pour lui. Il est son premier garde-fou. », Matthieu Tarot, ibid.
« Animateur télé et intellectuel, déconneur et sérieux, 43 ans et 17, pudique et narcissique, Marocain et Français. Heureusement qu’on ne vit pas dans un monde où l’on demanderait aux gens de choisir une identité. Ali Baddou n’a pas choisi et il ne compte pas le faire. », Titiou Lecoq, Libération, 01/03/2017.
Hypothèse
Le 30 mai 2011, en pleine affaire DSK/Nafissatou Diallo, l’ex-ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry déclare devant les caméras du « Grand Journal » de Canal présenté exceptionnellement par Ali Baddou qu’un « ancien ministre s’est fait poisser à Marrakech lors d’une partouze avec des petits garçons ». Une sortie qui va déclencher une tempête politico-judiciaire, 18 mois d’enquête et l’audition d’une vingtaine de témoins avant que l’affaire soit classée sans suite (source : www.vsd.fr). Devant la polémique suscitée par ses propos, Luc Ferry persistera dans ses déclarations en étant « ravi d’avoir jeté un pavé dans la mare ». Au regard de la place au centre des réseaux marocains, français et médiatiques d’Ali Baddou (qui nie connaître l’auteur de tels actes), on peut s’interroger si Luc Ferry n’a pas préparé son coup d’éclat sur le plateau du Grand Journal de Canal en voulant faire passer un message aux autorités marocaines ?
Crédit photo : capture d’écran vidéo Elle.fr via Youtube